Titre original :
Wish
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 22 novembre 2023
Genre :
Animation 3D / Animation 2D
Réalisation :
Chris Buck
Fawn Veerasunthorn
Musique :
Dave Metzger
Julia Michaels
Benjamin Rice
Durée :
95 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Asha, jeune fille de 17 ans à l’esprit vif et dévouée à ses proches, vit au Royaume de Rosas, une contrée où tous les souhaits peuvent littéralement s’exaucer. Pourtant, dans un moment de désespoir, elle adresse un vœu directement aux étoiles auquel va soudainement répondre une force cosmique mue en petite boule d’énergie infinie prénommée Star...

La critique

rédigée par
Publiée le 21 novembre 2023

Les Walt Disney Animation Studios fêtent leur cent ans. Wish - Asha et la Bonne Étoile se devait donc de marquer l'apogée des festivités de cet anniversaire où les studios rendent hommage à un centenaire de magie et de rêve. Pour l'occasion, ils offrent ainsi un film qui fait le pont entre le passé et l'avenir, revenant à une narration classique, entre son méchant emblématique et son récit enchanteur, tout en proposant une direction artistique inédite et stylisée mélangeant l'aspect graphique de l'animation traditionnelle avec les volumes de l'animation 3D. Le long-métrage s'avère alors un petit bijou aux personnages attachants, aux musiques entêtantes, aux visuels époustouflants, aux clins d'œil sympathiques et au message universel qui parlera à tous les spectateurs, petits comme grands.

Les années 2020 sont plutôt difficiles pour toutes les filiales des studios Disney. Et les Walt Disney Animation Studios ne font malheureusement pas exception. Son dernier succès, La Reine des Neiges II, remonte ainsi à 2019 et semble déjà loin. Les nouvelles aventures d'Anna et d'Elsa sont à l'époque un véritable un triomphe, rapportant 1,447 milliard de dollars dans le monde, le plus gros score du studio et le deuxième box-office historique pour un film d'animation, battu seulement par les 1,654 milliard de dollars du remake du (Le) Roi Lion sorti la même année. Prévu pour Noël 2020, Raya et le Dernier Dragon se voit lui décalé à mars 2021 à cause de la pandémie de la COVID-19. Disney décide finalement de le sortir conjointement sur Disney+ et au cinéma. En France, en raison du confinement de la population et de nombreux décalages, il est proposé uniquement sur la plateforme de streaming trois mois après le reste du monde. La conséquence de cette sortie hybride est sans appel : le film ne rapporte que 130 millions de dollars au box-office. En novembre 2021, Encanto, la Fantastique Famille Madrigal sort également dans les salles alors que la pandémie de COVID-19 sévit toujours avec son variant Omicron. Résultat, le long-métrage fait à peine mieux avec un résultat de 256 millions de dollars même s'il marche très bien en France, où il totalise 3 229 762 entrées. Il faut dire que le nouveau film n'a pas le temps de s'installer dans la durée puisqu'il ne reste qu'un seul mois à l'affiche avant son arrivée sur Disney+, partout dans le monde à l'exception notable de la France (chronologie des médias oblige), à partir du 24 décembre 2021 pour le réveillon de Noël. Et c'est d'ailleurs à ce moment-là que la popularité du film explose sur les réseaux sociaux, faisant de la chanson Ne Parlons pas de Bruno le hit Disney que personne n'attendait et que pourtant tout le monde fredonne. Avalonia, l'Étrange Voyage, le dernier en date, est en revanche un véritable accident industriel, rapportant seulement 73 millions de dollars dans le monde ; le chiffre le plus bas depuis Winnie l'Ourson en 2011. La conséquence de cet échec monumental est qu'il fait perdre près de 100 millions de dollars aux studios Disney tout en faisant douter de sa capacité à plaire désormais au public des années 2020. Les Walt Disney Animation Studios ont donc besoin d'un succès, même d'estime, pour redorer leur image ; un peu comme Pixar un peu plus tôt dans l'année avec Élémentaire.

Wish - Asha et la Bonne Étoile vient d'une idée de Jennifer Lee qui tient ici le rôle de scénariste. Elle rejoint les Walt Disney Animation Studios en mars 2011, déjà en qualité de scénariste pour la comédie d'aventure Les Mondes de Ralph. Fin 2012, la Direction des studios Disney décide de la nommer coréalisatrice de La Reine des Neiges, devenant ainsi la première femme du label à être placée à ce poste. Le succès du film lui permet évidemment de gravir les échelons et de montrer tout son talent. Elle rentre dans le « story trust » (un processus qui consiste à faire se réunir tous les réalisateurs du studio afin de parler des œuvres en cours de développement) et contribue au succès de films comme Les Nouveaux Héros, Zootopie ou Ralph 2.0. Elle fait une petite escapade en dehors des studios en écrivant le script d'Un Raccourci dans le Temps, le long-métrage Disney à prises de vues réelles, adaptant là l'un de ses romans préférés. Malheureusement, l'opus est un flop retentissant. En juin 2018, après le départ de John Lasseter à la suite d'accusations de conduite déplacée vis-à-vis d'employées, Bob Iger la nomme à la tête des Walt Disney Animation Studios en tant que cheffe de création où elle installe une organisation plus collégiale autour du « story trust ». L'année suivante, elle reprend son rôle de réalisatrice sur La Reine des Neiges II qui devient rapidement à son tour le plus gros succès du studio.

Elle confie ensuite la réalisation de Wish - Asha et la Bonne Étoile à son collègue fétiche, Chris Buck. Né à Wichita (Kansas), il étudie l'animation de personnages à CalArts avant de commencer sa carrière chez Disney en tant qu'animateur sur Rox et Rouky en 1981. Il travaille ensuite sur l'animation du cartoon Fun with Mr. Future et celle du moyen-métrage Footmania pour Dingo ; sur le design des personnages du (Le) Petit Grille-Pain Courageux ; sur l'animation d'Oliver & Compagnie ; sur le design des personnages de La Petite Sirène et de Bernard et Bianca au Pays des Kangourous. Sur Pocahontas, une Légende Indienne, sorti en 1995, il supervise l'animation de trois personnages : Percy (le chien de Ratcliffe), la mystique Grand-Mère Feuillage, et le domestique Wiggins. Il assume par la suite, avec Kevin Lima, sa première réalisation avec Tarzan en 1999. Après avoir été superviseur de l'animation sur le personnage de Maggie dans La Ferme se Rebelle, il quitte les studios Disney pour revenir à la réalisation dans le film Les Rois de la Glisse pour Sony Pictures Animation. Il retrouve ensuite les studios de Mickey pour signer la réalisation de son troisième long-métrage, La Reine des Neiges. Il reste depuis attaché à la franchise en ayant réalisé La Reine des Neiges : Une Fête Givrée ainsi que le film La Reine des Neiges II.

Chris Buck est secondé à la réalisation par Fawn Veerasunthorn. Née et élevée à Chonburi en Thaïlande, elle est fascinée par l'animation Disney depuis qu'elle a vu le film Dumbo quand elle était petite. Elle envoie alors ses croquis à un animateur thaïlandais travaillant à Walt Disney Feature Animation en Floride qui lui conseille de venir faire des études aux États-Unis. Après son diplôme au Columbus College of Art and Design, elle débute dans la profession en 2006 en travaillant chez différents studios dont Warner Bros. Animation, Nickelodeon Animation Studios et Illumination. Pour ce dernier, elle est au générique du (Le) Lorax et de Moi, Moche et Méchant 2 en tant qu'artiste de storyboard et scénariste. Elle rentre finalement chez les Walt Disney Animation Studios en 2011 au même poste et œuvre sur les histoires de La Reine des Neiges, Zootopie, Vaiana, la Légende du Bout du Monde et Ralph 2.0. Elle est promue scénariste en chef sur Raya et le Dernier Dragon tandis que Wish - Asha et la Bonne Étoile marque sa première incursion au poste de réalisatrice.

L'origine de Wish - Asha et la Bonne Étoile remonte donc à 2018 selon une idée de Jennifer Lee, peu de temps après qu'elle est devenue la responsable créative des Walt Disney Animation Studios. Elle imagine un film célébrant l'héritage de l'animation Disney tout en fêtant dignement les cent ans des studios. Elle discute alors de son projet avec Chris Buck tandis qu'ils sont tous deux en train de finir de réaliser La Reine des Neiges II. Très vite, ils rassemblent de nombreux sketches des précédents films tout en analysant les différents bonds technologiques opérés durant ce centenaire : de la caméra multiplane, à la Xerox en passant par l'outil CAPS (Computer Animation Postproduction System) jusqu'à l'arrivée de la CGI (Computer-Generated Imagery). Les artistes Disney cherchent alors à revenir à la source des contes de fées, là où l'étoile des souhaits trouve son origine. Ils décident de placer leur histoire dans un lieu fictif mais pourtant globalement géolocalisé sur Terre, puisque son emplacement est précisément indiqué dans le long-métrage. Le Royaume de Rosas est ainsi une île à mi-chemin entre la péninsule ibérique et le continent nord-africain, l'action se déroulant elle au Moyen Âge. L'influence de nombreuses civilisations se fait donc sentir dans un melting-pot de cultures et d'arts ; l'île étant au carrefour des ambiances occidentales et orientales.

Wish - Asha et la Bonne Étoile possède un récit plutôt classique et simple, qui revient, en un sens, à l'essence même des histoires des films Disney dans un style très proche de ceux notamment des années 1950 et 1990. Ce classicisme a une conséquence inattendue : celle d'avoir l'une des structures d'histoire les mieux construites de ces dernières années au sein des Walt Disney Animation Studios. Tout est fluide et naturel, sans temps mort, dans un des films les plus courts des studios depuis une vingtaine d'année. Le découpage en trois actes est clair avec un premier qui introduit les personnages et les enjeux, un second qui apporte un changement qui va permettre à l'héroïne d'accomplir son souhait et le troisième acte qui sert de climax. Même si le récit va à cent à l'heure, il arrive pourtant à laisser quelques petites touches de calme où le personnage principal arrive à se poser et à réfléchir à ce qui lui arrive. Peut-être que quelques secondes supplémentaires dans ces moments-là les auraient rendu encore plus intenses mais c'est selon le ressenti de chacun. Surtout que les chansons permettent d’approfondir le questionnement des personnages et servent justement à rendre l'ensemble plus dynamique. Là encore, l'écriture et la répartition des ritournelles sont sûrement parmi les plus évidentes et les plus cohérentes de ces dernières années chez le studio. S'il avait été reproché à La Reine des Neiges d'avoir ses chansons ramassées sur les deux premiers actes ou encore à Encanto, la Fantastique Famille Madrigal de voir certaines de ses ritournelles faire du remplissage, notamment celles des deux sœurs, Wish - Asha et la Bonne Étoile, bien que possédant sept chansons, parvient à justifier leur utilité tout en les répartissant admirablement bien durant tout le film. Le spectateur ne ressent alors ni overdose ni artificialité.

Si Wish - Asha et la Bonne Étoile possède un récit simple et classique, il n'en est pas pour autant simpliste et sans enjeu. En réalité, le long-métrage propose un double niveau de lecture qui, s'il peut passer pour enfantin en surface, offre au final une portée philosophique invitant à la réflexion. La thématique du film est la capacité de chacun à rêver et à souhaiter que son vœu le plus cher se réalise. Il y a ainsi dans le film un message plein d'innocence et de magie, qui pourrait passer à tort pour de la naïveté. Pourtant, dans un monde sombre où la violence est présente partout, dans les actualités rapportant les guerres en cours tout comme dans les commentaires sur les réseaux sociaux, avoir une œuvre qui rappelle qu'un simple vœu est ce qu'il y a de plus beau et de plus précieux en chacun de soi est incroyablement réconfortant. Les espoirs, les envies sont une part importante des gens, et souvent ce qui les caractérise, voire qui sont l'âme même des personnes. Que se passe-t-il alors lorsque le souvenir du vœu le plus cher est enlevé à une personne ? Est-ce qu'une partie d'elle-même lui est retirée ? Et surtout, est-ce que la vérité doit être avouée à une personne pour qu'elle connaisse le vœu qui lui a été confisqué, et donc la part d'elle-même amputée ? Doit-elle savoir ce qu'elle désirait tant même si, au final, elle sait qu'elle n'arrivera pas à l'accomplir ? Vaut-il mieux rester dans l'ignorance ou tenter coûte que coûte de réussir à accomplir ses rêves même jugés impossibles ? Ce sont en substance à toutes ces interrogations que le film, via son personnage principal - la belle et pétillante Asha - tente de répondre ou du moins d'amener son public à y réfléchir.

Mais en creusant plus, Wish - Asha et la Bonne Étoile tient aussi un discours politique intéressant. Que se passerait-il si un souverain récupérait les vœux de son peuple, dans le but de les protéger, mais aussi de garder sa communauté dans l'harmonie et la paix ? Sous prétexte de bienveillance, ne se cache-t-il pas une tentation de contrôle ? Le monarque veut soustraire ses sujets à l'effort, souvent vain, pour les réaliser. Mais au final ne fait-il pas que les priver d'une part d'eux-même, la meilleure ? Souvent, en effet, ce désir est si puissant qu'ils pensent ne pas pouvoir l'accomplir. Le Roi est alors le seul à avoir la capacité de réaliser les souhaits de ses sujets. Mais le souverain est également le seul à décider quel vœu est bon pour eux et / ou pour le Royaume de Rosas, choisissant de n'en exaucer finalement qu'une infime partie. Mais est-ce bien sain ? Car, aussi sage et avisé soit-il, un seul homme peut-il avoir le droit d'accomplissement de tous les désirs d'une nation ? Et justement, en leur enlevant tout souvenir de leur meilleur partie d'eux-mêmes, est-ce que le Roi ne rend pas indirectement ses sujets soumis afin d'asseoir son pouvoir ? En leur promettant sécurité et tranquillité, il leur donne une vie en apparence sereine mais leur ôte tout sel leur permettant un accomplissement personnel afin de réaliser leur désir aussi impossible qu'il soit. Et malheureusement, en anesthésiant ainsi sa population, quel contre-pouvoir reste en capacité de l'empêcher de perdre pied s'il lui venait l'envie de protéger son autorité à tout prix ? Que se passerait-il si, d'un roi bienveillant, il devenait un dictateur tout puissant ? Ce sont tous ces questionnements, incroyablement d'actualité, que Wish - Asha et la Bonne Étoile offre en sous-texte, prouvant encore une fois que l'espoir et les souhaits de chacun sont les biens les plus précieux que tout un chacun possède et qui doivent être chéris comme le plus beau des trésors.

Il faut néanmoins rappeler que Wish - Asha et la Bonne Étoile est surtout un vrai film pour toute la famille avec plusieurs niveaux de lecture. Les enfants y trouveront ainsi un enchantement de tous les instants plein de magie, d'animaux qui parlent, de personnages attachants dont une jolie étoile anthropomorphe et de bons sentiments prônant aussi bien l'amitié que la propension à rêver. La notion même de souhait ou de vœu est sûrement la thématique la plus intemporelle, universelle et intergénérationnelle qui soit. Priez la bonne étoile est ainsi l'un des actes que toute personne fait tout le long de sa vie, de son enfance à ses derniers instants. Et la magie qui en découle est encore plus facilement accessible aux enfants, toujours prêts à croire au merveilleux. Qui plus est, la représentation des vœux par une sphère renvoyant l'image de ce qu'il y a au fond du cœur des gens est une métaphore aussi simple que poétique. Surtout qu'ici les enjeux sont clairs et évidents avec un méchant qui l'est réellement et dont la dangerosité s'affirme au fur et à mesure du long-métrage. Le film propose, en plus, une fin particulièrement épique où non seulement l'héroïne risque sa vie mais où c'est tout le Royaume de Rosas qui est sur le point de sombrer dans un enfer que les habitants ne pouvaient imaginer, étant justement venus s'y installer pour fuir ce genre de danger. Il est alors difficile de ne pas lâcher sa larme lors d'un climax aussi poignant qu'inspirant. Ce moment en particulier est clairement l'élément qui donne sa force à Wish - Asha et la Bonne Étoile et le sublime. Cette séquence est peut-être l'une des fins les plus impactantes des Walt Disney Animation Studios depuis La Reine des Neiges, rappelant même certaines fins mythiques comme celles de La Belle au Bois Dormant, de La Petite Sirène ou d'Aladdin.

Au-delà de son récit, l'autre grande force du film est sa galerie de personnages. Asha est notamment une nouvelle héroïne pétillante dont Disney a le secret. Fille d'un père d'origine ibérique, malheureusement défunt, et d'une mère nord-africaine, elle est une jeune fille, bientôt majeure, pleine de joie et de vie. Ayant tendance à beaucoup parler quand elle est peu sûre d'elle, elle compense son petit manque de confiance en elle par une détermination à toute épreuve. Née sur l'île du Royaume de Rosas, elle est entièrement dédiée à sa famille et sa communauté. C'est pour cela qu'elle postule pour le poste d'assistante du roi, afin de l'aider dans sa gestion quotidienne des vœux. Si aux premiers abords, la jeune fille et le monarque semblent partager la même philosophie, Asha se rend compte que la vérité est bien moins idyllique qu'elle ne le pense. Sûre de ses convictions, elle fait comprendre au souverain que sa vision des choses est fausse, quitte à prendre le risque de passer pour une idéaliste, voire une conspirationniste. Ce qui arrive malheureusement... Totalement dépassée et incomprise, elle se tourne alors vers le ciel pour lui venir en aide. Et quand le miracle se produit, elle décide alors de tout mettre en œuvre pour aider sa famille et sa communauté à retrouver le bonheur qu'elle sait perdu. Le personnage est ainsi vraiment attachant, aidé par un design parfait, que cela soit son visage avec ses taches de rousseur, sa belle chevelure ou sa robe mauve dans le style médiéval. Sa voix n'est pas en reste en anglais grâce au talent de l'extraordinaire actrice oscarisée Ariana DeBose (West Side Story) mais aussi en français avec Océane Demontis.

Le Roi Magnifico est, quant à lui, un vrai méchant dans la pure tradition Disney comme il n'y en avait pas eu depuis Mère Gothel dans Raiponce en 2010. Le souverain du Royaume de Rosas est un petit mélange de ses prédécesseurs : magicien comme Maléfique, persuadé d'être du côté du bien comme Claude Frollo, se sachant charmant comme Gaston et enfin manipulateur comme Mère Gothel. Ce qui est véritablement intéressant dans le personnage est son évolution tout au long du récit. Au premier abord, il semble charmant et bienveillant. Pourtant, très vite, au-delà du vernis, un zeste de supériorité se fait sentir. Persuadé d'avoir la sagesse nécessaire pour décider ce qui est bon ou non pour son royaume et ses habitants, il refuse que quelqu'un lui tienne tête. Il se montre alors revanchard et blessant. Mais au fur et à mesure que son autorité est défiée, il plonge de plus en plus dans un cercle infernal grâce à une force extérieure particulièrement dangereuse. Le pouvoir et la puissance qu'il en obtient ne lui suffisent alors plus et en appellent toujours plus, quitte pour cela à transformer ses sujets en outils afin d'assouvir ses ambitions désormais démesurées et sans borne. Il faut saluer ici le travail de Chris Pine (The Finest Hours) en version anglaise qui sait passer du roi bienveillant au fou assoiffé de puissance. Lambert Wilson en français s'en sort tout aussi bien, en étant particulièrement convaincant.

Star est sûrement la plus belle trouvaille du film et le personnage le plus emblématique des Walt Disney Animation Studios depuis bien longtemps. Il puise son origine dans les nombreux films où les héros ont prié leur Bonne Étoile pour que leur souhait se réalise, de Pinocchio à Vaiana, la Légende du Bout du Monde en passant par La Princesse et la Grenouille. Après de nombreux essais, les artistes Disney ont vite compris qu'un personnage de pantomime était la meilleure façon de le rendre attachant. Il est vrai que les amis qui sont à la fois conscience et ange gardien sont nombreux dans la filmographie du studio. Et celui qui se rapproche le plus de Star, sa taille mise à part, est peut-être Elliott le fameux dragon qui apporte joie, espoir et réconfort au jeune Peter. Pour son apparence, les animateurs se sont inspirés d'une scène abandonnée de la chanson Un Jour mon Prince Viendra où Blanche Neige rêve qu'elle danse avec son prince au milieu d'une ronde d'étoiles anthropomorphes. Pour les expressions du visage, ils ont repris, par contre, celles de Mickey Mouse, décidément expressives. Star est donc un personnage fortement lié à Walt Disney et à tout ce que son œuvre représente. Ses interventions sont vraiment adorables et grâce à sa joie et son innocence, il est la lumière qui guide les pas et les décisions d'Asha. Le personnage est tellement attachant et adorable qu'il brille, dans tous les sens du terme, à chaque fois qu'il apparait.

Les tout-petits apprécieront quant à eux particulièrement Valentino, un petit chevreau habillé d'un pyjama. Mignon comme tout, il suit Asha partout, étant à la fois son animal de compagnie et son ami. Grâce à Star, il obtient le don de la parole avec, étrangement, une voix de velours ne représentant pas du tout son âge de quelques semaines. Le personnage est ainsi l'acolyte typique des productions Disney, adorable, maladroit et un peu bavard. Les bambins, plus que les adultes, s'amuseront sûrement de sa propension à faire de nombreuses blagues sur son arrière-train. Le génial Alan Tudyk, présent dans littéralement tous les films des studios depuis Les Mondes de Ralph où il doubla Sa Sucrerie, apporte à Valentino toute sa chaleur en anglais. Ce n'est malheureusement pas le cas dans la langue de Molière, Disney France ayant choisi Gérard Darmon qui est monocorde et rend le personnage bien plus insipide. Le doubleur professionnel Bernard Alane entendu dans la bande-annonce était autrement plus convaincant...

Parmi les autres personnages, il sera noté le groupe surnommé par les artistes les « ados ». Au nombre de sept, à peu près du même âge qu'Asha, ils sont les meilleurs amis de la jeune fille, à la fois confidents et protecteurs. Inspirés par les sept nains de Blanche Neige et les Sept Nains, ils reprennent certains traits de caractères de leurs modèles tandis que leurs habits rappellent les couleurs de ceux de leurs aînés. Il y a ainsi Dahlia (Prof), Gabo (Grincheux), Hal (Joyeux), Simon (Dormeur), Safi (Atchoum), Dario (Simplet) et Bazeema (Timide). Ils auraient pu n'être qu'un artifice dans le but de faire un gros caméo du premier long-métrage Disney ; ce sont en réalité des personnages importants dont le rôle grandit au fur et à mesure du récit.
Il en est de même pour la Reine Amaya. L'épouse du Roi Roi Magnifico est une souveraine douce et attentionnée, qui est toute dévolue au bien-être de son peuple et croit à la bienveillance de son mari. Elle est persuadée qu'il est capable de faire les bons choix pour son royaume et pour ses sujets mais elle est tout à fait capable de se montrer franche avec lui si elle pense qu'il ne va pas dans la bonne direction. En anglais, Angelique Cabral se voit confier le rôle tandis qu'en français c'est la grande Isabelle Adjani qui joue la monarque dans sa version parlée. Elle revient chez Disney après Raiponce où elle avait déjà incarnée une superbe Mère Gothel. Dans la version chantée, le rôle est en revanche tenu par Sophie Delmas, qui avait tenu la même fonction dans le film de 2010.

Côté bande originale, les Walt Disney Animation Studios font appel à une nouvelle compositrice pour les chansons, Julia Michaels, la plus jeune musicienne jamais choisie à ce poste par le studio. Elle a déjà travaillé auparavant pour The Walt Disney Company en chantant In This Place dans Ralph 2.0 composée par Alan Menken mais aussi en écrivant quelques chansons de la série Disney Channel Austin & Ally. Elle est secondée sur Wish - Asha et la Bonne Étoile par Benjamin Rice, producteur musical et parolier. Les chansons s'avèrent alors particulièrement entêtantes, toutes autant qu'elles sont, et s'écoutent en boucle avec un plaisir intact. Au nombre de sept dont une entendue dans le générique auquel se rajoute une reprise, chacune d'elles fait avancer l'histoire et épouse une fonction bien précise dans le récit.
La première, Bienvenue à Rosas (Welcome to Rosas), permet de découvrir le Royaume, son fonctionnement et ses mœurs ; la visite étant faite par Asha elle-même. La chanson est incroyablement solaire avec ses influences espagnoles, des castagnettes aux sons de guitares sans oublier les superbes chorégraphies rappelant le flamenco.
Ma Promesse (At All Costs) est sûrement la chanson la plus inhabituelle du film en cela que l'héroïne et le méchant sont à ce moment à l’unisson et semblent sur la même longueur d'onde sur leur envie de protéger Rosas et les souhaits de ses habitants.
Je Fais le Vœu (This Wish) est la traditionnelle « I Want Song » où l'héroïne parle de ses désirs et de ses attentes. La chanson est tout simplement superbe, rehaussée par un visuel spectaculaire qui rappelle Hercule et Pocahontas, une Légende Indienne.
Tous des Étoiles (I'm a Star) est une chanson étonnante dans ses sonorités tout en étant classique dans la forme. Il y a toujours eu des chansons joyeuses interprétées par des animaux qui parlent, de Sous l'Océan dans La Petite Sirène à Humains pour la Vie dans La Princesse et la Grenouille. Mélange de jazz et de rap, chantée par 28 solistes, non seulement elle est ici particulièrement amusante et magique mais en plus son message est inspirant, clamant que toutes les créatures sont faites de la même poussière d'étoile. Alors qu'elle explique l'origine de Star, la traduction française lui fait malheureusement perdre les multiples niveaux de lecture et les jeux de mots des paroles en anglais, la rendant bien plus premier degré.

Ma Récompense (This is the Thanks I Get?!) est, quant à elle, la fameuse chanson du méchant. Il n'y en avait pas eu depuis N'Écoute que Moi dans Raiponce (L'Amour est un Cadeau dans La Reine des Neiges ne compte pas). Étrangement pop et rythmée, elle dénote avec les traditionnelles chansons de méchants. Elle rappelle un peu Snuff Out the Light, le titre abandonné d'Yzma dans Kuzco, l'Empereur Mégalo où sous une apparente inoffensive mégalomanie se cache un être prêt à tout pour garder le pouvoir et ne tolérant aucune contradiction.
La dernière chanson originale dans le film est Ce n'Est Plus Mon Roi (Knowing What I Know Now). Particulièrement héroïque, puissante et révolutionnaire, elle sert de rassemblement contre le danger qui menace Rosas ainsi que le réveil des consciences de certains de ses citoyens. Assez inhabituelle, il existe en effet peu de chansons Disney qui appellent à se battre contre l'injustice et l'oppression en dehors peut-être de celles d'Alan Menken dans le film à prises de vues réelles Newsies - The News Boys.
Ensuite, la chanson la plus émouvante, certaine de faire pleurer à chaudes larmes par son intensité épique et symbolique, tout simplement grandiose, est la reprise de Je Fais le Vœu.
Enfin, il faut également souligner le générique Un Rêve Parfait (A Wish Worth Making) ainsi que la musique instrumentale du compositeur Dave Metzger offrant une partition mélangeant à la perfection la modernité des chansons avec la tradition disneyenne, le tout épicé d'un zeste de sons méditerranéens.

Si les artistes des Walt Disney Animation Studios ont opté pour un récit plutôt classique, ils ont en revanche voulu proposer avec Wish - Asha et la Bonne Étoile une direction artistique plutôt innovante, mélangeant l'animation 2D et 3D, héritage de leur studio. La technique du film s'inspire ainsi de celle qui a été introduite dans les courts-métrages oscarisés Paperman en 2012 et Le Festin en 2014 mais aussi Dans ses Pas en 2021. Nommée Meander, elle fut saluée d'un Oscar Technique en 2017. Ici, la grosse différence est que les artistes n'ont pas essayé de gommer l'aspect 3D des personnages ou de certains décors en proposant un aplat de 2D ou des contours crayonnés, ils ont juste cherché à souligner les contours avec des traits fins. Les décors, eux, par rapport à tous les films CGI du studio, s'éloignent de l'hyper-réalisme des dernières productions. Ils lorgnent plutôt vers un côté bien plus graphique, légèrement impressionniste, très proche de l'animation 2D, insistant davantage sur les couleurs très pastel et délaissant les textures réalistes. Il faut aussi saluer les superbes tons du long-métrage dont le mauve et le violet sont les couleurs dominantes, le tout avec une apparence aquarelle très douce et chaleureuse. Le rendu fait de Wish - Asha et la Bonne Étoile une expérience graphique plutôt expérimentale, mais néanmoins magnifique, comme l'ont été dans leur temps La Belle au Bois Dormant, Les 101 Dalmatiens ou, dans une moindre mesure, Pocahontas, une Légende Indienne. La beauté des visuels voit sa puissance déployée sur le grand écran ; les extraits et les bandes-annonces ne lui rendant pas du tout justice.

Autre détail technique, Wish - Asha et la Bonne Étoile marque le retour du format large de ratio 2.55:1 proche du CinemaScope de La Belle et le Clochard en 1955 et du Technirama 70 de La Belle au Bois Dormant en 1959. Après cela, il faudra attendre Taram et le Chaudron Magique pour voir un nouveau film au format Scope sauf que celui-ci sera selon le ratio 2.20:1. Suivront ensuite Atlantide, l'Empire Perdu, partiellement Frère des Ours, Les Mondes de Ralph, La Reine des Neiges, Les Nouveaux Héros, Zootopie, Vaiana, la Légende du Bout du Monde, Ralph 2.0, La Reine des Neiges II, Raya et le Dernier Dragon et Avalonia, l'Étrange Voyage, tous au ratio 2.39:1. L'utilisation de ce format ultra large permet donc d'accentuer la beauté des visuels mais aussi la poésie de certains plans tout comme le côté épique du climax du film.

Wish - Asha et la Bonne Étoile célèbre donc cent ans de magie des studios Disney. L'hommage va bien au-delà de la structure classique du récit, des chansons entêtantes qui caractérisent leurs films et de leurs personnages attachants. Le long-métrage propose en effet de nombreux clins d’œil plus ou moins appuyés et subtils mais sans que cela ne soit du fan service forcé. Et nul besoin d'avoir toutes les références pour suivre le film : il s'apprécie parfaitement sans cela. Déjà, il commence par le passage obligé du livre de conte qui s'ouvre et où le spectateur plonge son regard. Il continue ensuite avec des hommages discrets soit via des bouts de phrases repris d’œuvres précédentes ou faisant référence à tel ou tel classique, soit via de brèves images rappelant des habits, des motifs, des décors, des personnages ou des postures de leurs anciens films. Certains marques de respect sont même beaucoup plus discrètes à l'image de l'arbre qu'affectionne Asha. Il s'inspire en effet de l'arbre des rêves de Walt Disney quand celui-ci habitait une ferme à Marceline dans le Missouri dans sa tendre jeunesse. Le Maître de l'animation a toujours présenté ce lieu sacré pour lui comme l'épicentre de sa première exploration artistique. Enfin, plus que jamais, il faut rester jusqu'à la toute dernière note de musique du générique puisque de nombreuses surprises attendent le spectateur patient et attentif.

Le vœu est exaucé ! Wish - Asha et la Bonne Étoile est un petit bijou aux visuels époustouflants et novateurs, aux personnages attachants, aux chansons entêtantes et au récit enchanteur. Et quelle fin ! Aussi épique qu'émouvante... Le long-métrage rappelle surtout un message essentiel de Walt Disney, que le Maître de l'Animation et ses héritiers n'ont eu cesse de remémorer au public en cent ans de chefs d'œuvres : Quand On Prie la Bonne Étoile... Tout devient possible !

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1958 • ....

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