Les Policiers
Le Crapaud et le Maître d'École

Les Policiers (Le Crapaud et le Maître d'École)
Date de création :
Le 05 octobre 1949
Nom Original :
The Policemen
Créateur(s) :
Wolfgang Reitherman
Hal Ambro
Ward Kimball
Jack Boyd
Apparition :
Cinéma
Télévision
Parcs
Voix Originale(s) :
Edmond Stevens

Le portrait

rédigé par Karl Derisson
Publié le 20 janvier 2024

En 1949, les studios Disney sortent en salle leur onzième grand classique animé, Le Crapaud et le Maître d’École. Film d’anthologie combinant deux séquences indépendantes, le film débute par une adaptation du (Le) Vent dans les Saules de Kenneth Grahame. Classique de la littérature anglaise paru en 1908, l’histoire est toutefois quelque peu modifiée par les scénaristes de Disney qui décident d’y inclure diverses scènes d’action, en particulier une tonitruante course-poursuite entre Crapaud et un groupe de policiers.

"Vous avez demandé la police... Ne quittez pas..."

Un premier policier apparaît à la douzième minute du film. Photographié en Une de la presse, il est montré en train de procéder à l’arrestation de Crapaud, accusé d’avoir volé une voiture. Un autre officier apparaît pour sa part lors de la scène du procès. Sa matraque entre les mains, il est là pour s’assurer que le prévenu n’échappe pas à la justice. Deux autres agents postés à la porte du tribunal veillent également au grain. À l’annonce du verdict, tous les deux ferment immédiatement la porte. Crapaud est alors arrêté sur le champ et conduit en prison.

Faussement accusé par le malhonnête Monsieur Moustache, Crapaud est enfermé dans l’une des cellules de la sinistre Tour de Londres. Effondrée, la grenouille est à présent sous la haute surveillance des gardes de la citadelle. « Vu que c’est Noël, on vous permet de recevoir une visite », annonce l’un des geôliers, « Votre grand-mère est là ». Retirant son casque, le policier laisse entrer cette mystérieuse femme qui, en réalité, n’est autre que Cyril Trottegalop, l’un des meilleurs amis de Crapaud venu pour le faire évader.

À peine Crapaud s’est-il échappé de la prison que déjà, les sirènes retentissent. Actionnant son téléphone à manivelle, un policier donne l’alerte. Un autre utilise son sifflet. À vélo ou embarqué à bord d’une calèche, tout un régiment se lance à la poursuite du fuyard. Armés jusqu’aux dents, les policiers ne tardent pas à lâcher les chiens. Incapable de masquer ses traces de pas laissées dans la neige, Crapaud est acculé. Son seul soutien est ce brouillard épais qui enveloppe les rues de Londres. « Halte ! ». Éclairant l’évadé avec sa lampe torche, un policier lui ordonne soudain de s’arrêter. Il se fait cependant rapidement rouler dans la farine par le déguisement de Crapaud. « Oh… Bonsoir madame », lance-t-il en levant son casque afin de saluer celle qu’il prend pour une femme, « Je vous demande pardon, madame, je vous avais pris pour… ». Le policier n’a pas le temps de finir sa phrase que le boulet et les chaînes de Crapaud tombent sur la chaussée, dévoilant de fait sa véritable identité.

Un énième coup de sifflet donne l’alerte. Crapaud parvient malgré tout à s’échapper en volant… un train ! Pris de panique, les policiers grimpent à bord d’une autre rame afin de poursuivre leur traque. À toute allure, les forces de l’ordre tentent de rattraper leur retard. Mais malgré leurs tirs de sommation, rien n’arrête Crapaud.

Lancés à travers la campagne anglaise, les deux trains fendent la nuit dans un vacarme assourdissant. La gâchette facile, les policiers ne cessent de tirer sur Crapaud qui s’amuse de la situation en mimant la forme d’un pistolet avec sa main. La grenouille parvient finalement à échapper à ses poursuivants en sautant de sa locomotive en marche au moment où elle traverse la rivière. « Pauvre ahuris… Laissons-les fouiller le pays », commente le narrateur qui exprime tout haut ce que Crapaud pense tout bas. Les policiers traversent alors le pont et poursuivent leurs recherches. Ils sortent ainsi définitivement de l’histoire.

"Vous avez demandé la police... Ne quittez pas..."

Grâce au triomphe en salle de Blanche Neige et les Sept Nains, Walt Disney a les moyens de lancer la production d’une douzaine de nouveaux longs-métrages animés. Parmi leurs sources d’inspiration, ses scénaristes se penchent alors en particulier sur une adaptation du (Le) Vent dans les Saules de Kenneth Grahame dont découle le moyen-métrage La Mare aux Grenouilles qui sera intégré, après la Seconde Guerre mondiale, au film d’anthologie Le Crapaud et le Maître d’École.

S’ils disposent, avec l’histoire de Grahame, d’un beau point de départ, les auteurs décident malgré tout de consolider le récit afin de le rendre plus palpitant et plus cinématographique. Le livre se base en effet sur de petits épisodes assez simples tournant autour des nombreuses catastrophes provoquées par Crapaud, une grenouille richissime et excentrique dont les passions successives sont sources de gros soucis pour ses amis Blaireau, Rat, Taupe et Loutre ainsi que pour tous les autres habitants du Bois Sauvage. Rapidement, le batracien est lui-même victime de ses lubies. Spolié par une bande de belettes, d’hermines et de furets qui s’emparent de son château, il termine bientôt en prison après avoir provoqué un énième accident.

Cette partie de l’histoire est alors en particulier approfondie. Accusé d’un vol de voiture qui lui vaut d’être jeté en prison, Crapaud parvient ainsi à s’évader. Ils se retrouvent par conséquent confronté aux forces de l’ordre qui se lancent immédiatement à sa poursuite. Si plusieurs représentants de la loi jalonnent discrètement le début du film, les policiers obtiennent surtout une place centrale dans ladite séquence de l’évasion. Après la parodie de justice, elle-même totalement inventée par les scénaristes de Disney, le public découvre alors une parodie de film policier durant laquelle les gendarmes pourchassent leur voleur. Absolument déjantée et vraiment cartoonesque, cette séquence est le prétexte à de beaux moments de comédie. Après s’en être gentiment pris au juge, montré comme un balourd incompétent, et au procureur, beaucoup trop incisif pour être honnête, les artistes de Disney saisissent cette occasion pour se moquer gentiment de la police.

Le policier chargé de garder la cellule de Crapaud est animé par Hal Ambro. Né le 1er août 1913 à Saint-Louis, dans le Missouri, l’artiste étudie l’art à Los Angeles avant d’être recruté par Marty Monk Productions puis les studios de Charles Mintz. Engagé par Disney au milieu des années 1930, il travaille sur des dizaines de productions dont la majorité des longs-métrages, de Blanche Neige et les Sept Nains aux (Les) Aventures de Winnie l’Ourson. Chargé de certaines scènes avec Johnny Pépin de Pomme, la Marraine fée ou bien encore la Reine de La Belle au Bois Dormant, il quitte ponctuellement les studios en 1966 afin de rejoindre les équipes de Chuck Jones puis celles de Richard Williams. Il termine sa carrière chez Hanna-Barbera tout en enseignant à CalArts. Hal Ambro meurt le 1er février 1990.

Hal Ambro

Le début de la course-poursuite, avec les différents policiers affairés à retrouver Crapaud dans le brouillard londonien, est conçu par Wolfgang Reitherman. Membre éminent du groupe des Neuf Vieux Messieurs né le 26 juin 1909 à Munich, en Allemagne, il débute sa carrière aux studios Disney le 21 mai 1933. Grand spécialiste de Dingo, il est notamment le créateur du Miroir magique, de Monstro la baleine, de la souris Timothée, d'Ange MacBlaireau, d’Ichabod Crane et du Cavalier sans tête, du Lapin Blanc ou bien du duel entre le Capitaine Crochet et le crocodile. Superviseur de la séquence au cours de laquelle le prince Philippe affronte Maléfique changée en dragon, Wolfgang Reitherman passe au statut de réalisateur en 1961 avec Les 101 Dalmatiens puis Merlin l’Enchanteur et Le Livre de la Jungle. Après la mort de Walt Disney, il dirige Les Aristochats, Robin des Bois, Les Aventures de Winnie l’Ourson, Les Aventures de Bernard et Bianca et produit Rox et Rouky qui sort l’année de sa retraite, en 1981. Décédé le 22 mai 1985, un Disney Legends Award remis à titre posthume en 1989 couronne sa carrière.

Wolfgang Reitherman

La séquence frénétique des deux trains lancés à plein régime dans la campagne anglaise est quant à elle majoritairement animée par Ward Kimball. Autre membre du groupe des Neuf Vieux Messieurs originaire de Minneapolis, dans le Minnesota, où il naît le 4 mars 1914, Kimball entre chez Disney en 1934 et participe à la production de quelques cartoons comme Une Petite Poule Avisée, Le Lièvre et la Tortue et Elmer l’Éléphant. Il anime ensuite les nains dans Blanche Neige et les Sept Nains. L’expérience est toutefois pour lui plutôt décevante. Ses deux scènes, celle de la soupe et celle de la construction d’un lit pour la princesse, sont en effet supprimées. Sa seule participation notable au premier long-métrage de Disney reste alors son animation des vautours sous la direction de Ben Sharpsteen et de Walt qui lui demande personnellement d’animer Jiminy Cricket dans Pinocchio. L’animateur donne ensuite vie à d’autres personnages formidables comme Bacchus, Jim Crow et sa bande de corbeaux, les Trois Caballeros, Lucifer, Tweedle Dee et Tweedle Dum ou bien encore le Chapelier Toqué. Réalisateur du court-métrage Les Instruments de Musique qui remporte l’Oscar en 1954, Ward Kimball conçoit et présente les épisodes sur l’espace diffusés au sein de l’émission Disneyland. Membre du groupe de jazz dixieland The Firehouse Five Plus Two et grand amateur de trains, l’artiste travaille ensuite sur plusieurs programmes de télévision ainsi que sur les films Babes in Toyland, Mary Poppins, L’Apprentie Sorcière… Nommé Disney Legend en 1989, il décède le 8 juillet 2002 à l’âge de quatre-vingt-huit ans. Une des locomotives de Disneyland porte son nom.

Ward Kimball

Jack Boyd réalise enfin quelques plans avec les policiers embarqués à bord de leur train. Né à Glenn, en Californie, le 25 septembre 1916, l’artiste entre chez Disney en 1940. Spécialisé dans l’animation des effets spéciaux, il collabore alors à la production de dizaines de cartoons ainsi qu’à la création de la plupart des longs-métrages réalisés entre Victory Through Air Power et Taram et le Chaudron Magique. Dessinateur des différentes pages de comics mettant en scène les personnages de l’Oncle Rémus publiées entre 1963 et 1972, il apparaît lui-même dans l’épisode Trucs de Notre Métier, un épisode de Disneyland diffusé sur ABC le 13 février 1957. Jack Boyd disparaît le 15 octobre 1998.

Jack Boyd
"Vous avez demandé la police... Ne quittez pas..."

En version originale, les policiers disposant d’une ou plusieurs lignes de dialogue sont interprétés par Edmond Stevens. Oublié par la postérité, le comédien double également le greffier et l’une des fouines de la séquence de La Mare aux Grenouilles.

Le ou les comédiens ayant repris les rôles en français demeurent inconnus.

"Vous avez demandé la police... Ne quittez pas..."

Comme les autres personnages principaux de La Mare aux Grenouilles, les Policiers sont présents dans l’attraction Mr. Toad’s Wild Ride à Disneyland.


Mr. Toad's Wild Ride

Les visiteurs peuvent ainsi apercevoir quelques représentants de l’ordre sur la grande tapisserie décorant le quai d’embarquement. Deux policiers tentent par ailleurs d’interpeller les véhicules au moment où ces derniers parcourent la campagne anglaise. Un autre est présent à l’intérieur du tribunal aux côtés du Procureur. Un quatrième garde la prison.

Jalonnant l’acte central de La Mare aux Grenouilles, les Policiers permettent d’offrir de beaux moments de comédie grâce à une représentation cartoonesque croustillante fort répandue dans l’univers du dessin animé.

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