Star Wars : Skeleton Crew

Titre original :
Star Wars : Skeleton Crew
Production :
Lucasfilm Ltd.
Date de mise en ligne USA :
2 décembre 2024 - 14 janvier 2025 (Disney+)
Genre :
Science-fiction
Création :
Jon Watts
Christopher Ford
Musique :
Mick Giacchino
Durée :
292 minutes
Disponibilité(s) en France :

Liste et résumés des épisodes

1. This Could Be a Real Adventure
C'est l'Occasion de Vivre une Vraie Aventure
Genre : Épisode
Série : Star Wars : Skeleton Crew
Saison 1 Épisode 1
Date de diffusion USA : Le 2 décembre 2024
Réalisé par : Jon Watts
Durée : 46 minutes
Sur la planète At Attin, Wim, Neel, Fern et KB trouvent un vaisseau abandonné qui décolle par inadvertance alors qu'ils sont encore à l'intérieur...
2. Way, Way Out Past the Barrier
Bien Au-Delà de la Barrière
Genre : Épisode
Série : Star Wars : Skeleton Crew
Saison 1 Épisode 2
Date de diffusion USA : Le 2 décembre 2024
Réalisé par : David Lowery
Durée : 29 minutes
Le droïde SM-33, que les enfants ont redémarré, ne connaît pas l'emplacement de leur planète. Il les conduit alors dans un astroport pour trouver l'information...
3. Very Interesting, As an Astrogation Problem
Un Passionnant Problème d'Astronavigation
Genre : Épisode
Série : Star Wars : Skeleton Crew
Saison 1 Épisode 3
Date de diffusion USA : Le 10 décembre 2024
Réalisé par : David Lowery
Durée : 37 minutes
Wim et ses amis rencontrent le forban Jod Na Nawood qui promet de les aider à retrouver At Attin. Bien que n'étant pas un Jedi, il semble savoir manier la Force...
4. Can't Say I Remember No At Attin
Je ne Peux pas Dire que je me Souvienne d'At Attin
Genre : Épisode
Série : Star Wars : Skeleton Crew
Saison 1 Épisode 4
Date de diffusion USA : Le 17 décembre 2024
Réalisé par : Daniel Kwan & Daniel Scheinert
Durée : 36 minutes
Jod et les enfants arrivent sur la planète At Achrann qui ressemble étrangement à At Attin. Ils se retrouvent alors au milieu d'une guerre qui dure depuis des générations...
5. You Have a Lot to Learn About Pirates
Beaucoup de Choses à Apprendre sur les Pirates
Genre : Épisode
Série : Star Wars : Skeleton Crew
Saison 1 Épisode 5
Date de diffusion USA : Le 24 décembre 2024
Réalisé par : Jake Schreier
Durée : 42 minutes
Les enfants découvrent que leur vaisseau appartenait au pirate Tak Rennod. SM-33 les conduit alors dans la base de son ancien propriétaire, sur la planète Lanupa...
6. Zero Friends Again
Plus d'Amis, Encore une Fois
Genre : Épisode
Série : Star Wars : Skeleton Crew
Saison 1 Épisode 6
Date de diffusion USA : Le 31 décembre 2024
Réalisé par : Bryce Dallas Howard
Durée : 31 minutes
Jod trahit Wim et ses amis et force SM-33 à le suivre, mais le forban est vite rattrapé par son ancien équipage. Les enfants, eux, tentent de s'enfuir...
7. We're Gonna Be In So Much Trouble
On Va Avoir de Gros Ennuis
Genre : Épisode
Série : Star Wars : Skeleton Crew
Saison 1 Épisode 7
Date de diffusion USA : Le 7 janvier 2025
Réalisé par : Lee Isaac Chung
Durée : 33 minutes
Wim et ses amis sont capturés par les pirates de Jod alors qu'ils arrivent à proximité d'At Attin. Le faux Jedi oblige alors les enfants à l'emmener sur leur planète...
8. The Real Good Guys
Les Vrais Gentils
Genre : Épisode
Série : Star Wars : Skeleton Crew
Saison 1 Épisode 8
Date de diffusion USA : Le 14 janvier 2025
Réalisé par : Jon Watts
Durée : 38 minutes
Le but de Jod est de dérober l'argent de l'immense coffre-fort d'At Attin. Mais Wim et ses amis, aidés de leurs parents, ne comptent pas le laisser faire...

La critique

rédigée par
Publiée le 23 mars 2025

Avertissement : une fois n'est pas coutume sur Chronique Disney, cette critique va se permettre de divulgâcher des pans entiers de l'intrigue et des révélations amenées au cours de la série, ceci afin de pouvoir analyser en profondeur toutes ses thématiques. Il est donc vivement conseillé d'avoir vu la série avant de lire les lignes qui suivent...

Star Wars : Skeleton Crew est une série Star Wars à prises de vues réelles un peu à part dans la franchise. Si elle se déroule en même temps que Star Wars : The Mandalorian ou Star Wars : Ahsoka, ses évènements sont plutôt indépendants par rapport à tout ce qui se passe dans la Galaxie. Pour le spectateur, pas besoin donc d'avoir un gros bagage pour l'apprécier sauf à savoir vaguement ce qu'est un Jedi et connaître l'existence de la Nouvelle République. Pour le reste, le récit est principalement à destination des enfants et des familles, mêlant camaraderie et aventures dans une ambiance très années 1980 rappelant notamment le classique cinématographique de 1986 Les Goonies. Grâce à ses personnages attachants, ses visuels bien léchés, ses effets spéciaux de qualité et un sacré sens du merveilleux, la série apporte à la saga de George Lucas un vent de fraîcheur enfantine bienvenu qui n'avait pas été ressenti en prises de vues réelles depuis les téléfilms Star Wars : Les Aventures des Ewoks, diffusés justement eux aussi dans les années 1980.

Star Wars : Skeleton Crew a été imaginé, écrit et en partie réalisé par Jon Watts. Né le 28 juin 1981 à Fountain dans le Colorado, il étudie le cinéma à l'Université de New York et commence par réaliser des publicités. En 2001, il co-réalise Clay Pride, un court métrage sur la stigmatisation de l'homosexualité puis en 2005, il réalise, seul cette fois, The Invisible Dog, racontant l'étrange histoire d'un petit garçon et d'un chien imaginaire. Près d'une décennie plus tard, le réalisateur se fait remarquer avec Clown, un film d'horreur sorti en 2014, puis en 2015 avec le thriller Cop Car. Grâce à cela, il est choisi pour mettre en scène le deuxième reboot du personnage de Spider-Man et réalise ainsi les trois films solo du personnage - Spider-Man : Homecoming (2017), Spider-Man : Far from Home (2019) et Spider-Man : No Way Home (2021) - dont le succès grandit au fil des épisodes. Enfin, en 2024, il écrit, réalise et produit une comédie d'action avec George Clooney et Brad Pitt pour Apple TV+, Wolfs.

Pour la création de la série, Jon Watts se fait aider de son compère, le scénariste Christopher Ford, avec qu'il a déjà travaillé trois fois. Ce dernier débute sa carrière d'écrivain de scénario en 2012 en rédigeant le script du film de science-fiction Robot & Frank. En 2014, il signe le scénario du film d'horreur Clown, réalisé par Watts, puis poursuit sa collaboration avec lui sur le film d'action Cop Car et le long-métrage du Marvel Cinematic Universe Spider-Man : Homecoming. En 2018, il se charge du scénario du long-métrage d'horreur Killer Inside avant de réécrire en 2021 celui du film fantastique Chaos Walking.

Les premiers échos de Star Wars : Skeleton Crew remontent à février 2022 avant que la série ne soit officiellement annoncée en mai de la même année lors de la Star Wars Celebration à Anaheim en Californie. Jon Watts et Christopher Ford sont déjà désignés respectivement comme réalisateur et show runner tandis que Jon Favreau et Dave Filoni sont eux producteurs exécutifs. Il est aussi révélé que l'action se déroule après les évènements du film Star Wars : Le Retour du Jedi, soit en même temps que les autres séries de Favreau et Filoni, Star Wars : The MandalorianStar Wars : Le Livre de Boba Fett et Star Wars : Ahsoka. Ceci dit, le but n'est pas du tout d'insérer la série dans des évènements existants. Au contraire, il faut que le spectateur puisse en profiter pleinement en étant le plus vierge possible dans sa connaissance de l'univers Star Wars. Il doit juste savoir ce qu'est vaguement un Jedi et que l'Empire est tombé, remplacé par la Nouvelle République. L'idée des créateurs est, en revanche, de proposer une version galactique des films d'aventure des années 1980 d'Amblin Entertainment, la société créée par Steven Spielberg, Kathleen Kennedy (l'actuelle patronne de Lucasfilm Ltd.) et Frank Marshall (le mari de Kathleen Kennedy). Ils s'inspirent ainsi principalement des longs-métrages sur le passage à l'âge adulte, notamment le classique Les Goonies de Richard Donner sorti en 1985, dans l'idée d'en faire une série avec des enfants mais sans que la cible soit uniquement le jeune public. Le but est plutôt d’offrir une production qui plaise à toute la famille, aussi dépaysante que merveilleuse.

Le premier épisode réalisé par Jon Watts, C'est l'Occasion de Vivre une Vraie Aventure, donne tout de suite le ton de la série jusque dans son titre. Après une brève introduction qui met l'accent sur les pirates et futurs antagonistes, l'épisode présente la planète At Attin qui va servir dans la série à la fois de point de départ de l'aventure, de foyer pour les jeunes héros, d'objet de fantasmes pour le reste de la Galaxie et de graal à atteindre pour les forbans. Ce qui frappe tout de suite dans cette planète que le spectateur découvre est justement son aspect banal grâce à son côté banlieue résidentielle paisible peuplée de maisons alignées où tout est propre et tranquille. Les enfants de la planète prennent notamment le bus pour partir à l'école comme dans n'importe quelle banlieue occidentale. Le centre urbain est lui bétonné, grouillant de véhicules. Ainsi, mis à part par son côté moderne à la Star Wars, la ville fait finalement très... terrienne. Certains plans rappellent d'ailleurs beaucoup l'imagerie des habitations californiennes du classique de 1982 de Steven Spielberg, E.T. l'Extra-Terrestre. Il est vrai que jusqu'à maintenant, la saga de George Lucas avait habitué le public à présenter des décors qui sortent de l'ordinaire, souvent via des écosystèmes aux éléments météorologiques extrêmes ou aux architectures extravagantes. Ici, la science-fiction est apportée par petites touches comme ces bus sur rails dont les conducteurs ressemblent à s'y méprendre à Rex, l'ancien pilote de Star Tours.

L'épisode permet également de souligner le système éducatif entièrement dédié à ce qui est appelé le Grand Œuvre, décrit comme une mission primordiale pour la République. Chaque enfant doit donc absolument trouver sa place afin de s'astreindre à une tâche bien précise et ce, sans en dévier de sa vie. Tout désir de sortir des clous est alors refréné. La planète At Attin ressemble donc à s'y méprendre à une prison dorée où la vie est certes paisible mais le libre arbitre absent. C'est donc dans cet environnement que le public fait la connaissance de quatre enfants : le Myykian Neel et les trois Humains Wim, Fern et KB ; cette dernière se démarquant en portant un implant cybernétique. La découverte de ce que les enfants prennent alors pour un temple Jedi rappelle naturellement l'entame du film Les Goonies. Le mimétisme avec le long-métrage va jusqu'à la construction des relations entre les bambins ; les vannes et les piques fusant entre les deux garçons et les deux filles. Et forcément, le déclencheur du récit fait également penser au classique de 1985 lorsque la bourde du trop curieux et enthousiaste Wim va lancer l'aventure galactique des quatre compères. Car ce qu'ils prennent pour un temple est en réalité un vaisseau spatial qui saute soudainement dans l'hyperespace, avec eux à l'intérieur, les plongeant dans l'inconnu et laissant les spectateurs avides de savoir ce qui va leur arriver quand se lance le générique de fin d'épisode.

Le deuxième épisode, justement, Bien Au-Delà de la Barrière lance l'aventure... et le mystère ! Les enfants se rendent en effet compte qu'ils sont perdus à des millions de kilomètres de chez eux, sans aucune idée de comment rentrer. Et c'est là que surgit le droïde SM-33, réalimenté en même temps que le reste du vaisseau. Fern est assez futée pour arriver à faire obéir cette propriété de l'ancien capitaine. Le droïde s'inspire ici beaucoup du personnage de Monsieur Mouche dans Peter Pan, chose encore plus naturelle sachant justement que le présent épisode est réalisé par David Lowery qui a mis en scène le film Peter Pan & Wendy pour Disney avec un certain Jude Law dans le rôle du Capitaine Crochet. L'acteur apparaît d'ailleurs à la fin de cet épisode dans une entrée à l'image de son personnage : trouble, envoûtant, charmeur et énigmatique. Les enfants le rencontrent ainsi dans l'astroport Borgo Prime, dont c'est la première apparition dans l'Univers Canon après être né en 1995 dans l'Univers Légendes. Borgo Prime sert notamment de décor dans le roman jeunesse Les Cadets de l'Ombre, deuxième tome de la série Les Jeunes Chevaliers Jedi

Dans le deuxième épisode, Wim, Fern et ses amis essayent donc de trouver dans l'astroport des indices sur l'emplacement de leur planète tandis que SM-33 fait des réparations. Le plus intéressant et intrigant s'avère être le fait que personne ne sait où se trouve At Attin. En revanche, pour un certain nombre de pirates et de forbans, il s'agirait d'une planète de légende qui abriterait un trésor éternel. Les enfants ne sont eux pas au courant de cette fable, ne voyant d'ailleurs pas ce que leur planète contient de si extraordinaire. Détail encore plus incongru, les garçons sortent des crédits pour payer un repas et les malfrats désignent alors les pièces comme de l'argent de... l'Ancienne République, épaississant donc le mystère sur leur monde d'origine ! Enfin, les plus attentifs remarqueront la petite créature qui conduit les enfants à Borgo Prime. Il s'agit d'un clin d'œil assumé au personnage de Teek - son nom étant donné à partir de celui de son espèce - qui a été vu pour la première fois en 1985 dans le téléfilm désormais Légendes Star Wars : Les Aventures des Ewoks - La Bataille pour Endor.

Dans le troisième épisode, Un Passionnant Problème d'Astronavigation, toujours réalisé par David Lowery, les enfants s'allient avec l'étrange prisonnier semblant manier la Force pour s'évader de la prison de Borgo Prime. Puis ils se dirigent vers le repaire d'une amie du mystérieux inconnu qui serait capable d'aider Wim et ses compères à retrouver le chemin de retour. L'homme se présente sous le nom de Jod Na Nawood même si plusieurs personnages vont lui donner d'autres noms tout au long des épisodes dont celui du Capitaine Silvo, le pirate masqué rencontré au début du premier épisode, mais aussi Crimson Jack. Ce dernier nom est intéressant puisqu'il vient d'un vieux comics de l'Univers Légendes remontant à octobre 1977. Dans celui-ci, le pirate qui se fait appeler en français Jack le Rouge en veut à Han Solo, Luke Skywalker et la Princesse Leia. Le personnage apparaît ensuite en 2022 dans le comics Canon Halcyon Legacy, dans la même apparence qu'en 1977 mais sans aucune ressemblance avec Jod Na Nawood, ce qui laisse à penser que ce dernier utilise Crimson Jack comme un alias ou un nom d'emprunt. L'amie de Jod, ainsi que son antre, sont eux aussi intrigants. Kh'ymm, une alien à l'apparence de chouette, tout comme son repaire comprenant nombreux livres et cartes astronomiques, semblent en effet plus sortir de l'univers d'Harry Potter plutôt que de Star Wars. En tous les cas, le lore qu'elle raconte sur At Attin est passionnant, sans compter la question qu'elle pose aux enfants sur les planètes qu'ils connaissent. Ils répondent Coruscant ou encore Alderaan. Elle s'étonne alors qu'ils ne soient pas au courant de la Guerre qui priva la première de son statut de capitale et qui détruisit la seconde. La remarque permet ainsi aux spectateurs de se questionner sur At Attin : depuis combien de temps est-elle restée coupée du reste de la Galaxie ?

L'épisode Je ne Peux pas Dire que je me Souvienne d'At Attin est pour sa part réalisé par le duo de réalisateur Daniel Kwan et Daniel Scheinert qui se sont fait remarquer pour le film Everything Everywhere All at Once en gagnant pas moins de sept Oscars dont Meilleur Film et Meilleur Réalisateur. L'ambiance change ici du tout au tout en amenant les enfants dans une zone de guerre. Les coordonnées qu'ils ont reçues n'étaient, en effet, pas celles de leur planète mais d'At Achrann, l'une de ses huit sœurs, regroupées sous le nom de Joyaux de l'Ancienne République. D'ailleurs, les bâtiments semblent identiques à ceux de la planète de Fern et Wim sauf qu'ici, ils sont en ruine et abandonnés à cause des combats qui font rage. Plus que dans aucun autre épisode de la série, une certaine naïveté se fait alors sentir avec une moralisation sur l'inutilité de faire la guerre, notamment via le regard candide de Neel. Il affirme ainsi qu'à la place des habitants d'At Achrann, il chercherait la paix à tout prix. Ceci dit, il nuance son propos en se dénigrant. Il explique son raisonnement par sa lâcheté. Comme il ne sait pas se battre, il cherche plutôt une voie pacifique à chaque conflit. Sinon, parmi les personnages que rencontrent Neel et ses amis dans cet épisode, il se trouve pour l'anecdote le chef de guerre Strix joué par l'acteur français Mathieu Kassovitz. Enfin, là encore, l'épisode se termine sur quelques révélations, notamment via le comportement du droïde SM-33. Dans un bel hommage au film d'animation La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers, le spectateur apprend que, comme le loufoque robot B.E.N., le capitaine de SM-33 lui a ordonné d'effacer dans sa mémoire toute trace de l'emplacement d'At Attin et de détruire quiconque essaierait de débloquer ses souvenirs.

Jake Schreier, le futur réalisateur du film Marvel Studios Thunderbolts*, se charge pour sa part de mettre en scène le cinquième épisode, Beaucoup de Choses à Apprendre sur les Pirates. Jod et les enfants arrivent donc finalement à stabiliser la mémoire et le comportement de SM-33. Ce dernier ne se rappelle d'ailleurs toujours pas de l'emplacement d'At Attin mais sait où est celui du repaire secret de son ancien propriétaire, le redoutable pirate parti à la recherche du Trésor Éternel. Le récit est une nouvelle fois un mélange des genres entre une infiltration dans un complexe hôtelier luxueux pour adultes et une chasse au trésor, le tout en urgence afin d'échapper aux pirates qui pourchassent Jod après que ce dernier a été reconnu par une chasseuse de primes qui l'a dénoncé à son ancien équipage. Là encore, de nombreux clins d’œil sont proposés. Tout d'abord, de beaux hommages aux années 1980 sont offerts avec notamment le nom du fameux pirate légendaire, le Capitaine Tak Rennod qui est un anagramme de Richard Donner, le réalisateur du film Les Goonies, avec son patronyme écrit à l'envers. Les pièges qui parsèment le chemin vers le repaire secret sont eux directement inspirés de ceux que doit résoudre le fameux aventurier dans Indiana Jones et la Dernière Croisade. L'épisode s'inspire aussi de certains longs-métrages des années 1990 et 2000. Quand le groupe arrive dans l'antre du pirate, il tombe en effet devant une salle remplie de trésors. Jod conseille alors à Wim et aux autres enfants de ne toucher à rien au risque de déclencher d'autres pièges. La remarque fait bien sûr penser à la scène où Jafar conseille la même chose à Aladdin avant que ce dernier rentre dans la Caverne aux Merveilles dans le classique Disney de 1992. Enfin, Il est aussi question d'un code de conduite entre pirates quand Jod provoque en duel Fern afin de lui ravir la place de Capitaine et le contrôle de SM-33. Là encore, il est impossible de ne pas penser à la façon dont Jack Sparrow utilise le code des pirates à son avantage dans la saga Pirates des Caraïbes de Disney.

Plus d'Amis, Encore une Fois, le sixième épisode, est réalisé lui par Bryce Dallas Howard, la fille de Ron Howard et actrice dans le film Peter et Elliott le Dragon. Cette dernière est une habituée de Star Wars ayant déjà mis en scène pas moins de quatre épisodes des séries Star Wars : The Mandalorian et Star Wars : Le Livre de Boba Fett. Bien qu'il commence par un hommage à la scène du toboggan des (Les) Goonies, cet épisode est sûrement le plus introspectif de la série. Trahis par Jod, les enfants sont dans une situation critique : ils doivent retrouver leur vaisseau pour avoir ne serait-ce qu'une chance de rentrer chez eux. Mais le groupe se sépare en deux car des tensions voient le jour entre les membres. KB préfère suivre Wim tandis que Fern part avec Neel. Cela permet à chacun des enfants de se confier sur ses faiblesses et de rendre compte de quelques mauvais défauts pour certains d'entre eux. La fin de l'épisode est ensuite consacrée à sauver le vaisseau de la destruction. Les enfants sont alors au bord du désespoir quand une heureuse décision les sauve au dernier moment. Le récit est ici un peu léger, et ressemble beaucoup à un filler mais se voit heureusement rattrapé grâce à l'exploration psychologique de ses personnages ; KB étant notamment particulièrement émouvante.

Dans On Va Avoir de Gros Ennuis, les évènements s'accélèrent. Ce septième épisode est ainsi réalisé par Lee Isaac Chung ; ce dernier ayant déjà mis en scène un épisode de la troisième saison de Star Wars : The Mandalorian. Les enfants retournent enfin à proximité de leur planète mais se retrouvent à nouveau capturés par les pirates de l'espace. Un temps prisonnier, Jod récupère le commandement des forbans, dévoilant de plus en plus sa vraie personnalité. Pendant ce temps, les parents tentent de contacter leurs enfants. L'épisode en profite d'ailleurs pour donner toutes les réponses sur ce qu'est réellement At Attin. Il explique non seulement la réalité de son trésor mais également comment elle a pu rester si longtemps cachée du reste de la Galaxie, en en profitant notamment pour expliciter comment la Barrière fonctionne. Cerise sur le gâteau, les visuels sont à la fois imaginatifs et de toute beauté en particulier l'image de la Barrière qui ressemble à une géante gazeuse vert émeraude. Côté clins d'œil, l'épisode se fait plaisir en rendant une nouvelle fois hommage à La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers ou à Pirates des Caraïbes tout en proposant également un plan qui rappelle fortement Star Wars : La Revanche des Sith ou en citant un chiffre très proche du titre du premier film de George Lucas, THX 1138. Il sera également apprécié certains dialogues qui s'amusent avec les raisonnements enfantins des bambins. Par exemple, lors de la scène où Fern récupère son vaisseau, et la fidélité de SM-33 associée, en affirmant, un peu comme dans une cour d'école, qu'elle « dépreum's » et « repreum's » sa propriété après que Jod s'en soit à nouveau emparée.

Jon Watts se charge enfin de réaliser le dernier épisode, Les Vrais Gentils. L'épisode conclut donc les aventures de Wim, Fern, KB et Neel dans leur affrontement contre les pirates de Jod Na Nawood. Ce dernier montre enfin son vrai visage : celui d'un être cupide sans scrupule qui envahit une planète simplement pour en prendre le contrôle afin que ses habitants fabriquent des crédits uniquement pour lui. Les enfants vont alors affronter le pirate et défendre, avec l'aide de la mère de Fern et du père de Win, la planète contre les envahisseurs. Les scènes d'actions sont foisonnantes et grisantes. Il sera apprécié une nouvelle fois les jolis clins d’œil cinématographiques comme cette course d'overbikes qui rappelle naturellement la scène où Elliott et ses amis s'enfuient en bicyclette dans E.T. l'Extra-Terrestre. Le spectateur découvre aussi qui est réellement le Superviseur qui contrôlait la planète depuis des générations avant que les pirates n'attaquent. Sorte d'ordinateur ultra-puissant, il rappelle fortement l'apparence d'Hal 9000 dans le classique de Stanley Kubrick 2001, l'Odyssée de l'Espace, à la différence près que la machine de la série est moins folle et dangereuse que celle du film. Le Superviseur a certes gardé la population d'At Attin sous cloche et en autarcie mais l'a tout de même protégée de l'extérieur pendant toute la période de l'Empire et même au-delà. Série familiale oblige, les péripéties se terminent bien pour les héros même si certains cyniques trouveront les résolutions parfois trop faciles. En revanche, l'épisode aurait mérité quelques minutes supplémentaires ; la conclusion de la série étant un peu trop abrupte même si elle se termine sur un superbe plan. ll aurait notamment été intéressant de savoir ce qui allait advenir d'At Attin et de sa population maintenant que la Barrière qui les protégeait a disparu.

Au-delà de son récit faisant la part belle à l'aventure, la grande réussite de Star Wars : Skeleton Crew est sûrement sa panoplie de personnages attachants, à commencer par les quatre enfants.
Le premier d'entre eux est Wim, interprété par le jeune Ravi Cabot-Conyers qui est connu pour avoir tenu la voix d'Antonio Madrigal dans le film d'animation Encanto, la Fantastique Famille Madrigal. L'acteur apporte ici beaucoup d'espièglerie à son personnage. Sa curiosité insatiable fait qu'il est d'un naturel optimiste, touche à tout, ce qui l'empêche parfois de se rendre compte des conséquences de ses actes. Le jeune Humain est ainsi obnubilé par les histoires de Jedi qu'il aime lire sur son datapad. Celles-ci lui donnent envie de partir à l'aventure, peut-être aussi pour oublier un père souvent absent à cause de son travail. Son côté rêveur fait que Wim n'arrive pas à rentrer dans le moule que la société d'At Attin veut lui imposer, notamment en le forçant à choisir une carrière prédéfinie. En réalité, lui aspire plutôt à découvrir de nouveaux horizons tout en aidant ceux dans le besoin. Son regard plein d'envie et d'espoir, qui clôture à merveille la série, est sans doute la preuve qu'il a enfin compris quelle était sa voie tout en étant une superbe parabole des étoiles dans les yeux que la saga Star Wars a amenées à de nombreux enfants au fil des générations.

Le rôle de Fern est tenu quant à lui par la pétillante Ryan Kiera Armstrong. L'actrice apporte au personnage une belle assurance mais aussi une certaine fragilité qui la rend vraiment attachante. Rebelle, elle cherche à s'émanciper de sa mère politicienne qui pense que sa fille est une élève modèle et parfaite. Son assurance, souvent bravache, lui fait prendre naturellement le leadership du petit groupe et le commandement du vaisseau pirate.
Kyriana Kratter joue pour sa part KB, une jeune fille Humaine portant un implant cybernétique depuis qu'elle a eu un accident dans son enfance. Intelligente mais effacée, elle est en quelque sorte une version enfantine du personnage de Lobot, le fidèle administrateur de Lando Calrissian. Meilleure amie de Fern, elle a un peu de mal à lui avouer qu'elle a désormais des difficultés à réaliser certaines tâches depuis son accident. Notamment, certains environnements qui peuvent oxyder des composants de son implant lui sont proscrits, ce que Fern a tendance à oublier.
Ceci dit, la véritable révélation de la série est sans aucun doute Neel, le jeune Myykian, dont la voix anglaise est confiée à Robert Timothy Smith. Le corps du personnage est réalisé grâce à un costume tandis que son visage est un mélange entre de la motion-capture et une tête animatronique. Neel est particulièrement adorable et amusant mais jamais très courageux ; n'aimant ni la bagarre, ni le danger. Cet élève sérieux fait ses devoirs de façon consciencieuse, totalement à l'opposé de son meilleur ami Wim. Neel a aussi parfois du mal à s'imposer face à ses fougueux camarades et ne sait pas faire valoir ses besoins et envies.

Jude Law (Le Talentueux Mr. Ripley, Sherlock Holmes, Captain Marvel, Peter Pan & Wendy) offre, quant à lui, un personnage de Jod Na Nawood plein d'ambivalences et de noms d'emprunt. L'acteur arrive parfaitement à rendre le pirate à la fois charmant, charmeur, charismatique, manipulateur, cruel et inquiétant. Il est, en quelque sorte, le John Silver de l'Univers Star Wars - le personnage iconique du roman de Robert Louis Stevenson, L'Île au Trésor. Le public va ainsi toujours rester sceptique devant ce personnage, le trouvant sympathique tout en s'en méfiant. En réalité, ce dernier est un brigand qui ne pense qu'à ses propres intérêts. Est-il foncièrement mauvais ? Difficile à dire. Il peut parfois tuer des êtres de sang-froid si cela sert ses ambitions mais de l'autre laisser en vie un petit rongeur innocent au lieu de l'écraser comme un insecte. Il menace et manipule les enfants mais au final n'arrive jamais à leur faire vraiment du mal comme si, malgré ce qu'il dit, il s'était attaché à eux. Les spectateurs pensent, tout de même, tout au long de la série que le personnage finira par faire son mea culpa et reprendre le chemin du bien. Sûrement car ses aptitudes avec la Force, non liées au Côté Obscur, laissent à penser que c'est un ancien Jedi. Et il se sert justement de cette ambiguïté pour manipuler les enfants, notamment Wim. En réalité, c'est simplement un ancien enfant doué avec la Force, sans avoir été Padawan, pris sous l'aile d'un Maître Jedi massacré par la suite, sûrement par un Inquisiteur après l'Ordre 66. Suite à ce drame, Jod a perdu foi en l'avenir, devenant totalement cynique, étant persuadé que le Galaxie est cruelle et froide. Le seul moyen pour lui de gagner quelque chose est donc de le voler ou de le prendre. La série trompe alors son monde en ne proposant aucune surprise ou revirement sur le pirate. En fin de compte, Jod Na Nawoo est vraiment un John Silver et pas du tout un Jedi.

D'un point de vue technique, Star Wars : Skeleton Crew possède des visuels de qualité qui mélangent les styles entre l'utilisation de la technologie du Volume StageCraft, de marionnettes, de décors en dur et de matte paintings. Les environnements sont à la fois diversifiés et dépaysants ; certains plans étant de toute beauté comme par exemple celui où les enfants et Jod marchent au clair d'une immense lune. Les effets spéciaux sont quant à eux réussis et aident à l'immersion du spectateur dans le récit. 
Côté musique, la bande originale est composée par Mick Giacchino, le fils du grand compositeur Michael Giacchino. Le jeune homme s'était déjà fait remarquer sur les compositions d'autres séries Disney+ comme Zootopie+ et Les Muppets Rock. Le thème principal de la série est en tout cas très accrocheur tandis que les rappels aux musiques de pirates donnent un cachet original à l'ensemble, l’ancrant encore davantage dans une chasse au trésor.

Avec le recul, si Star Wars : Skeleton Crew est une réussite artistique, la série ne peut se défaire d'une critique récurrente des dernières productions Star Wars sur Disney+ : celle d'être un long-métrage transformé en série et découpé en plusieurs épisodes. Le récit de Star Wars : Skeleton Crew aurait en effet peut-être été encore plus percutant s'il avait été raconté dans un vrai long-métrage. Certes, il aurait fallu un peu élaguer les péripéties ; les épisodes 4 et 6 auraient pu être coupés et l'épisode 5 accéléré. L'histoire aurait alors gagné encore davantage en dynamisme même si elle aurait peut-être fait perdre de la profondeur aux personnages de KB et de Neel. Ceci dit, en incorporant une phrase de dialogue par-ci, par-là, les scénaristes auraient pu retomber sur leurs pattes et arriver au même résultat. Malgré ce bémol, les critiques ont plutôt plébiscité Star Wars : Skeleton Crew ; cette dernière étant la mieux notée des séries Star Wars juste derrière les deux premières saisons de Star Wars : The Mandalorian et la première de Star Wars : Andor.

Malheureusement, cela n'a pas suffi à convaincre le public de regarder en masse Star Wars : Skeleton Crew. C'est bien simple ! Il s'agit, et de loin, de la série en prises de vues réelles de la saga la moins regardée. Pourtant, le public qui a fait l'effort d'être devant a plutôt bien aimé, mais le bouche-à-oreille n'a pas pris. Plusieurs raisons à cela. D'abord, la campagne de dénigrement qu'a subie Star Wars : The Acolyte six mois plus tôt a fait beaucoup de mal à la franchise. En plus, le fait que ce soit un récit avec des enfants en tant que protagonistes principaux a désintéressé une partie importante du grand public. De même, s'être éloigné des canons Star Wars habituels a fait que la série n'a pas excité les foules, ne possédant pas notamment la présence d'un caméo inattendu capable de faire le buzz sur les réseaux sociaux. Enfin, la diffusion hebdomadaire a provoqué une déperdition d'audience ; la série n'arrivant pas à faire parler d'elle en dehors du cercle des fans hardcores. Néanmoins, les spectateurs devant la série ont passé un bon moment même si cela n'était pas pour eux le grand évènement que pouvait être Star Wars : The Mandalorian ou Star Wars : Obi-Wan Kenobi. C'était au mieux une petite sucrerie de Noël sympathique.

Star Wars : Skeleton Crew est une série qui était prévue dès l'origine pour n'être qu'une mini-série, indépendante du reste de la saga, sans aucune incidence sur le reste des productions Star Wars, avec un début et une fin, sans qu'une suite soit fatalement sur les rails. L'avantage de cette approche est que si une Saison 2 n'est pas programmée, cela n'aura aucune conséquence et ne laissera pas des intrigues en plan à la différence de Star Wars : The Acolyte. Naturellement, si le succès avait été au rendez-vous, Lucasfilm Ltd. n'aurait pas hésité à poursuivre les aventures de Wim et ses amis mais malheureusement, cela n'a pas été le cas. Et même si son budget à 136 millions de dollars était contenu par rapport à Star Wars : Andor et Star Wars : The Acolyte, il reste tout de même au dessus de toutes les autres séries. Pour donner un ordre de comparaison, Star Wars : The Acolyte a été vu deux fois et demie de plus pour seulement un tiers de budget en plus... Ce qui fait que le coût d'une minute vue est deux fois plus élevé pour Star Wars : Skeleton Crew que pour Star Wars : The Acolyte, pourtant annulée. Inversement, Star Wars : Ahsoka a coûté un tiers de moins que Star Wars : Skeleton Crew mais été vue quatre fois plus. Star Wars : Ahsoka a été, quant à elle, évidemment renouvelée. Lucasfilm Ltd. n'a même pas eu besoin de communiquer sur le devenir de Star Wars : Skeleton Crew tellement son destin est malheureusement évident.

Star Wars : Skeleton Crew est une série Star Wars originale qui s'éloigne beaucoup de ce qui a été vu jusqu'ici, tout en lui donnant une saveur bien particulière qui fleure bon les années 1980. Certains pourront peut-être lui reprocher d'être par trop éloignée du canevas global de la saga de George Lucas alors qu'au contraire, c'est ce qui lui donne sa force et sa fraîcheur. Portée par un casting impeccable, la série finit par convaincre définitivement. Dommage que le grand public ne lui ait pas donné sa chance tellement elle a à offrir !

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