Olivia Flaversham

Avec la sortie des (Les) Aventures de Bernard et Bianca en 1977, les studios Disney marquent un tournant dans leur longue filmographie en réservant pour la première fois le rôle de la victime innocente à une très jeune enfant, Penny. Si les bambins avaient jusque-là été passablement épargnés, voilà qu’ils se retrouvent alors la cible des pires crapules, à l’image d’Oliver, Cody, Simba ou bien encore Olivia Flaversham, l’héroïne de Basil, Détective Privé.

Olivia Flaversham est le premier personnage à entrer en scène. Accoudée sur la table, elle partage la soirée avec son père, Hiram, qui lui a préparé la plus belle des surprises pour son anniversaire. Le fabricant de jouets a en effet fabriqué pour elle une magnifique boîte à musique renfermant une ballerine tournoyant au son d’une mélodie. « Ça alors ! Tu l’as faite rien que pour moi ! T’es le plus gentils papas de tous les papas du monde ! ». Submergée par le bonheur, la petite fille ignore que dans l’ombre, une tragédie se prépare.

Pendant qu’elle embrasse tendrement son père, quelqu’un tente de forcer la porte de la boutique. Effrayé, Hiram Flaversham cache sa fillette dans un placard et lui donne l’ordre de ne pas en ressortir. À peine a-t-il refermé la porte que soudain, l’intrus enfonce la fenêtre. S’en suit une terrible confrontation. Soulevé du sol comme un fétu de paille, Hiram Flaversham est enlevé sans aucun ménagement. Lorsqu’elle se risque enfin à sortir de sa cachette, Olivia découvre l’atelier totalement dévasté. Son père a disparu. La voilà à présent tout seule…

Totalement désemparée, Olivia se met en quête de son papa disparu. Perdue dans les rues de Londres, elle croise bientôt le chemin du docteur Dawson qui décide de lui prêter secours. Ensemble, tous les deux se présentent au 221 ½, Baker Street, chez le fameux détective Basil. Ils y sont accueillis par Madame Judson, la gouvernante qui, comme le bon docteur, tombe immédiatement sous le charme de l’enfant. L’accueil réservé par Basil, en revanche, est des plus froids. Le détective vient en effet de faire choux blanc. Dans l’incapacité de résoudre sa dernière affaire, il désespère. « Chère enfant… Là, vous tombez on ne peut plus mal… ».

Voyant bien que Basil ne souhaite pas aider la fille d’un « père fugueur », Olivia sort de ses gonds. « Il n’a pas fugué ! Il a été enlevé par une chauve-souris ! ». Par ses mots, l’enfant parvient à attirer l’attention du détective qui identifie immédiatement l’infâme Fidget, l’un des sous-fifres du Professeur Ratigan, le « Napoléon du Crime ». Tirant sur sa pipe, Basil commence à réfléchir. Olivia observe la scène avec circonspection. Soudain, le visage de Fidget apparaît à la fenêtre. Olivia se met à hurler. Basil et Dawson se lancent à la poursuivre du gredin qui a déjà pris la fuite, non sans avoir égaré sa casquette.

Le couvre-chef est un indice précieux pour retrouver la trace de la chauve-souris à jambe de bois. Préparant sa panoplie, Basil se met en quête avec enthousiasme. Invitant Dawson à l’accompagner, il refuse néanmoins d’emmener la fillette dont il écorche allègrement le nom. Il n’a toutefois pas vraiment le choix, Olivia refusant de rester là à attendre alors même que son père est en grave danger.

C’est ainsi à trois que commence l’aventure. Afin de pister Fidget, Basil, Dawson et Olivia pénètrent clandestinement dans l’appartement de Sherlock Holmes afin d’y chercher Toby, le fin limier du célèbre détective. Si Dawson est effrayé par le chien, Olivia, pour sa part, s’en fait tout de suite un ami. Grâce à Toby, la petite équipe prend le chemin d’un mystérieux magasin de jouets. À l’intérieur, elle découvre des automates totalement dépossédés de leurs rouages. Des soldats de plomb ont pour leur part été délestés de leurs costumes. Cherchant à être les plus discrets possibles, Basil et Dawson perdent de vue Olivia. Émerveillée par tous ces jouets gigantesques, elle appuie sur un levier qui met en route une boite à musique surmontée d’un orchestre. « Silence ! », ordonne Basil.

Pendant que le détective continue ses investigations, Olivia poursuit ses pérégrinations dans la boutique. Dawson, pour sa part, met la main sur une mystérieuse feuille de papier. C’est la liste des larcins accomplis par Fidget. Basil ne prête cependant pas attention au document. Plongé dans ses pensées, il s’étonne lorsque des dizaines d’automates se mettent à bouger et à faire de jouer de la musique. Des bulles s’élèvent dans les airs. Olivia remonte leur trace et arrive devant une miniature de Dumbo, l’éléphant aux grandes oreilles. Juste à côté, un petit berceau tangue de gauche à droite. La fillette se penche par-dessus. Fidget surgit alors et attrape l’enfant. Basil et Dawson sont neutralisés. La chauve-souris parvient à prendre la fuite.

Lorsqu’ils reprennent connaissance, Basil et Dawson sont sous le choc. Fidget leur a échappé. Surtout, il a kidnappé Olivia. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, l’enquête s’est transformée en un véritable fiasco. Heureusement, Dawson a pris soin de garder sur lui la liste. C’est un nouvel indice précieux pour filer la chauve-souris et sauver Olivia. Après un examen minutieux du papier, Basil parvient à remonter jusqu’aux quais du port de Londres. Le quartier est réputé pour être un repaire de brigands. Mal famé, l’endroit est l’antichambre du repaire de Ratigan qui détient désormais Olivia. Il peut dès lors faire chanter Hiram Flaversham et l’obliger à exécuter son plan. Souhaitant par-dessus tout qu’il ne soit fait aucun mal à sa chère enfant, le fabriquant de jouet accepte de construire un robot grâce auquel le sinistre rat parviendra à éliminer la Reine et prendre le pouvoir.

En attendant qu’Hiram Flaversham termine sa machine, Olivia est précieusement enfermée dans une bouteille en verre. Parvenant à pénétrer clandestinement dans la cachette de Ratigan, Basil et Dawson sont à leur tour capturés. Condamnés à mort par leur ennemi, tous les deux imaginent que leur dernière heure est arrivée. Grâce aux mots de Dawson et une fulgurance de son esprit, Basil réussit heureusement à déjouer la machine mortelle de Ratigan. Olivia est elle aussi délivrée. Reste maintenant à sauver la Reine, sa couronne et le royaume tout entier !

Sans tarder, Basil, Dawson, Olivia et Toby se mettent en route pour Buckingham Palace où Ratigan a déjà mis en marche sa sombre machination. Ligotée par Fidget, la Reine Moustoria est sur le point d’être dévorée par la chatte Félicia. Pendant ce temps, Ratigan berne la cour grâce au clone mécanique de la souveraine. Tout le monde apprend, stupéfait, que dorénavant, les rênes du pays sont entre ses mains. Le rat triomphe enfin.

Mais c’est sans compter sur Basil qui déjoue tous ses plans. Son complot réduit à néant, Ratigan n’a d’autre issue que d’embarquer dans son dirigeable et de fuir. Afin de conserver l’avantage, il emporte avec lui la pauvre Olivia, une fois de plus captive. « Ne bougez pas ! Ou c’est la mort pour elle !!! ». Grâce à une boîte d’allumettes attachée à des ballons de baudruche rassemblés sous l’Union Jack, Basil, Dawson et Flaversham s’élèvent à leur tour dans le ciel. De son côté, Olivia refuse de se laisser faire. « Attendez un peu ! Basil est plus fort que vous ! Il va vous mettre sous les verrous ! Et c’est pas un rat moche, vieux et gros qui lui fait peur ! ».

Perdant patience, Ratigan hurle sur la pauvre petite, terrifiée. La montgolfière de Basil surgit soudain. Se débarrassant de Fidget, le rat prend lui-même les commandes de son dirigeable. Envahi par la colère, il fonce tête baissée dans le ciel de Londres. Fulminant, il termine finalement sa course dans le cadran de Big-Ben. Projetés à l’intérieur de l’horloge, Basil et Ratigan s’affrontent une ultime fois sous le regard d’Olivia, sauvée in-extremis par la souris détective qui parvient à l’extraire des rouages pour la ramener saine et sauve auprès de son père et de Dawson.

Après un ultime combat sur l’une des aiguilles de Big-Ben, Ratigan se tue en tombant du haut de la tour de Westminster. Bien qu’il soit passé très près de la mort, Basil a gagné. De retour chez lui, il assiste avec émotions aux retrouvailles d’Hiram et d’Olivia dont il ne parvient toujours pas à prononcer le nom. « Docteur Dawson, vous avez été génial ». La petite fille remercie son protecteur. « Au revoir, Basil. Je penserai toujours à vous ». le sourire jusqu’aux oreilles, Olivia est rayonnante de bonheur au moment de partir avec son cher papa. Happy End!

Lorsque débute la production de Basil, Détective Privé au milieu des années 1980, les scénaristes de Disney disposent de nombreuses sources d’inspiration. Basil, le personnage créé par l’écrivaine Eve Titus et l’illustrateur Paul Galdone, est en effet le héros de plusieurs enquêtes réparties dans cinq romans. Dans Basil of Baker Street (1958), le célèbre détective et son acolyte Dawson arpentent le port de Londres et la campagne anglaise pour retrouver des jumeaux disparus de Mr. Et Mrs. Proudfoot. Dans Basil and the Lost Colony (1964), la souris dirige cette fois une expédition vers la colonie perdue de Tellmice avec Ratigan et sa bande à ses trousses. Dans Basil and the Cave of Cats (1971), elle enquête sur la mystérieuse légende des chats pygmées. Dans Basil in Mexico (1976), Basil s’embarque pour le Mexique où il tente de retrouver la célèbre toile représentant Mousa Lisa. Enfin, dans Basil in the Wild West (1982), Dawson et lui sont plongés au cœur du Far West face à des contrebandiers puis à une étrange « chose » qui terrorise les clients de l’Hôtel Hathaway.

Les idées ne manquent pas, donc. Pourtant, les auteurs de Disney prennent la décision de partir dans une autre direction et de créer une enquête totalement inédite. Pour ce faire, les personnages principaux des romans, Basil, Dawson et Ratigan, sont convoqués. Autour d’eux, plusieurs protagonistes totalement nouveaux sont ajoutés, à commencer par les deux victimes, Hiram Flaversham et sa petite fille, Olivia.

Esquisses d'Olivia Flaversham

Olivia apparaît sous les traits d’une charmante petite souris. Peut-être âgée de cinq ou six ans, elle vit seule avec son père, Hiram, un fabricant de jouets installé à Londres. Lors de son premier échange avec Basil, elle précise qu’elle n’a plus de maman. Chacun peut imaginer que l’enfant est donc orpheline de mère, même si aucune précision n’est apportée à ce sujet dans le scénario. Sa tenue est composée d’une chemise rehaussée d’un col blanc et d’une lavallière verte. Sa jupe en tartan bleu, son béret surmonté d’un pompon rouge et son écharpe rayée rappellent les origines écossaises de sa famille. À la fin du film, Hiram Flaversham presse la fillette de dire au revoir afin d’être à l’heure pour prendre le train. Peut-être la petite famille a-t-elle pris la décision de quitter la capitale anglaise pour rentrer au pays.

Feuilles de modèles

En structurant le personnage d’Olivia, les artistes de Disney réutilisent plusieurs ingrédients très présents dans la filmographie des studios. Olivia est tout d’abord une héroïne dont la famille a partiellement volé en éclats. Comme Ariel, Belle, Jasmine, Pocahontas, Jane Porter ou Kida, elle est orpheline de mère. Surtout, Olivia inscrit son nom à la liste des enfants maltraités par des méchants sans scrupules. Elle succède ainsi à Penny, l’héroïne des (Les) Aventures de Bernard et Bianca victime des machinations de Madame Médusa. Elle précède Jennifer Foxworth et Oliver confrontés à Bill Sykes dans Oliver & Compagnie, ainsi que Cody qui fait face à McLeach dans Bernard et Bianca au Pays des Kangourous. Si Penny, Jennifer et Oliver subissent les événements, Olivia – comme Cody – décide de prendre les choses en main et de réagir, allant jusqu’à s’opposer frontalement avec son ennemi.

L’animation d’Olivia Flaversham est supervisée par Rob Minkoff. Originaire de Palo Alto, en Californie, où il voit le jour le 11 août 1962, l’artiste se passionne pour l’animation dès l’âge de quinze ans lorsqu’il découvre le livre The Art of Walt Disney écrit par Christopher Finch. Subjugué par les dessins produits par les vétérans, il termine le lycée puis intègre l’Institut CalArts avant d’être engagé comme stagiaire par les studios Disney en 1982. Apprenant le métier auprès d’Eric Larson, il officie comme intervalliste sur Taram et le Chaudron Magique avant d’hériter d’Olivia dans Basil, Détective Privé. Concepteur des personnages du (Le) Petit Grille-Pain Courageux, il est l’auteur de la chanson Bonne Compagnie dans Oliver & Compagnie. Il travaille ensuite sur La Petite Sirène avant d’être promu réalisateur de Bobo Bidon et Lapin Looping. Un temps envisagé pour diriger Bernard et Bianca au Pays des Kangourous et La Belle et la Bête, il réalise Mickey’s Audition projeté aux Disney-MGM Studios (actuels Disney’s Hollywood Studios), puis Le Roi Lion aux côtés de Roger Allers. Désireux de superviser un film en prises de vues réelles, Rob Minkoff quitte Disney et rejoint Columbia Pictures pour qui il réalise Stuart Little et sa suite. De retour chez Disney, il est engagé comme réalisateur du (Le) Manoir Hanté et les 999 Fantômes. À la tête de sa propre société de production, Sprocketdyne, il signe M. Peabody et Sherman : Les Voyages dans le Temps distribué par DreamWorks, S.K.G.. Minkoff complète sa filmographie avec la série Anna Dewdney diffusée sur Netflix et les longs-métrages Le Royaume Interdit, Hold-Up et Samouraï Academy.

En version originale, le rôle d’Olivia est interprété par Susanne Pollatschek. Née le 7 février 1977 à Glasgow, en Écosse, la comédienne a huit ans lorsqu’elle est sélectionnée pour enregistrer ses lignes de dialogue directement depuis Londres, quand le reste de la distribution travaille pour sa part dans les studios Disney de Burbank. Elle n’est depuis connue pour aucun autre rôle au cinéma.

En France, la petite souris est vocalisée par Barbara Tissier. Née à Sarcelles le 21 mai 1972, l’actrice est encore adolescente lorsqu’elle remporte le rôle. Elle est alors au début d’une remarquable carrière dans le doublage. Barbara Tissier prête en effet sa voix à des dizaines de comédiennes telles que Cameron Diaz, Fairuza Balk, Jennie Garth, Raven-Symoné et Miranda Otto dans la saga Le Seigneur des Anneaux. Côté animation, elle incarne Anastasie, Lady, la princesse Eilonwy, Jessie, Julieta Madrigal et, chez le concurrent Warner, Mémé, Babs Bunny et Dot dans Animaniacs. Interprète de la princesse Fiona dans Shrek, Barbara Tissier officie aussi comme directrice artistique sur pléthores de longs-métrages au nombre desquels Tarzan, Dinosaure, Lilo & Stitch, Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire, Le Monde de Narnia – Chapitre 1 : Le Lion, la Sorcière Blanche et l’Armoire Magique, Il Était une Fois, Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street, Alice au Pays des Merveilles, Raiponce, Le Hobbit, Cendrillon ou bien encore Peter et Elliott le Dragon, Les Animaux Fantastiques, The Greatest Showman, Jojo Rabbit, Barbie et Wish - Asha et la Bonne Étoile.

Olivia Flaversham apparaît furtivement à deux reprises dans le court-métrage Il Était une Fois un Studio produit en 2023 pour célébrer en grandes pompes le centenaire des studios d’animation Disney. La première fois, elle écoute Pocahontas qui entonne quelques mots de la chanson Quand on prie la bonne étoile.

La seconde fois, l’enfant est visible aux côtés de Basil et du docteur Dawson, débout sur le parechoc de Susie, le petit coupé bleu, au moment où Dingo prend la grande photo de famille sur l’esplanade du Roy E. Disney Animation Building.

Comme les autres protagonistes principaux, Olivia Flaversham apparaît dans l’adaptation de Basil, Détective Privé en bande dessinée. La petite souris apparaît en outre dans The Sideshow Sea Beast, une histoire inédite parue dans le numéro de novembre 2007 de la revue Disney Adventures. Étonnamment, elle y fait équipe avec Toby et la chauve-souris Fidget, désormais repentie. Ensemble, tous les trois se rendent à la fête foraine où une mystérieuse créature marine est exposée. Olivia parvient alors à sauver Fidget, pris dans les griffes du monstre, et à rendre à ce dernier sa liberté en le conduisant jusqu’à la mer.

Du côté des rares produits dérivés de Basil, Détective Privé, Olivia Flaversham apparaît sur quelques accessoires, notamment des pins. La marque Funko POP! a également édité une figurine à son effigie.

Olivia Flaversham apparaît sur trois cartes faisant partie du set associé au professeur Ratigan dans La Fin est Proche, l’une des extensions du jeu de société Disney Villainous.

L’image d’Olivia est également reprise dans le jeu de cartes Disney Lorcana.

Adorable petite fille souriant à la vie, Olivia Flaversham est une héroïne charmante et courageuse qui, malgré son jeune âge, accepte de braver le danger et de partir à l’aventure pour venir à la rescousse de son pauvre père victime de la mégalomanie du professeur Ratigan.