Titre original :
The Art of Zootopia
Éditeur :
Chronicle Books
Date de publication USA :
Le 08 mars 2016
Genre :
Beau Livre
Auteur(s) :
Jessica Julius
John Lasseter
Byron Howard
Rich Moore
Nombre de pages :
160

La critique

rédigée par
Publiée le 27 mai 2022

Sorti en 2016, Zootopie est un bijou qui à sa sortie a su « donner une vraie claque » aux animateurs travaillant pour la concurrence pour en citer certains, tant le contraste avec les autres films d’animation de l’époque est saisissant. Comme le veut la tradition entamée depuis Monstres & Cie (en 2001) pour Pixar et Volt, Star Malgré Lui (en 2008) pour Disney, l'éditeur Chronicle Books propose avec The Art of Zootopia un livre portant sur l’art et la créativité du 55e long-métrage d’animation Disney. Au-delà de son animation extraordinaire, c’est l’inventivité des studios Disney qui rend l'opus particulièrement inoubliable, et c’est en ce sens que l’ouvrage est un pur délice pour tout fan de Zootopie, car il reprend en détail ce monde inédit de façon attrayante.

Le film Zootopie suit les aventures de Judy Hopps, une lapine née à Lapinville, qui défie les stéréotypes de son milieu en devenant policière. À son arrivée dans la capitale Zootopie et en tant que premier lapin dans les rangs de la police, Judy n’est pas accueillie à bras ouverts par le Chef Bogo et, pour faire ses preuves, elle accepte une affaire dont le dossier se résume à une feuille. Pour ce faire, elle repousse à nouveau les limites de son éducation en s’associant avec l’ennemi juré des lagomorphes, le renard, en la personne du délinquant Nick Wilde. Ils ont ainsi trois jours pour trouver le coupable de l’enlèvement de la loutre Emmitt Otterton, ou Judy devra rendre son badge.

L’auteure Jessica Julius est à l’origine la vice-présidente du développement créatif des Walt Disney Animation Studios. Spécialisée dans les livres portant sur l’art des longs-métrages d’animation Disney, elle a déjà signé The Art of Big Hero 6 (Chronicle Books (US), 2014), Tout l’Art de Vaiana, la Légende du Bout du Monde (Huginn & Muninn (France) et Chronicle Books (US) en 2016), The Art of Ralph Breaks the Internet (Chronicle Books, 2018) et Dans les Coulisses de la Reine des Neiges II (Huginn & Muninn (France) et Chronicle Books (US), 2019). Elle est également l’écrivaine phare des livres pour enfants portant sur La Reine des Neiges avec A New Reindeer Friend (Golden/Disney (US), 2015), Frozen Fever : Olaf’s Perfect Day (Golden/Disney (US), 2015), Anna’s Birthday Surprise (RH/Disney (US), 2015), La Reine des Neiges : La Veillée de Noël (Hachette Jeunesse (France), 2016 et Disney Press (US), 2015) et Frozen Northern Lights : Adventure Notebook (Disney Press (US), 2016).

The Art of Zootopia débute par une préface rédigée par nul autre que le chef de la création du film, John Lasseter, lequel résume en quelques paragraphes son engouement pour Zootopie et ce qui l’a amené à mettre en œuvre un tel projet. Malgré son historique, cela faisait en effet bien longtemps que Disney n’avait pas créé une histoire menée par des espèces animales anthropomorphisées, et c’est le réalisateur Byron Howard (Volt, Star Malgré Lui (2008), Raiponce (2010)) qui, grâce à ses idées, a permis à cette envie de se concrétiser. Il faut noter que s’il est agréable de lire le témoignage de l’un des créateurs clés du long-métrage, étrangement, il serait plus approprié de lire la préface une fois l’ouvrage terminé, car Lasseter aborde en peu de mots beaucoup de points qui seront détaillés de façon élégante dans l’ouvrage. L’avant-propos, rédigé par Byron Howard et le co-directeur Rich Moore, offre le même avantage que la préface de découvrir la pensée des créateurs du film et les mêmes désavantages, mais il aborde cependant des éléments intéressants qui pourront apporter une satisfaction aux lecteurs avant de débuter la lecture des différents chapitres. 

Ainsi, Jessica Julius commence par une introduction examinant les prémices et postulats de la création de Zootopie : imaginer un monde sans l’espèce humaine dans lequel quasiment tous les autres mammifères (les espèces ovipares et les mammifères marins ne sont pas représentés dans le film) auraient évolué et en seraient arrivés au stade technologique du XXIe siècle. Elle poursuit en décrivant le processus de la création de cet univers en passant par le choix des animateurs, et l’implication et le rôle joué par John Lasseter, le président Ed Catmull, Byron Howard, les producteurs, designers, scénaristes, etc., faisant de Zootopie l’œuvre d’un travail collectif hors pair. 


La première partie du livre se focalise sur l’adaptation du monde moderne aux mammifères terrestres non-humains. Le producteur Mark Spencer rapporte que « Dave [David Goetz, producteur designer] et Matthias [Lechner, artiste] ont effectué un énorme travail de recherche. Ils voulaient que tout corresponde à la perfection aux personnages, tout en offrant un environnement jamais vu auparavant. Mais il fallait que le monde soit accessible aux humains, sinon les spectateurs n’auraient pas pu réellement s’immerger dans le film. En allant vers un monde abstrait et futuriste, celui-ci devenait de moins en moins chaleureux, accueillant et attractif. Nous devions trouver l’équilibre parfait. »

En effet, s’il avait été intéressant de créer un microcosme s’éloignant des avancées de l’espèce humaine, le fait d’adapter le monde d’aujourd’hui à l’usage d’autres espèces permet de développer tout l’aspect comique du film qui n’est pas sans rappeler Jean de La Fontaine, Grandville ou les auteurs anglais T. H. White, Beatrix Potter et Kenneth Grahame, chers à Disney. Aussi, cette approche permet de faire naître la curiosité et l’étonnement chez le spectateur, et rend l’histoire plus accessible, car l’alternative aurait pu mener à de la science-fiction utopique (ou dystopique) digne de Citoyen de la Galaxie de Robert Heinlein, auteur qui a su remodeler brillamment les codes de la société. Par la suite, le lectorat prolonge avec joie sa découverte de ce monde inédit : le style urbain, l’architecture et les voitures, chacun correspondant aux différents animaux vivant à Zootopie. « À travers Zootopie, nous avons utilisé des formes naturelles et des motifs animaliers », une méthode déjà éprouvée dans l’Art Nouveau au début du XXe siècle. 

Jessica Julius aborde ensuite dans la seconde partie les espèces peuplant Zootopie et, par conséquent, la création des personnages et figurants. À ce propos, le designer de personnages Cory Loftis (Les Mondes de Ralph (2012)) s’exprime sur les défis rencontrés : « Nous devions manipuler l’anatomie de chaque animal de manière différente – à quoi ressemblerait un lapin par opposition à un éléphant en position debout ? », et la superviseure de la simulation, Claudia Chung Sanii, d’ajouter : « Comment la queue d’un animal ressortirait-elle d’un pantalon ? […] Chaque queue animale est différente, donc chacune d’entre elles donnait lieu à un nouveau dilemme. » L’auteure finit par les portraits de Judy Hopps et Nick Wilde illustrés de dessins préparatoires pour le plus grand bonheur des lecteurs.

Après cette présentation du processus créatif, la partie la plus conséquente de l’ouvrage débute, intitulée « Les habitats zootopiens » et introduite par une carte détaillée de Zootopie qui ravira les fans de l’univers ! En commençant par Lapinville, chaque région de ce monde ô combien riche, pensé et cohérent est exposée et illustrée. Toutes les étapes de leur création sont abordées via la présence de sketchs des personnages, figurants et des habitations, des modélisations plus abouties, et sont accompagnées de citation des créateurs. Dans la section dédiée à Lapinville par exemple, rien n’est laissé de côté : le train menant Judy Hopps à Zootopie, les maisons creusées dans les tertres rappelant la Comté dans Le Seigneur des Anneaux (J. R. R. Tolkien, 1954-1955), l’intérieur de la maison de la famille Hopps, les parents Stu et Bonnie Hopps ainsi que les frères et sœurs de Judy, son école primaire et ses camarades (Gideon Grey, Bobby Catmull), sans oublier le Festival du Jour de la Carotte.


L’auteure procède de même façon avec les sections suivantes, détaillant chaque moment de l’histoire via les différents endroits dans lesquels elle se déroule, et ajoutant certains lieux qui n’ont été qu’effleurés ou même retirés du film : Downtown Zootopie (Gare Centrale de Savanna, le commissariat, la mairie, le café Jumbeaux, Little Rodentia, le Département des Véhicules Motorisés, le Muséum d’Histoire Naturelle), la Place du Sahara (Palm Hotel & Casino, le club nudiste Mystic Spring Oasis), Toundraville (la maison de Mr. Big, le Palais Koslov), le Quartier de la Forêt Tropicale (les maisons et embarcations des habitants, l’intérieur de la maison de Renato Manchas), Meadowlands (l’hôpital désaffecté de Cliffside, le laboratoire de Wooly, le bar Cloven Hoof), le Stade Animalia et le parc d’attraction Wild Times qui n’a pas été retenu pour le film. Les portraits des personnages clés accompagnent chaque section correspondant à l’endroit où ils ont été découverts dans Zootopie.


Le livre se termine par les défis techniques rencontrés par les animateurs. Ernie Pettie, superviseur, se rappelle tout particulièrement le problème posé par la fourrure des personnages : « La fourrure est très différente des cheveux humains. Sa structure physique est différente, ce qui a une incidence sur le mouvement, l’éclairage et le coiffage. Nous avions besoin de créer de tous nouveaux outils pour les départements de l’animation, de la simulation et de l’image, juste pour la fourrure. […] Chaque animal est complètement distinct. »

L’équipe a fait plus de huit mois de recherches sur les propriétés physiques de la fourrure, et ainsi que le rapporte Michelle Robinson, la superviseure de l’image des personnages : « Nous avons examiné de quelle façon le poil change de couleur de la racine à la pointe, et touché la texture de chaque espèce animale. Nous avons observé comment la fourrure se meut avec le vent, et nous avons même pris des photos de sa structure au niveau microscopique. » L’immense travail requis, de par la présence d'une pléthore d'espèces animales à l'écran, a dû également être effectué dans le domaine de la lumière, et puisque chaque environnement zootopien comporte un climat spécifique, le département de la lumière s'est attelé à étudier chaque milieu, et ce, en prenant en compte les changements entre le jour et la nuit.

Bryan Leach, directeur de la cinématographie, rapporte de son côté que : « le critère ayant eu le plus d’influence [dans ce domaine] est la présence des particules dans l’air, telles que la poussière ou la vapeur. Plus il y a de particules, plus l’atmosphère est tangible, comme s’il s’agissait d’une brume. Nous avons essayé de retranscrire ceci dans la lumière. […] Le but était de faire un film magnifique visuellement, tout en questionnant et repoussant les limites des films d’animation. »

The Art of Zootopia est un livre qui satisfait la curiosité, même si s’agissant d’un monde aussi riche, le lectorat ne saurait être définitivement rassasié ! Quoique cela puisse paraître réducteur de présenter la création du long-métrage d’animation par sa géographie, c’est en fin de compte un choix très judicieux, puisque l’univers du film repose sur la création d’un monde construit par une multiplicité d’espèces animales évoluées, et l’incorporation des portraits des personnages en fonction de leur lieu d’apparition est bien amenée. Les non-anglophones ne sont d'ailleurs pas en reste, puisqu'il est possible d’apprécier cet ouvrage grâce à la pléthore d’images qui peuvent se passer d’explications. Un must pour les fans de Disney, d’animation et bien sûr de Zootopie !

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