Esmeralda

Date de création : Le 21 juin 1996 Nom Original : Esmeralda Créateur(s) : Vance Gerry (Conception visuelle) Rowland Wilson (Conception visuelle) Thom Enriquez (Conception visuelle) Peter de Sève (Conception visuelle) Jean Gillmore (Conception visuelle) Tony Fucile (Superviseur de l’animation) Anne-Marie Bardwell (Animation) Jared Beckstrand (Animation) Bolhem Bouchiba (Animation) David Brewter (Animation) Robert Espanto Domingo (Animation) Mark Koetsier (Animation) Gilda Houros (Animation) Doug Krohn (Animation) Dave Kupczyk (Animation) Mark Pudleiner (Animation) Bill Waldman (Animation) |
Apparition : Cinéma Télévision Parcs Spectacle Jeux Vidéo BD Voix Originale(s) : Demi Moore (Voix parlée : Le Bossu de Notre-Dame, 1997) Heidi Mollenhauer (Voix chantée : Le Bossu de Notre-Dame, 1997) Renee Faia (Kingdom Hearts 3D: Dream Drop Distance) Voix Française(s) : Rebecca Dreyfus (Voix parlée : Le Bossu de Notre-Dame, 1997) Claudia Meyer (Voix chantée : Le Bossu de Notre-Dame, 1997) Interprète(s) : Judy Weiss (Der Glöckner von Notre-Dame, 1999) Sarah Bowden (Der Glöckner von Notre-Dame, 2017) Mercedesz Csampai (Der Glöckner von Notre-Dame, 2018) Abla Alaoui (Der Glöckner von Notre-Dame, 2022) Ciaia Renée (The Hunchback of Notre-Dame – A New Musical, 2014) Cassie Simone (The Hunchback of Notre-Dame – A New Musical, La Mirada Theatre, 2016) Sydney Morton (The Hunchback of Notre-Dame – A New Musical, Ogunquit Playhouse, 2016) |
Le portrait
Passés maîtres dans l’adaptation sur grand écran des classiques de la littérature, les studios Disney offrent en 1996 leur propre vision de Notre-Dame de Paris, le chef-d’œuvre de Victor Hugo. Les principaux personnages imaginés par le grand auteur en 1831 sont ainsi réunis à l’écran, à l’image de la belle Gitane Esmeralda dont le rôle est cependant passablement changé et étoffé.
La Esmeralda entre en scène dans le chapitre VI du Livre Premier, lequel reprend justement son nom. Alors que Pierre Gringoire tente de retenir autant que possible le public de sa pièce, tous ses espoirs sont douchés lorsque celui-ci est averti que la belle Gitane est en représentation dans la rue. Le peu de spectateurs qui lui restait quitte dès lors le palais pour se précipiter place de Grève afin de la voir danser.
Victor Hugo
Dans le chapitre 2 du Livre Deuxième, Besos Para Golpes, les lecteurs retrouvent les badauds réunis autour d’un feu de joie. Près des flammes, ils observent la jeune femme présentée par Victor Hugo comme une « éblouissante vision », « une surnaturelle créature » qui danse et tourbillonne sur un vieux tapis de Perse au son d’un tambour de basque. Âgée de seize ans seulement, La Esmeralda est le fantasme de bien des hommes, en particulier de l'archidiacre Claude Frollo, absorbé par la scène. Pour exécuter son numéro, l’adolescente est accompagnée par sa petite chèvre blanche, Djali, à qui elle a appris à imiter les notables de la ville ainsi qu’à compter les mois, les jours et l’heure en frappant du pied sur le sol.
Esmeralda, gravure de Gustave Brion, 1865
Si l’ambiance est joyeuse, elle ne tarde pas à s’assombrir à la nuit tombée. Dans Les inconvénients de suivre une jolie femme le soir dans les rues, le chapitre 4 du Livre Deuxième, La Esmeralda est assaillie par Quasimodo et Frollo. Pierre Gringoire tente de s’interposer mais il est neutralisé. Heureusement, La Esmeralda est secourue par l’arrivée inespérée de Phœbus de Châteaupers, le capitaine des archers. Elle parvient à s’enfuir.
Esmeralda délivrée par Phœbus, gravure d'Aimé de Lemud, 1844
Dans le chapitre VI du Livre Deuxième, La Cruche cassée, Pierre Gringoire se met en tête de retrouver cette mystérieuse femme. Malgré lui, il tombe bientôt aux mains des misérables et des voleurs de la Cour des Miracles qui le conduisent auprès de leur chef, Clopin Trouillefou. Rapidement, le poète est condamné à la pendaison. Il est finalement sauvé par La Esmeralda qui accepte de l’épouser. Décrite dans le chapitre 7, la nuit de noces n’est pas consommée. La Esmeralda se refuse en effet à cet homme qu’elle n’aime pas et qu’elle n’a épargné que par bonté d’âme. Toute forme d’intimité étant proscrite, Gringoire et elle engagent la conversation. Il apprend ainsi que l’héroïne ignore tout de ses origines et qu’elle ne possède, comme seul élément de son passé, qu’un vulgaire sachet suspendu à son cou. Le lecteur en apprend pour sa part davantage dans le Livre Sixième. Seize ans plus tôt, la sachette, Pâquerette de Chantefleurie, dite Sœur Gudule, accoucha d’une fille, Agnès, qui fut enlevée par des Égyptiens. À la place, elle découvrit dans le berceau un bébé difforme. Totalement anéantie, elle le confia à l’évêque de Reims qui, lui-même, l’emmena à Paris où Frollo le prit sous son aile.
Esmeralda donnant à boire à Quasimodo, gravure de Tony Johannot, v. 1831
Dans le chapitre 4 du Livre Sixième, Quasimodo est conduit en place de Grève afin d’y être châtié. Le bossu a été condamné par la justice pour sa tentative d’agression. La foule se presse alors pour assister au supplice. Au bout d’une heure et demie de torture, le malheureux demande à boire. Personne n’accepte cependant de lui donner de l’eau, à l’exception de La Esmeralda, seule âme à lui venir en aide. Ému par tant de gratitude, qui plus est de la part de sa victime, Quasimodo ne peut retenir ses larmes.
Esmeralda et Fleur-de-Lys, gravure de Fortuné Louis Meaulle, 1877
Dans le Livre Septième, La Esmeralda voit sa vie basculer. Convoquée chez Fleur-de-Lys, la fiancée de Phœbus, la Gitane voit son amour pour le beau capitaine être malgré elle éventé. Dans le chapitre VIII, Utilité des fenêtres qui donnent sur la rivière, elle se retrouve bientôt seule avec le militaire à qui elle avoue ses sentiments. Loin d’envisager le mariage, Phœbus tente pour sa part d’abuser d’elle en la déshabillant de force. Il est néanmoins coupé dans son élan par Frollo qui surgit soudain et le poignarde. La Esmeralda s’évanouit. Lorsqu’elle reprend connaissance, elle est cernée par les soldats du guet qui la mettent aux fers.
L'interrogatoire d'Esmeralda, gravure de Tony Johannot, v. 1831
Le procès de La Esmeralda se déroule dans le Livre Huitième. Torturée par ses geôliers, elle n’a d’autre choix que d’avouer un crime qu’elle n’a pas commis. Elle est par conséquent condamnée à mort. Conduite sur le parvis de Notre-Dame pour y faire amende honorable avant son exécution en place de Grève, elle est miraculeusement secourue par Quasimodo qui lui offre la protection de la cathédrale où la justice humaine ne s’applique pas. La foule applaudit.
Quasimodo sauve Esmeralda, gravure de Luc-Olivier Merson, 1889
Recluse dans l’église, La Esmeralda comprend que Phœbus, qui n’est pas mort, n’éprouve aucun amour pour elle. Se liant d’amitié avec Quasimodo, elle doit repousser les avances de Frollo qui, dans le Livre Dixième, retrouve Pierre Gringoire afin d’échafauder avec lui un plan pour libérer la jeune femme. De leur côté, les Bohémiens de la Cour des Miracles préparent eux aussi son extraction. Six-mille hommes tentent ainsi de prendre la cathédrale. Ils sont repoussés par la garnison de Phœbus envoyée par Louis XI. La nuit est effroyablement meurtrière. Frollo et Gringoire profitent du carnage pour faire sortir La Esmeralda qui se retrouve bientôt chez Sœur Gudule qui comprend que cette Gitane qu’elle déteste est en réalité sa fille.
La mort de La Esmeralda, gravure de Nicolas Maurin, 1834
Dans le Livre Onzième, La Esmeralda est reprise par la garde et conduite au gibet. Après la pendaison, son cadavre est décroché et porté dans la cave de Montfaucon. Dans l’ultime chapitre du roman, Le mariage de Quasimodo, deux ans se sont écoulés depuis la mise à mort de l’adolescente. Dans les bas-fonds de la cave, sont alors retrouvés deux squelettes enchevêtrés l’un dans l’autre. Le premier est celui d’une femme portant encore quelques lambeaux de robe. Le second semble pour sa part appartenir à un être difforme. Au moment de le déplacer, celui-ci tombe en poussière...
Esmeralda apparaît dans Le Bossu de Notre-Dame au détour d’une rue. De retour à Paris après deux décennies passées à la guerre, le capitaine Phœbus entend bientôt une musique entraînante. Accompagnée par un joueur de flute ainsi que par sa chèvre Djali, Esmeralda est en train d’exécuter une danse sous le regard des passants qui feignent de ne pas la voir. Pire, une Parisienne s’autorise à dire à sa fille que ces gens ne sont rien d’autre que « des voleurs ». Jetant quelques pièces dans le chapeau posé par terre, le militaire croise le regard émeraude de la belle Gitane qui le salue de la tête.
Le petit spectacle improvisé est toutefois interrompu par l’arrivée de deux gardes brutaux qui, en plus de faire preuve d’un racisme assumé, s’autorisent à confisquer l’argent. Loin de se laisser faire, Esmeralda tente par tous les moyens de se défaire des deux lourdauds. Pour cela, elle envoie un bon coup de pied dans la mâchoire du premier tandis que Djali se charge d’asséner un coup de cornes dans le ventre du second. La jeune femme et l’animal prennent ensuite la fuite sous l’œil des gardes, retenus par Phœbus qui leur coupe la route grâce à son cheval, Achille. Non content d’avoir neutralisé les deux subalternes, le galant capitaine ramasse les quelques pièces tombées par terre et les glisse dans le chapeau d’Esmeralda dont le visage est dissimulé sous une étole pour ne pas être remarquée de nouveau. Elle ne tarde cependant pas à reprendre sa danse sous l’œil du juge Claude Frollo qui, du haut de son palais, observe avec dégoût ce qu’il estime être un spectacle immonde et dépravé.
Si Frollo ne goûte guère les divertissements offerts par les Gitans, le peuple de Paris est pour sa part bien plus enthousiaste au moment où débute le Festival des fous, la grande fête organisée tous les 6 janvier et durant laquelle chacun est autorisé à braver les interdits et renverser l’ordre établi. Clopin, le chef des Bohémiens, officie en tant que maître de cérémonie. L’un des temps forts du spectacle est alors la sublime prestation d’Esmeralda qui, juste avant sa montée sur scène, se prépare sous sa tente.
Occupée à se parer de ses plus beaux tours, la jeune femme est soudain interrompue par l’arrivée fracassante de Quasimodo qui, bousculé par la foule, a perdu l’équilibre. Se retrouvant malgré lui sous la tente, le bossu tente de ne pas tomber en s’agrippant à la tenture derrière laquelle Esmeralda est en train de se changer. « Hey ! Est-ce que ça va ? », demande-t-elle, « Tu ne t’es pas fait mal, au moins ? ». Souhaitant s’assurer que tout va bien, Esmeralda découvre le visage de Quasimodo. « La prochaine fois, essaie de faire attention ». Manifestant une extrême gentillesse, l’héroïne ne semble pas choquée par le visage déformé de Quasimodo qu’elle imagine n’être rien d’autre qu’un masque.
Annoncée en grande pompe par Clopin, Esmeralda monte enfin sur scène. Vêtue d’une splendide robe de soie rouge écarlate, elle ondule sous le regard du public qui n’en perd pas une miette. Les hommes ne se gênent pas pour se rincer l’œil, tout comme certains gardes, béats, et Phœbus qui remonte sa visière pour admirer la sublime jeune femme. Frollo, pour sa part, n’est pas impressionné. Il affiche même un dégoût profond pour la Gitane qui, avec insolence, s’approche de lui. Plaçant son foulard autour du cou du magistrat, Esmeralda fait mine de chercher à l’embrasser avant de le repousser violemment en frappant sur son couvre-chef. Retournant sur scène, elle continue de narguer Frollo, fou de rage d’avoir été ainsi humilié.
Après son numéro de danse, Esmeralda rejoint Clopin afin d’animer le concours du plus affreux visage de Paris. Persuadée qu'il est déguisé, elle invite Quasimodo à monter sur scène. Elle enlève ensuite un à un les masques des participants qui, sous les huées de la foule, sont éjectés de la scène par Djali. Lorsqu’arrive le tour de Quasimodo, elle comprend avec stupeur sa méprise. Le bossu n’est pas du tout camouflé sous un maquillage grotesque. Elle-même choquée, la foule commence à frémir. Heureusement, Clopin parvient à ramener chacun à la raison. Après tout, le but était de trouver le plus affreux visage de Paris. Et Quasimodo possède sans conteste le plus affreux visage de Paris. Le bossu est ainsi élu Roi des fous et porté en triomphe jusqu’au parvis de Notre-Dame.
La liesse populaire est malheureusement rapidement changée en vindicte. Ligoté sur la roue, Quasimodo est torturé et humilié par la population qui, encouragée par la soldatesque, s’amuse de le voir souffrir. La cruauté est presque unanime. Phœbus tente de s’interposer. Mais il est coupé dans son élan par Frollo qui estime que ce qui est en train de se passer servira de leçon à son « protégé ». Au final, seule Esmeralda intervient pour libérer le pauvre hère. Ôtant l’un de ses jupons, elle lui essuie le visage. Dans un silence morbide, elle ose affronter Frollo qui lui ordonne de ne plus aider Quasimodo. Avec un poignard, elle coupe les liens qui retiennent ce dernier. « Vous maltraitez ce pauvre garçon, tout comme vous maltraitez mon peuple ! Vous prêchez la justice mais vous êtes cruels envers ceux qui ont besoin de votre aide ! Justice ! ».
Du fait de cet affrontement en public, la haine entretenue par Frollo pour les Gitans est désormais viscérale. Pointant du doigt Esmeralda, il menace. « Dans ce cas, mes amis, nous avons couronné le mauvais fou », ironise-t-elle, « Car le plus fou, ici, c’est vous ! ». Elle jette la couronne du Roi des fous en direction de Frollo qui exige son arrestation immédiate. Loin d’être terrorisée par les dix gardes lancés contre elle, Esmeralda parvient à s’échapper avec l’aide des autres forains et des Parisiens qui l’aiment tant.
Parvenue à se tirer de cette mauvaise passe, Esmeralda trouve refuge à l’intérieur de la cathédrale Notre-Dame. Éblouie par la splendeur du lieu, elle sent soudain la présence de Phœbus qui s’approche d’elle. Parvenant à lui arracher son épée, elle le flanque par terre. « Vous ! », s’agace-t-elle en le tenant en jougs. Elle est cependant rapidement désarmée. Elle s’empare alors d’un chandelier pour continuer la lutte contre Phœbus qui, pour sa part, baisse son arme. Au départ récalcitrante à l’idée d’écouter le militaire, Esmeralda comprend que, loin d’être aussi brutal que d’autres officiers, il ne lui veut en réalité aucun mal.
Un petit air de romance plane dans le chœur de l’église. Mais celui-ci est interrompu par l’arrivée de Frollo qui demande à Phœbus de procéder à l’arrestation d’Esmeralda. Le capitaine refuse. Frollo tente de lui forcer la main. L’archidiacre s’interpose pour protéger la jeune femme et raccompagner Phœbus à la porte. Frollo profite de la confusion pour se glisser derrière Esmeralda. Tordant violemment le bras de cette dernière, il réitère ses menaces. « Tu crois m’avoir abusé, mais sache que je suis patient », lui dit-il, « Les Gitans jamais ne durent derrière les murs ». Plongeant avec brutalité son visage dans la chevelure d’Esmeralda pour humer son parfum, le juge continue. « J’étais en train d’imaginer une corde autour de cette superbe gorge ! ». Avec force de caractère, Esmeralda parvient à se défaire de ce violeur patenté.
De nouveau seule dans l’immensité de la cathédrale, Esmeralda cherche une échappatoire. Mais les portes sont bien gardées. Il n’y a aucune issue pour elle. Écœurée par l’injustice dont a été victime le pauvre Quasimodo, elle ne peut retenir sa colère. L’archidiacre tente dès lors de la raisonner tout en lui conseillant de chercher de l’aide auprès des cieux. Bien qu’incrédule, Esmeralda se tourne vers une statue de la Vierge à l’enfant à qui elle demande la protection de Dieu pour tous les miséreux. Sa voix résonne sous les voutes de la cathédrale et parvient jusqu’aux combles où Quasimodo s’est terré. Troublé par la voix cristalline de celle qui l’a secouru, le bossu se fraye discrètement un chemin jusqu’à la nef.
À la fin de sa prière, Esmeralda est submergée par l’émotion. Elle sert alors Djali dans ses bras. Le temps est soudain suspendu. Cet instant de grâce est néanmoins brisé lorsqu’un fidèle conspue Quasimodo qui, immédiatement, prend la fuite. Souhaitant absolument lui parler, Esmeralda le suit jusqu’au sommet de sa tour. Là, elle s’émerveille devant les mobiles multicolores fabriqués par le bossu à partir de chutes de vitraux. Elle admire aussi la maquette du vieux Paris peuplée de figurines représentant certains habitants. Conduite sous la charpente, elle fait résonner les cloches avant de s’extasier en découvrant la magnifique vue sur la capitale et le fleuve.
Écoutant Quasimodo discourir, elle comprend que Frollo a rempli la tête du pauvre garçon de pensées ineptes. Avec douceur, elle tente de lui faire comprendre qu’il n’a rien d’un monstre. Elle lui explique que ni elle, ni son peuple ne sont des démons. Sous le charme, Quasimodo prend sur lui de rendre la pareille à Esmeralda en l’aidant à s’échapper de la cathédrale. Pour ce faire, pas besoin de porte. Le héros a désormais l’habitude d’escalader la façade avec une facilité déconcertante. Prenant Esmeralda dans ses bras, il dévale ainsi le pignon et les toits. Le détachement d’une plaque de plomb manque de provoquer une chute mortelle. Mais Quasimodo parvient à se rattraper à une gargouille avant de déposer Esmeralda et Djali sur la terre ferme.
Pour le remercier, Esmeralda lui renouvèle sa confiance. Le sachant malheureux, elle lui propose de la suivre. Mais Quasimodo refuse. Qu’à cela ne tienne, elle lui offre un moyen de s’évader si le besoin s’en fait un jour sentir. Elle lui tend un médaillon indiquant l’emplacement de la Cour des Miracles, le repaire secret des Bohémiens dont la localisation est tenue secrète. S’assurant que la voie est libre, elle embrasse finalement Quasimodo avant de prendre la poudre d’escampette.
En apprenant qu’Esmeralda est parvenue à quitter la cathédrale, Frollo est hors de lui. Lui-même envoûté par le charme de la belle Gitane, il entend bien la retrouver sans tarder. Et qu’importe si cela nécessite de mettre Paris à feu et à sang. Chaque rue, chaque maison est ainsi fouillée. Les arrestations de Bohémiens se multiplient. Mis aux fers, aucun d’eux n’accepte cependant de dénoncer la jeune femme en échange de quelques pièces.
Faute de succès, Frollo s’en prend à la population de Paris, notamment le boulanger et sa famille qu’il accuse de cacher des Bohémiens sur leurs terres. Ces derniers ont beau clamer leur innocence, Frollo refuse d’entendre raison. Bloquant la porte, il ordonne à Phœbus de bruler vifs ces gens qu’il estime n’être rien d’autres que des menteurs. Refusant d’exécuter cet ordre totalement injuste, le capitaine est lui-même condamné à mort. Il ne doit alors sa survie qu’à Esmeralda qui, en lançant une pierre sur la croupe de Boule de Neige, parvient à désarçonner Frollo. Phœbus profite de cette diversion pour fuir. Blessé par une flèche tirée par un garde, il tombe dans le fleuve. Il est sauvé in extremis de la noyade par Esmeralda qui n’hésite pas à plonger dans les eaux glaciales pour le remonter à la surface.
Poussée dans ses retranchements, Esmeralda n’a pas d’autre solution que de demander son aide à Quasimodo. Elle a besoin de lui pour cacher Phœbus le temps qu'il retrouve des forces. Pratiquant elle-même les premiers soins, Esmeralda recoud la plaie du soldat qui lui déclare sa flamme. Les amants s’embrassent sous le regard désemparé de Quasimodo qui, lui aussi, est tombé sous le charme de la Gitane. Phœbus perd finalement connaissance. Il est temps pour Esmeralda de s’échapper de nouveau afin de ne pas être capturée par Frollo qui arrive justement pour rendre visite à son « protégé ».
Avec malice et fourberie, Frollo explique savoir où se trouve le repaire des Bohémiens. L’attaque est imminente. À peine son maître est-il parti que Quasimodo, accompagné par Phœbus se met en quête de la Cour des Miracles pour prévenir son amie. Mais les Gitans ne sont pas si faciles à convaincre. Persuadé que le bossu et le capitaine sont des espions à la solde du juge, Clopin prononce leur condamnation à mort. Sur le point d’être pendus, tous les deux sont sauvés de justesse par Esmeralda qui s’interpose. Détachant elle-même les cordages qui liaient ses amis, elle conseille à chacun de rassembler au plus vite ses affaires et de partir.
Mais le piège se referme alors. Frollo ignorait en réalité tout de l’emplacement exact de la Cour des Miracles. C’est bel et bien en suivant Quasimodo et Phœbus qu’il est parvenu jusque-là. Sans attendre une minute, la garde envahit la place et arrête tous ses occupants. Avec cynisme, le juge annonce qu’un « Feu de joie » est prévu dès demain sur le parvis de Notre-Dame…
À l’aube, le bucher est monté sur la place de la cathédrale. Faussement accusée de sorcellerie, Esmeralda sera la première à mourir. Toujours aussi immoral, Frollo lui propose néanmoins de lui laisser la vie sauve à condition qu’elle s’abandonne à lui. Comme réponse, Esmeralda lui crache au visage. N’ayant obtenu ce qu’il souhaitait, Frollo embrase le bucher. Prise de panique, Esmeralda commence à étouffer à cause du panache de fumée. En quelques secondes, elle s’évanouit. Transi de colère, Quasimodo parvient à se libérer de ses chaînes et se précipite hors de la cathédrale pour sauver son amie. Sous l’œil de son maître, il arrache Esmeralda à la mort et la ramène à l’intérieur de Notre-Dame. « Droit d’asile ! », hurle-t-il en montrant le corps de la Gitane à la foule en liesse.
Quasimodo allonge Esmeralda sur un lit puis reprend la lutte contre la garde qui, sur les ordres de Frollo, tente d’enfoncer la porte de l’église. Lorsque les assaillants sont enfin repoussés, le bossu revient vers sa protégée. Versant de l’eau sur ses lèvres, il ne parvient pas à la ranimer. Les larmes aux yeux, Quasimodo pense qu’Esmeralda est morte. C’est à ce moment que Frollo entre dans la pièce, un poignard à la main. Une lutte commence entre le juge et le bossu. Esmeralda se réveille soudain. Dégainant son épée, Frollo devient plus violent que jamais.
Prenant Esmeralda dans ses bras, Quasimodo sort de la pièce. Frollo est à ses trousses. Le magistrat retrouve ses victimes suspendues à une gargouille. Frénétiquement, il tranche l’air avec son épée afin de les faire basculer du haut de la tour. Esmeralda est projetée sur le sol. Quasimodo manque de tomber. Dans sa chute, il entraîne Frollo. Esmeralda retient le bossu par la main. Parvenant à se hisser sur une gargouille, le juge s’apprête à tuer la Bohémienne. Sa folie meurtrière est telle qu’il ne voit pas que la statue de pierre est sur le point de céder sous son poids. Lorsque celle-ci se détache de la façade, elle entraîne dans sa chute le vieil homme, poussé par sa propre hystérie dans la mort.
Sauvée, Esmeralda essaye tant que possible de retenir Quasimodo qui a perdu connaissance. Mais celui-ci est trop lourd pour elle. Sa main lui échappe et le bossu tombe du haut de la tour sous le regard terrifié de la Gitane. Fort heureusement, Phœbus parvient à le rattraper. Esmeralda se précipite pour le serrer dans ses bras. Quasimodo place ensuite la main du capitaine dans celle de la Bohémienne.
Alors que le jour s’est levé, la population accueille Esmeralda et Phœbus comme des héros. L’héroïne revient sur ses pas pour aller chercher Quasimodo. Accompagnée par Phœbus et Djali, elle assiste ainsi à la consécration du bossu, porté en triomphe par les Parisiens.
Lorsque Victor Hugo jette sur le papier la première mouture de Notre-Dame de Paris, le rôle de La Esmeralda est quelque peu différent de ce qu’il est dans la version définitive du roman. Le personnage de Phœbus n’existant pas encore, tout l’arc narratif montrant la belle Gitane envoûtée par le charme du capitaine est en effet absent. Les ennuis de la jeune femme émanent en réalité de l’amour que Frollo et Quasimodo lui portent malgré elle. Voyant en elle le Diable incarné, l’archidiacre lui intente un « simple » procès en sorcellerie.
Lorsqu’en 1830, Hugo retravaille son premier jet et ajoute le personnage de Phœbus, La Esmeralda voit son rôle évoluer. Tout le drame de l’histoire prend alors forme. Tombée amoureuse du soldat, la Bohémienne attise la jalousie de Frollo qui commet son crime et poignarde celui qu'il considère comme un rival. S’en suit le procès de l’héroïne, son sauvetage par Quasimodo et finalement sa mort funeste.


Absolument indissociable de l’œuvre de Victor Hugo, La Esmeralda est incarnée sur grand écran dès 1905 par Denise Becker dans le long-métrage La Esméralda d’Alice Guy et Victorin Jasset. Six ans plus tard, le rôle est offert à la comédienne d’origine polonaise Stacia Napierkowska dans Notre-Dame de Paris d’Albert Capellani. Les États-Unis s’emparent à leur tour du roman en 1917 avec The Darling of Paris dans lequel la jeune femme est jouée par Theda Bara. Wallace Worsley dirige Patsy Ruth Miller dans Notre-Dame de Paris en 1923. Elle est suivie par Maureen O’Hara qui donne la réplique à Charles Laughton dans Quasimodo de William Dieterle (1939). L’une des incarnations les plus connues de La Esmeralda demeure Gina Lollobrigida dans Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy (1956). Plus récemment, Mélanie Thierry enfile le costume dans la comédie Quasimodo d’El Paris de Patrick Timsit (1999).


Lorsqu’ils débutent l’écriture du (Le) Bossu de Notre-Dame au début des années 1990, les scénaristes Tab Murphy, Irene Mecchi, Jonathan Roberts, Bob Tzudiker et Noni White conservent évidemment le personnage de La Esmeralda. Si d’autres protagonistes du roman passent à la trappe, comme Jehan Frollo, Fleur-de-Lys, Pierre Gringoire, la sachette Gudule ou bien encore le roi Louis XI, il aurait en effet été aberrant de sacrifier le rôle de la Bohémienne alors même qu'elle est l’une des composantes essentielles de l’histoire. Son nom est cependant simplifié, La Esmeralda devenant simplement Esmeralda. Son âge est également changé. Présentée comme une adolescente de seize ans par Victor Hugo, Esmeralda apparaît à présent sous les traits d’une jeune femme d’une vingtaine d’années. Cette modification est alors indispensable compte tenu du scénario. Il aurait en effet été consternant de montrer une enfant danser langoureusement devant des hommes béats durant le Festival des fous. Déjà ignobles vis-à-vis d’une femme majeure, il aurait de plus été totalement inapproprié de montrer les assauts sexuels de Frollo à l’encontre d’une mineure.
Dans le roman, Esmeralda est décrite comme une jeune femme à la « taille fine et élancée ». « Pas grande », elle possède la peau « dorée des Andalouses et des Romaines ». Son visage est marqué par de grands yeux noirs. « Mince et frêle », Hugo la compare à une « guêpe » vêtue d’un corsage d’or sans pli laissant apparaître ses épaules nues et d’une robe bariolée. Les jambes fines, elle danse telle une « surnaturelle créature » et chante au son d’un tambourin avec une « voix pure, sonore et aérienne ».
L’apparence graphique d’Esmeralda n’a cessé d’évoluer durant la production du (Le) Bossu de Notre-Dame. Parmi les premiers à travailler sur le personnage, le vétéran Vance Gerry la représente comme une femme joyeuse et aguicheuse qui n’hésite pas à laisser virevolter sa robe pour montrer ses jambes et ses sous-vêtements aux Parisiens qui n’en perdent pas une miette.


Né le 21 août 1929, Vance Gerry étudie à l’Institut Chouinard avant d’intégrer les studios Disney en 1955 en tant qu’animateur intervalliste. Artiste de layout sur Goliath 2, Les 101 Dalmatiens et Merlin l’Enchanteur, il sert comme scénariste lors de la production du (Le) Livre de la Jungle. Il participe ensuite aux scénarios et aux storyboards de Winnie l’Ourson et l’Arbre à Miel, Les Aristochats, Robin des Bois, Les Aventures de Bernard et Bianca, Rox et Rouky, Taram et le Chaudron Magique, Basil, Détective Privé, Oliver & Compagnie, Bernard et Bianca au Pays des Kangourous et Le Prince et le Pauvre. Vétéran s’étant donné pour mission de former et d’accompagner la nouvelle génération d’artistes qui arrive chez Disney dans les années 1970 et 1980, Gerry participe à la conception graphique des personnages de Pocahontas, une Légende Indienne, Le Bossu de Notre-Dame, Tarzan et La Ferme se Rebelle. L’artiste décède le 5 mars 2005 à l’âge de soixante-quinze ans.
Recherches graphiques de Vance Gerry
Également engagé dès le début de la production du (Le) Bossu de Notre-Dame, l’illustrateur Rowland Wilson reste pour sa part très proche de l’œuvre de Victor Hugo. Trouvant également l’inspiration dans les vieux films inspirés de l’histoire de Quasimodo, il dessine la Bohémienne avec un long foulard rouge par-dessus sa chevelure et un tambourin à la main.


Né le 3 août 1930 à Dallas, aux Texas, Rowland Bragg Wilson se passionne dès l’enfance pour le cinéma. Après des études à l’Université d’Austin où il dessine pour le journal de l’école, The Texas Ranger, il poursuit son cursus sur les bancs de Columbia. Engagé comme directeur artistique par l’agence de publicité Young & Rubicam, il s’installe à Weston, dans le Connecticut. Chargé de fournir divers visuels pour la marque d’assurance New England Life Insurance, il illustre dans le même temps la collection de livres Tubby and the Lantern d’Al Perkins. Produisant également de nombreux gags publiés dans des revues comme TV Guide, The New Yorker et Playboy, il s’envole pour Londres au début des années 1970 et collabore un temps avec Richard Williams. De retour aux États-Unis, il intègre le studio de Phil Kimmelman pour qui il crée deux séquences pour la série Schoolhouse Rock! pour lesquelles il reçoit un Emmy Award. Bientôt établi en Californie, il est engagé par Disney et planche sur La Petite Sirène, Le Bossu de Notre-Dame, Hercule et Tarzan. Crédité aux génériques d’Anastasia et Titan A.E., Wilson s’éteint le 28 juin 2005.
Recherches graphiques
S’inspirant des peintures et gravures du XIXe siècle, Peter de Sève représente Esmeralda au moment où elle est sauvée des flammes du bûcher par Quasimodo. Emportée par le bossu, la Gitane inconsciente apparaît alors comme une femme fragile et vulnérable.


Originaire du Queens où il naît en 1958, l’artiste se fait notamment connaître en signant des dizaines de couvertures pour la revue The New Yorker. Trouvant son inspiration dans les comic books qu’il dévorait étant enfant, il se tourne vers la caricature d’humains et d’animaux ce qui attire bientôt l’attention des studios d’animation de la côte Ouest. Engagé par Disney, il contribue ainsi à la production du (Le) Bossu de Notre-Dame, Mulan, Tarzan, Kuzco, l’Empereur Mégalo et La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers. Dans le même temps, il travaille aussi pour Pixar (1001 pattes (a bug’s life), Le Monde de Nemo, Ratatouille), pour DreamWorks, S.K.G. (Le Prince d’Égypte) et pour Blue Sky (L’Âge de Glace, Robots, Epic : La Bataille du Royaume Secret, Ferdinand). Crédité aux génériques de Hop et Le Petit Prince, Peter De Sève est l’auteur d’A Sketchy Past.


L’apparence d’Esmeralda est également développée par Thom Enriquez. Montrée en train de tournoyer sur elle-même, la Gitane emprunte alors les caractéristiques physiques des héroïnes Disney précédentes, notamment une chevelure volumineuse, un visage rond, de grands yeux expressifs et un sourire charmeur. Débutant sa carrière dès le début des années 1980, Thom Enriquez officie sur Rox et Rouky avant de rejoindre les Ruby-Spears Productions pour travailler sur des séries comme Turbolide et Mister T. De retour chez Disney, il collabore à La Bande à Picsou et Les Gummi avant de rejoindre la branche cinéma qui l’associe à la création de La Petite Sirène, La Belle et la Bête et Le Bossu de Notre-Dame. Thom Enriquez passe ensuite chez DreamWorks, S.K.G., ajoutant à sa filmographie des longs-métrages comme Gang de Requins, Madagascar, Dragons et Kung Fu Panda 2.


L’apparence finale d’Esmeralda se concrétise avec les esquisses de Jean Gillmore. Elle confère à la belle Gitane une apparence exotique et très sensuelle grâce à son visage anguleux, ses lèvres pulpeuses, son nez aquilin et sa chevelure ample.
Recherches graphiques de Jean Gillmore
Après avoir travaillé sur des séries comme Fraggle Rock, Mystérieusement Vôtre : Signé Scooby-Doo ou Les Muppet Babies, Jean Gillmore entre chez Disney à la fin des années 1980 en qualité d'artiste de développement visuel. À ce poste, elle livre des centaines de recherches graphiques pour des films comme Le Prince et le Pauvre, La Belle et la Bête, Aladdin, Le Roi Lion, Pocahontas, une Légende Indienne, Le Bossu de Notre-Dame, Hercule et Mulan. Reconnue pour son talent incroyable, elle collabore brièvement avec les studios Pixar sur 1001 Pattes (a bug’s life) puis revient chez Disney sur des productions comme Tarzan, Fantasia 2000, Kuzco, l’Empereur Mégalo, Atlantide, l’Empire Perdu et La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers. Après quelques années en freelance durant lesquelles elle planche notamment sur Barbie : Cœur de Princesse et Rio, elle travaille ensuite avec les équipes de Clochette et la Pierre de Lune, Zootopie, La Reine des Neiges et sa suite ou bien encore Raya et le Dernier Dragon.
Feuilles de modèles
Présentée par Clopin comme étant « la plus belle fille de France », Esmeralda apparaît ainsi sous les traits d’une ravissante femme, grande, belle et élancée dont la peau, hâlée, suggère des origines méridionales. Dans l’un de ses échanges avec Quasimodo, elle-même qualifie son peuple de Gitans, confirmant ainsi des origines espagnoles. Frollo, quant à lui, l’appelle parfois l’Égyptienne. Cela fait écho à cette confusion née dans l’esprit des Européens qui, au Moyen-Âge, pensaient que ce peuple venait d’Égypte. Le mot « Gitan » (gitano en espagnol) est d’ailleurs à l’origine né du terme « egiptano ». La filiation ibérique de l’héroïne est enfin confirmée par son prénom, la esmeralda, ou l’émeraude en espagnol, un patronyme qui renvoie ses sublimes yeux verts.
Les lèvres pulpeuses, Esmeralda possède une ample chevelure brune dans laquelle est attaché un foulard rose. Parée de bijoux, notamment des bracelets, elle porte des vêtements colorés qui détonnent dans le paysage parisien. Si les habitants arborent des habits ternes, ceux d’Esmeralda sont en effet éclatants avec leurs couleurs bleue et violette. Lorsqu’elle se produit sur scène, une robe moulante rouge fait fantasmer tous les hommes. Le costume d’Esmeralda est complété par un unique anneau suspendu à l’oreille gauche. Le second n’est cependant pas perdu. Il est accroché à l’oreille droite de sa chèvre adorée, Djali. Dissimulant un poignard sous ses jupons, Esmeralda ne porte jamais de chaussures, une preuve de sa pauvreté et, dans une certaine mesure, de son esprit de liberté.
Si Victor Hugo dépeint une pauvre jeune femme frêle et naïve, les scénaristes de Disney ont fait le choix de mettre en scène une femme au caractère bien trempé. Fière de ses origines, Esmeralda est une héroïne rusée et intelligente, dont la morale est exemplaire. Victime de préjugés et de racisme, elle est obligée de combattre chaque jour l’ordre établi qu’elle estime injuste. Celui-ci est incarné par Frollo, le juge qui l’accuse de pervertir le peuple, mais aussi par la population de Paris qui ne voit en elle qu’une voleuse et une bête de foire. Ses oppositions répétées lui valent l’hostilité de la population et de la garde qui la traque sans relâche.
Si Esmeralda s’affiche comme une femme forte, elle n’en demeure pas moins fragile. D’une douceur incroyable avec Quasimodo, elle fait preuve de tolérance envers les êtres qui sont différents. Elle-même placée au ban de la société par Frollo et une bonne partie des badauds, elle comprend évidemment ce que peut ressentir le bossu. Sa fragilité et sa vulnérabilité apparaissent en particulier lorsque, réfugiée dans la cathédrale après son coup d’éclat lors du Festival des fous, elle perd espoir. Au bord des larmes, elle trouve refuge dans la prière même si, à l’évidence, elle n’est pas du tout croyante.


L’animation d’Esmeralda est supervisée par Tony Fucile. Né à San Francisco le 1er janvier 1964, l’artiste débute chez Warner au milieu des années 1980. Engagé par Disney, il travaille sur des films comme Footmania pour Dingo, Qui Veut la Peau de Roger Rabbit et Oliver & Compagnie. Il anime Ariel, Belle, Aladdin, Mufasa et Esmeralda. De retour chez Warner, il enchaîne ensuite avec Le Géant de Fer, Osmosis Jones, Les Looney Tunes Passent à l’Action, puis rejoint Pixar qui l’associe aux productions des (Les) Indestructibles et Ratatouille. Tony Fucile est également crédité aux génériques de Volt, Star Malgré Lui, Monstres Contre Aliens, Tempête de Boulettes Géantes, Vice-Versa, Klaus et Soul.






Aux côtés de Tony Fucile, une armée d’animateurs est mise sur pied. Celle-ci est composée d’Anne-Marie Bardwell (Audrey Ramirez, La Petite Fille aux Allumettes), Jared Beckstrand (Mégara, Jane, Pacha, Maggie, Charlotte LeBœuf), Bolhem Bouchiba (Hadès, Tarzan, Jumba), David Brewster (Astérix chez les Bretons, Le Prince d’Égypte, La Route d’Eldorado), Robert Espanto Domingo (Simba, Zeus et Héra, Mulan et Fa Zhou, Yzma, le docteur Doppler), Mark Koetsier (John Ratcliffe, Jane, le Commandant Rourke, Buck), Gilda Houros (Lumière, Le Génie, Nala, Pocahontas, Hercule), Doug Krohn (Belle, Jasmine, Pocahontas, Hercule, Milo Thatch), Dave Kupczyk (John Smith, les Dieux de l’Olympe, Chien-Po et Ling), Mark Pudleiner (Mégara, Mulan, Kuzco), et Bill Waldman (John Smith, Hercule, Shang et Fa Li, Milo Thatch, Jim Hawkins, Miss Caloway).
En version originale, Esmeralda est interprétée par la comédienne Demi Moore. Née le 11 novembre 1962 à Roswell, au Nouveau-Mexique, elle débute modestement en posant pour des magazines de charme. En 1981, elle obtient son premier rôle au cinéma dans Choices puis à la télévision dans le feuilleton General Hospital (1982-1984). Sa participation au film Le Feu de Saint-Elmo (1985) de Joel Schumacher permet à sa carrière de décoller. Elle enchaîne ensuite avec À Propos d’Hier Soir… (1986), La Septième Prophétie (1988) avant d’atteindre la consécration grâce à Ghost (1990). Sex-symbol des années 1990, mariée à Bruce Willis, elle joue dans Des Hommes d’Honneur (1992), Harcèlement (1994), Les Amants du Nouveau Monde (1995), La Jurée (1996), Striptease (1996), À Armes Égales : G.I. Jane (1997) et Harry dans Tous ses États (1997). À partir des années 2000, elle se fait plus rare sur les écrans avec des seconds rôles dans Charlie’s Angels : Les Anges se Déchaînent (2003), Le Casse du Siècle (2007), Wild Oats (2016), The Substance (2024), ou bien encore la série Empire (2017-2018). Son interprétation d’Esmeralda lui vaut d’être nommée aux Annie Awards.


Pour la chanson Les Bannis ont droit d’amour, Demi Moore est suppléée par Heidi Mollenhauer. Lors de son recrutement pour prêter sa voix à Esmeralda, l’artiste se produisait en tant que chanteuse dans un cabaret new-yorkais.
En France, le rôle est offert à Rebecca Dreyfus. Originaire d’Israël où elle voit le jour en 1975, la comédienne fait ses premiers pas à la télévision dès 1992 avec la série Premiers Baisers dans laquelle elle incarne le personnage de Debbie. En plus d’Esmeralda, elle interprète également la Bergère dans Toy Story. Passionnée par le théâtre, elle officie comme professeure.


Comme en version originale, la partie chantée d’Esmeralda est donnée à une autre artiste, Claudia Meyer. Née à Casablanca, elle grandit à Marseille. Inscrite au conservatoire dès l’âge de douze ans, elle apprend la guitare avant de poursuivre son cursus de musicologie à l’Université d’Aix-en-Provence. En 1980, elle forme le groupe Ayawaska et enregistre un premier album éponyme. Première partie de Maurane à l’Olympia en 2001, Claudia Meyer complète sa discographie avec Marco Polo (1987), Azul (2006), Ah ! Les Voyages… Un Autre Destin de Barbara (2017) et La Negra (2019).
En 2002, Esmeralda est de retour dans Le Bossu de Notre-Dame 2 : Le Secret de Quasimodo. Produit par Disney Television Animation, le film suit Quasimodo et ses amis plusieurs années après les événements du (Le) Bossu de Notre-Dame. À présent mariée à Phœbus, l’héroïne a donné naissance à un petit garçon, Zéphyr.
Le Bossu de Notre-Dame 2 : Le Secret de Quasimodo (2002)
Le rôle d’Esmeralda est cependant réduit comme peau de chagrin par rapport au film original. Moins présente, elle incarne une sorte de conseillère pour Quasimodo qui doute sur son existence, plus encore depuis sa rencontre avec Madeleine. Lorsque La Fidèle est volée dans l’une des tours de Notre-Dame, la Gitane participe à son sauvetage. Elle parvient alors à persuader Phœbus de faire confiance à Madeleine pour retrouver non seulement la cloche, mais également Zéphyr qui a été enlevé par le fourbe Sarousch.
Le Bossu de Notre-Dame 2 : Le Secret de Quasimodo (2002)
À la télévision, Esmeralda fait partie des personnages Disney présents dans le public du night-club de Mickey dans la série Disney’s Tous en Boîte. Elle apparaît notamment en train de danser sur une table dans l’épisode Monsieur Je-Sais-Tout.
Disney's Tous en Boîte (2002)
Le 16 octobre 2023, Esmeralda est présente dans Il Était une Fois un Studio. Réalisé par Trent Correy et Dan Abraham, le court-métrage célèbre en grande pompe le centenaire des Walt Disney Animation Studios en réunissant à l’écran des centaines de personnages passés et présents. Esmeralda est elle-même de la partie en participant à la grande photo de famille prise par Dingo sur l’esplanade du Roy E. Disney Animation Building.
Il Était une Fois un Studio (2023)
Dans un autre registre, Esmeralda fait partie de la distribution de la comédie musicale inspirée par le long-métrage animé. Signée par Alan Menken et Stephen Schwartz, avec une mise en scène de James Lapine, il s’agit d’un premier spectacle Disney à ne pas être présenté aux États-Unis mais à l’étranger. C’est ainsi que Der Glöckner von Notre Dame est joué sur la scène du Potsdamer Platz de Berlin entre juin 1999 et juin 2002. Esmeralda y est présentée comme une nouvelle venue à la Cour des Miracles. Refusant d’être infériorisée pour le simple motif qu’elle est une femme, elle s’attire malgré elle les foudres de Frollo. Contrairement au film, elle meurt sur le bûcher à cause de la fumée produite par le brasier.
Der Glöckner von Notre Dame
Der Glöckner von Notre-Dame est l’un des spectacles les plus joués dans la capitale allemande. À partir de 2010, Alan Menken et Stephen Schwartz se penchent dès lors sur une adaptation en anglais. Peter Parnell est associé au projet afin d’écrire le livret du spectacle intitulé The Hunchback of Notre-Dame – A New Musical. L’histoire est alors plus proche de celle du film même si plusieurs changements interviennent, en particulier l’introduction de nouveaux personnages comme Jehan Frollo. La fin d’Esmeralda est par ailleurs tout aussi funeste.
The Hunchback of Notre-Dame – A New Musical (Paper Mill Playhouse, 2015)
Sur les scènes allemandes, Esmeralda est interprétée par Judy Weiss, Sarah Bowden, Mercedesz Csampai et Abla Alaoui. Aux États-Unis, le rôle est créé par Ciaia Renée en 2014. En 2016, celle-ci est remplacée par Cassie Simone, à La Mirada Theatre, puis Sydney Morton à l’Ogunquit Playhouse. Ne disposant que d’une seule chanson dans le film original, God Help the Outcasts, Esmeralda entonne trois nouveaux titres, Rhythm of the Tambourine et, en duo avec Quasimodo puis Phœbus, Top of the World et Someday. Un titre porte en outre son nom, Esmeralda. Il est chanté par Quasimodo, Frollo et Phœbus qui font état de leur attirance pour la jeune femme alors que Paris est en train de brûler.
The Hunchback of Notre-Dame – A New Musical (Ogunquit Playhouse, 2016)
Comme l’ensemble des protagonistes, Esmeralda est présente dans l’adaptation en bande dessinée du (Le) Bossu de Notre-Dame.
Lorsqu’en 1999, Disney Consumer Products lance la gamme Disney Princess, Esmeralda est étrangement ajoutée à la liste des têtes couronnées Disney aux côtés de Blanche Neige, Cendrillon, la fée Clochette, Aurore, Ariel, Belle, Jasmine, Pocahontas et Mulan. Comme Clochette et Mulan, elle ne dispose pourtant d’aucun titre royal. Elle reste malgré tout membre de la franchise jusqu’en 2005 avant de disparaître.
Poupées de la gamme Disney Princess
Dans ou hors de la franchise Disney Princess, le personnage d’Esmeralda a donné naissance à nombre de produits dérivés, principalement au moment de la sortie du film original et de sa suite. Les articles à son effigie ont ensuite lentement disparu des rayons. Deux magnifiques statues la représentent en particulier au sein de la Walt Disney Classics Collection. Une très belle poupée en édition limitée est par ailleurs proposée par Shop Disney.
Côté jeux vidéo, Esmeralda est visible dans le titre Disney Livre Animé Interactif – Le Bossu de Notre-Dame. Invité à revivre les aventures du célèbre bossu, le joueur est invité à cliquer sur différents personnages et autres objets afin de débloquer des gags et des mini-jeux.

Le Bossu de Notre-Dame

Game Boy, Nintendo
Esmeralda fait aussi une brève apparition dans le jeu Le Bossu de Notre-Dame produit pour les consoles Game Boy de Nintendo. Orchestré par les gargouilles, il s’agit d’une série de cinq défis à relever. L’un d’eux consiste à détruire des blocs de pierre empilés le long de la façade de la cathédrale afin de dévoiler des images. L’une des illustrations représente Phœbus faisant un baise-main à Esmeralda.


Esmeralda est l’une des protagonistes de Kingdom Hearts 3D : Dream Drop Distance. Dans le niveau intitulé La Cité des Cloches, le capitaine informe Frollo que des monstres ont envahi les rues de Paris. Plus tard, il accompagne Quasimodo et Sora afin de protéger Esmeralda contre les armées du juge qui menacent de s’emparer de la Cour des miracles.


Esmeralda apparaît enfin dans d’autres jeux tels que Disney Tsum Tsum, Disney Emoji Blitz, Disney Heroes : Battle Mode et Disney Magic Kingdoms.
Esmeralda est un personnage rare dans les Parcs Disney qui participe de temps en temps à certains grands événements. À Disneyland Paris, la Bohémienne a notamment défilé en 1996 lors de la parade Le Bossu de Notre-Dame : Carnaval des Fous organisée pour célébrer conjointement la sortie du film et les cinq ans du Parc.


En Californie, Esmeralda est parfois présente aux côtés d’autres personnages embarqués à bord du Mark Twain Riverboat lors du spectacle Fantasmics!. En 2013, les visiteurs pouvaient de plus aller à sa rencontre lors de la semaine Long Lost Friends. Toujours à Anaheim, elle est de temps à autre présente lors des soirées Disneyland After Dark.


À Walt Disney World, plus précisément aux Disney's Hollywood Studios, la Gitane fait évidemment partie du casting réuni sur scène du Backlot Theater entre 1996 et 2002 pour jouer le spectacle The Hunchback of Notre Dame: A Musical Adventure. Toujours en Floride, Esmeralda signe parfois quelques apparitions près du Pavillon Français d’Epcot.
Se voyant offrir très ponctuellement quelques points photos, Esmeralda fait partie des invités de Stitch dans le spectacle Stitch and Friends Summer Surprise produit à Hong Kong Disneyland.
Personnage fort et charitable du (Le) Bossu de Notre-Dame, Esmeralda est l’une des plus belles héroïnes Disney de la décennie 1990, et ce autant du point de vue de son caractère, de son animation que de son interprétation.