Date de création : Le 23 juin 1995 Nom Original : Ben Créateur(s) : T. Daniel Hofstedt (Superviseur de l'Animation) Barry Temple Kent Hammerstrom |
Apparition : Cinéma Jeux Vidéo Livres Voix Originale(s) : Billy Connolly Voix Française(s) : Marc Alfos |
Le portrait
En 1995, les studios Disney offrent au public de remonter le temps avec Pocahontas, une Légende Indienne, leur trente-troisième grand classique animé. Transportés en 1607, les spectateurs embarquent alors à bord du Susan Contant en direction du Nouveau Monde aux côtés de dizaines de membres d’équipage parmi lesquels le revêche Ben.
Londres est en effervescence. Sur le bord de la Tamise, la foule s’est réunie pour assister au départ du Susan Constant, l’un des navires de la Virginia Company sur le point de prendre le large. À bord, les premiers hommes ont déjà pris leurs quartiers. Accoudés au bastingage, Ben et son ami Lon accueillent leurs compagnons de voyage, Thomas et surtout John Smith dont la réputation de baroudeur n’est plus à faire.
Si le départ est joyeux et chaleureux, la traversée se transforme bien vite en calvaire. La tempête fait rage. Avec d’autres, Ben est chargé tant bien que mal de plier les voiles. Le navire tangue de toutes parts. Il faut d’urgence arrimer les canons. Soudain, une vague emporte Thomas... Pensant le garçon perdu, Ben donne malgré tout l’ordre de maintenir le cap... Mais c’est sans compter sur John Smith qui se refuse de laisser périr le petit et saute par-dessus bord pour aller le chercher. Incapables de retenir leur compagnon de route, Ben et d’autres interviennent in extremis pour empêcher que Smith ne disparaisse à son tour.
Après être parvenus à hisser John et Thomas à bord, Ben salue l’acte héroïque de son ami avant de se mettre au garde à vous devant John Ratcliffe qui demande des comptes concernant toute cette agitation. Il écoute ensuite comme les autres le gouverneur promettre monts et merveilles. Requinquée, toute la troupe retrouve le sourire. Avec une plume et un balais, Ben s’amuse à fabriquer une « marionnette » d’Indien que Smith ne tarde pas à décapiter. Ouvrant un tonneau de vin, tout l’équipage se met bientôt à boire tout en rêvant de l’or du Nouveau Monde.
Après des semaines de traversée, le Susan Constant arrive enfin sur les côtes américaines. La forêt, épaisse, est impressionnante. Écœuré par toutes ces journées en mer à bord de ce « rafiot puant », Ben est l’un des premiers à débarquer. Accompagné par John Smith, Thomas et Lon, il rame vers le rivage au milieu d’un brouillard particulièrement intimidant. Le silence est assourdissant. Arrivés à terre, tous se chargent d’approcher le Susan Constant au plus près de la plage.
Ben rejoint l’équipage pour assister à la descente du gouverneur Ratcliffe qui, sans tarder, revendique cette nouvelle terre au nom de sa majesté le roi Jacques 1er. La fête est cependant de courte durée. Chacun est en effet invité à ne pas se reposer et à débuter les travaux de construction du fort. Les autres sont quant à eux priés de se saisir immédiatement de pelles et de pioches pour creuser ce sol qui, soi-disant, regorge de richesses. Ben et Lon font grise mine... Il faut alors tout le talent de persuasion de Ratcliffe pour convaincre chacun de mettre tout son cœur à l’ouvrage.
Mais contrairement à ce qui était annoncé, le sol ne semble pas regorger d’or. Partout, les trous et les tranchées ne laissent apparaître que de la terre et des cailloux. La désillusion est totale. Ben est l’un des premiers à se rebeller. Jetant sa pelle aux pieds de Ratcliffe, il refuse de poursuivre plus longtemps ce travail d’esclave ! Il ne reçoit alors pour réponse que le mépris affiché du gouverneur.
Coiffé de son casque et armé d’un fusil, Ben participe au combat qui s’ensuit contre les Indiens. Il tente alors d’achever à coup de crosse Namontack, à terre après avoir été blessé à la jambe par Ratcliffe. Il est cependant empêché par Kocoum qui se jette sur lui et le repousse en arrière. L’escarmouche à peine terminée, Ben est rentré dans le rang et accepte les ordres de Ratcliffe qui commande de finir au plus vite de bâtir le fort.
Sous la pluie et dans la boue, la construction des fortifications est une autre gageure. Redresser le moindre morceau de palissade est exténuant. Passablement contrarié, Ben n’a plus le cœur à chanter. Il n’y a pas d’or. Ses amis et lui meurent de faim. Et Ratcliffe, pendant ce temps, se prélasse selon lui dans sa tente. S’autorisant une maigre pause, Ben et Lon sont bientôt surpris par le gouverneur qui leur ordonne de retrouver Smith au plus vite. S’aventurant dans la sombre forêt, les deux bougres n’en mènent pas large. Sur le point de retrouver leur compagnon, ils sont coupés dans leur élan par Grand-Mère Feuillage qui, avec l’une de ses racines, les fait tomber par terre. Totalement paniqués, Ben et Lon repartent les jambes à leur cou !
De retour au camp, John Smith est immédiatement assailli par ses compagnons et surtout par Ratcliffe qui demande des comptes. En expliquant qu’il n’y a pas d’or, le capitaine provoque la consternation chez Ben. Ratcliffe profite de la situation pour exacerber la haine des Anglais vis-à-vis des Indiens. Mais le doute plane désormais dans la tête des colons qui ne sont plus très sûrs du bien-fondé de leur expédition et de la confiance à accorder au gouverneur.
Lorsque la situation dégénère encore davantage, Ben fait partie de ceux qui prennent les armes. Accusé d’avoir tué Kocoum, John Smith vient d’être fait prisonnier. Pour Ratcliffe, c’est l’occasion idéale de déclarer la guerre. Au petit matin, Ben et ses compagnons d’armes sont donc prêts à se battre. Leur surprise est alors totale lorsque Pocahontas s’interpose pour sauver Smith. Aussi étonnés qu’émus, les colons baissent leurs fusils. Ben, Lon et Thomas sont les premiers à désobéir à Ratcliffe qui se saisit lui-même d’une arme. Visant le chef Powathan, le gouverneur atteint John Smith qui s’effondre. Pour Ben, cela en est trop. « Smith avait raison depuis le début », se lamente-t-il avant de se saisir de Ratcliffe, bientôt neutralisé.
Grièvement blessé, John Smith doit être au plus vite rapatrié à Londres. Ben organise alors l’appareillage du Susan Constant. « Il n’y a plus qu’à charger le dernier paquet dans la soute », ironise-t-il en pointant du doigt deux hommes en train de jeter Ratcliffe enchaîné dans une barque. Assistant aux adieux déchirants entre Pocahontas et Smith, Ben et Lon se chargent ensuite eux-mêmes de déplacer le brancard vers un autre esquif. Alors que Lon et Thomas décident de rester en Amérique pour aider à installer le camp de Jamestown, Ben rame pour emmener Smith vers le voilier. Endossant le rôle de capitaine, il donne l’ordre d’amener la grand voile et de lever l’ancre... Les préparatifs enfin terminés, le Susan Constant est ainsi prêt à quitter le Nouveau Monde et à repartir vers la Vieille Europe...
Contrairement à Pocahontas, au chef Powhatan, à John Smith ou bien à John Ratcliffe, Ben n’est pas directement inspiré d’un personnage réel ayant participé à la colonisation de l’Amérique par les Anglais. Créé de toutes pièces pour accompagner les héros, ce second rôle porte cependant le même prénom qu’un certain Benjamin Beast (ou Best), un colon décédé le 5 septembre 1607, quatre mois à peine après l’établissement de la colonie de Jamestown.
Mise sur pied à la fin de l’année 1606, la première expédition anglaise en direction de l’Amérique comptait à l’origine cent-quarante-quatre marins et colons placés sous les ordres du capitaine Christopher Newport. Répartis à bord de trois navires, le Susan Constant, le Discovery et le Godspeed, tous traversent l’océan Atlantique au cours d’un voyage long de près de quatre mois. Ils parviennent jusqu’aux plages le Virginie le 26 avril 1607. Nommé Cap Henry, l’endroit est cependant dangereux, difficile à défendre et exposé aux intempéries. Sous la direction du capitaine Edward Maria Wingfield, une partie des hommes explore alors la région, en particulier la Baie de Chesapeake. Remontant le fleuve Powhatan qu’ils rebaptisent au passage James River en hommage au roi Jacques 1er d’Angleterre, ils trouvent un site plus sûr à une soixantaine de kilomètres des côtes. La colonie de Jamestown est alors établie sur la rive gauche du fleuve le 14 mai 1607. Sur les cent-quarante-quatre participants, cent-cinq s’installent sur place pendant que Newport et trente-huit autres marins rentrent en Angleterre. Confrontés à la famine, les deux tiers des colons meurent finalement avant le retour de leurs compatriotes en 1608...
Ben incarne ces premiers colons qui, quelques semaines seulement après leur arrivée en Amérique, repartirent en direction de l’Angleterre afin de faire état des découvertes et surtout rapporter des vivres et de nouvelles recrues. Toujours flanqué de son meilleur ami Lon, le personnage semble être un baroudeur expérimenté ayant déjà beaucoup voyagé. C’est d’ailleurs certainement au cours de ces expéditions qu’il a fait connaissance avec John Smith dont il continue d’entretenir la fougueuse réputation.
Ben apparaît sous les traits d’un homme d’âge mûr particulièrement bourru. La quarantaine, le marin possède en effet un caractère bien trempé. Contrairement à Lon, il refuse ainsi de se laisser marcher sur les pieds par quiconque. Jamais avare en coups de sang, il ne se gêne dès lors jamais pour dire ce qu’il pense et donner le fond de sa pensée. Refusant d’être traité comme un esclave tout juste bon à retourner la terre à la recherche d’or, il n’hésite pas à affronter directement le gouverneur Ratcliffe qui, malgré son rang, subit maintes fois ses colères. Le corps massif et le cou épais, Ben porte des cheveux longs noir corbeau noués grâce à un ruban. Mal rasé, son costume est semblable à celui des autres membres de l’équipage, tous vêtus d’une simple chemise, d’un gilet, d’une culotte et d’une paire de souliers.
Dans la première version du scénario, Ben devait être un colon d’origine anglaise. Les artistes de Disney décident cependant de changer leur fusil d’épaule après l’enregistrement des dialogues par Billy Connolly. Originaire de Glasgow, le comédien ne parvenait en effet pas à reproduire convenablement l’accent anglais. Pour simplifier les choses, les scénaristes lui proposèrent de ne pas chercher à changer sa manière de parler. Au départ anglais, Ben devint alors un colon originaire... d’Écosse !
Largement inspirée de la personnalité tonitruante de Billy Connolly, l’animation de Ben est supervisée par T. Daniel Hofstedt. Diplômé du California Institute of the Arts, l’artiste débute sa carrière au sein des studios Hanna-Barbera où il travaille sur la série Les Schtroumpfs. Il rejoint ensuite les rangs des Sullivan/Bluth Studios où il collabore à la production de Fievel et le Nouveau Monde, du (Le) Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles et de Charlie, Mon Héros. En 1991, il passe chez Disney et anime Gazeem et le prince Achmed dans Aladdin. Amateur de poésie et de musique et grand fan de baseball, Hofstedt donne ensuite vie à Simba jeune, à Ben et Lon, aux gardes et aux gitans dans Le Bossu de Notre-Dame ainsi qu’aux Muses dans Hercule et à l’Empereur dans Mulan. Il enchaîne après avec le capitaine et les marins de Tarzan puis Monsieur Arrow dans La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers. Au générique de La Ferme se Rebelle, Mickey, Donald et Dingo - Les Trois Mousquetaires et Winnie l’Ourson et l’Éfélant, il anime les masques et les poupées vaudous dans La Princesse et la Grenouille. Sa filmographie compte aussi des films comme Les Looney Tunes Passent à l’Action, Le Pôle Express, Speed Racer, Planes, Tom et Jerry au Pays de Charlie et la Chocolaterie et Space Jam : Nouvelle Ère.
T. Daniel Hofstedt est épaulé par Barry Temple et Kent Hammerstrom.
Entré chez Disney en 1980, le premier débute sur Le Noël de Mickey, Taram et le Chaudron Magique, Basil, Détective Privé, Qui Veut la Peau de Roger Rabbit, Oliver & Compagnie, La Petite Sirène et Bernard et Bianca au Pays des Kangourous. Il anime ensuite Lumière dans La Belle et la Bête et Zazu dans Le Roi Lion. Après Pocahontas, une Légende Indienne, il supervise Cri-Kee dans Mulan, Pikly dans Lilo & Stitch et Miss Caloway dans La Ferme se Rebelle.
Kent Hammerstrom débute sa carrière à la fin des années 1980 sur des films comme Le Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles, Charlie, Mon Héros et Le Voyage d’Edgar dans la Forêt Magique. Pour Disney, il donne vie à Ben et Lon, Djali et Pégase. Sa filmographie compte aussi des films comme Excalibur, l’Épée Magique et Star Wars : La Menace Fantôme.
En version originale, Ben est interprété par Billy Connolly. Né à Glasgow, en Écosse, le 24 novembre 1942, l’acteur débute sa carrière en tant que chanteur avant de se lancer dans la comédie. Connu pour son fort accent et son tempérament explosif, il apparaît ainsi dans des dizaines de films tels qu’Absolution, The Big Man, L’Île au Trésor des Muppets, La Dame de Windsor, Le Dernier Samouraï, Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire, Les Voyages de Gulliver et Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées. Également présent à la télévision, il prête en outre sa voix au roi Fergus dans Rebelle.
En France, le rôle de Ben est tenu par Marc Alfos. Né le 20 mai 1956 à Nanterre, le comédien est notamment la voix française de Russell Crowe, de Ron Perlman et de Bruce McGill. Pour Disney, il a également doublé le Chasseur, DeSoto, Flotsam et Jetsam, le Sergent, Nessus, Cake, Bruton et M. Indestructible. Marc Alfos est décédé le 3 août 2012.
Comme les autres protagonistes de Pocahontas, une Légende Indienne, Ben est visible dans le jeu vidéo Pocahontas - Le Livre Animé Interactif. Toujours accompagné par Lon et les autres colons, il apparaît en train de creuser le sol de Virginie à la recherche d’or.
Absents de la suite des aventures de Pocahontas, Ben, Lon et Thomas font partie des hommes de main de Ratcliffe dans le jeu Disney Emoji Blitz.
L’histoire de Ben est davantage explorée dans le livre Cap sur le Nouveau Monde, l’un des six volumes du coffrets Pocahontas : Six Nouvelles Aventures qui s’intéresse en particulier à la traversée de l’océan Atlantique par l’équipage du Susan Constant. Toujours grincheux, le marin se plaint alors des quarante jours de mer écoulés, de la pluie, du manque de place et de la faim. Contestant les ordres de Ratcliffe, il prend sur lui de remplacer Thomas à la barre du navire pendant la nuit. Le lendemain, Ben continue de pester contre le gouverneur qui donne une bien meilleure nourriture à son chien Percy qu’aux membres de son équipage. Hors de lui, le colon décide d’organiser une mutinerie. S'en prenant violemment à Wiggins, il est finalement neutralisé par John Smith.
Marin écossais au caractère bien trempé, Ben est l’archétype de ces colons européens dont les rêves de fortune en Amérique furent malgré eux réduits à néant.