Titre original :
Light & Magic
Production :
Lucasfilm Ltd.
Imagine Documentaries
Kasdan Pictures
Date de mise en ligne USA :
Le 27 juillet 2022 (Disney+)
Genre :
Documentaire
Réalisation :
Lawrence Kasdan
Musique :
James Newton Howard
Durée :
361 minutes
Disponibilité(s) en France :

Liste et résumés des épisodes

1. Gang of Outsiders
Une Bande d'Outsiders
Genre : Épisode
Emission : Light & Magic
Saison 1 Épisode 1
Date de diffusion USA : 27 juillet 2022
Réalisé par : Lawrence Kasdan
Durée : 60 minutes
George Lucas charge John Dykstra de monter une équipe d'artistes prêts à faire l'impossible…
2. On the Bucking Bronco
Pas Question de Faire Marche Arrière
Genre : Épisode
Emission : Light & Magic
Saison 1 Épisode 2
Date de diffusion USA : 27 juillet 2022
Réalisé par : Lawrence Kasdan
Durée : 54 minutes
Après avoir englouti une partie importante du budget, ILM doit achever les effets visuels de Star Wars : Un Nouvel Espoir…
3. Just Think About It
Réfléchis-Y
Genre : Épisode
Emission : Light & Magic
Saison 1 Épisode 3
Date de diffusion USA : 27 juillet 2022
Réalisé par : Lawrence Kasdan
Durée : 64 minutes
L'équipe d'ILM se reforme pour Star Wars : L'Empire Contre-Attaque…
4. I Think I Found My People
J'Ai Trouvé ma Tribu
Genre : Épisode
Emission : Light & Magic
Saison 1 Épisode 4
Date de diffusion USA : 27 juillet 2022
Réalisé par : Lawrence Kasdan
Durée : 64 minutes
Les artistes d'ILM enchaînent les projets et développent de nouvelles technologies…
5. Morfing
Le Morfing
Genre : Épisode
Emission : Light & Magic
Saison 1 Épisode 5
Date de diffusion USA : 27 juillet 2022
Réalisé par : Lawrence Kasdan
Durée : 55 minutes
Les mutations apportées par les images numériques engendrent des bouleversements au sein d'ILM…
6. No More Pretending You're Dinosaurs
Arrêtez de Vous Prendre Pour des Dinosaures
Genre : Épisode
Emission : Light & Magic
Saison 1 Épisode 6
Date de diffusion USA : 27 juillet 2022
Réalisé par : Lawrence Kasdan
Durée : 64 minutes
Jurassic Park révolutionne la façon de faire des effets spéciaux et annonce une nouvelle ère…

La critique

rédigée par
Publiée le 26 septembre 2022

Habitués à un travail de l’ombre, les artistes des effets spéciaux d’Industrial Light & Magic mettent en lumière les héros des films sur lesquels ils opèrent une magie tenant au génie créatif et à l'ingéniosité dont ils font preuve. Light & Magic les place enfin au centre de l’affiche en offrant, au travers d’une série documentaire en six épisodes, un regard passionnant sur l’histoire du studio d’effets visuels créé par George Lucas.

Alors qu’il s’est lancé dans la production de son prochain film, qui deviendra Star Wars : Un Nouvel Espoir (1977), George Lucas décide de créer son propre studio afin d’en concevoir les effets visuels. Le cinéma d’alors propose en effet peu d’effets spéciaux réellement satisfaisants, et le réalisateur souhaite garder le contrôle créatif sur ce qu’il juge fondamental à la réussite de son long-métrage. En avril 1975, il rencontre John Dykstra, alors notamment connu pour avoir assisté Douglas Trumbull sur les trucages de 2001, l’Odyssée de l’Espace (1968), et lui montre un montage - très dynamique - qu’il a réalisé à partir d’images de combats aériens de la Seconde Guerre mondiale, lui expliquant qu’il souhaite un rendu similaire avec les vaisseaux spatiaux de l’univers qu’il a en tête. Dykstra accepte deux à trois semaines plus tard la proposition de Lucas, attiré par le fait de disposer des moyens financiers nécessaires au développement de la caméra de motion-control qu’il a imaginée. 
Dykstra trouve un entrepôt à Van Nuys, un quartier excentré de Los Angeles, et se constitue avec le temps une équipe de choc notamment constituée de Richard Edlund, Joe Johnston, Dennis Muren, Lorne Peterson, Ken Ralston et Phil Tippett. Lucas détermine naturellement le nom de la filiale de Lucasfilm Ltd. qui regroupe ces nerds avant l’heure synthétisant créativité artistique et génie technique : « C’est juste apparu comme ça dans ma tête. On était assis dans un parc industriel et on utilisait la lumière pour créer de la magie. C’est bien ça qu’ils allaient faire. ». Industrial Light & Magic, vite connu sous le nom d’ILM, est né !

Ensemble, ils aménagent en premier lieu leurs locaux puis inventent les systèmes nécessaires à la réalisation des 350 plans avec effets spéciaux prévus pour l’opus qui est alors appelé Star Wars, dont principalement la « Dykstracam ». Permettant d’obtenir des mouvements à l’écran jusqu’alors impossibles à réaliser et indispensables pour rendre crédibles les scènes de poursuite dans l’espace voulues par Lucas, elle combine une caméra spécialisée, une plate-forme mécanique et un dispositif de contrôle électronique. Après moult péripéties et notamment des alertes budgétaires, les innovations contribuent nettement au succès phénoménal du long-métrage, sorti le 25 mai 1977, et constituent une véritable révolution pour l’industrie cinématographique qui vaut l'Oscar des Meilleurs Effets Visuels à ces artistes d'un nouveau genre.
ILM s’endort mais se réveille vite, en 1978, quand George Lucas lance la production de la suite tant attendue de son aventure intergalactique, Star Wars : L’Empire Contre-Attaque (1980) ! Le cinéaste rappelle alors l’essentiel de l’équipe, mais choisit de ne pas retenir celui qui l’avait formée, John Dykstra, estimant son management lacunaire. Il installe également ILM plus proche de lui, dans le comté de Marin, au nord de San Francisco. Les artistes repoussent une nouvelle fois les limites existantes avec des effets époustouflants, notamment pour la bataille dans les paysages enneigés de Hoth. ILM est désormais une référence et enchaîne avec la nouvelle création de Lucasfilm Ltd., Les Aventuriers de l’Arche Perdue (1981), puis collabore dans un premier temps avec les cinéastes amis de Lucas avant d’être autorisé à travailler plus largement auprès de différents studios, contribuant à de nombreux films mémorables des années 80 : Poltergeist (1982), E.T. l'Extra-terrestre (1982), L'Histoire Sans Fin (1984), Les Goonies (1985), la trilogie Retour Vers le Futur (1985, 1989 et 1990), Qui Veut la Peau de Roger Rabbit (1988), SOS Fantômes 2 (1989), etc.

Très rapidement, ILM va au-delà des effets visuels physiques qui ont créé sa réputation et, traduisant la vision de son fondateur, voit dans les effets numériques l’avenir du cinéma. Après une première séquence réalisée en images de synthèse dans Star Trek II : La Colère de Khan (1982), le studio crée le premier personnage généré par ordinateur dans Le Secret de la Pyramide (1985). Auteure de cette innovation, sa division informatique portée par Ed Catmull a d’ailleurs le vent en poupe et est rachetée en 1986 par Steve Jobs, devenant les Pixar Animation Studios bien connus depuis. Fort de cet héritage, ILM poursuit dans la même direction et invente le « morfing » dans Willow (1988), propose un visage formé dans l’eau en 3D dans Abyss (1989) puis le T-1000 de Terminator 2 : Le Jugement Dernier (1991).
La révolution intervient néanmoins avec Jurassic Park (1994), pour lequel les dinosaures en images de synthèse supplantent les maquettes animées à la main à l’étonnement même de certains membres historiques d’ILM. S’ensuit une profonde mutation qui finit de consacrer ce changement, tant au sein du studio que de l’industrie tout entière dont il trace la voie. George Lucas peut alors lancer sa prélogie engagée avec Star Wars : La Menace Fantôme (1999) sur laquelle ILM enchaîne les prouesses et nouveautés accélérant la transition numérique du cinéma, tout en faisant des merveilles sur de nombreux longs-métrages et sagas comme Harry Potter, Pirates des Caraïbes, Transformers, le Marvel Cinematic Universe ou Avatar

Installé depuis 2005 au sein du Presidio de San Francisco, Industrial Light & Magic ouvre des antennes dans le monde entier : Singapour en 2006, Vancouver en 2012, Londres en 2014 et Sydney en 2019. Le rachat en 2012 de Lucasfilm Ltd. par The Walt Disney Company fait entrer ILM dans le giron de la compagnie aux grandes oreilles et, tout en lui laissant une totale indépendance, accompagne en effet cette croissance, le studio voyant notamment sa franchise historique, Star Wars, se développer avec de nombreux projets de films et séries. ILM TV est d’ailleurs créé en 2018 pour certaines de ces séries mais aussi pour des projets externes comme Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir (2022). 
Cette extension contribue à de nouvelles innovations comme StageCraft, surnommé le Volume, créé initialement à Los Angeles pour Star Wars : The Mandalorian (depuis 2019) et depuis étendu à Londres et Sydney ainsi qu’à la production de longs-métrages destinés au grand écran comme Thor : Love and Thunder (2022). Il s’agit d’un plateau de tournage enveloppé d’écrans LED gigantesques et diffusant les décors en temps réel, permettant aux réalisateurs de visualiser directement le rendu à l’image et aux acteurs de profiter d’un environnement tangible que ne peuvent retranscrire les fonds verts ou bleus, tout en dégageant d’importants gains de temps et d’argent. Près d’un demi-siècle après sa création, ILM reste ainsi fidèle à l’esprit d’innovation de George Lucas et n’en a pas fini de faciliter la mise à l’image de la vision des cinéastes. Comme l’explique James Cameron dans Light & Magic, alors que des freins techniques pouvaient auparavant se poser pour transposer une histoire à l’écran, les obstacles se limitent désormais uniquement, grâce à ILM, à l’argent et à l’imagination des auteurs.

Particulièrement riche, l’histoire d’Industrial Light & Magic reste toutefois narrée ponctuellement et partiellement, au gré des making-of réalisés sur les œuvres sur lesquelles le studio a travaillé, à l’image des documentaires consacrés aux films et séries de la saga Star Wars comme Le Making of de Star Wars dès 1977 ou, plus récemment, Star Wars : L’Empire des Rêves (2004) et Disney • Les Making-Of • Star Wars : The Mandalorian (2020). Le panorama le plus complet est sans doute constitué par le livre Industrial Light & Magic: The Art of Innovation, rédigé par Pamela Glintenkamp et paru chez Abrams en 2011. 
L’idée d’un documentaire consacré à l’histoire du plus important studio d’effets visuels est ainsi pleinement pertinente et émerge au sein d'Imagine Documentaries, formé par le producteur Brian Grazer et le cinéaste Ron Howard. La carrière de ce dernier a d’ailleurs croisé à plusieurs reprises la route de Lucasfilm Ltd. et de son studio d’effets spéciaux. Dirigé en tant qu’acteur par Lucas dans American Graffiti (1973), il réalise Willow (1988) puis Solo : A Star Wars Story (2018) et traite également avec ILM pour ses films Cocoon (1985) et Backdraft (1991). C’est à un autre homme de la galaxie Lucasfilm Ltd. que Howard confie la réalisation de la série documentaire, Lawrence Kasdan.

Pour Kasdan, se voir proposer de traiter d’Industrial Light & Magic correspond en effet à lui « demander de revenir dans [son] ancien lycée ». Né le 14 janvier 1949, il voit son intérêt pour le cinéma se développer à l’âge de onze ans lorsqu’il voit Les Sept Mercenaires (1960) dans sa petite ville de Morgantown, en Virginie occidentale. Son grand frère Mark lui inspire alors sa destinée en lui expliquant que des auteurs sont à l’origine de ces films et des répliques prononcées par les acteurs. Plus tard, étudiant à l’Université du Michigan, il est quatre fois vainqueur d’un concours d’écriture, le Hopwood Award. Il rédige ensuite des scénarios pendant sept ans avant de connaître la consécration, peu après avoir été ébahi au cinéma devant Star Wars : Un Nouvel Espoir (1977). 
Il rencontre en effet Steven Spielberg après avoir soumis un script pour Continental Divide (1981), produit par le cinéaste. Ce dernier lui propose d’écrire pour le nouveau projet qu’il porte avec George Lucas et pour lequel il rencontrera une reconnaissance universelle, Les Aventuriers de l’Arche Perdue (1981). La qualité du travail de Kasdan lui permet de poursuivre la collaboration avec Lucas sur Star Wars : L’Empire Contre-Attaque (1980), où son sens du dialogue fait mouche, puis sur Star Wars : Le Retour du Jedi (1983). Il retrouve bien plus tard la saga intergalactique avec Star Wars : Le Réveil de la Force (2015) puis Solo : A Star Wars Story (2018). Entre-temps, il réalise plusieurs films parmi lesquels Dreamcatcher - L’Attrape-Rêves (2003) qui voit ses effets visuels être conçus par ILM.

Témoin de la première heure de l’art du studio, Lawrence Kasdan n’a pourtant pas eu l’opportunité de discuter longuement avec ses anciens collègues chargés des effets spéciaux sur leurs projets communs. Light & Magic lui permet ainsi d’échanger dans la durée avec les artistes d’ILM et de s’essayer à nouveau au documentaire après Last Week at Ed’s (2019), un moyen-métrage consacré à la fermeture d’un diner familial. Il prend ainsi le temps, durant un tournage de vingt-cinq jours, de réaliser des interviews des nombreuses personnes ayant marqué l’histoire d’ILM. L’exercice lui sied à l’évidence à la perfection, l’humanité qui transpire des dialogues écrits par le Kasdan scénariste ressortant également du fruit des entretiens qu’il conduit en tant que documentariste. En posant des questions moins orientées vers les aspects techniques que vers les expériences vécues par ces personnes, Lawrence Kasdan obtient des confessions passionnantes et souvent émouvantes.
Plus que l’histoire d’ILM, la série documentaire narre ainsi grâce au parti pris de son réalisateur les histoires des membres du studio. Le spectateur apprend dès lors à connaître l'histoire et la personnalité d’artistes comme John Dykstra, Dennis Muren ou Phil Tippett mais aussi d'artistes moins connus du studio. Il peut entrer dans l’intimité de ces derniers grâce à des images d’archives, parfois issues de leur enfance, illustrant habilement des souvenirs exprimés des décennies plus tard. Voir les créations d’enfant de Muren est par exemple amusant, tout comme l’anecdote d’une journée d’observation d’un John Knoll adolescent au sein du studio, tandis que les confessions de Phil Tippett sur sa bipolarité et ses tendances dépressives sont bouleversantes. Le spectateur découvre également la vie d’artistes moins connus qui présentent leur parcours et leur histoire personnelle, à l’image d’Ellen Poon, graphiste sur ordinateurs, née à Hong Kong et qui a fini par quitter son mari vivant en Angleterre afin de continuer à vivre son rêve chez ILM. Le spectateur prend ainsi pleinement conscience que des êtres humains normaux, pour lesquels il développe vite de l’empathie, sont à l’origine des accomplissements techniques et artistiques dont il témoigne à l'écran.

Derrière ces histoires personnelles, Lawrence Kasdan montre dans Light & Magic les qualités managériales nécessaires pour permettre aux multiples talents des artistes d’ILM de s’exprimer, constituant parfois quasiment un guide de management. Le message principal que retient le réalisateur, notamment à l’intention des nouvelles générations, est d’ailleurs celui de George Lucas, retenu comme titre du troisième épisode de la série documentaire : « Just think about it » (traduit en « réfléchis-y » dans la version française). Lucas stimule ainsi l’imagination des artistes en prononçant cette simple phrase, qui les entraîne sans autoritarisme à repousser les limites de leur imagination pour inventer des solutions auxquelles personne n’a jamais pensé auparavant. S’il ne fait aucun doute que Lucas n’aurait jamais pu faire ses films sans le talent des génies d’ILM, ceux-ci n’auraient sûrement pas autant innové sans la motivation que leur a conférée le cinéaste avec ces simples mots emplis de confiance.
Le management n’est néanmoins pas toujours aisé et le documentaire s’attarde sur les difficiles mutations auxquelles a dû faire face ILM - principalement d’ailleurs en les provoquant par les innovations technologiques. Que faire des artistes spécialisés dans les maquettes quand celles-ci sont substituées par les modèles numériques ? Si ILM a offert à ses employés des opportunités de reclassement et de formation, beaucoup d’entre eux n’ont pas souhaité les saisir, ne voulant pas apprendre un nouveau métier ne correspondant pas à leurs aspirations. Aucune réponse n’est simple, et Light & Magic montre la réalité telle qu’elle est, parfois dure et génératrice de souffrances. Avec son ton juste et toujours objectif, il permet au spectateur de pleinement appréhender les moments difficiles traversés par certains protagonistes.

Documentaire diffusé sur Disney+ et produit par Lucasfilm Ltd. et des amis et collaborateurs de Lucas, Light & Magic ne se contente donc pas de montrer uniquement les accomplissements d’Industrial Light & Magic et la camaraderie qui règne le plus souvent au sein de ce que certains considèrent comme une véritable famille. Lawrence Kasdan donne en effet la parole à ceux qui ont pu se sentir lésés, au premier rang desquels John Dykstra, évincé par Lucas qui a choisi de ne pas l’appeler pour poursuivre l’aventure avec l’équipe qu’il a lui-même formée pour Star Wars : L’Empire Contre-Attaque (1980). Les licenciements auxquels a dû se résoudre ILM, notamment après Star Wars : Le Retour du Jedi (1983), ne sont pas non plus passés sous silence, tout comme les souffrances ressenties par plusieurs employés durant leur carrière.
Là encore, le témoignage de Phil Tippett est précieux et émouvant sur le travail qu’il a mené pour les maquettes de Jurassic Park (1993) avant de le voir tomber en désuétude face aux travaux innovants conduits par Mark Dippé et Steve 'Spaz' Williams sur les images de synthèse. Il est néanmoins tout aussi fascinant d’observer le génie managérial de Steven Spielberg qui le conduit à profiter différemment du talent incommensurable de Tippett malgré tout, montrant que comme dans Star Wars, la lumière émerge parfois de l’obscurité.

Cette objectivité dans le propos s’appuie sur un contenu d’une richesse rare. Outre les trente-huit entretiens qu’il a pu conduire, notamment avec les artistes d’ILM mais aussi avec les réalisateurs qui ont pu profiter de leur génie sur leurs films ou séries (J. J. Abrams, James Cameron, Deborah Chow, Jon Favreau, Ron Howard, Barry Jenkins, Steven Spielberg, Robert Zemeckis), Lawrence Kasdan présente des archives particulièrement riches. De nombreuses images de Light & Magic sont ainsi inédites, provenant de vidéos privées, des archives personnelles de George Lucas et des coffres-forts de Lucasfilm Ltd.. Le spectateur se sent ainsi privilégié et est véritablement témoin de ces épisodes de l’histoire d’ILM mais aussi de la jeunesse des artistes, chaque scène du documentaire étant dès lors véritablement passionnante. La série abonde également en anecdotes intéressantes. Il est notamment surprenant d’apprendre que l’artiste d’ILM John Knoll a créé, avec son frère Thomas, le célèbre logiciel Adobe Photoshop en cherchant à éditer des images pour les films, ou que George Lucas a financé les études de cinéma de Joe Johnston, artiste génial d’ILM devenu réalisateur (notamment de Chérie, J'ai Rétréci les Gosses en 1989 et Captain America - First Avenger en 2011).
En outre, si la série documentaire met en avant les histoires personnelles des artistes d’ILM, elle n’en oublie pas l’essentiel, à savoir les techniques ingénieuses employées pour créer des effets visuels. Light & Magic se veut ainsi régulièrement didactique, expliquant et vulgarisant le fonctionnement souvent complexe de ces inventions à l’aide de graphiques et visuels très clairs. Les travaux artistiques sont également mis en valeur, notamment dans des génériques de fin très réussis présentant les artworks et maquettes des films évoqués dans l’épisode qui s’achève.

Si Light & Magic trace la rétrospective d’ILM de sa fondation à aujourd'hui, la série documentaire éditorialise son propos et priorise certains épisodes de l’histoire du studio. Le récit narre ainsi sa création, son développement dans les années 80, sa mutation vers les effets numériques puis sa transition pleinement accomplie pour s’installer en tant que référence dans le numérique. Travail fondateur, Star Wars : Un Nouvel Espoir (1977) voit ainsi les deux premiers épisodes lui être consacrés, tandis que Star Wars : L’Empire Contre-Attaque (1980) concentre l’essentiel du troisième. La prélogie ou Star Wars : The Mandalorian (depuis 2019) sont évoqués nettement plus brièvement pour aborder respectivement la numérisation du cinéma et la technologie StageCraft. Il en va de même pour Indiana Jones, dont seuls les effets du premier opus sont largement évoqués. Les autres longs-métrages figurant au catalogue du studio sont évoqués de manière inégale en dehors de ceux ayant constitué une grande prouesse technologique comme Star Trek II : La Colère de Khan (1982), Abyss (1989), Terminator 2 : Le Jugement Dernier (1991) ou Jurassic Park (1993).
Ainsi, près de quarante années d’histoire sont concentrées en trois épisodes, de nombreuses œuvres majeures étant nécessairement passées sous silence. Par exemple, le documentaire n’évoque pas les effets ingénieux de Retour Vers le Futur - 2ème Partie (1989) ou Rango (2011), premier film entièrement animé par ILM, ainsi que la saga Pirates des Caraïbes dont des images figurent tout de même dans la série. Toutefois, ces manques ne constituent en rien une frustration et sont pleinement compréhensibles car ils permettent à la série documentaire de rester cohérente avec son récit sans se disperser. Ils autorisent également à rêver d'une Saison 2 qui pourrait se focaliser sur les œuvres et les artistes de cette période davantage contemporaine d’Industrial Light & Magic.

Outre ses images et son propos très riches, Light & Magic s’appuie sur une bande originale très réussie de James Newton Howard qui évoque tantôt les ambiances enchanteresses de celles de John Williams, tantôt les ambiances synthétiques des années 80 et accompagne ainsi parfaitement la magie présentée à l’écran. Né le 9 juin 1951 à Los Angeles, le compositeur nommé neuf fois aux Oscars est un habitué du cinéma, ayant travaillé pour une centaine de longs-métrages dont Pretty Woman (1990), Maléfique (2014) et Jungle Cruise (2021) et, pour les Walt Disney Animation Studios, Dinosaure (2000), Atlantide, l’Empire Perdu (2001), La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers (2002) et Raya et le Dernier Dragon (2021). 
Fidèle de Lawrence Kasdan avec qui il a collaboré sur six films, il contribue par son travail au plaisir constitué par le visionnage de la série documentaire, qui peut d’ailleurs être prolongé sur les plateformes de streaming musical. Ces dernières proposent en effet l’album de la bande originale, fait rare pour une série documentaire démontrant sa valeur.

Light & Magic est mis en ligne sur Disney+ le 27 juillet 2022, simultanément dans l’ensemble des pays du globe proposant la plateforme. Les critiques sont alors unanimes et dithyrambiques, comme l’illustrent les 100 % d’avis positifs sur les treize critiques recensées par l'agrégateur Rotten Tomatoes, qui résume ainsi le consensus dégagé par le documentaire : « Documentant l’essor d’ILM avec une attention particulière du détail, Light & Magic est un hommage digne à l’huile de coude utilisée dans la conception de films et un véritable régal pour les fans de magie cinématographique ».
En France, Libération lui consacre également une critique élogieuse, le qualifiant de « passionnant” et constatant - visiblement avec étonnement s’agissant d’une production de la compagnie aux grandes oreilles - que celui-ci est “loin de sombrer dans la pure promo ».

Light & Magic est une série documentaire incontournable pour tout amateur de cinéma à grand spectacle. Lawrence Kasdan raconte avec beaucoup de justesse l’histoire des femmes et des hommes d’Industrial Light & Magic, entre joies, accomplissements et épreuves plus délicates. Elle permet de comprendre le fonctionnement des effets spéciaux mais surtout de découvrir comment ces sorciers de l’image ont pu, avec une créativité immense stimulée par la vision de George Lucas, révolutionner le cinéma. Comme les chefs-d'œuvre magnifiés par ILM, Light & Magic mérite d’être vue et revue !

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