Don DaGradi
Date de naissance : Le 01 mars 1911 Lieu de Naissance : New York, dans l’État de New York, aux États-Unis Date de Décès : Le 04 août 1991 Lieu de Décès : Friday Harbor, État de Washington, aux États-Unis |
Nationalité : Américaine Profession : Animateur Artiste de Layout Scénariste |
La biographie
« Un dessinateur qui s’est progressivement égaré », c’est ainsi que se définissait Don DaGradi, artiste et scénariste de talent qui se cache derrière certains des plus grands succès de la carrière de Walt Disney.
Donald (Don) DaGradi voit le jour le 1er mars 1911 à New York. Possédant des origines italiennes du côté de son père et du sang anglais de par sa mère, il n’est encore qu’un enfant lorsque sa famille tente l’aventure vers l’Ouest. Installé à San Francisco, DaGradi achève son cursus secondaire avant de rejoindre les bancs de l’Institut Chouinard de Los Angeles où il étudie la peinture. Les temps sont alors durs. La Grande Dépression survenue à la suite de l’effondrement de la Bourse de New York le jeudi 24 octobre 1929 a en effet précipité nombre d’Américains dans la misère. Vivant chichement, Don DaGradi est, comme tant d’autres artistes, lourdement impacté. Il trouve heureusement son salut en décrochant un emploi aux studios Disney.
Intégrant l’entreprise en 1934, Don DaGradi travaille comme peinture décorateur sur plusieurs courts-métrages. Son talent, immense, est rapidement reconnu. Il est alors promu directeur artistique sur Dumbo aux côtés d’Herb Ryman, Ken O’Connor, Terrell Stapp, Al Zinnen, Ernest Nordli, Dick Kelsey et Charles Payzant. À ce poste, il se penche en particulier sur la séquence d’ouverture durant laquelle les cigognes apportent leurs petits aux animaux du cirque. Possédant un coup de crayon assuré, il storyboarde aussi la rencontre entre l’éléphanteau et la souris Timothée.
Extraits du storyboard de Dumbo
Alors que la Seconde Guerre mondiale vient de faire effraction au sein des studios Disney suite à l’attaque japonaise sur la base américaine de Pearl Harbor, Don DaGradi est associé à la production de plusieurs sujets en lien avec le conflit tels que les courts-métrages Vive le Pogostick et Der Fuehrer’s Face, une satire du régime nazi avec Donald pour laquelle il peint quelques décors. Toujours en tant que directeur artistique, DaGradi planche également sur le long-métrage Victory Through Air Power. Encore en lien avec la guerre, il se charge du layout des (Les) Trois Caballeros. Dans un registre plus divertissant, Don DaGradi inscrit aussi son nom aux génériques de Dingo Champion Olympique, Dingo Va à la Pêche, Pour Être un Bon Marin, Imagination Débordante et La Castagne.
Alors que l’ombre de la guerre se dissipe et qu’une activité normale revient progressivement aux studios, il est l’un des premiers à travailler sur le film d’anthologie Swing Street, rebaptisé en cours de production La Boîte à Musique. Avec Lance Nolley et Jack Kinney, il développe en particulier la séquence inspirée d’All the Cats Join It interprétée pour l’occasion par Benny Goodman et son orchestre. Toujours en tant qu’artiste de layout, il conçoit plusieurs recherches graphiques et storyboards pour Mélodie du Sud, la séquence de Bongo dans Coquin de Printemps et Mélodie Cocktail. Avec Mary Blair qui collabore à ses côtés à la séquence inspirée de la légende de Johnny Pépin de Pomme, mais également John Hench et Claude Coats, il définit le style et les couleurs du (Le) Crapaud et le Maître d’École, de Cendrillon, d’Alice au Pays des Merveilles et de Peter Pan. Pour ces deux derniers films, il s’inspire en partie des concept-arts réalisés par l’illustrateur Dave Hall à la fin des années 1930. En 1950, Don DaGradi conçoit le layout du court-métrage Brave Mécanicien.
En 1952, Don DaGradi voit sa carrière prendre un tournant. À l’époque, Walt Disney décide de concrétiser l’un de ses vieux rêves en lançant la création de Disneyland. Pour ce faire, il demande ainsi à plusieurs de ses artistes de livrer leurs idées. DaGradi fait partie des dessinateurs sollicités. Il réalise dès lors plusieurs recherches graphiques représentant différents environnements tels qu’un cirque, une ferme, une rue du début du siècle. Il dessine aussi certains costumes, notamment ceux portés par les membres de l’orchestre de Vesey Walker, et les extérieurs de certains manèges comme Mr. Toad’s Wild Ride. Pour ce travail, il sera récompensé en obtenant son nom inscrit sur l’une des fenêtres donnant sur Main Street, U.S.A.. Aux studios, Don DaGradi est associé à Ken Anderson, Marc Davis, Tom Oreb et Eyvind Earle pour définir la charte graphique de La Belle au Bois Dormant. S’il participe à la production au début des années 1950, il laisse néanmoins progressivement derrière lui son poste de directeur artistique et de responsable du layout pour une place de scénariste. Avec Bill Peet, il signe alors le script du court-métrage Susie, le Petit Coupé Bleu. Avec Erdman Penner, Joe Rinaldi et Ralph Wright, il adapte l’œuvre de Ward Greene sous le titre La Belle et le Clochard.
À la fin des années 1950, Don DaGradi continue d’évoluer en basculant du département animation vers le département en charge des productions en prises de vues réelles. Pour sa première incursion dans l’univers des films live, Walt Disney lui demande de créer les séquences de Darby O’Gill et les Farfadets durant lesquelles le héros interagit avec les gnomes. Avec les directeurs artistiques Carroll Clark, William Tuntke, Collin Campbell et Peter Ellenshaw, ainsi que les décorateurs Emile Kuri et Fred MacLean, DaGradi doit alors ruser pour créer des perspectives forcées permettant de donner l’illusion que le vieux Darby est immense par rapport aux petits farfadets.
Don DaGradi est ensuite attaché à la conception de L’Enlèvement de David Balfour pour lequel il produit plusieurs recherches graphiques. Nommé consultant lors du tournage de Pollyanna puis de La Fiancée de Papa, il fait équipe avec Bill Walsh et écrit avec lui le script de Monte là-d’ssus, une nouvelle comédie avec Fred MacMurray inspirée des nouvelles de Samuel W. Taylor publiée dans la revue Liberty et que Walt Disney avaient acquises durant la Seconde Guerre mondiale. C’est l’occasion de retravailler avec Robert Stevenson, le réalisateur de Darby O’Gill et les Farfadets et de L’Enlèvement de David Balfour. Mettant en scène le loufoque professeur Ned Brainard et ses inventions incroyables, Monte là-d’ssus remporte un immense succès au box-office, en particulier grâce à ses séquences de comédie pure comme le match de basket-ball entièrement imaginée par DaGradi.
Fort de ce succès, Don DaGradi est chargé de réfléchir à une suite. Toujours avec Bill Walsh, il écrit donc Après Lui, le Déluge. Associés aux compositeurs Robert et Richard Sherman, les deux hommes prennent également au même moment le relai du scénariste Lowell S. Hawley et s’attèlent à l’adaptation des aventures de Mary Poppins imaginée par l’autrice anglaise P. L. Travers. Séduits par l’histoire, DaGradi, Walsh et les Sherman ignorent alors que cette dernière va leur donner du fil à retordre. Invitée aux studios au début du mois d’avril 1961, Travers est en effet intraitable concernant la transposition de son œuvre sur grand écran. Elle refuse catégoriquement que le scénario soit ponctué de chansons. Elle estime en outre que le premier jet qui lui est proposé n’est rien d’autre qu’une vision manichéenne et franchement piteuse de ses livres. Entre autres, elle conteste le sort réservé à Monsieur Banks, injustement dépeint selon elle comme un monstre sans cœur. C’est bien simple, P. L. Travers trouve à redire sur tout. Tant et si bien que Walsh, DaGradi et les frères Sherman doutent que Mary Poppins puisse se concrétiser. Pour les rassurer, Walt Disney leur annonce déjà que si ce film ne se fait pas, ils pourront malgré tout recycler certaines de leurs idées en adaptant Le Pied de lit magique, ou Comment devenir une sorcière aisément en dix leçons, un ouvrage de fantaisie signé par Mary Norton dont il avait acheté les droits dès la fin des années 1940…
Croquis réalisés par Don DaGradi lors des sessions de travail avec P.L. Travers
Après le départ de P. L. Travers, Don DaGradi et Bill Walsh reprennent l’écriture de Mary Poppins. Faisant fi de certaines des remarques de l’auteure jugées aberrantes, il livre ainsi un scénario exceptionnel avec des séquences ravissantes comme celle de la promenade dans le monde animé ou bien encore celle des ramoneurs, toutes les deux joliment créées et storyboardées par DaGradi. Les dessins réalisés par ce dernier terminent d'ailleurs de convaincre Julie Andrews et Dick Van Dyke d'accepter les rôles de Mary et Bert. Proposé en salle le 27 août 1964, Mary Poppins marque l’apogée de la carrière de Walt Disney. Don DaGradi et Bill Walsh remportent eux-mêmes le prix du meilleur scénario remis par la Writers Guild of America. Remis à Edward Anhalt pour le film Becket, l’Oscar du Meilleur Scénario leur échappe toutefois.
Après Mary Poppins, Don DaGradi et Bill Walsh finalisent le scénario de Lieutenant Robinson Crusoé d’après une histoire originale imaginée par un certain Retlaw Yensid (Walt Disney à l’envers !). Ils retrouvent en outre Robert Stevenson qui prend la direction du (Le) Fantôme de Barbe Noire. Au crépuscule de sa vie, Walt Disney s’amuse follement lors des réunions de travail. Il propose par exemple à DaGradi de reprendre l’idée d’une compétition sportive comme dans Monte Là-d’ssus. À la place du basket, l’athlétisme devient l’un des ressorts comiques du film, le fantôme – incarné par Peter Ustinov – se chargeant d’augmenter les capacités des athlètes entraînés par Steve Walker, le héros incarné par Dean Jones. Après la mort de Walt Disney survenue le 15 décembre 1966, Don DaGradi et Bill Walsh livrent ensemble trois ultimes scénarios, Un Amour de Coccinelle, Le Don Quichotte de l’Ouest et L’Apprentie Sorcière adapté de l'œuvre de Mary Norton mise de côté à l'époque de la production de Mary Poppins.
Bill Walsh, Robert Stevenson et Don DaGradi
Don DaGradi décide finalement de prendre sa retraite en 1970 après trente-six ans de bons et loyaux service. Retiré à Friday Harbor, au nord-ouest de l’État de Washington, avec son épouse Betty, il est honoré d’un Disney Legends Award remis quelques semaines après son décès, survenu le 4 août 1991. « Don était le genre de gars capable d’écrire avec un carnet de croquis et un crayon à fusain », notaient Richard et Robert Sherman dans leur ouvrage Walt’s Time: From Before to Beyond, « Il pouvait visualiser chaque scène là, sur le papier. Et nous autres pouvions littéralement les voir prendre vie sous nos yeux. Pratiquement tout ce qui figure dans Mary Poppins a été créé par Don DaGradi. Notre fascination pour Don est infinie ».
En 2013, le comédien Bradley Whitford incarne Don DaGradi dans le long-métrage Dans l’Ombre de Mary – La Promesse de Walt Disney de John Lee Hancock.
La filmographie
005 |
Victory Through Air Power
Directeur Artistique • Animation 2D / Film "Live"
1943
Cinéma
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1943
Cinéma
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042 |
Trois Histoires Invraisemblables
Artiste de Layout • Compilation
1963
Télévision
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1963
Télévision
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051 |
Sport Goofy
Artiste de Layout • Compilation • Animation 2D • 6 Émissions
1983 • 1984
Télévision
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1983 • 1984
Télévision
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