Le Laquais (La Belle au Bois Dormant)
Date de création :
Le 29 janvier 1959
Nom Original :
Lackey
Autre(s) Nom(s) :
Minstrel
Le Ménestrel
Créateur(s) :
Milt Kahl
John Sibley
Bob Carlson
Apparition :
Cinéma
BD

Le portrait

rédigé par
Publié le 25 janvier 2025

Le 29 janvier 1959, les spectateurs découvrent La Belle au Bois Dormant, l’adaptation par les studios Disney du conte de Charles Perrault. Afin de la rendre accessible au plus grand nombre, l’œuvre originale est alors passablement modifiée. Si la belle princesse et sa malédiction sont évidemment conservés, les artistes décident en particulier d’étoffer son entourage. C’est ainsi que pour apporter une touche d’humour et de comédie, ils ajoutent au casting un laquais jovial particulièrement porté sur la bouteille.

« Hic ! »

Le laquais entre en scène dans la seconde partie du film. Seize ans viennent de s’écouler depuis la naissance d’Aurore. La terrible malédiction jetée par Maléfique ne s’est pas réalisée grâce à l’entremise des trois fées. Après l’avoir couvée et choyée à l’écart du monde, ces dernières se préparent dès lors à la rendre à ses parents.

Au château, le roi Stéphane s’impatiente justement de retrouver sa chère fille. « Allons, mais pas de panique », lui glisse le roi Hubert, « Si près du but. Soyez courageux ! La petite ne va plus tarder ». Pour célébrer comme il se doit les futures retrouvailles et offrir un peu de réconfort à son ami, celui-ci a justement sorti une bonne bouteille de vin de derrière les fagots. Le délicieux breuvage est amené par un laquais qui s’empresse de remplir les verres. Il n’a toutefois pas le temps de servir le deuxième godet que déjà, Hubert lui prend la bouteille des mains pour préparer lui-même deux autres coupes.

Pendant que les deux monarques trinquent à l’avenir, le laquais boit discrètement le premier verre qu’il a rempli. La bonne humeur ne tarde pas à emplir tout la pièce. Stéphane et Hubert se mettent à chanter. Pour les accompagner, le laquais gratte quelques notes sur sa mandoline avant de siffler une deuxième coupette !

Appréciant visiblement la cuvée, le serviteur commence à avoir la tête qui tourne. « Hic ! ». Souriant benoîtement, il saisit chaque occasion qui lui est donnée pour remplir, encore et encore, son verre. Incapable de tenir debout sans tituber, il est chargé par Hubert d’apporter les plans du château que le roi a fait construire pour Aurore et son fils Philippe. Observant les dessins tenus par le laquais qui tangue sous l’effet de l’alcool, Stéphane ne partage pourtant pas son enthousiasme. À peine sa chère enfant revenue que déjà, celle-ci devrait partir habiter ailleurs. Pour lui, il est absolument hors de question qu’Aurore quitte le palais de sitôt.

N’ayant visiblement pas la même conception de l’avenir pour leurs enfants, Stéphane et Hubert se lancent dans une forte dispute. Toute trace de bonne humeur disparaît soudain. Alors que le ton monte, le laquais, lui, continue de boire. Non sans une certaine dextérité, il récupère chaque goutte de vin, passant même sa mandoline sous la tunique du roi Stéphane pour sauver le précieux breuvage répandu sur le carrelage par Hubert.

Voyant ses jambes se dérober, le laquais est obligé de s’asseoir par terre. Le poids de l’alcool aidant, il s’écroule finalement sous la table. « Hic ! ». La tête enfouie dans la table d’harmonie de sa mandoline, il sombre dans un profond sommeil, à la grande surprise de Stéphane et Hubert qui le découvrent en soulevant la nappe.

Le laquais ne se réveille que quelques heures plus tard. Complètement dans les vapes, il est immédiatement replacé dans les bras de Morphée par la fée Pimprenelle qui, avec Flora et Pâquerette, se charge d’endormir tout le château après qu’Aurore a elle-même sombré dans un sommeil de cent ans par la faute de Maléfique. Le laquais disparaît alors de l’intrigue pour ne plus y revenir.

La Conception du personnage

Troisième conte de fées produit par Walt Disney après Blanche Neige et les Sept Nains et Cendrillon, La Belle au Bois Dormant est mis en production au début des années 1950. Dès le départ, les scénaristes font le choix de coller au plus près au conte de Charles Perrault. Les principaux ingrédients sont ainsi conservés, en particulier la terrible malédiction jetée sur la pauvre petite princesse. Au fil de l’écriture, plusieurs pans de l’histoire sont cependant changés. Les sept fées mentionnées par Perrault ne sont désormais plus que trois. Le sommeil de l’héroïne ne dure par ailleurs pas un siècle, mais seulement quelques heures, le temps pour le beau Prince de vaincre le Mal. Le personnage de Maléfique est lui-même revu pour que son ombre terrifiante plane sur l’ensemble du film.

Pour contrebalancer le caractère anxiogène de la méchante et du terrible sort jeté sur Aurore, les auteurs décident de ponctuer le film de petits instants de comédie. Comme dans Blanche Neige et les Sept Nains et Cendrillon, des animaux aussi mignons qu’amusants accompagnent tout d’abord la princesse dans ses rêveries. Maléfique est elle-même accompagnée de sbires dont la stupidité vise à faire rire le public. Au château, le roi Hubert fait preuve d’une certaine excentricité. Au moment de célébrer le retour d’Aurore, il convoque un laquais tout aussi hilarant.

Simple figurant anonyme n’ayant aucune ligne de dialogue, le laquais apparaît sous les traits d’un serviteur dégingandé. Le regard rieur et l’humeur joyeuse, il est vêtu d’un costume médiéval composé d’une culotte, d’une tunique aux manches bouffantes et d’un couvre-chef rehaussé d’une plume. Une mandoline à la main, il accompagne le chant des deux monarques. Visiblement amateur de bon vin, il semble incapable de se réfréner face à une bonne bouteille. Les traits du laquais sont largement inspirés de la silhouette et du visage du comédien Franklin Pangborn (Si Nos Maris s'Amusent, Quatre au Paradis, Romance à Rio), invité aux studios Disney pour servir de modèle.

Franklin Pangborn
Le Laquais

L’apparence finale du laquais et ses premières apparitions sont animées par Milt Kahl. Membre du groupe des Neuf Vieux Messieurs, l’artiste voit le jour le 22 mars 1909 à San Francisco, en Californie. Débutant sa carrière comme dessinateur pour le journal The Oakland Post Inquirer puis pour le San Francisco Bulletin, il devient bientôt créateur d’affiches de cinéma avant d’entrer chez Disney en 1934. Doté d’un caractère bien trempé, Kahl travaille comme intervalliste sur plusieurs cartoons de Mickey. Son talent lui permet rapidement de devenir animateur puis superviseur de l’animation. Très doué pour l’animation des humains, il collabore à presque tous les longs-métrages animés de Disney et donne vie à des personnages aussi fameux que Pinocchio, dont il définit l’apparence finale, Bambi, Brom Bones, Frère Lapin, Johnny Pépin de Pomme, Cendrillon, le prince Philippe et le roi Hubert, Roger Radcliff et Pongo, Merlin l’enchanteur ou bien encore Tigrou et Brutus et Néron. Derrière l’animation remarquable de Shere Khan et de Madame Médusa, son ultime méchante, Milt Kahl est élevé au rang de Disney Legend en 1989, deux ans après sa mort survenue le 19 avril 1987 à l’âge de soixante-dix-huit ans.

Milt Kahl
Esquisse de Milt Kahl

Le laquais touché par les effets de l’alcool est conçu par John Sibley. Né le 25 janvier 1912 à Danville, dans l’Illinois, il se voit recruté par Disney en 1937. Associé à la création de dizaines de cartoons, il a notamment animé Dingo dont il est devenu l’un des spécialistes. Sibley a également participé à l’animation des dinosaures de Fantasia, du gauchito volant, d’Ichabod Crane, de Si et Am, des rois Stéphane et Hubert, ou bien encore de Jasper et Horace Badun. Il décède le 15 février 1973 à l’âge de soixante-et-un ans.

Dessin d'animation de Milt Kahl
Dessin d'animation de John Sibley

L’ultime apparition du personnage, endormi par Pimprenelle, est enfin réalisée par Bob Carlson. Originaire de l’Illinois où il voit le jour le 7 novembre 1906, Robert W. Carlson, Jr. entre chez Disney à la fin des années 1940. Associé à la production de Pinocchio et Fantasia, il participe à l’animation de plusieurs cartoons de Donald, en particulier Déboires sans Boire qu’il réalise. Après Peter Pan, La Belle et le Clochard et La Belle au Bois Dormant, Carlson quitte Disney en 1958 et rejoint le concurrent UPA qui le fait travailler sur Les Aventures d’Aladin. Passé chez Hanna-Barbera (Les Pierrafeu), Bill Melendez Productions (Charlie Brown), Elba Productions (The Night Before Christmas) et Filmation (T’as le Bonjour d’Albert), Bob Carlson revient chez Disney et œuvre ponctuellement sur quelques séries telles que Les Wuzzles et Les Gummi. L’artiste décède le 18 juin 1990 à l’âge de quatre-vingt-trois ans.

Les Autres Apparitions du Laquais

Le laquais est totalement absent de l’adaptation en bande dessinée de La Belle au Bois Dormant réalisée en 1958 par Julius Svendsen et Floyd Gottfredson dans la collection Walt Disney’s Treasures of Classic Tales. Il n’apparaît pas plus dans la version signée en 1959 par Hal Hubbard.


Cool Attitude : Encore Plus Cool

Contrairement à la plupart des protagonistes du film, le laquais n’a pas eu l’honneur d’autres apparitions. Un minuscule caméo est cependant présent dans La Fin de l'Innocence, le sixième épisode de la série Cool Attitude : Encore Plus Cool où Oscar Proud, le père de famille, porte un costume identique.

Simple figurant dont les apparitions se limitent à la portion congrue, le laquais offre malgré tout de très beaux moments de comédie à La Belle au Bois Dormant.

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