La Petite Maison
Date de création :
Le 08 août 1952
Nom Original :
The Little House
Créateur(s) :
Mary Blair (Conception)
Marc Davis (Animation)
Les Clark (Animation)
Clair Weeks (Animation)
Apparition :
Cinéma
Disney+
Voix Originale(s) :
Jean Gilpin

Le portrait

rédigé par Karl Derisson
Modifié le 19 décembre 2023

Au début des années 1950, alors que les vedettes maison Mickey, Donald, Dingo et Pluto voient progressivement leur série respective décliner lentement, Walt Disney lance la production de nouveaux cartoons indépendants, des films spéciaux n’appartenant à aucune collection. Wilfred Jackson réalise ainsi notamment un petit dessin animé adorable basé sur l’histoire d’une Petite Maison confrontée aux petits bonheurs et aux grands malheurs du temps qui passe.

La Petite Maison ou les aléas du temps qui passe

« Il était une fois une toute petite maison, sur une petite colline, loin à la campagne ». Juchée sur les hauteurs et entourée de deux arbres majestueux, la Petite Maison coule des jours heureux. Ce XIXe siècle est doux. Au cœur de la nature, elle apprécie le calme environnant. Aimant sentir le vent dans ses persiennes, elle découvre ses nouveaux propriétaires, un jeune couple venant tout juste de se marier.

La vie s’annonce radieuse. La Petite Maison est ravie. Le temps passe et tour à tour, un... deux... trois... quatre... cinq... six... sept enfants viennent agrandir la famille et remplir l’endroit de leurs rires et de leurs cris. La vie, bien calme, devient tumultueuse. Si les journées sont bien remplies, les nuits sont néanmoins ennuyeuses. La Petite Maison n’a en effet personne autour d’elle à qui parler. Seule distraction, les lumières de la ville qui, chaque jour, se rapprochent un peu plus.

Au départ seule sur sa colline, la Petite Maison se retrouve bientôt cernée par deux manoirs bien pédants. Le mépris s’affiche sur leur façade. Soudain, le feu s’empare des riches demeures. Des braises tombent sur la toiture de la Petite Maison qui s’embrase à son tour. En partie cramoisie, elle se retrouve de nouveau seule, cernée cette fois par des ruines...

Les années passent. Le XXe siècle est désormais là. La vie devient moderne et s’accélère. Le progrès est partout. La ville pousse comme un champignon. Les immeubles remplacent les maisons. Les poubelles jonchent le trottoir. Le raffut est infernal. Les propriétaires de la Petite Maison prennent la poudre d’escampette. La voilà désormais seule...

Les immeubles laissent à leur tour la place aux gratte-ciel. Les bulldozers ressemblent à des monstres aux dents acérées. Le vacarme est de plus en plus fort. La Petite Maison continue de tomber en ruines... La ville, si prometteuse, est devenu un véritable enfer.

Des ouvriers débarquent durant une nuit. La démolition semble inévitable. Armés de pieds de biche, les hommes soulèvent la Petite Maison du sol. La voilà qui est emmenée loin, loin de la ville... Désespérée, elle imagine le pire lorsque soudain, le soleil perce à l’horizon. Avec stupéfaction, la Petite Maison découvre qu’elle vient d’être déplacée sur une petite colline, loin à la campagne ! Une rénovation plus loin, un nouveau couple vient de s’en porter acquéreur.

La Conception du personnage

Narrée par Sterling Holloway, l’une des voix favorites de Walt Disney ayant notamment doublé Winnie l’ourson en version originale, La Petite Maison est l’adaptation par Bill Peet et Bill Cottrell de The Little House, une histoire conçue et illustrée par l’écrivaine Virginia Lee Burton.

Édition originale de The Little House
Virginia Lee Burton

Publié aux États-Unis en 1942 par l’éditeur Houghton Mifflin Harcourt, le récit s’inspire de la maison construite des décennies plus tôt par l’arrière-arrière-grand-mère de Virginia Lee Burton et qui fut, comme le personnage principal du roman, négativement impactée par le progrès du début du XXe siècle. En 1915, la demeure a ainsi vu apparaître autour d’elle les premières routes pavées et les stations-services. Le voisinage s’est densifié. En 1925, des petits immeubles se sont construits en même temps que le métro creusé quelques années plus tard. Toujours debout en 1940, la Petite Maison vit alors un calvaire avant d’être finalement retirée de la ville et déplacée au cœur de la campagne paisible.


Illustration de The Little House par Virginia Lee Burton

Vive critique à l’encontre de l’étalement urbain et du manque total de cohérence dans la planification des villes, The Little House devient rapidement un classique de la littérature enfantine couronné par la Caldecott Medal un an après sa publication. Il ne faut dès lors pas longtemps pour que les studios Disney acquièrent les droits et lancent la production d’un nouveau court-métrage animé.

Le développement de ce nouveau film est alors confié à la directrice artistique Mary Blair qui livre des dizaines de recherches graphiques très représentatives de son style si reconnaissable.
Née le 21 octobre 1911 à McAllister, en Oklahoma, Mary Blair débute modestement comme professeur d’art tout en poursuivant ses études à l’Institut Chouinard. Remarquée pour ses toiles, elle est, comme tant d’artistes, victime de la Grande Dépression. Pour gagner sa vie, elle se tourne donc vers l’animation en rejoignant les équipes d’Ub Iwerks puis les studios Harman-Ising. Engagée en mai 1940 par Walt Disney, Blair travaille sur des dizaines de projets tels que Dumbo, une première version de La Belle et le Clochard et le Baby Ballet finalement avorté. Choquée par la grande grève qui secoue les studios au printemps 1941, elle décide finalement de déposer sa démission dès juin. Walt la rattrape alors in extremis et lui propose de partir avec une poignée d’artistes pour une tournée en Amérique latine. Mary Blair accepte et livre un formidable travail qui servira lors des productions de Saludos Amigos et Les Trois Caballeros.

Mary Blair
Recherche graphique par Mary Blair

Par la suite, l’artiste collabore aux productions de Mélodie du Sud, La Boîte à Musique, Danny, le Petit Mouton Noir, Le Crapaud et le Maître d’École, Cendrillon, Alice au Pays des Merveilles, Susie, le Petit Coupé Bleu et Peter Pan. Reprenant sa liberté au début des années 1950, elle continue brillamment sa carrière d’illustratrice. En 1963, elle accepte de revenir aux studios Disney pour travailler sur une attraction destinée à l’Exposition universelle de New York, "it’s a small world". Impliquée par la suite dans la réalisation de fresques murales et de mosaïques destinées aux attractions Adventures Through Inner Space, Bell System CircleVision et au hall du Contemporary Resort de Walt Disney World Resort, Mary Blair décède le 26 juillet 1978. Un Disney Legends Award couronne sa carrière.


Recherches graphiques par Mary Blair

Sous le crayon de Mary Blair, la Petite Maison prend la forme d’une petite demeure anthropomorphe de style néogothique. Sa façade est d’un blanc éclatant. Les grandes fenêtres ornées de rideaux bleus ressemblent à des yeux avec des stores pouvant coulisser de haut en bas en guise de paupières. L’encadrement supérieur de chaque baie vitrée sert de sourcils. Le nez est symbolisé par le bouton de porte. Les deux marches sur le perron font penser à des lèvres.


Recherches graphiques par Mary Blair

L’animation de la Petite Maison est confiée à un trio d’animateur formé par Marc Davis, Les Clark et Clair Weeks.
Membre du groupe des Neuf Vieux Messieurs, Marc Davis naît le 30 mars 1913 à Bakersfield, en Californie. Élève de l’Institut des Arts Otis, il entre chez Disney le 2 décembre 1935. Nommé assistant animateur de Blanche Neige, il donne ensuite vie à des personnages aussi diverses que Fleur, Frère Renard, Frère Ours, Mr. Toad, Cendrillon, Alice, la Fée Clochette, Aurore, Maléfique et Cruella d’Enfer, sa dernière création animée. Après la production des (Les) 101 Dalmatiens et celle de Chantecler qui ne sera finalement pas menée à terme, Marc Davis abandonne le département animation pour rejoindre les troupes de WED Enterprises au travail sur le développement des attractions de Disneyland. Il travaille ainsi sur Jungle Cruise, Enchanted Tiki Room, The Haunted Mansion ou bien encore Pirates of the Caribbean. Surnommé par Walt Disney « My Renaissance Man », Marc Davis se retire en 1978. Récompensé par un Disney Legends Award en 1989, il décède le 12 janvier 2000.

Marc Davis
Les Clark
Clair Weeks

Également membre du groupe des Neuf Vieux Messieurs, Les Clark est l’un des premiers artistes engagé par Walt Disney. Né le 17 novembre 1907 à Ogden, dans l’Utah, il rencontre les frères Disney dès 1925. Clark n’est alors qu’un jeune marchand de glaces dans une confiseries située près des studios. Passionné par le dessin, Clark est finalement embauché le 23 février 1927. C’est le début d’une carrière de quatre décennies marquée par l'animation de personnages aussi remarquables que Mickey, Clara Cluck, Blanche Neige, Pinocchio, Lulubelle, Alice, Lady, les trois bonnes fées de La Belle au Bois Dormant. Réalisateur des courts-métrages Paul Bunyan, Donald au Pays des Mathémagiques, Donald et la Roue et L'Homme, le Monstre et les Mystères, Les Clark prend sa retraite en 1975. Il disparaît quatre ans plus tard, le 11 septembre 1979. Un Disney Legends Award lui est décerné à titre posthume dix ans plus tard.

Né le 14 septembre 1911 en Inde où son père sert comme missionnaire, Clair Weeks débute chez Disney en 1936. Durant les seize années qui suivent, il travaille sur différentes productions telles que Blanche Neige et les Sept Nains, Bambi et Peter Pan. En 1956, il est invité à Bombay par l’Information Films of India afin d’aider à l’établissement du premier studio d’animation indien, Films Division of India (FDI), et à la réalisation d’un premier film, The Banyan Deer. Clair Weeks disparaît le 26 août 1986.

Les Autres (Petites) Apparitions de la Petite Maison

Dès 1952, la sortie de La Petite Maison dans les salles américaines s’accompagne par la vente d’un livre-disque édité par Disneyland Records. Le personnage, dont la façade est étrangement devenue violette, trône alors sur la pochette.


Adventures in Fantasy

Le 7 novembre 1957, avec l'épisode Adventures in Fantasy, Walt Disney explique aux téléspectateurs de Disneyland comment ses dessinateurs parviennent à donner vie à des objets inanimés. Pour illustrer ses propos, il prend alors notamment comme exemple la Petite Maison.

La Petite Maison fait ensuite une minuscule mais très sympathique apparition dans Tic et Tac, Les Rangers du Risque - Le Film. En rentrant chez lui, Tic salue en effet sa voisine, Madame la Petite Maison (Mrs. House).


Tic et Tac, les Rangers du Risque - Le Film

Muette dans le cartoon original, le personnage possède cette fois une ligne de dialogue récitée en version originale par la comédienne Jean Gilpin.

Au cœur d’un film très beau, la Petite Maison est un personnage adorable et très poétique qui possède tout le charme des productions Disney d’antan.

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