Rex Allen

Grand amateur de cinéma depuis l’enfance, Walt Disney a, au cours de sa vie et de sa carrière, croisé des centaines de stars en tout genre. Si certaines l’ont laissé totalement indifférent, d’autres, en revanche, sont devenues ses idoles et parfois même ses amis. Au fil des années, le papa de Mickey a ainsi noué de très belles relations avec une poignée de comédiens parmi lesquels Will Rogers, John Wayne, Edgar Bergen, Spencer Tracy, Burl Ives, Fred MacMurray, Charles Laughton, George Montgomery, Art Linkletter, Guy Williams, Dick Van Dyke ou bien encore Rex Allen, le célèbre « Cowboy de l’Arizona ».

Rex Elvie Allen, Sr. voit le jour le 31 décembre 1920 à Willcox, une minuscule bourgade du sud-est de l’Arizona. Ses parents, Horace E. Allen et Luella Faye Clark, sont à l’époque les propriétaires d’un ranch situé à Mud Springs Canyon, à environ soixante-cinq kilomètres de là. Le jeune Rex apprend ainsi très jeune à monter à cheval et à jouer du lasso. Encouragé par son professeur de musique de l’Eastern Arizona Junior College, le petit garçon se découvre en outre une belle passion pour le chant et la guitare. Doté d’un beau brin de voix, il se produit alors de temps à autre sur scène aux côtés de son père, joueur de violon émérite.

Son diplôme de fin d’étude en poche, Rex Allen décide de débuter une carrière de cavalier de rodéo. Tournant dans tout l’est des États-Unis, il change toutefois son fusil d’épaule et se lance dans la chanson en interprétant quelques tubes à la mode diffusés sur les ondes de la KOY, une radio locale qui diffuse ses programmes dans la région de Phoenix. Marié à Doris Windsor et père de la petite Rexine, Allen doit se contenter de débuts modestes avant d’être finalement repéré. Approché par plusieurs agents, il décroche en 1944 une place de chanteur dans l’émission National Barn Dance diffusée sur WLS, l’une des principales stations de Chicago. CBS lui offre peu de temps après sa propre émission, The Rex Allen Radio Show.

Le cinéma lui fait également à son tour les yeux doux. Marié en secondes noces avec Bonnie Linder qu’il épouse en 1946, Rex Allen a vingt-sept ans lorsqu’en 1949, il signe chez Republic Pictures. Devenant l’une des égéries des studios, il joue alors son propre rôle dans The Arizona Cowboy, son premier film réalisé par R.G. Springsteen (1950). Partageant l’affiche avec Teala Loring et Gordon Jones, Allen enchaîne ensuite avec dix-huit autres westerns parmi lesquels Hills of Oklahoma (1950), Under Mexicali Stars (1950), Trail of Robin Hood (1950), Silver City Bonanza (1951), Colorado Sundown (1952), The Last Musketeer (1952), Old Oklahoma Plains (1952), Iron Mountain Trail (1953), Shadows of Tombstone (1953), Phantom Stallion (1954) ou bien encore Thunder in God’s Country (1951), Rodeo King and the Senorita (1951) et Utah Wagon Train (1951) dans lesquels il donne la réplique à Buddy Ebsen.

Fort d’un succès incroyable qui se poursuit dans les kiosques avec l’adaptation de ses aventures en bandes dessinées, Rex Allen devient en quelques années seulement une véritable icône du Septième Art et l’image même du cowboy solitaire, héros du Far-West toujours propre sur lui et dont la vie est vouée à secourir la veuve et l’orphelin. Souvent dirigé par le réalisateur William Witney et associé à son cheval Koko et son acolyte sympathique souvent incarné par Slim Pickens, l’acteur mène également de front une prolifique carrière de chanteur grâce aux chansons qu’il interprète dans ses films ou bien ses reprises de tubes comme Streets of Laredo (1910), The Roving Kind (1951), Sparrow in the Treetop (1951) et Crying in the Chapel (1953).

Auteur de ses propres chansons, Rex Allen est d’ores et déjà l’idole d’une génération lorsqu’il est approché par les studios Disney pour être le narrateur des courts-métrages Arizona Sheepdog (1955), Cow Dog (1956) et The Wetback Hound de Larry Lansburgh (1957) ainsi que de l’émission The Horse of the West (1957). Mais si la célébrité du comédien est particulièrement fulgurante, le déclin de sa carrière l’est tout autant. Dès la fin des années 1950, les westerns n’ont en effet plus vraiment la cote à Hollywood. Submergé par des productions parfois trop semblables, le public s’est lassé des péripéties trop calibrées de ces cowboys d’opérette. Comme d’autres acteurs, Rex Allen tente alors de négocier le passage du grand au petit écran. Pour ce faire, il accepte le rôle principal du docteur Bill Baxter dans la série Frontier Doctor produite par Republic Pictures. Diffusée en syndication dès septembre 1958, le feuilleton est toutefois déprogrammé au bout d’un an, en juin 1959. L’expérience télévisuelle d’Allen ne s’arrête cependant pas là. S’offrant une petite apparition dans l’émission Kodak Presents Disneyland '59, le chanteur-comédien est choisi par NBC pour animer en alternance avec Snooky Lanson, Tex Ritter, Jimmy Wakely et Carl Smith le programme de variétés Five Star Jubilee diffusé entre le 17 mars et le 22 septembre 1961.

Jouant son propre rôle dans Tomboy and the Champ de Francis D. Lyon avec Candy Moore, Ben Johnson et Jesse White (1961), Rex Allen poursuit par ailleurs sa carrière au cinéma grâce à Walt Disney qui fait de nouveau appel à lui pour assurer la narration des docu-fictions Amis… Ennemis de Tom McGowan (1960) et Tribulations de Deux Oursons de Charles L. Draper (1963), du téléfilm Le Vieil Homme et le Lynx (1963), ainsi que des longs-métrages La Légende de Lobo de James Algar et Jack Couffer (1962) et L’Incroyable Randonnée de Fletcher Markle (1963). Surnommé « la Voix de l’Ouest », l’acteur vocalise au passage le personnage de Windwagon Smith dans le court-métrage animé Le Chariot à Voile supervisé par Charles A. Nichols en 1961.

Rex Allen poursuit sa collaboration avec les studios Disney en prêtant sa voix au père de famille dans le spectacle Progressland présenté lors de la Foire internationale de New York en 1964-1965. Sponsorisé par General Electric, l’attraction est si populaire que Disney la rapatrie à Disneyland dès la fermeture de la Foire. C’est là qu’elle ouvrira le 2 juillet 1967, quelques mois après la mort de Walt, sous le nom de Walt Disney’s Carousel of Progress avant d’être délocalisée dès 1973 à Walt Disney World, en Floride.

Durant la seconde moitié des années 1960, Rex Allen enregistre également les narrations d’Un Coyote se Rend à Hollywood (1965) et de Rodéo Fantastique de Larry Lansburgh (1966), des épisodes Une Loutre… Bien Familière de Richard Lyford (1965), Ma Famille Est une Ménagerie (1968), Pancho, the Fastest Paw in the West (1969) et The Feather Farm (1969), et du long-métrage Charlie, le Couguar de Winston Hibler (1967). À l’affiche de Swamp Country de Robert Patrick dans lequel il campe le shérif Jim Turner (1966), ses apparitions se raréfient malgré tout inexorablement au fur et à mesure que les vieilles gloires d’Hollywood laissent leur place à la nouvelle génération. En 1973, Hanna-Barbera fait toutefois appel à lui pour enregistrer la narration du (Le) Petit Monde de Charlotte. Pour Disney, Allen raconte Les Aventures de Ringo, le Raton-Laveur (1974) et Le Secret de la Mine Abandonnée (1976). Il interprète enfin le « Sombrero » Dog dans le spectacle America Sings inauguré à Disneyland en 1974.

Narrateur des longs-métrages Starbird and Sweet William (1973), Vanishing Wilderness (1974) et The Secret of Navajo Cave (1976) et chanteur-compositeur du générique de la sitcom Best of the West (1981), Rex Allen est honoré par le Tout-Hollywood qui lui décerne une étoile sur le célèbre Hollywood Walk of Fame en 1975. Également inscrit au Western Performers Hall of Fame du National Cowboy and Western Heritage Museum d’Oklahoma City, l’artiste décide toutefois de prendre ses distances avec le show-business et de rentrer dans son Arizona natal. Marié en troisièmes noces avec Virginia Hudson qui partage sa vie entre 1992 et 1999, année de leur divorce, il continue toutefois de travailler jusqu’à la fin de sa vie. Parmi les annonceurs de l’émission Walt Disney World's 15th Birthday Celebration (1986), il enregistre notamment la narration du court-métrage éducatif Foods and Fun : A Nutrition Adventures en plus de dizaines de publicités dans lesquelles il prête par exemple sa voix au chien vedette de la marque Purina. En 1993, il participe en outre à la captation d’une toute nouvelle version du Carousel of Progress dans laquelle il interprète cette fois non plus le père, mais le grand-père de la famille. L’artiste poursuit par ailleurs sa carrière de chanteur en apparaissant dans différent galas.

Couronné par un Disney Legends Award en 1996, Rex Allen disparaît le 17 décembre 1999. Il avait soixante-dix-huit ans. Ses cendres ont été dispersées dans le cimetière Railroad Park de Willcox, sa ville natale où un musée lui rend hommage. Son fils, Rex Allen, Jr., perpétue par ailleurs l’héritage familial en officiant en tant que chanteur country.