X-Men
Dark Phoenix

Titre original :
Dark Phoenix
Production :
Marvel
20th Century Fox
Date de sortie USA :
Le 07 juin 2019
Genre :
Fantastique
IMAX
3-D
Réalisation :
Simon Kinberg
Musique :
Hans Zimmer
Durée :
114 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Quand les X-Men se rendent dans l’espace pour une mission sauvetage, Jean Grey est confrontée à une entité cosmique qui prend possession de son corps. Saine et sauve, ses pouvoirs grandissent toutefois de manière exponentielle et se révèlent vite incontrôlables...

La critique

Publiée le 15 juin 2019

Le logo 20th Century Fox illumine fièrement l'écran et la fanfare résonne tout autant dans la salle. Une fois encore et sans doute la dernière, le X du fameux logo résiste inhabituellement au fondu qui laisse normalement place à l’œuvre pour rester quelques secondes de plus à l'écran. Pas si atypique que cela puisque débute, chez "FoX", l'épilogue des aventures des plus célèbres des Mutants : X-Men : Dark Phoenix.

Il existe des sagas palpitantes et trépidantes aux épisodes qui se suivent mais ne se ressemblent pas… X-Men fait malheureusement partie de celles-là. Réputés inadaptables, c’est ainsi avec surprise que les héros du comic book débarquent sur les écrans durant l’année 2000… et avec succès !  X-Men, grâce à la vision de Bryan Singer, pose en effet brillamment les bases d’un univers très riche et présente des personnages vite adoptés par le public. S'il n'est pas étonnant que le réalisateur offre une suite aux Mutants en 2003,  il est surprenant en revanche que X-Men 2 parvienne à surpasser de loin son aîné tout en lui restant fidèle. Fort de ce triomphe, X-Men : L’Affrontement Final vient alors clore cette trilogie en 2006. Premier faux-pas de la saga, Brett Ratner livre pour elle un dénommé final en demi-teinte à l’histoire pourtant capitale, qui reste toujours boudé par les puristes des années après sa sortie.
Pensant la franchise morte et enterrée, le public a le plaisir de découvrir en 2011 le très bon X-Men : Le Commencement, prologue orchestré par Matthew Vaughn revenant sur la jeunesse des héros, avant même la prise de position sur la cause mutante du Professeur X face à celle de son ami et antagoniste Magnéto. Redémarrage efficace de la saga mais dans la continuité des événements déjà narrés, Bryan Singer revient aux sources en 2014 avec l’excellent X-Men : Days of Future Past qui jongle habilement entre la prélogie en cours et la trilogie bouclée à travers un voyage dans le temps, profitant de l’occasion pour modifier le cours des événements qui n’ont pas donné satisfaction aux fans. Le réalisateur signe également en 2016 le critiqué X-Men : Apocalypse, qui a pourtant le mérite d’ouvrir enfin les portes de l'Institut Xavier et d'introduire les personnages de Tornade, Cyclope et Jean Grey qui forment l’équipe initiale de la trilogie originelle, pour un final spectaculaire qui amorce l’arrivée du Phénix.

C’est donc une saga de dix-neuf ans et onze films (en comptant les aventures solo de Wolverine et de Deadpool) avec ses hauts et ses bas, que X-Men : Dark Phoenix à la lourde tâche de venir clore en beauté. Avec l’enjeu supplémentaire - et non des moindres - de revisiter l’arc incontournable du Phénix Noir et faire oublier X-Men : L'Affrontement Final qui n’a pas su lui rendre justice comme il se doit. Chapitre culte écrit par Chris Claremont à la fin des années 70, l’histoire funeste de Jean Grey avait, il est vrai, été relayée au second plan d’un long-métrage qui devait pourtant lui être dédié et être l’apothéose de la trilogie. À l’époque, point de voyage dans l'espace et nulle présence d’une entité cosmique prenant possession de la Jean Grey des années 2000, qui souffrait alors d’un trouble de la personnalité dont l’alter-ego ne voulait tout simplement plus être enfermé.
La pré-production commence dès mars 2017 sous le nom de code Supernova et les commandes en sont confiées à Simon Kinberg qui, s'il signe ici sa première réalisation, est surtout la tête pensante bien connue de la saga étant l’un des producteurs de X-Men : Le Commencement, mais surtout l’auteur de X-Men : Days of Future Past et X-Men : Apocalypse, et également de X-Men : L’Affrontement Final (pour lequel il s’excusera plus tard). Né à Londres en 1973, Kinberg emménage encore enfant à Los Angeles et poursuit ses études à New York où il remporte de nombreux prix d'écriture scénaristique avant d’être diplômé d’une maîtrise en arts de la Columbia University School of the Arts. Auteur de Mr. & Mrs. Smith (2005) pour 20th Century Fox, il produit notamment la série d’animation Star Wars : Rebels (2014/2018) pour Lucasfilm Ltd., le film live Cendrillon (2015) pour Disney, puis toujours fidèle aux Mutants : Deadpool (2016), Logan (2017), Deadpool 2 (2018) et Les Nouveaux Mutants (2020).

La prélogie illustre brillamment les débuts des X-Men. Après les décennies 60, 70 et 80, correspondant chacune à un long-métrage, X-Men : Dark Phoenix prend donc logiquement place dans les années 90, pour coïncider également et adroitement - chronologiquement parlant - avec le début des années 2000 et la naissance de la saga, permettant quelques petits clins d’œil bien placés pour les spectateurs les plus aguerris et nostalgiques. À quatre mutants près, l'équipe originelle des X-Men est enfin là ! Une différence de taille cependant : les Mutants sont désormais acceptés, intégrés et constituent de vrais super-héros au yeux de la société. Cependant, après avoir flirté avec le film d'espionnage, le film de science-fiction et le film fantastique à grand spectacle (mais le moins apprécié de la prélogie), la saga propose un épisode qui se veut plus humain et plus réaliste selon les dires de son réalisateur. Ce qui n'empêche pas un début des plus impressionnant !
Après une introduction percutante qui revient sur l'enfance de Jean Grey et présente ses pouvoirs déjà lourds de conséquences avant d'être recueillie par Charles Xavier, direction, en effet, l'espace pour une mission sauvetage hautement périlleuse. Le Président des États-Unis en personne demande aux précieux X-Men de porter secours à des astronautes pris dans une tempête spatiale, pour une scène grandiose et palpitante. L'occasion de donner à chaque personnage son petit moment de bravoure tout en effectuant un travail d'équipe, de montrer la fierté et l'aboutissement de la cause de Charles Xavier tout en sous-entendant quelques dissensions avec certains membres de sa famille mutante... et - c'est l'essentiel - de donner vie au Phénix, de manière plus fidèle au comic book soit dit en passant. Élément central du film attendu depuis son annonce, cet opus lui est donc bel et bien dédié. Et avec honneur.

Son interprète britannique Sophie Turner - venue de la série Game of Thrones (2011 à 2019) - ne dira d'ailleurs pas le contraire. Celle qui donne vie à la jeune Jean Grey pour la seconde fois et qui à la responsabilité de faire renaître le Phénix de ses cendres bénéficie donc de (presque) toute l'attention et s'en sort brillamment. Tout comme son aînée Famke Janssen - LE bon point de X-Men : L’Affrontement Final - l’actrice étudie les maladies mentales pour préparer son rôle à l’ambivalente personnalité et ne souffre à aucun moment de la comparaison. Possédée par une entité qui la ronge de l'intérieur et qu'elle ne peut contrôler, c'est apeurée et perdue que l’héroïne borderline quitte les siens pour les protéger, avant de rejeter leur aide et commettre malencontreusement l'irréparable. Incomprise et rejetée, elle pense trouver des réponses auprès d'une bien mystérieuse personne.
Si Angelina Jolie est un temps pressentie pour interpréter Lilandra Neramani, une extraterrestre de la race Shi'ar - qui juge et condamne le Phénix pour ses crimes galactiques dans le comics - la nouvelle recrue du film n'est autre que Jessica Chastain qui effectue ici sa première apparition dans l’univers Marvel (après avoir refusé le rôle de Maya Hansen dans Iron Man 3 et de Hope Van Dyne dans Ant-Man) et dément très vite interpréter ce personnage. Elle est donc Vuk, un extraterrestre ici polymorphe et dépourvu de toute émotion humaine de la race D'Bari (un autre peuple bien connu des lecteurs assidus de la saga du Phénix Noir qui voit justement son système solaire détruit par la puissante entité cosmique) qui convoite les pouvoirs du Phénix. L’actrice impassible - vue dans La Couleur des Sentiments (The Help) (2011) pour Touchstone et Seul sur Mars (2015) pour 20th Century Fox - est convaincante bien que trop mystérieuse et mal exploitée pour pouvoir s'y intéresser totalement.

De même, certains éléments de l'arc du Phénix Noir sont manquants, sans pour autant porter véritablement préjudice à l'ensemble. Ledit peuple des Shi'ar est absent, tout comme le Club des Damnés pourtant introduit dans X-Men : Le Commencement. Il s'agit là d'une volonté du réalisateur de concentrer l'attention sur le personnage de Jean Grey. Justement ! Si X-Men : Dark Phoenix ne reproduit pas les erreurs du passé vis-à-vis de sa protagoniste, il en commet cependant une autre : négliger l'environnement et le climat dans lesquels elle évolue. Certaines choses peuvent en effet sembler survolées. Le passé commun des D'Bari avec le Phénix aurait ainsi pu être davantage développé. La relation de confiance entre Jean Grey et son mentor Mystique que le spectateur devine n'est qu'à peine effleurée. De même, le lien de parenté abordé dans les deux derniers films entre Vif-Argent et Magnéto est tout simplement absent. Dommage pour un film privilégiant les émotions.
Malgré ces maladresses, certains éléments parviennent tout de même à trouver leur place. Si la grande question existentielle de la place des Mutants au sein de la société est enfin réglée avec des X-Men montés sur un piédestal, le spectateur ne doit pas penser à tort que tout est aussi simple et que le débat est clos. La réussite du Professeur Xavier perçue comme de la mégalomanie et ses motivations à envoyer les siens vers des missions de plus en plus dangereuses perçue comme de l'inconscience, réamorcent intelligemment une relation conflictuelle avec Mystique présente depuis la renaissance de la saga que le spectateur pouvait penser apaisée. La trêve entre humains et mutants s'avère également fragile dès lors que Jean Grey devient une menace. Une conjoncture moins manichéenne que prévue, mais qui bascule bien trop facilement et rapidement.

Les X-Men ont donc pour mission de retrouver leur camarade, avec des motivations propres à chacun. Le triangle initial composé de Charles Xavier, Erik Lehnsherr et Raven Darkhölme - alias Professeur X, Magnéto et Mystique - est une ultime fois mis à l'honneur. Si le trio d'acteurs les interprétant n'était lié contractuellement que pour trois films, il accepte toutefois de rempiler pour ce dernier épisode. Éternel leader au dévouement sans faille pour la cause mutante, l'écossais James McAvoy - Le Monde de Narnia - Chapitre 1 : Le Lion, la Sorcière Blanche et l'Armoire Magique (2005) et Opération Muppets (2014) pour Disney, Jane (2007) pour Miramax, Trance (2013) pour Fox Searchlight Pictures, Glass (2019) pour Buena Vista International - campe un Professeur X différent mais non moins intéressant, grisé et aveuglé par le succès avant d'être exclusivement guidé par le sauvetage de son élève.
L'allemand (tout comme son personnage) Michael Fassbender - Prometheus et Alien : Covenant (2012 et 2017) de la saga 20th Century Fox Alien, 12 Years a Slave (2013) pour Fox Searchlight Pictures, Une Vie Entre Deux Océans (2016) pour Touchstone - livre quant à lui et comme à son habitude une prestation juste et dramatique pour incarner le tourmenté Magnéto, même si le public le retrouve tardivement dans une situation qui aurait mérité un peu plus d'explications. Plus frileuse à l’idée de reprendre son rôle, Jennifer Lawrence - lauréate d'un Oscar et de trois Golden Globes pour Happiness Therapy (2012), American Bluff (2013) et Joy (2015), inoubliable Katniss Everdeen de la saga Hunger Games (2012 à 2015) et Red Sparrow (2018) de 20th Century Fox - semble, pour sa part, fatiguée de son personnage pourtant toujours aussi fort et nuancé. Pièce maîtresse de cette prélogie et héroïne malgré elle, Mystique est à la tête des X-Men mais le temps où elle clamait dans le premier volet « Mutants et fiers de l'être ! » semble bien révolu...

Nombreux, certains personnages sont malheureusement relégués au second plan, voir inexistants. Ceux qui parviennent à tirer leur épingle du jeu ne déméritent pas, comme le prouve l'anglais Nicholas Hoult - Mad Max : Fury Road (2015), La Favorite (2018) et Tolkien (2019) pour Fox Searchlight Pictures - présent depuis le début également, bien qu'un peu plus accessoire, dans la fourrure de Hank McCoy dit Le Fauve. Ce n'est malheureusement pas la cas d'Evan Peters - de la série American Horror Story (2011 à 2018) - qui incarne pour la troisième fois le désinvolte Pietro Maximoff/Vif-Argent. Il bénéficie à tord d'une considération et d'une participation à la hauteur de son pouvoir : furtive et rapide ! Présenté dans X-Men : Days of Future Past et de retour dans X-Men : Apocalypse, il est ici totalement anecdotique et inexistant, sans véritable raison apparente.
Les recrues introduites dans l'épisode précédent sont également de la partie. Alexandra Shipp - Alvin et les Chipmunks 2 (2009) et Love, Simon (2018) pour Fox 2000 Pictures - incarne une Ororo Munroe/Tornade bien plus sage après sa période punk et rebelle des années 80. Femme de caractère, elle est toujours aussi électrisante. Tye Sheridan - The Tree of Life : L'Arbre de Vie (2011) pour Fox Searchlight Pictures dans lequel il côtoie déjà Jessica Chastain et Ready Player One (2018) de Steven Spielberg - renfile les lunettes de Scott Summers/Cyclope dans le rôle limité de l’amoureux transi, que son jeune âge rend toutefois touchant. Peut-être faut-il voir ici la malédiction de toute la saga cinématographique pour le chef originel des X-Men ? Enfin, l’australien Kodi Smit-McPhee - La Planète des Singes : L'Affrontement (2014) chez 20th Century Fox - se téléporte une dernière fois dans la peau du discret Kurt Wagner/Diablo. Un équipier transparent mais à ne pas sous-estimer.

Parmi les nouveaux venus, deux mutants issus de la petite communauté de Magnéto vivant sans faire de bruit à la marge de la société (il était donc là depuis tout ce temps... sur ce qui n'est qu'une allusion à l'île Genosha du comics) font leur apparition : Séléné - interprétée par le mannequin Kota Eberhardt - pendant féminin de Charles Xavier mais dont la condition de sorcière n'est pas évoquée, et Ariki - interprété par le cascadeur et acteur Andrew Stehlin - gros bras aux tresses magiques qui se transformant en fouets (pourquoi pas !) qui n'existe a priori pas dans l’univers des X-Men. Initialement prévu dans le rôle de l'assassin mutant Red Lotus, lui et sa comparse sont normalement affiliés au Club des Damnés, alors qu'ils font ici office de sous-fifres plutôt que de réels personnages. Une nouvelle fois, leur présence ne bénéficie d'aucune explication concrète et empiète sur le peu de temps qui aurait pu être consacré aux héros déjà en place qui méritaient eux d'être bien plus développés dans cet opus final.
A contrario, Psylocke et le récalcitrant Wolverine manquent à l'appel. Si Olivia Munn confirme son retour dans le costume violet et les pouvoirs psychokinétiques de la mutante introduite dans le volet précédent, son engagement sur The Predator (2018) pour 20th Century Fox et les changements de planning du rachat du studio ont eu raison de son enthousiasme et de sa disponibilité. Que les fans de Wolverine ne soient pas déçus. Disparition moins surprenante et prévisible, Hugh Jackman ayant définitivement raccroché les griffes du mutant après la conclusion de ses aventures en solitaire en 2017, X-Men : Dark Phoenix se passe donc de la présence du plus célèbre des X-Men, le seul film de toute la saga (sans considérer ceux de Deadpool) dans lequel il ne fait aucune apparition, même la plus furtive.

Malgré ces déconvenues, le plaisir ne doit cependant pas être boudé. Loin de là ! Après un excellent début de récit, puis un deuxième acte plus maladroit enchaînant les scènes avec un manque de cohésion et de rythme certain, le final offre une séquence des plus impressionnante. Alors que quelques moments de bravoure parsèment tout de même le long-métrage, tout prend finalement son sens dans le troisième acte qui fait la part belle à l'action et aux super-héros. Ainsi, Tornade fait preuve de tout son talent et de sa puissance. Le Fauve sort de ses gonds et laisse exprimer sa colère. Cyclope s'affirme et fait ici plus de dégâts en quelques minutes que dans toute la saga. Le pacifiste Diablo ne se contente plus de se téléporter dans un beau nuage de soufre mais se rebelle devant l’injustice d'une situation devenant un combattant furtif redoutablement dangereux. Magnéto, comme à son habitude ne fait pas dans la demi-mesure et se montre une fois de plus radical.
À ce sujet, les effets spéciaux de X-Men : Dark Phoenix sont encore une fois terriblement efficaces et maîtrisés. Si la simplicité et l’authenticité sont privilégiées pour mettre en avant les émotions des divers personnages, le spectacle n'est pour autant pas négligé et a de quoi satisfaire le public avide de sensations quand cela s'avère nécessaire. L'espace a certes maintes fois été vu au cinéma, mais ici, l'introduction spatiale est de toute beauté, tout comme les effets visuels sur Jean Grey rappelant l’origine cosmique de ses nouveaux pouvoirs. La séquence finale terrestre, qui n'est pas la fin d'origine - celle-ci aurait totalement été modifiée pour ne pas reproduire l’épopée stellaire de Captain Marvel - permet tout de même de rendre hommage aux extraordinaires dispositions de chaque personnage mis en retrait en faveur du Phénix. Le tout dans un environnement trépidant.

Comme à l'accoutumée, les effets visuels sont complétés par la traditionnelle section maquillage qui en a fait voir de toutes les couleurs (et durant de longues heures) à certains comédiens pendant la saga. Si celui du Fauve et de Diablo reste fidèle à celui de leurs aînés, le maquillage très travaillé pour entrer dans la peau de Mystique appartient désormais au passé. De plus en plus épuré au fil des épisodes, Jennifer Lawrence semble vouloir se débarrasser au maximum des prothèses et de la peinture corporelle bleue qui participent pourtant à l'identification de son personnage. Petit détail qui peut sembler anecdotique, le maquillage d’agrément est par contre extrêmement poussé sur le visage des plus jeunes actrices. Simple coquetterie ? Mode oubliée des années 90 ? Un moyen de vieillir Sophie Turner et Alexandra Shipp ? Car autre petit problème de la prélogie, certains personnages n'ont peut-être pris que dix ans depuis X-Men : Apocalypse, quand d'autres ont déjà trente ans de plus depuis X-Men : Le Commencement...
X-Men : Dark Phoenix étant ancré en 1992, des sources annoncent des nouveaux costumes inspirés de la série animée sortie la même année. Mais ceux-ci s'apparentent finalement davantage au comics New X-Men de 2004. L'uniforme bleu et jaune (design déjà choisi dans X-Men : Le Commencement puis oublié par la suite) est cette fois-ci l’œuvre de Daniel Orlandi - Dans l’Ombre de Mary - La Promesse de Walt Disney (2013) - chef costumier pas si inconnu de l’univers puisqu’il a signé les costumes de Logan… sans super-costumes. Conformément à la direction artistique prise ici, la simplicité et la praticité prennent le pas sur l’esthétisme, pour un résultat plus grossier et bien moins léché que le travail de ses prédécesseurs. Les uniformes personnalisés et plus travaillés revêtus à la fin du dernier volet donnaient en effet plus de caractère et de singularité aux super-héros, même si l’habit ne fait pas le moine.

Après avoir côtoyé de multiples chefs d’orchestre, la saga X-Men accueille pour la toute première fois l’illustre Hans Zimmer. Né en 1957, l’autodidacte allemand débute sa carrière dans le cinéma au début des années 80 en Angleterre, en tant que simple assistant avant de vite devenir compositeur. Comptant 11 nominations aux Oscars entre 1989 et 2018, il remporte celui de la Meilleure Musique en 1995 pour Le Roi Lion. Considéré comme l'un des plus grands compositeurs de musique de film de tous les temps, il affiche une belle et longue carrière avec notamment, Rock (1996) de Hollywood Pictures, Pearl Harbor (2001) de Touchstone, avant de participer à la saga Pirates des Caraïbes (entre 2003 et 2011) de Disney, collaborer étroitement avec le réalisateur Christopher Nolan à trois reprises, puis mettre à nouveau en musique l’adaptation du (Le) Roi Lion (2019).
Si le compositeur avait juré de ne plus illustrer de films de super-héros après la trilogie Dark Knight (2005, 2008 et 2012), Man of Steel (2013), The Amazing Spider-Man : Le Destin d'un Héros (2014) et Batman v Superman : L'Aube de la Justice (2016), il est cependant convaincu par Simon Kinberg en personne de reprendre du service. Toujours autant inspiré, il signe pour X-Men : Dark Phoenix une magnifique partition, à la fois forte et mélancolique à l'image de sa protagoniste. La chanteuse aux pouvoirs mutants Dazzler assure même le show pour l'occasion. Un seul petit regret néanmoins, le thème créé par John Ottman pour X-Men 2 et qui participe depuis à l'identité sonore de la saga (pour les réalisations de Bryan Singer tout du moins) n'est pas repris une toute dernière fois. Tout comme le magnifique écran-titre qui plonge le spectateur au cœur du film en utilisant des éléments du long-métrage, présent depuis le début de la saga et absent pour la seconde fois depuis X-Men : Le Commencement.

Tourné à Montréal entre fin juin et mi-octobre 2017 sous le pseudo Teen Spirit, X-Men : Dark Phoenix est initialement prévu pour le 2 novembre 2018 aux États-Unis. Repoussé une première fois en février 2019 (date de sortie initiale des (Les) Nouveaux Mutants), l’opus est finalement décalé au 7 juin de la même année (à la place du fantomatique Gambit). En dehors du long processus de rachat du studio 20th Century Fox par The Walt Disney Company - qui n’aurait pas impacté la production du film - et des modifications de planning des sorties qui en découlent inévitablement (Alita : Battle Angel et Ad Astra en font les frais également en 2018 et 2019), c'est la durée exceptionnellement longue de post-production pour perfectionner les effets spéciaux, le tournage de nouvelles scènes et le changement drastique de fin qui retardent considérablement la sortie du long-métrage.
La promotion multiplie alors les affiches flamboyantes à quelques jours de la sortie autant pour combler une production chaotique et une communication volontairement discrète que pour soutenir une conclusion qui s’avère désormais plus si attendue que cela. Entre le décrié X-Men : Apocalypse, le désintéressement du public après trois ans d'attente, la mauvaise presse avant même la sortie et l'expansion parallèle du Marvel Cinematic Universe - dans lequel une intégration des Mutants rebootés au sein d’une future phase n’est pas envisagée de suite - les prévisions n'étaient pas au beau fixe. Le cabinet Box office Pro avait, en effet, estimé pour le premier week-end d’exploitation des recettes américaines situées entre 50 et 60 millions de dollars, avant de se raviser quelques heures après la sortie du film en annonçant 35 millions de dollars de recettes. Réalisant le pire démarrage de la franchise, X-Men : Dark Phoenix récolte ainsi péniblement 33 millions de dollars. Les chiffres parlent d'eux-même : la lassitude est là.

La France (et de nombreux autres pays) est encore une fois privilégiée avec une sortie anticipée de deux jours par rapport à la sortie américaine. À l’échelle mondiale, le résultat n'est finalement pas plus glorieux avec 107 millions de dollars amassés seulement dans le week-end. Un véritable préjudice pour le studio qui devrait perdre plus de 100 millions de dollars, pour un budget de base qui avait déjà littéralement explosé durant la production pour dépasser les 200 millions de dollars, hors frais marketing. Sans surprise, les critiques sont mitigées même si celles des spectateurs sont plus clémentes que celles des professionnels. Le sérieux de la majorité des épisodes de la saga X-Men au sein d’un univers héroïque fantastique n’a jamais ou très rarement fait l'unanimité. La noirceur du long-métrage, certaines scènes d'action et la prestation de Sophie Turner sont saluées, tandis que le caractère dispensable de l'opus, la facilité et le casting démotivé sont pointés du doigt.
X-Men : Dark Phoenix comble-il tout de même les attentes du public ? Est-il enfin le film tant attendu sur la sombre histoire du Phénix ? Est-il également une digne conclusion de la saga ? Hormis l'inévitable petite impression de déjà-vu, les raccourcis et les maladresses scénaristiques, le problème de rythme et de répartition des rôles, cet ultime long-métrage des mutants - sous ce pavillon du moins - reste un divertissement de bonne facture. Visuellement réussi et parsemé de très bons éléments, il fait comme il se doit la part belle à son personnage phare. Le Phénix a bien déployé ses ailes, même si ses pouvoirs auraient pu être encore plus grandioses. L'opus ne mérite pas en tout cas le lynchage médiatique dont il fait inéluctablement, mais à tort, les frais. Seul regret et non des moindres : un final qui casse malencontreusement tout ce qu'avait réussi à remettre en place X-Men : Days of Future Past, dévoilé subtilement lors du retour de Wolverine dans un futur pas si lointain.

Vu indépendamment et en dehors de son contexte, X-Men : Dark Phoenix est un bon épisode ; il est en revanche une conclusion en demi-teinte de la saga qui vogue entre le sauvetage in-extremis de la franchise et un véritable acte manqué, incapable qu'il est de clôturer en beauté tout ce qui a été bâti en presque deux décennies. Quoi qu'il soit dit, la boucle est désormais bouclée bel et bien. Après presque vingt ans d’aventures, la porte du Cerebro sous l'ère 20th Century Fox referme définitivement ses portes, laissant l'âme des Mutants en paix... jusqu'à la prochaine fois. Il reste, pour leurs plus grands fans, à espérer que l'évolution n'attende pas deux ou trois cent mille ans pour faire un nouveau bond en avant.

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