Fenton Q. Harcourt
Date de création :
Le 15 juin 2001
Nom Original :
Fenton Q. Harcourt
Créateur(s) :
Jean Gillmore (Conception)
Dave Pruiksma (Superviseur de l'Animation)
Mike d'Isa
Apparition :
Cinéma
Voix Originale(s) :
David Ogden Stiers
Voix Française(s) :
Michel Ruhl

Le portrait

rédigé par Karl Derisson
Publié le 31 janvier 2021

Au même titre qu’Alice au Pays des Merveilles, Hercule et Bienvenue Chez les Robinson, Atlantide, l’Empire Perdu comporte une distribution pléthorique. Aux côtés des héros, Milo Thatch et la princesse Kida, et du grand méchant, le capitaine Rourke, gravitent en effet de très nombreux seconds rôles. Parmi eux, le détestable directeur de la Smithsonian Institution, Fenton Q. Harcourt.

Monsieur Harcourt ou les carcans absurdes de l'administration

En l’espace de deux minutes et trente secondes, les spectateurs qui découvrent Atlantide, l’Empire Perdu, le quarante-et-unième long-métrage des Walt Disney Animation Studios, assistent démunis à la disparition soudaine et tragique de la mystérieuse cité légendaire, engloutie sous les flots par une force aussi mystérieuse qu’extraordinaire. Tous sont alors transportés en 1914, au "Château", l’immeuble en grès rouge du National Mall de Washington abritant les bureaux de la Smithsonian Institution. Quelques visiteurs parcourent les allées de la galerie de paléontologie. Dans les sous-sols du bâtiment, Milo J. Thatch, un jeune chercheur mis au placard, révise pour la énième fois l’exposé sur la légende de l’Atlantide qu’il doit présenter dans quelques minutes au président de l’institution, Fenton Q. Harcourt, et à son conseil d’administration.

Mais les choses ne se passent finalement pas du tout comme prévu. Lassé d’écouter le jeune homme lui parler encore et encore de ce qu’il estime être des balivernes, Harcourt prévient par pneumatique que l’heure de la réunion a été avancée d’une heure à 15h30 précises. Sauf qu’il est déjà 16h04. Un second pneumatique informe Milo qu’il est dès lors en retard et que son projet a par conséquent été refusé à l’unanimité… Comme l’ensemble de ses collègues, toutes de vieilles badernes en costumes et hauts-de-forme, Fenton Harcourt a déjà rassemblé ses affaires et mis son manteau pour partir en week-end. Dans l’immense couloir menant vers la sortie, tous ricanent du mauvais coup joué au malheureux Thatch qui entend bien défendre et faire entendre ses idées.

Le vieux Harcourt et ses directeurs prennent alors la fuite pour éviter le jeune chercheur qui se lance à leur poursuite. Les portes se referment une par une. Les membres du conseil d’administration se sont tous carapatés, sauf Harcourt qui se lamente de l’absence des vigiles et trouve finalement refuge derrière une plante verte dégarnie. Évidemment repéré, il utilise son parapluie pour faire tomber les documents de Milo et prendre la poudre d’escampette. Traversant à grands pas la galerie de paléontologie, il passe bientôt la porte tambour du musée et s’enferme à l’arrière de sa voiture.

Mais c’est sans compter sur l’obstination de Milo, qui le rattrape et lui brandit les preuves de sa théorie dont Fenton Harcourt n’a cure. L’Atlantide est pour lui une légende, un « conte de bonnes femmes ». Il refuse de financer l’expédition de Milo. Avec une flagornerie toute déplacée, il tente alors d’expliquer au jeune homme le caractère indispensable de sa présence au musée – pour entretenir et réparer la chaudière à l’approche de l’hiver – puis ordonne à son chauffeur, Heinz de rouler vers la maison.

Milo n’est toutefois pas décidé à renoncer. Se lançant à la poursuite de la voiture, il court à perdre haleine pour convaincre Harcourt, qui tire le rideau de sa fenêtre pour ne plus voir celui qu’il considère comme un importun. Milo se jette alors à l’avant du véhicule. Finalement propulsé sur le sol, il annonce donner sa démission. Demandant à son chauffeur de faire demi-tour, Fenton Harcourt perd patience et décide de vider son sac. S’il continue comme cela, Milo finira comme son grand-père, Thaddeus Thatch, que le directeur du musée considère comme un vieux fou. Il conseille au jeune homme de ne pas gâcher sa carrière et de renier ce qu’il considère être des « chimères ». Balançant avec mépris une pièce à Milo, encore assis par terre, il lui recommande finalement de prendre un tramway jusqu’au Potomac et de plonger dans le fleuve pour se rafraîchir les idées. La voiture redémarre sur les chapeaux de roue et éclabousse Milo. Fenton Q. Harcourt disparaît définitivement de l’intrigue…

La Conception du personnage

Fenton Q. Harcourt est le directeur du conseil d’administration de la Smithsonian Institution, le complexe de musées et de laboratoires de recherche créé à Washington en 1846. Petit bonhomme rondouillard et court sur pattes, le vieil homme, comme ses collègues et toute l’élite masculine de l’époque, est richement vêtu d’un manteau à col de fourrure dissimulant un costume trois pièces dernier cri. Un nœud papillon pourpre, des guêtres, une chevalière rehaussée d’un joyau rouge, un parapluie et un chapeau melon complètent l’ensemble. Un crâne dégarni, un petit nez aquilin, une petite moustache grise taillée et une paire de lunettes aux verres rectangulaires finissent de dessiner le visage arrondi et méprisant du bureaucrate snobinard.

Placé à la tête de l’une des institutions les plus prestigieuses du pays et même du monde entier, Fenton Q. Harcourt se distingue par un scepticisme exacerbé concernant les recherches et les découvertes scientifiques de Milo Thatch. Si les fossiles et autres squelettes de dinosaures trônent en bonne place au cœur du « Château », les trouvailles du jeune chercheur concernant la mystérieuse Atlantide paraissent totalement loufoques pour le directeur qui juge ce travail bien trop onéreux. Il ne semble d’ailleurs pas plus considérer outre mesure les arts premiers, les artefacts provenant d’Afrique ou d’Océanie s’entassant non pas dans les vitrines du musée, mais dans la chaufferie où Milo, traité comme le seul larbin capable d’entretenir la machinerie, a été lui-même placardisé… Le spectateur apprend d’ailleurs au détour d’une phrase que le grand-père de Milo, qui travaillait lui-même sous les ordres d’Harcourt, a subi le même sort de la part du directeur qui continue de le croire complètement fou…

Esquisses de Jean Gillmore
Esquisse de Mike Mignola

Un temps pensé comme un homme plus imposant, plus intimidant, moins rondouillard et à la moustache plus fournie, Fenton B. Harcourt a notamment été conçu, entre autres, par l’artiste Jean Gillmore. Après avoir travaillé sur les séries animées Space Stars, Trollkins, Mystérieusement Vôtre, Signé Scoubidou, Yogi’s Treasure Hunt et Les Muppet Babies, elle entre chez Disney à la toute fin des années 1980. Au poste de character designer, elle participe alors à la conception des personnages de La Belle et la Bête, Aladdin, Le Roi Lion, Pocahontas, une Légende Indienne, Toy Story, Le Bossu de Notre-Dame, Hercule, Mulan, Tarzan, Fantasia 2000, Atlantide, l’Empire Perdu et La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers. Également au générique de La Reine des Neiges, de Zootopie et de Rio, la dessinatrice s’inspire alors du style inventé par Mike Mignola, le créateur de la bande dessinée Hellboy.

Feuilles de modèles de Monsieur Harcourt

L’animation de Fenton B. Harcourt est supervisée par David Pruiksma. Également en charge du personnage de Madame Placard, il suit un cursus à l’Institut CalArts. Diplômé en 1981, il intègre les rangs des studios Disney et travaille sur Taram et le Chaudron Magique, Basil, Détective Privé, Oliver & Compagnie et Bernard et Bianca au Pays des Kangourous. Animateur du petit hippocampe et de Polochon dans La Petite Sirène, il donne vie ensuite à Madame Samovar et Zip dans La Belle et la Bête, au sultan d’Aladdin, à Pumbaa dans Le Roi Lion, à Flit dans Pocahontas, une Légende Indienne et aux gargouilles du (Le) Bossu de Notre-Dame. Après la production d’Atlantide, l’Empire Perdu, Dave Pruiksma quitte Disney et débute une carrière en freelance. Associé à la conception de la série Hi Hi Puffy AmiYumi pour Cartoon Network, il enseigne au Laguna College of Art and Design jusqu’à sa retraite en 2018.

Jean Gillmore
Dave Pruiksma
Mike d'Isa

Dave Pruiksma est épaulé par l’animateur Mike d’Isa. Engagé par les studios Disney en 1993, il dessine les Indiens dans Pocahontas, une Légende Indienne, Phoebus dans Le Bossu de Notre-Dame, Hercule dans le film éponyme, l’équipage de Silver dans La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers ainsi que Slim et Junior dans La Ferme se Rebelle. D’Isa est également au générique des (Les) Looney Tunes Passent à l’Action, Eight Crazy Nights, Mulan, Tarzan, Fantasia 2000, Les Aventures de Tigrou, Mickey, Donald, Dingo - Les Trois Mousquetaires et Winnie l’Ourson et l’Éfélant.

Les Voix de Monsieur Harcourt

En version originale, Fenton Q. Harcourt est doublé par David Ogden Stiers. Né le 31 octobre 1942, le comédien, au départ membre de l’Actors Workshop de San Francisco puis de la compagnie de John Houseman à New York, est à l'affiche de films comme Ombre et Brouillard, L'Enfer Blanc, Tout le Monde Dit I Love You, Un Indien à New York ou encore The Majestic. Habitué des productions Disney, il prête en outre sa voix à Big Ben, à John Ratcliffe et Wiggins, à l'Archidiacre de Notre-Dame ainsi qu'à Jumba Jookiba. Très présent au théâtre, à la télévision et également associé au doublage de certains films d’Hayao Miyasaki, David Ogden Stiers est décédé le 3 mars 2018.

David Ogden Stiers
Michel Ruhl

En français, Monsieur Harcourt est interprété par Michel Ruhl. Né le 2 février 1934, l’acteur débute sous la direction de Gérard Philippe en 1952, à l’âge de dix-huit ans. Obtenant un premier grand rôle en 1959 dans Le Long Voyage Vers la Nuit, il apparaît ensuite notamment dans Phèdre, Le Marchand de Venise, La Dame de Chez Maxim, Le Barbier de Séville, Le Cid, L’Aiglon, Le Dindon… Michel Ruhl débute dans le même temps au cinéma en 1963 dans Ton Ombre et la Mienne puis joue dans L’Oiseau Rare, Police Python 357, Le Jouet, Mort d’un Pourri, La Passion de Bernadette ou encore Coco Chanel et Igor Stravinski. En plus de la télévision, il prête sa voix à James Cromwell, Terence Stamp, Jon Voight et Robert Duvall ainsi qu’à Nestor dans Les Aventures de Tintin, Fa Zhou dans Mulan, le roi Dymas dans Sinbad, la Légende des Sept Mers et Old Jammer dans Planes 2.

Fenton Q. Harcourt est l’archétype même du bureaucrate rétrograde refusant d’autoriser ses chercheurs laisser libre-court à leurs travaux. Il représente par là-même cette élite qui justifie ses choix douteux par des motifs personnels et des raisons comptables… Un beau modèle d’homme d’affaires à l'esprit étriqué préférant de loin ses chiffres de rentabilité à la valeur incommensurable du savoir...

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