Entretien avec Jean-François Camilleri

L'article

Publié le 19 juin 2014

Jean-François Camilleri, Président de Disney France et Disney Benelux, Président-Créateur de Disneynature, a reçu pour un entretien exclusif Chronique Disney le 18 juin dernier. Cette rencontre n'est d'ailleurs pas une première puisque déjà, en 2010, il avait accueilli l'équipe dans les locaux de sa filiale, alors situés à Marne-la-Vallée, pour une interview réalisée à l'époque afin de rédiger son portrait sur le site et faire ainsi connaitre l'Homme et sa mission aux fans français. Entretemps, Chronique Disney a également eu une foultitude de rencontres avec lui, essentiellement liées à l'activité de Disneynature, que cela soit pour la sortie des films du label ou le lancement de Disneynature | tv.


Jean-François Camilleri rédige une dédicace
aux lecteurs de Chronique Disney.

Jean-François Camilleri accueille cette fois-ci Chronique Disney dans les nouveaux bureaux parisiens de The Walt Disney Company France. Leur agencement mérite attention. En effet, il témoigne de sa volonté de réorganiser totalement le fonctionnement de son entreprise. Cette politique, menée depuis cinq ans, trouve ainsi dans ces locaux flambant neufs, un véritable aboutissement. Évoluant dans un univers totalement décloisonné, les équipes travaillent désormais de façon transversale. La communication se fait de manière naturelle au sein d'un open-space généralisé, où même la Direction évolue dans un espace sans mur. Une véritable curiosité organisationnelle dont l'efficacité n'est plus à démontrer et qui peut faire la fierté de Disney France...

Jean-François Camilleri aborde au cours de l'entretien tous les sujets du moment qui interpellent les fans. Comme à son habitude, il offre une écoute attentive puis répond sans détour. Retour sur un entretien enthousiasmant.

[Chronique Disney] Commençons par Disneynature, un label qui tient à cœur des fans francophones tant il est juste bluffant de savoir qu'un label Disney à part entière est né en France et est géré depuis l'Hexagone... Quand vous avez créé son logo, de quel château vous êtes-vous inspiré ?

[Jean-François Camilleri] C'est une question de fan, ça ! (Rires) En fait, j'ai demandé aux créateurs de s'inspirer du château du logo de Buena Vista International à l'époque en 2007, donc par ricochet, il est inspiré du château de Disneyland (Anaheim).

[Chronique Disney] Nous avons constaté, notamment avec Grizzly, des décalages de sorties des films Disneynature entre les États-Unis et la France. Pouvez-vous nous expliquer la règle qui s'applique pour les sorties de ce label ?

[Jean-François Camilleri] Aux États-Unis, nous sortons les films Disneynature à l'occasion du Jour de la Terre (Earth Day) donc autour du 22 avril chaque année. Puisque nous livrons le film terminé quelques semaines avant, il est impossible d'être prêts pour une sortie à la même période en France. Ces films doivent être travaillés en profondeur et nous avons donc besoin de temps. C'est pour cela que nous avons sorti Chimpanzés et Félins dix mois après les sorties américaines. Et que nous sortirons Grizzly en septembre 2015 pour prendre le temps nécessaire pour faire une version adaptée au public français. Le prochain film Disneynature aux États-Unis sera Au Royaume des Singes en avril 2015 que nous sortirons en février 2016.

[Chronique Disney] Restons sur Grizzly. Nous avons constaté une différence entre le nom français (Grizzly au singulier) et le nom québécois (Grizzlis au pluriel). Lequel est le bon ?

[Jean-François Camilleri] Nos amis québécois ont l'habitude de faire des traductions littérales ; Bears étant au pluriel, ils le conservent ainsi. Personnellement, je trouve que le titre Grizzly, visuellement s'entend, est plus joli... Plus agréable à lire... Mais bon, cela n'est pas figé et peut encore changer.

[Chronique Disney] Puisque nous parlons de la Belle Province, restons-y. Vous venez de prendre la responsabilité de Disney Benelux. Y'a-t-il en projet de créer chez Disney une grande division francophone et, dans ce cadre, de voir Disney France s'occuper la filiale québécoise ?

[Jean-François Camilleri] Non. Absolument pas. Le Québec est partie intégrante du Canada - donc de l'Amérique du Nord - et nous raisonnons là, en territoire. C'est la filiale canadienne qui gère le Québec et il n'est pas prévu que cela change.

[Chronique Disney] Après Disneynature, un autre studio qui vous est cher : Ghibli. Nous avons eu la bonne nouvelle d'apprendre que Si tu Tends l'Oreille, le seul Ghibli inédit en France, allait sortir en Blu-ray. Est-il doublé ou dispose-t-il simplement d'un sous-titrage en français ?

[Jean-François Camilleri] Il n'est pas doublé et disposera d'un sous-titrage en français.

[Chronique Disney] Concernant le planning des sorties Cinéma, êtes-vous libre de sortir les films que vous voulez ou votre maison-mère vous impose-t-elle ses choix ?

[Jean-François Camilleri] Je sens que les grands adorateurs des Muppets que vous êtes ont déjà la réponse (Rires). En réalité, nous sommes toujours enthousiastes et très fiers à l'idée de sortir tous les films que produit Disney, au sens large. Néanmoins, il y a une réalité économique et culturelle qui s'impose à nous. Il est contre-productif à la fois en terme de rentabilité mais aussi pour la vie d'un film de le sortir à tout prix, en sachant qu'il ne trouvera pas son public, qu'il fera une semaine à l'affiche et sera retiré aussitôt après. Ce n'est pas lui rendre service. Ainsi, par exemple, Million Dollar Arm est un film tout à fait excellent mais qui ne parlera pas au public français. Il traite de baseball et d'immigrés indiens aux États-Unis. Le sortir en France n'a pas de sens. Le cas des Muppets, le Retour - dont nous avons déjà longuement parlé auparavant - est dans la même situation. Après, il nous arrive d'hésiter. Ce fut le cas pour La Drôle de vie de Timothy Green dont nous avions annoncé la sortie avant de nous raviser. En revanche, une fois que nous avons fait ce constat : sortable ou non au cinéma, il est de notre devoir et de notre volonté de permettre au public français d'y avoir accès par d'autres moyens. Ce peut-être le DVD (mais c'est de moins en moins - pour ne pas dire plus - le cas vu l'état du marché), une diffusion sur Canal +, la VAD ou Disneytek...

[Chronique Disney] En parlant de Disneytek et ABCtek, comment vivent-elles ? Vont-elles être déployées chez d'autres fournisseurs d'accès ?

[Jean-François Camilleri] Elles vivent bien ! Elles progressent. Ce n'est pas une explosion mais une progression constante. Ce sont de beaux outils dont nous sommes très fiers. Elles donnent un accès exceptionnel à nos films et nous avons été les premiers à le faire. Elles ont vocation à être déployées chez d'autres FAI et nous travaillons dans ce sens sans qu'il ne soit possible aujourd'hui de vous annoncer lesquels... Idem d'ailleurs pour Disneynature | tv !

[Chronique Disney] Quel est votre position ou avis sur l'arrivée de Netflix notamment par rapport à Disneytek ?

[Jean-François Camilleri] Ce n'est pas comparable. Le modèle NetFlix existe déjà d'ailleurs, c'est Canal Play ! Pour quelques euros, vous avez accès à un catalogue de films sortis au cinéma depuis au moins trente-six mois. Disneytek fonctionne, elle, sur un modèle différent : l'abonné achète le film pour de bon. Il lui appartient, mais sans support. Les films proposés sont sortis au cinéma depuis au moins quatre mois seulement et non trente-six ! La Reine des Neiges est présent sur Disneytek, pas sur Canal Play par exemple...

[Chronique Disney] Muppets Most Wanted va-t-il être disponible sur Disneytek? Sera-t-il doublé ?

[Jean-François Camilleri] Sur Disneytek, il y a de fortes chances. Doublé non, un sous-titrage en français uniquement.

[Chronique Disney] Retour au cinéma avec une confirmation : Touchstone Pictures a perdu les droits de distribution des films DreamWorks Pictures à l'international repris désormais par Metropolitan. Cela s'applique-t-il à la France et notamment aux deux prochains Steven Spielberg qui vont sortir ?

[Jean-François Camilleri] Oui. Nous ne distribuons plus DreamWorks Pictures !

[Chronique Disney] Vous allez vivre un grand moment avec la sortie de Star Wars - Épisode VII, une grande première pour vous-même et vos équipes, comment vous y préparez-vous ?

[Jean-François Camilleri] Tout à fait sereinement tout en ayant conscience de l'enjeu. Tout d'abord, nous avons un an et demi devant nous et de nombreux projets à sortir avant. Ensuite, Star Wars - Épisode VII a déjà une forte notoriété. Cet élément est pris en compte. Il faut qu'on entretienne cette envie. C'est le premier défi. Et le second, c'est de faire venir un nouveau public vers le film. Nous allons donc gérer le temps et accompagner et soutenir du mieux possible Star Wars - Épisode VII dont les médias parlent déjà quasi quotidiennement. Beaucoup de choses se font ou vont se faire autour de lui, presque naturellement dirais-je. Donc, oui, il nous occupe déjà et c'est bien normal...

[Chronique Disney] Toujours sur Star Wars mais côté édition cette fois-ci : la branche se réorganise aux États-Unis avec notamment les comics qui repassent chez Marvel et de nouveaux livres qui arrivent sur le marché tandis que la hiérarchie des anciens romans est changée. Cela aura-t-il une conséquence en France ? Delcourt conservera-t-elle les licences BD et Pocket celle des romans ; et cette dernière éditera-t-elle les nouveaux romans ?

[Jean-François Camilleri] C'est trop tôt pour en parler. Aucune décision n'a été prise. Nous communiquerons dessus le moment venu...

[Chronique Disney] En restant sur le sujet de l'édition, Glénat s'est vu confiée l'édition des bandes dessinées Disney en librairie en remplacement de Hachette ; y'a-t-il une même réflexion qui est menée pour les comics Marvel. Restent-ils chez Panini Comics ?

[Jean-François Camilleri] Pareil. Pas de décision sur ce sujet. Nous restons en l'état.

[Chronique Disney] Abordons le sujet des sorties vidéos : nous nous étonnons de voir Disney France incapable de proposer sur le marché français des intégrales de ses séries mythiques (comme La Bande à Picsou ; Les Gummi ; La Bande à Dingo par exemple) alors que d'autres petits éditeurs en sont capables pour des séries japonaises notamment...

[Jean-François Camilleri] Il est difficile de répondre à cette question. Y'a-t-il un marché de niche (donc rentable) ou pas, c'est déjà une grosse interrogation en soi. Ensuite, il faut que vous sachiez que le marché du DVD est en chute libre. Les ventes ne sont plus du tout au rendez-vous. Dès lors, contrairement à l'action de la mettre sur une plateforme VAD ou SVAD qui ne nécessite pas beaucoup d'investissements, sortir une œuvre en DVD coute cher ! Et comme il s'en vend moins, les magasins leur consacrent moins d'espaces de vente ou de stockage (pour ce qui est des magasins en ligne). Et une collection de DVD non mise en avant a encore moins de chances de s'écouler. En commander 5 000 exemplaires (c'est un minimum) pour espérer en vendre péniblement 1 000 n'est pas viable. Nous ne sommes plus en 1990 : ce réflexe d'achat dit de catalogue par le consommateur n'existe déjà plus dans bon nombre de pays et se meurt en France. Tout cela est derrière nous. Même s'il y a des exceptions : La Reine des Neiges va atteindre, par exemple, le million d'exemplaires vendus en France. C'est énorme ! Plus vu depuis des années et désormais rarissime. Spécifiquement pour ce genre de contenus (les intégrales de séries, le catalogue), je crois beaucoup à la VAD et SVAD. Je sais que les collectionneurs se désolent du dématérialisé mais c'est la voie normale du marché de demain, voire d'aujourd'hui... Et le gros avantage, c'est que cela ouvre le champ des possibles !

[Chronique Disney] Puisque nous parlons de mise à disposition de catalogue, Disney Cinemagic peut être également moteur sur ce point. Actuellement, nous constatons que la grille végète notamment avec les séries animées de fond de grille qui sont toujours les mêmes, mois après mois, et pire, qui rebouclent à l'infini sur la saison 1 pour certaines d'entre elles... La chaine pourrait diffuser des intégrales, dans l'ordre et ne le fait pas. Que se passe-t-il ?

[Jean-François Camilleri] Il y a pourtant un vrai travail éditorial sur Disney Cinemagic. Sa grille cinéma est faite de Grands Classiques, d'inédits mais aussi, maintenant, de films Disneynature et de patrimoine comme par exemple en juillet Le Clown et l'Enfant, un film non rediffusé en France depuis sa sortie au cinéma dans les années 60. Malgré cela, il peut y avoir un souci sur une série et les équipes qui sont impliquées dans Disney Cinemagic vont rapidement y remédier...

[Chronique Disney] Restons dans l'univers de la télévision avec Disney Channel. Depuis qu'ils sont réalisés en Belgique, nous avons l'impression que les doublages tournent autour d'un nombre réduit de voix si bien qu'elles se télescopent d'une série à l'autre...

[Jean-François Camilleri] Nous apportons une attention particulière à la qualité de nos doublages. Le fait qu'ils soient réalisés en Belgique n'a pas d'incidence sur cela. Sur la question précise des voix disponibles pour doubler - c'est un vrai métier que le métier de doubleur ! -, c'est une remarque qu'il est possible de faire à toute la télévision française et je ne pense sincèrement pas que cela soit plus le cas chez nous qu'ailleurs ! Nous nous posons bien sûr la question de savoir qui va doubler tel personnage (je parle là des emblématiques) avant de valider le casting voix et ce, afin de ne pas donner de sentiment de parasitage...

[Chronique Disney] Parlons du phénomène Violetta qui est la grande réussite de Disney Channel en France. Une série que les fans français ont snobé pour tout un tas de raisons (elle ne vient pas de Disney US et n'est même pas diffusée là-bas y compris sur les chaînes hispanophones...) et dont ils n'ont pas vu venir le succès. Qu'en est-il de vous, en interne ? Comment avez-vous acheté cette série ? Et vous attendiez-vous vraiment à un tel raz-de-marée ?

[Jean-François Camilleri] Violetta est le résultat du travail éditorial mené sur nos chaines et notamment Disney Channel. Nous l'avons achetée tout simplement parce qu'elle fait partie du catalogue Disney et nous, contrairement aux fans visiblement (rires), nous ne nous mettons pas de barrières d'origines, US ou pas US. Nous sommes partis confiants et croyions à un possible succès. Parce que l'Espagne et l'Italie la diffusaient et rencontraient elles-aussi d'excellents résultats. En revanche, nous avons été surpris par l'ampleur du phénomène. Et à partir de là, nous avons décidé de devenir moteur et c'est pour cela que nous nous sommes rapprochés de nos amis argentins pour faire intégrer un talent français dans la saison 3 et, de la sorte, « franciser » un peu la série..

[Chronique Disney] Disney Channel est-elle en capacité de lancer une série française sur le modèle de Violetta, c'est-à-dire en format long que ce soit en nombre d'épisodes et dans la durée de chaque épisode ?

[Jean-François Camilleri] Disney Channel est la chaine du Cab/Sat qui consacre le plus gros pourcentage de son chiffre d'affaires à la production française ! Nous en sommes fiers et contrairement à ce que l'on pourrait penser, nous ne considérons pas cela comme une contrainte. Ça va continuer. Nous allons lancer des choses mais je ne suis pas en capacité d'en révéler plus à ce stade.

[Chronique Disney] Petit écart de nouveau vers le sujet de la francophonie, certains de nos lecteurs nous demandent si une déclinaison de Disney Channel est en projet sur les pays d'Afrique du Nord francophones (Maroc, Algérie, Tunisie) ?

[Jean-François Camilleri] Je ne gère pas du tout ces territoires-là. Je n'ai pas de réponse à cette question.

[Chronique Disney] Des lecteurs, artistes de leur état (dessinateur, animateur...) se demandent comment faire pour proposer leur service ou œuvre à Disney France ? Quel cheminement prendre ?

[Jean-François Camilleri] Que cela soit clair : Disney France ne crée rien en interne. C'est aux États-Unis (Emeryville, Los Angeles) ou en Italie pour les BD. En France, cela peut être au niveau des maisons de productions avec lesquelles nous travaillons. Mais généralement, les artistes, qui sont très au fait de cela, contactent directement ces entités. Bien entendu, si des gens veulent nous envoyer des CV, nous les transmettrons sans faute...

[Chronique Disney] Passons à une situation qui mécontente la communauté des fans : la vente des objets de collections (les poupées notamment) par les Disney Store (boutiques en ligne). Avec des mises en ventes avant l'heure annoncée, des quantités épuisées avant même la vente... Des quotas pour le marché français pillés par d'autres pays... Et vice versa... Un véritable calvaire...

[Jean-François Camilleri] Cela vient essentiellement d'un problème de coordination entre les différents boutiques des différents pays. Il est évident que nous nous devons de respecter l'heure de mise en vente prévue et la disponibilité des quantités annoncées... Nous allons nous améliorer !

[Chronique Disney] Sur la question de la langue française, vous êtes souvent inspirés pour les titres français (Rebelle, Les Mondes de Ralph, La Reine des Neiges...) ; en revanche, le dernier dévoilé (Les Nouveaux Héros) nous laisse perplexe... Pourquoi ce choix ? Pourquoi notamment avoir « zappé » le 6 du titre original ?

[Jean-François Camilleri] Déjà, sachez que je suis attaché aux titres français. Cela permet d'ancrer Disney dans l'inconscient collectif national et c'est un sujet qui me tient à cœur... Ensuite, notre métier, c'est aussi de « trouver le meilleur titre français » ; celui qui va le mieux parler au public sans trahir l'œuvre. Donc, cela nous prend du temps et fait l'objet d'une vraie réflexion. Dans le cas des Nouveaux Héros, qu'avons-nous voulu faire ? Pour commencer, marquer une différenciation. Au cinéma, depuis de nombreuses années, les super-héros - toujours les mêmes comme les X-Men par exemple - reviennent à des intervalles réguliers. Ainsi, en parlant de « Nouveaux Héros », nous voulons susciter la curiosité : ce sont des héros jamais vus jusqu'alors. Par ailleurs, nous n'avons pas retenu le 6 parce que nous estimons qu'il n'est pas un élément central du film. Ce n'est pas une dynamique comme le Club des Cinq ! Donc, voilà ce qui a motivé notre choix. Après, je dois vous avouer que nous sommes habitués à une levée de bouclier quand nous annonçons un titre, c'est même quand il fait l'unanimité comme La Reine des Neiges par exemple que nous sommes surpris. Plus personne ne s'en rappelle aujourd'hui mais quand nous avons choisi Le Monde de Nemo plutôt qu'À la Recherche de Nemo ou Les Indestructibles à la place des Incroyables, les critiques ont tonné. Et maintenant, ces titres paraissent pour ce qu'ils sont : les meilleurs possibles !

[Chronique Disney] Vos premières impressions sur Les Nouveaux Héros ?

[Jean-François Camilleri] C'est un film qui va être superbe à regarder. La qualité d'animation est là, l'inventivité dans les décors est exceptionnelle. Nous n'avons pas eu un film aussi riche visuellement depuis très longtemps. L'histoire est très originale, très émouvante, touchante et aussi très drôle. Cela va être un nouveau grand et beau film. Et je pense qu'en le titrant « Les Nouveaux Héros », nous ouvrons quelque chose !

[Chronique Disney] Pourquoi ne pas le sortir à Noël ?

[Jean-François Camilleri] Pour moi, ce n'est pas un film de Noël et ce n'est pas à Chronique Disney que je vais expliquer l'importance d'un Disney de Noël. Je pense qu'il faut respecter les attentes, l'instinct du public français à cette époque précise de l'année. Raiponce ou La Reine des Neiges sont des films parfaits pour Noël. Nous préférons proposer Les Nouveaux Héros en février, là où il y a moins de concurrence tout en étant une période aussi favorable que Noël en potentiel d'entrées...

[Chronique Disney] Et donc à Noël, nous aurons Benoît Brisefer - Les Taxis Rouges ; comment le sentez-vous ?

[Jean-François Camilleri] Parfaitement bien. C'est un type de film que, depuis une dizaine d'années, les producteurs français savent très bien faire, qui s'adresse à un public à la fois d'adultes nostalgiques et d'enfants de l'âge du héros (je pense là au Petit Nicolas, à L'Élève Ducobu ou à Boule & Bill). Il bénéficie, en outre, des comédiens de renom comme Jean Reno ; Gérard Jugnot qui, en plus, est un cast idéal pour réunir et plaire à toute la famille depuis ses rôles dans Les Choristes ou Monsieur Batignole. Sa notoriété est rassurante pour la famille. Le petit qui joue Benoit est aussi parfait. Ce sera un très bon film !

[Chronique Disney] Depuis votre arrivée à la tête de Disney France, vous avez considérablement fait évoluer la marque Disney et son positionnement, dans une vision stratégique globale. On peut citer pêle-mêle : Disneynature ; Disneynature | tv ; le dématérialisé (Disneytek, ABCtek, Deezer), les expositions (Pixar, 25 Ans d'Animation, L'Art des Super-Héros Marvel, Star Wars Identities, Dessins du Studio Ghibli), les collections de bandes dessinées (Carl Barks, Don Rosa, Floyd Gottfredson), les musicals (La Belle et la Bête), les concerts (La Symphonie des Grands Classiques, Pixar en Concert), le concept We Love Disney, le mécénat solidaire (Le Mal pour le Bien), l'aide à la création (Disney Art Challenge)... Toutes ses réalisations sont le fruit d'un travail de fond. Comment avez-vous procédé pour parvenir à un résultat hors norme si on le compare avec ce qui est accompli ailleurs en Europe ?

[Jean-François Camilleri] Quand en 2009, quasiment jour pour jour, je décide l'intégration de l'ensemble des services, c'est un acte fondateur de ma vision des choses. De ce que je veux réaliser avec Disney en France. Nous sommes ici dans des bureaux qui sont rares. Je ne sais pas s'il y a une seule autre entreprise à Paris de taille équivalente qui a des locaux identiques. Il n'y a aucun mur ! Une ergonomie totalement nouvelle. Tout le monde est en open-space ! Il n'y a pas un bureau Disney au monde où c'est comme cela. Et des décideurs nous visitent pour voir ce qu'ils feront eux-mêmes dans les 5 ans à venir. Car le constat est là : cela facilite l'échange et les gens communiquent mieux ensemble. Je veux mettre Disney et toutes ses marques (Marvel, Star Wars...) au centre des préoccupations de mes collaborateurs et ensuite par ricochet de l'ensemble de nos clients. Je veux que nous soyons précurseurs sur toute une série de sujets. Et c'est de là qu'une réflexion est venue, par exemple, sur la dynamique des expositions (Pixar, 25 Ans d'Animation, L'Art des Super-Héros Marvel, Star Wars Identities, Dessins du Studio Ghibli) pour ancrer nos marques dans l'inconscient culturel français. Et c'est une vraie chance pour le public hexagonal qui a accès ainsi à des évènements que les autres pays ont de quoi nous envier. Et nous envient ! Tout l'international vient voir L'Art des Super-Héros Marvel ou Pixar, 25 Ans d'Animation (Pixar moins parce qu'elle a tourné avant Paris). Marvel, nous l'avons créée ! Celle des dessins préparatoires de Ghibli, à partir du mois d'octobre, également. C'est pareil. On la fait tout seul avec le Japon : nous serons les premiers en Europe à l'avoir !

[Chronique Disney] La participation de Disney aux grands festivals (Angoulême et Annecy) a pris également beaucoup d'ampleur ?

[Jean-François Camilleri] C'est une volonté assumée d'être présent de façon ambitieuse. Désormais quand nous sommes à Angoulême, nous tenons notre rang et la collection des intégrales BD en cours chez Glénat est une résultante de cette dynamique-là. À Annecy, nous faisons chaque année des choses formidables. Le monde entier envie ce que nous avons réussi à y faire, il y a deux semaines. Pete Docter est venu et a présenté Inside Out pour la première fois au monde ! Il a choisi la France et Annecy et ce n'est pas un hasard ! Inside Out est le film d'animation le plus inventif depuis des décennies. C'est un immense évènement ! Pour présenter Festin, ce cartoon génial qui sera devant Les Nouveaux Héros ; là encore, c'est la France et Annecy qui sont choisies ! Tout comme les premières images des Nouveaux Héros en exclusivité mondiale. De même, la première occasion, en dehors du Japon, au cours de laquelle Isao Takahata a choisi de montrer son film, Le Conte de la Princesse Kaguya, est la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes.

[Chronique Disney] Votre implication dans la découverte de talent est réelle, une autre spécificité française ?

[Jean-François Camilleri] Nous sommes une société qui a été créée par des Artistes ; tout ce qui fait la force de Disney vient de l'artistique, donc, nous nous devons de rendre à l'Artistique ce qu'il nous a donné. Qui plus est en France qui est un pays qui a toujours su reconnaître les artistes. Le Disney Art Challenge, par exemple, est une grande réussite ! Nous le faisons avec le Réseau des Écoles de Cinéma d'Art et d'Animation (RECA). L'année dernière, nous avons eu cent contributions ; nous en avons trois cents cette année ! Je ne sais pas combien nous en aurons l'année prochaine ! Sur les trois cents, nous avons eu des choses de très, très grande qualité. John Lasseter va, lui-même, nous donner son top 3 et mardi prochain (le 24 juin 2014), nous organisons la remise des prix. Nous sommes le seul pays au monde à faire cela ! Et j'y tiens car nous sommes le seul peuple au monde à être obsédé par l'animation et l'art en général...

[Chronique Disney] Disney et l'art est un thème cher à Disney France ; on sent une vraie impulsion...

[Jean-François Camilleri] C'est essentiel. Disney c'est de l'art. La France est un pays qui donne à l'art et à la culture une place de choix. Il y a chez nous une place accordée à la culture qu'il n'y a pas forcément ailleurs. Si nous voulons que le public français aime encore plus Disney, il faut que nous insistions là-dessus. Tout ce que nous pourrons faire pour insister sur le fait que La Reine des Neiges est une œuvre artistique avant tout, est bénéfique pour Disney. Quand nous faisons We Love Disney, par exemple, que nous sommes les seuls à le faire (et que maintenant tous les autres pays vont reprendre !) ; nous partons du principe que la Musique est au cœur de Disney. C'est une expression artistique absolument essentielle : nous nous devons de faire vivre ses chansons. L'objectif de We Love Disney est évidemment de vendre des disques mais aussi de faire vivre notre patrimoine ! De faire vivre ces chansons mythiques en 2014, auprès d'un public qui ne les connait que dans les films et ne serait pas venu vers elles en dehors. Pour cela, nous faisons appel à la nouvelle génération de chanteurs français que ce public écoute. C'est 80 ans de traditions mises dans un CD en 2013 avec des chanteurs d'aujourd'hui !

[Chronique Disney] Le mécénat solidaire fait aussi partie du code génétique de Disney France...

[Jean-François Camilleri] Exactement. Là aussi en connexion à l'art ! Quand nous faisons Le Mal pour le Bien, nous avons eu vingt artistes incroyables (Speedy Graffito, Christian Lacroix ; Chantal Thomass...) qui ont fait des œuvres spécifiquement sur le sujet du Mal dans les films de Disney. Et le tout pour le bien : l'argent récolté pour ces œuvres (plusieurs milliers d'euros) est reversé à une association qui aide des enfants défavorisés à avoir, via l'artistique, une meilleure vie ! Les Villages Enchantés est également un projet merveilleux. Nous organisons des projections de nos films en Afrique dans des villages d'orphelins. Tout cela contribue à notre vision du monde et à notre vision de Disney dans le monde. Tout ce que nous allons faire et faisons déjà autour de Disneynature (je l'annoncerai en temps et en heure) s'inscrit dans le même objectif...


Dédicace de Jean-François Camilleri aux lecteurs de Chronique Disney

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