Nés en Chine
Histoires d'un Tournage

Titre original :
Expedition China
Production :
Disneynature
Date de mise en ligne USA :
Le 20 décembre 2017
Genre :
Documentaire
Réalisation :
Ben Wallis
Musique :
Barnaby Taylor
Durée :
78 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Les réalisateurs de Nés en Chine proposent aux spectateurs de découvrir l'envers du décors de la réalisation du film en les suivant dans leur périple au cœur de contrées sauvages peu visitées par l'homme. L'équipe a, en effet, dû traverser de grandes étendues, grimper à des altitudes extrêmes et endurer des conditions météorologiques éprouvantes afin de ramener des images totalement inédites. Leur voyage a ainsi permis de rapporter des vues fabuleuses de quatre espères : la grue du Japon, l'antilope du Tibet, le singe doré et le panda géant.

La critique

rédigée par
Publiée le 26 février 2018

Nés en Chine : Histoires d'un Tournage est en quelque sorte la suite de La Reine de la Montagne. Ce premier film était, en effet, un making-of qui expliquait comment l'équipe du film Nés en Chine avait ramené des images de panthères des neiges. Nés en Chine : Histoires d'un Tournage raconte, lui, comment les images des autres espèces présentes dans le film ont été tournées. Sorti directement en digital et en vidéo à la demande comme son aîné, Nés en Chine : Histoires d'un Tournage est donc un documentaire passionnant mettant autant en avant ses cinéastes que la faune qu'ils sont en train de filmer. Ici, cinéma rime avec aventure humaine.

En 2008, The Walt Disney Company renoue avec le genre du documentaire animalier que le papa de Mickey lui-même avait décidé de populariser quelques soixante ans auparavant. Passionné de flore et de faune, Walt Disney peut, en effet, être considéré comme le pionnier du documentaire animalier grand public. Dès 1948, il met, ainsi, en chantier la collection des True-Life Adventures dont les courts et longs-métrages seront multi-oscarisés. Cette série, inaugurée avec le mini documentaire, L'Ile aux Phoques, constitue d'ailleurs la première véritable incursion de la compagnie au château enchanté dans la production de films "live". Elle comporte un total de sept courts-métrages dont La Vallée des Castors (1950) ou La Terre, Cette Inconnue (1951), avant de s'ouvrir, en 1953, avec Le Désert Vivant, au format des longs-métrages. Ce dernier devient, à partir de cette date, la norme de production des True-Life Adventures et concerne, au final, six œuvres dont La Grande Prairie (1954) ou Le Grand Désert Blanc (1958). Au total, en comptant les courts et longs-métrages, la série aura gagné en tout, pas moins de huit Oscars !

La renaissance de la production de documentaires axés sur la nature et les animaux sauvages au sein du catalogue Disney est due à l'initiative du français Jean-François Camilleri. Alors manager de la filiale hexagonale de Walt Disney Studios Motion Pictures, il a, en effet, en 2005, la brillante idée d'accorder sa confiance à un jeune réalisateur tricolore, Luc Jacquet, en acceptant de produire son premier film, La Marche de l'Empereur. Le pari est osé. Proposer sur grand écran, à destination du grand public, un long-métrage, documentaire animalier, sur la vie des manchots empereurs vivant en Antarctique apparaît, il est vrai, à l'époque comme un rêve doux-dingue, caprice d'un producteur, en mal de respectabilité auprès de l'intelligentsia hexagonale, sacrifiant, pour une fois, la recherche du seul profit commercial sur l'autel de l'expérimentation cinématographique. L'avenir prouvera le parfait contraire. Seul contre tous, Jean-François Camilleri démontre l'incroyable potentiel du genre, confirmant son rang dans le milieu du cinéma français de producteur hexagonal à part entière, véritable découvreur de talents. La réussite commerciale de La Marche de l'Empereur est, en effet, loin d'être un succès d'estime. En France, le film taquine allègrement les deux millions d'entrées ! Le résultat est tel que l'intérêt de proposer le documentaire à l'export apparaît vite évident. Comble de l'ironie, le marché américain lui ouvre rapidement ses portes, mais sans Disney. La maison mère de la filiale française menée par Jean-François Camilleri fait, en effet, la fine bouche et refuse cette histoire de manchots incongrue. Warner Bros., elle, sent le joli coup venir et accepte de distribuer le film sur le sol américain. Il devient vite à l’époque le plus gros succès pour un long-métrage français en Amérique du Nord. Il remporte même l'Oscar du Meilleur Documentaire, véritable pied de nez à la France qui lui a refusé le moindre César. Devant l'ironie de l'histoire, Jean-François Camilleri ne prend pas ombrage et pardonne à sa tutelle, son erreur d'appréciation. Il la comprend même tant son pari était osé... Il entend d'ailleurs l'aider à la réparer et à l'amener à occuper enfin le terrain du documentaire grand public, à destination des salles obscures. Il crée pour cela, une société de production spécifique, Disney Nature Productions, qui présente ainsi un premier long-métrage en 2007, Le Premier Cri, film ethnologique sur la naissance à travers le monde, beaucoup moins abordable qu'un simple documentaire animalier. Il continue ensuite de faire confiance à Luc Jacquet et distribue son deuxième long-métrage, Le Renard et l'Enfant, un docu-fiction axé sur l'amitié d'une petite fille et d'une renarde. L'œuvre très personnelle séduit à nouveau le public français.

Patiemment, le remuant patron de la filiale française convainc sa maison-mère d'investir le marché. Elle accepte finalement de créer un nouveau label de films à l'instar de Disney, Touchstone Pictures ou Hollywood Pictures. Disneynature est ainsi présenté mondialement en avril 2008. Basé en France, il est logiquement dirigé par Jean-François Camilleri et poursuit deux objectifs : distribuer des productions "maison" à l'international et productions étrangères aux États-Unis. Les premiers chantiers sont déjà sur les rails. Le programme est alléchant. Les Ailes Pourpres, Le Mystère des Flamants sort ainsi en décembre 2008 suivi par Pollen et Félins en 2011, Chimpanzés en 2012, Grizzly en 2014, Au Royaume des Singes en 2015, Nés en Chine en 2016 et L'Empereur en 2017. Par ailleurs, le film britannique Un Jour sur Terre est distribué aux États-Unis en 2009, sous label Disneynature, ainsi que le film français Océans en 2010. Enfin, en 2016, il propose son premier film directement en sortie digitale, Grandir suivi un an plus tard par La Reine de la Montagne.

Le réalisateur de La Reine de la Montagne et de Nés en Chine : Histoire d'un Tournage provient de l'équipe à l'origine d'une partie des superbes images de Nés en Chine : Ben Wallis, réalisateur, caméraman et producteur de documentaire animalier, était en effet membre du tournage. Les images qu'il a ramenées ont ainsi permis de proposer l'une des séquences les plus incroyables du film Nés en Chine mais en plus, contenaient suffisamment de matières pour proposer un documentaire sur l'envers du décors et l'incroyable aventure humaine vécue pour parvenir à filmer ces images incroyables. La Reine de la Montagne et Nés en Chine : Histoires d'un Tournage ressemblent, en ce sens, beaucoup à l'envers du décor que proposait Walt Disney lui-même dans son émission d'anthologie quand il racontait le tournage de certains de ses True Life Adventures notamment les épisodes Prairie en 1954, Cameras in Africa en 1954, Searching For Nature's Mysteries en 1956, The Yellowstone Story en 1957, Au Cœur de la Forêt Sauvage en 1957 ou The Crisler Story en 1957.

Nés en Chine : Histoires d'un Tournage est clairement présenté comme la suite de La Reine de la Montagne commençant d'ailleurs, après une brève introduction, part faire un rapide résumé du premier film. Il va ensuite passer à l'essentiel du propos : les différentes expéditions aux quatre coins de la Chine afin de trouver des vues époustouflantes des espèces les plus emblématiques de l'Empire du milieu. Le documentaire débute ainsi par une longue présentation de chacune d'entre elles en expliquant où l'équipe s'est rendue pour capturer les images et ce qu'elle a dû endurer pour y arriver. Une fois que les quatre mises en place sont faites, le long-métrage va ensuite passer de l'une à l'autre de façon plus ou moins longues et aléatoires en montrant les différentes phases du tournage au cours des saisons que vivent les animaux, de l'hiver à l'été en passant par la saison des amours et des mises bas. Le film alterne alors entre les séquences dévoilant les difficultés des cinéastes pour filmer mais également leurs résultats avec des images à couper le souffle que cela soit avec des animaux extraordinaires ou des décors grandioses. Comme ses deux prédécesseurs, Nés en Chine et La Reine de la Montagne, Nés en Chine : Histoires d'un Tournage est un ravissement pour les yeux tout en étant passionnant dans son propos.

Le Docteur Paul Stewart, directeur de la photographie sur Nés en Chine, revient sur la première des expéditions qui a eu lieu au nord-est de la Chine à la recherche de la grue du Japon. La tâche s'est avérée ardue car ces volatiles nichent dans l'une des plus grandes zones marécageuses de la planète, deux fois la ville de Los Angeles, l'une des plus étendues au monde, les rendant difficiles à trouver et à filmer. Cette partie s'avère assurément la plus intéressante du film car elle propose bien plus d'images sur cette espère que dans Nés en Chine ; les oiseaux dans le film d'origine n'ayant servi qu'à son introduction et sa conclusion. Et le miracle se produit pour l'équipe : alors que très peu d'images de ces oiseaux captés dans la milieu naturel existent, elle va avoir droit de filmer la naissance de petits oisillons et les voir grandir dans leurs nids.

La deuxième expédition se déroule dans le sud-ouest de la Chine, dans des montagnes verdoyantes et luxuriantes. Justin Maguire, un autre directeur de la photographie, avait, en effet, pour mission de filmer les singes dorés. Ils font partie des primates qui vivent dans un lieu difficile d'accès au sein d'une forêt protégée de la taille de plus de 3000 km². L'un des buts de l'équipe dédiée à cette espèce était non seulement de montrer les interactions sociales mais surtout sa grande spécificité : en hiver quand la neige est épaisse et abondante, les singes dorés marchent sur leur deux pattes arrières, afin de protéger leur pattes de devant du froid. C'est là l'un des meilleurs souvenirs que l'équipe de tournage garde en mémoire avec cette magie et cette beauté indescriptibles. Surtout que certains singes n'ont pas eu peur de venir à la rencontre des hommes et même de prendre place sur la tête de quelques-uns.

La troisième expédition a lieu dans le nord-ouest de la Chine sur l'un des plateaux les plus élevés du pays pour filmer les antilopes du Tibet. Comme pour la panthère des neiges dans La Reine de la Montagne, le challenge est à la fois technique et physique selon Steven Ballantyne, le manager logistique du film Nés en Chine. Le lieu de tournage se trouve, il est vrai, à plus de 4000 mètres au dessus de la mer. Afin de protéger l'équipe de tournage des effets du mal de l'altitude, qui peut être fatal, il a été nécessaire qu'elle s'arrête régulièrement, pendant au moins 24 heures, au fur et à mesure qu'elle montait en hauteur et que l'oxygène se raréfiait. La difficulté humaine pour rapporter ces images est ainsi évidente et parfaitement restituée. Surtout que le documentaire propose aussi des images inédites d'animaux qui ne sont pas apparus dans le long-métrage initial comme par exemple celles de l'ours Isabelle (ours brun de l'Himalaya) qui pourrait être à l'origine de la légende du yéti.

La dernière équipe, également dirigée par le Docteur Paul Stewart, s'invite, elle, dans les vallées du Sichuan afin de ramener des images de l'animal chinois le plus connu et iconique de tous : le panda géant ; le but étant d'arriver à filmer dans la nature la relation si spéciale entre une mère et son nouveau-né. Et la tâche est loin d'être facile car les pandas ne sont fertiles uniquement que trois jours par an avec la possibilité d'avoir un seul petit que tous les deux ans. Nés en Chine : Histoires d'un Tournage fait aussi l'éloge du travail de préservation de l'espèce que veut mettre en place le gouvernement en offrant un zone protégée aussi grande que trois fois celle du parc national de Yellowstone aux États-Unis. La conservation fonctionne car le nombre de pandas a tendance à augmenter après avoir frôler l'extinction. Mais pour l'équipe de tournage, la tâche fut ardue car là aussi, les pandas sont dans une région difficile d'accès et, en plus très timides, toujours à la recherche de la tranquillité. Les cadreurs iront donc même jusqu'à s'habiller comme des pandas afin de passer inaperçu.

Nés en Chine : Histoires d'un Tournage forme avec La Reine de la Montagne et Nés en Chine un triptyque inédit chez Disneynature : il y a l'oeuvre mère et les deux making-of permettant de voir la nature sous un autre angle. Le film originel fait, comme tous les précédents longs-métrages du label, la part belle à la la nature expurgée de toute présence amenant une beauté et une poésie incroyable. Les deux autres documentaires mettent plus l'accent sur les cinéastes derrière ces prouesses. Ce sont des aventures humaines d'artistes et de scientifiques qui veulent transmettre la beauté de la nature tout en ne faisant qu'un avec elle dans un respect total. Les deux films ont toutefois une approche différente : La Reine de la Montagne se focalisait sur une espèce et une équipe en particulier là où Nés en Chine : Histoires d'un Tournage parle du reste des autres animaux de Nés en Chine. Ainsi, Nés en Chine : Histoires d'un Tournage survole plus son sujet mais propose, en échange, une diversité de lieux et d'animaux. Parfois, se remarquent quelques redondances avec La Reine de la Montagne en particulier dans les conditions de tournage qu'a dû vivre l'équipe chargée de filmer les antilopes du Tibet. Mais globalement, les trois films sont complémentaires et permettent de prolonger le voyage dans les coins les plus reculés de la Chine. 

Nés en Chine : Histoires d'un Tournage offre, une nouvelle fois, des images à couper le souffle, alliées à une ôde à l'aventure humaine que représentent les conditions du tournage. Finalement, l'idée même du film est excellente car elle permet de continuer à visiter un pays que peu d'occidentaux connaissent et qui offre des merveilles insoupçonnables.

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