Marie

Date de création : Le 11 décembre 1970 Nom Original : Marie Créateur(s) : Ken Anderson (Conception Visuelle) Milt Kahl (Conception Visuelle) Ollie Johnston (Animation) Eric Larson (Animation) |
Apparition : Cinéma BD Parcs Voix Originale(s) : Liz English Voix Française(s) : Vanina Vinitzki (Voix Parlée) Isabelle Germain (Voix Chantée) |
Le portrait
Onze ans après avoir donné la part belle aux chiens dans Les 101 Dalmatiens, les studios Disney offrent le haut de l’affiche à la gent féline avec leur vingtième long-métrage animé, Les Aristochats. En salle le 11 décembre 1970, le film raconte l’infâme complot du valet Edgar qui, pour hériter de la fortune de sa maîtresse, doit d’abord se débarrasser de sa chatte Duchesse et de sa progéniture, Berlioz, Toulouse et la ravissante Marie.
Marie est l’un des premiers personnages des (Les) Aristochats à entrer en scène. Madame de Bonnefamille et ses chers animaux sont en effet sur le chemin du retour à la maison. Assises près d’elle sur la banquette, Duchesse et sa fille Marie l’accompagnent. « Marie, ma toute petite, tu vas être bientôt aussi belle et gracieuse que ta maman. Est-ce vrai, Duchesse ? », s’enthousiasme la vieille femme en caressant affectueusement ses deux chattes.
Lorsque Georges Hautecourt, le notaire de Madame, arrive en fanfare à la maison afin de coucher sur le papier ses dernières volontés, Duchesse et ses petits sont réunis dans le salon de musique. Les chatons se précipitent pour saluer le notaire. Toulouse et Marie s’agitent autour du vieil homme qui, galvanisé par la musique du gramophone, fait quelques pas de danse avec sa galante hôte.
L’humeur est enjouée. Toutefois, en secret, un complot se trame. Sous les combles, Edgar, le majordome, comprend qu’il n’est pas le légataire principal de sa patronne. Celle-ci lui a préféré ses chats. Écœuré par ce qu’il estime être la pire des injustices, le domestique prépare une contre-offensive consistant à se débarrasser au plus vite des matous. En attendant, ces derniers continuent de vivre leur vie avec insouciance. De retour de promenade, les chatons chahutent. Marie et Berlioz se disputent bientôt. La petite tigresse attrape le ruban de son frère. Duchesse est obligée d’intervenir pour calmer chacun. « Marie ! Marie, chérie ! Je vous en prie, veuillez cesser ! C’est tout à fait indigne d’une jeune fille du monde ».
Duchesse invite Toulouse à reprendre ses couleurs et sa palette. C’est ensuite à Berlioz de s’installer devant son piano pour que Marie puisse chanter ses gammes et ses arpèges. « S’il vous plaît, maestro », ironise-t-elle. Jamais à court d’une bonne blague, Berlioz appuie sur toutes les touches du piano ce qui fait immédiatement dresser les poils de sa sœur ! « Faites-moi plaisir, chantez votre chanson », demande Duchesse. Berlioz commence à pianoter. Marie chante. « Do mi sol do do sol mi do… ». Elle est rejointe par Berlioz puis par sa maman, et enfin par Toulouse qui, les pattes pleines de peintures, saute sur le piano.
Le concert est interrompu par l’arrivée d’Edgar qui se présente avec le dîner. « Le plat que vous préférez. Préparé tout à fait spécialement ! Suprême de crème à la Edgar ! ». Alléchés par la délicieuse odeur du repas, les petits se ruent sur leur bol. Roquefort, la souris de la maison, fait rouler un biscuit afin de profiter elle aussi de ce merveilleux souper. Tous ignorent alors que la nourriture a été au préalable empoisonnée par le majordome qui s’est chargé d’ajouter des somnifères dans le lait.
À la nuit tombée, les chats dorment d’un sommeil profond. Edgar saisit le moment pour s’emparer de leur panier qu’il charge sur son side-car. Roulant dans l’obscurité, il se retrouve soudain coursé par deux chiens de ferme, Napoléon et Lafayette. Le panier tombe du véhicule. La petite famille se retrouve ainsi malgré elle perdue en rase campagne. Lorsqu’ils se réveillent sous un pont, tous les chats sont terrifiés. Le tonnerre retentit au loin. Marie est coincée dans un arbre. Berlioz patauge dans la rivière. Seul Toulouse n’a pas été éjecté hors du panier. La pluie se met à tomber. Duchesse et ses chatons tremblent de peur, désespérés. Leur chagrin est augmenté par la seule pensée de leur maîtresse qui sera forcément anéantie lorsqu’elle s’apercevra de leur disparition…
Le lendemain matin, Duchesse, Marie, Berlioz et Toulouse sont réveillés par Thomas O’Malley, un chat de gouttière passant par-là. Toujours à l’abri dans leur panier, les enfants observent le marcou qui débute son numéro de séduction. Marie est totalement sous le charme de ce beau-parleur. « Comme c’est romantique », soupire-t-elle en papillonnant des yeux. La simple vue des chatons a cependant tôt fait de faire déchanter O’Malley. Lui qui pensait être seul avec Duchesse se retrouve cerné par ses petits. « Maman ?, demande Marie qui reprend les mots du chat de gouttière. Est-ce que j’en ai aussi des saphirs qui font du feu dans mes yeux ? ». O’Malley pouffe.
Au départ récalcitrant à l’idée de devoir s’occuper d’une mère et de ses petits, Thomas O’Malley accepte finalement de les prendre sous son aile. Avec un culot monstre, il arrête la voiture d’un laitier et parvient à faire grimper Duchesse et ses bambins à l’arrière. Pensant les abandonner là, il se voit néanmoins contraint de courir après le camion d’où est maladroitement tombée Marie. Lui aussi monté à bord, il part donc avec la petite famille en direction de Paris.
La petite balade s’arrête néanmoins quelques kilomètres plus loin lorsque le laitier, qui vient d’apercevoir les félins dans son rétroviseur, arrête son véhicule pour les en chasser. Livrés à eux-mêmes, tous doivent continuer à pied. Si la traversée d’un pont de chemin de fer est une bonne occasion pour les petits de « jouer au petit train », elle se termine bientôt en catastrophe lorsqu’une vraie locomotive surgit au loin. O’Malley, Duchesse, Toulouse et Berlioz trouvent refuge sur une traverse située sous la voie. Marie tombe quant à elle dans la rivière. Sans réfléchir, O’Malley plonge pour la secourir. Parvenant à ramener la petite chatte saine et sauve sur la berge, il est soudain emporté par le courant. Il ne doit sa survie qu’à Amélie et Amélia Jacasse, deux oies anglaises excentriques qui acceptent de guider tout ce petit monde jusqu’à Paris.
Enfin de retour en ville, les chatons sont exténués. Ils ont marché toute la journée. À bout de force, Marie finit le voyage assise sur le dos d’O’Malley. « Maman, j’suis fatiguée... », se plaint la petite chatte. Comprenant bien que plus aucun des petits n’est en mesure de faire un pas supplémentaire, le chat de gouttière offre de passer la nuit dans sa « piaule » d’où s’échappe un air de jazz endiablé. C’est la musique de Scat Cat et de sa bande. Sans attendre, les minous se précipitent pour les écouter. Rythmée, la musique ne tarde pas à leur redonner de l’énergie. Les deux frères jouent ensemble quelques notes au piano. Scat Cat autorise Toulouse à souffler dans sa trompette. Marie se dandine joyeusement.
Lorsque Scat Cat et sa bande quittent les lieux pour poursuivre leur concert improvisé dans les rues de Paris, O’Malley, Duchesse et les chatons restent seuls. Il est temps pour les petits d’aller dormir. O’Malley profite d’être enfin seul avec Duchesse pour lui conter fleurette. Tombant sous son charme, celle-ci ne s’aperçoit pas que Marie est là, à la fenêtre, à regarder l’amour naissant entre sa maman et leur sauveur. Ses deux frères la rejoignent bientôt. Tous sont subjugués et enjoués. Leur joie retombe toutefois instantanément lorsqu’ils comprennent que leur mère et eux, une fois rentrés à la maison, devront couper les liens avec O’Malley…
Le lendemain, Duchesse, Marie, Berlioz et Toulouse sont de retour chez eux. Le danger n’a cependant pas disparu. Se rendant bien compte que son plan initial a échoué, Edgar piège les chats en les enfermant dans un sac glissé dans une malle s'apprêtant à être expédiée à Tombouctou. Heureusement, la souris Roquefort parvient à prévenir Thomas O’Malley, ainsi que Scat Cat et sa bande, du traquenard dans lequel sont tombés ses amis.
Se précipitant chez Madame, les chats de gouttière livrent un combat acharné contre le cupide valet. Edgar tombe finalement dans son propre piège. À son tour coincé dans sa propre malle, il est chargé dans un camion, direction Tombouctou ! Le majordome neutralisé, Duchesse et les siens sont sauvés. Ravie d’avoir retrouvé ses chers animaux de compagnie, Madame de Bonnefamille prend sur elle d’adopter O’Malley. Elle utilise également sa fortune pour mettre sur pied une fondation destinée à recueillir les chats de gouttière. Happy End!
L’écriture du scénario des (Les) Aristochats commence au début des années 1960. Imaginé par Tom McGowan et Tom Rowe, avec le concours du directeur de production Harry Tytle, celui-ci est initialement destiné à devenir un téléfilm en prises de vues réelles diffusé dans l’émission Walt Disney’s Wonderful World of Color. Il raconte l’histoire d’une famille de chats violentés par un couple de domestiques peu scrupuleux cherchant à s’emparer de la fortune de leur maîtresse.
Maintes fois modifié, le texte arrive sur le bureau d’Otto Englander en mai 1964. L’idée d’un téléfilm n’est plus d’actualité. Les Aristochats est à présent envisagé sous la forme d’un long-métrage d’animation mettant en vedette la chatte Duchesse et ses cinq petits, Berlioz, Escoffier, Renoir, Waterloo et Marie-Antoinette, qui vivent tous des jours heureux sous le toit de leur richissime propriétaire. Mais un terrible danger plane sur eux. Le valet Edgar et son épouse, la servante Elvira, complotent en effet en secret afin de mettre la main sur la fortune de leur employeuse. Pour ce faire, ils doivent au préalable se débarrasser des chats, désignés comme légataires universels.
La production de ce nouveau film est confiée à Winston Hibler. Wolfgang Reitherman hérite du poste de réalisateur. Les frères Sherman sont chargés de composer les chansons et la partition. Elsa Lanchester, une bonne amie de Walt Disney qui vient de jouer Katy Nounou dans Mary Poppins, est engagée pour le rôle d’Elvira. Ken Anderson est à son tour attaché au projet en tant que scénariste et concepteur des personnages. Avant de lancer plus en avant la réalisation, Walt Disney demande néanmoins à ses artistes d’achever celle du (Le) Livre de la Jungle. Se consacrant lui-même à d’autres projets, à commencer par l’élaboration de Walt Disney World, le cinéaste meurt le 15 décembre 1966 avant même que le script final des (Les) Aristochats ne soit achevé.
En apprenant la mort de Walt, les équipes du département animation sont sous le choc. Immédiatement, se pose la question de poursuivre la création de films animés ou bien de tout arrêter. Réunie derrière Wolfgang Reitherman, la vieille garde des animateurs fait malgré tout le choix de poursuivre l’aventure sans lui. La production des (Les) Aristochats reprend donc dans une ambiance morose. C’est le dernier long-métrage animé validé par Disney. Repris par les scénaristes Larry Clemmons et ses collègues Ken Anderson, Julius Svendsen, Frank Thomas, Vance Gerry, Eric Cleworth et Ralph Wright, il voit son intrigue être simplifiée au maximum. Le nombre de personnages est ainsi réduit. La servante Elvira disparaît du casting, laissant le rôle du méchant au seul Edgar. Seuls trois chatons sont en outre conservés, Marie, Berlioz et Renoir dont le nom est finalement changé en Toulouse. Désormais ajusté, le script final est livré le 10 avril 1967.
L’un des ressorts comiques principaux des (Les) Aristochats repose sur l’image caricaturale que les Américains ont de la France. L’esprit français est présent dès le générique grâce au truculent Maurice Chevalier qui accepte de sortir de sa retraite pour interpréter la chanson-titre, non sans une certaine gourmandise. Il apparaît également à travers les prénoms de plusieurs personnages, à commencer par la souris Roquefort, les chiens Napoléon et Lafayette et la jument Frou-Frou qui tient son nom de la chanson d’Hector Monréal, Henri Blondeau et Henri Chatau interprétée pour la première fois en 1897 par la chanteuse Juliette Méaly, l’une des vedettes de la revue Paris à l’affiche au Théâtre des Variétés.
Esquisses de Ken Anderson
Les chatons possèdent eux aussi des prénoms bien français. Berlioz fait référence au compositeur Hector Berlioz, notamment connu pour la partition de La Symphonie Fantastique. Toulouse est le musicien de la famille. Nommé comme la capitale de la région Occitanie, il s’agit également d’un clin d’œil à Henri de Toulouse-Lautrec, l’un des maîtres du postimpressionnisme français. La petite chatte est enfin appelée Marie, une version raccourcie de Marie-Antoinette, une allusion à la dernière reine de France.
Esquisses de Ken Anderson
Quinzième – et dernière – enfant de l’Empereur François 1er et de l’archiduchesse d’Autriche Marie-Thérèse, Marie-Antoinette voit le jour le 2 novembre 1755 au Palais de la Hofburg, à Vienne. Élevée par différentes gouvernantes sous les ors du château de Schönbrunn, elle se retrouve malgré elle au cœur du jeu politique européen lorsque, âgée de quatorze ans, elle est promise au dauphin Louis-Auguste, futur Louis XVI. L’objectif est alors de rapprocher les maisons d’Autriche et de France, afin de faire barrage aux ambitions de la Prusse et de l’Angleterre. Le mariage a officiellement lieu le 19 avril 1770, en l’absence de la jeune femme, qui ne quitte définitivement Vienne que deux jours plus tard. Elle arrive à Versailles le 16 mai où une seconde cérémonie de mariage est organisée. L'allégresse s'empare du royaume de France. Les festivités organisées à Paris le 30 mai se terminent malheureusement par un terrible drame lorsqu’une fusée d’artifice provoque un incendie et la mort de centaines de badauds…

Vigée Le Brun, 1783, Petit Trianon, Versailles

1793, Archives nationales
Surnommée « L’Autrichienne », Marie-Antoinette est victime d’une haine féroce de la part d'une frange de la cour et de la population. Supportant difficilement le poids des conventions, elle accède au trône le 10 mai 1774 suite à la mort de Louis XV. Elle a dix-huit ans. Les critiques et les insultes s’amplifient, plus encore au moment de l’Affaire du collier pour laquelle la Reine est pourtant totalement innocente. Non sans difficulté, Louis XVI et Marie-Antoinette donnent naissance à quatre enfants, Marie-Thérèse-Charlotte, Louis-Joseph, Louis-Charles et Sophie, morte avant l’âge d’un an. La Révolution française continue d’abattre le malheur sur la famille royale. Accusée de nombreux maux, Marie-Antoinette est ramenée, comme sa famille, à Paris en octobre 1789. La tentative de fuite à Varennes du 20 juin 1791 et l’entrée en guerre de la France contre l’Autriche en avril 1792 terminent de convaincre une partie du peuple d’en finir avec la monarchie, abolie le 21 septembre 1792. Louis XVI est jugé et exécuté le 21 janvier 1793. Marie-Antoinette subit elle-même un procès outrancier et ordurier qui la mène à la guillotine le 16 octobre 1793.
L’apparence graphique de Marie est initialement définie par Ken Anderson. Né le 17 mars 1909 à Seattle, dans l’État de Washington, l’artiste étudie l’architecture en Europe puis à Washington avant de partir pour Los Angeles afin de trouver un travail dans l’animation. Engagé comme décorateur de plateau par MGM, il rejoint Disney en 1934 et travaille sur plusieurs courts-métrages comme La Déesse du Printemps et Trois Petits Orphelins. Repéré par Walt Disney, il est nommé directeur artistique sur Blanche Neige et les Sept Nains, un poste qu’il occupe ensuite lors de la production de Pinocchio et de Fantasia. Animateur sur Le Dragon Récalcitrant et Mélodie du Sud, il participe à l’écriture de Mélodie Cocktail, Danny, le Petit Mouton Noir et Cendrillon. Promu directeur artistique de La Belle au Bois Dormant, Les 101 Dalmatiens, Merlin l’Enchanteur et Le Livre de la Jungle, Ken Anderson travaille également aux cotés de Disney à la création de Disneyland et de certaines attractions comme Peter Pan’s Flight et Mr. Toad’s Wild Ride. Après la mort de Walt, il planche sur des films comme Les Aristochats, Robin des Bois, Peter et Elliott le Dragon, Les Aventures de Winnie l’Ourson et Les Aventures de Bernard et Bianca. Associé à l’édification d’Epcot, Anderson prend finalement sa retraite en 1978. Parfois surnommé le « Dixième vieux monsieur », en référence aux Neuf Vieux Messieurs, il meurt le 13 décembre 1993, deux ans après avoir reçu un Disney Legends Award pour l’ensemble de sa carrière.


Les recherches graphiques de Ken Anderson passent ensuite entre les mains de Milt Kahl. Membre du groupe très fermé des Neuf Vieux Messieurs, l’artiste naît le 22 mars 1909 à San Francisco, en Californie. Débutant sa carrière modestement à l’âge de seize ans lorsqu’il est embauché comme dessinateur pour le journal The Oakland Post Inquirer puis pour le San Francisco Bulletin, il devient bientôt dessinateur d’affiches de cinéma avant d’entrer chez Disney en 1934. Se distinguant grâce à son caractère bien trempé, Kahl officie comme intervalliste sur plusieurs cartoons de Mickey. Son talent lui permet rapidement de devenir animateur puis superviseur de l’animation. Très doué pour l’animation des humains, il collabore alors à presque tous les longs-métrages animés de Disney et donne vie à des personnages aussi fameux que Pinocchio, dont il définit l’apparence finale, Bambi, Brom Bones, Frère Lapin, Johnny Pépin de Pomme, le prince Philippe et le roi Hubert, Roger Radcliff et Pongo, Merlin l’enchanteur ou bien encore Tigrou. Derrière l’animation remarquable de Shere Khan et de Madame Médusa, son ultime méchante, Milt Kahl est élevé au rang de Disney Legend en 1989, deux ans après sa mort survenue le 19 avril 1987 à l’âge de soixante-dix-huit ans.


Sur les esquisses de Ken Anderson, Marie apparaît sous les traits d’une petite chatte au pelage blanc immaculé. Les yeux en amandes, ses poils, longs, rappellent la robe angora de sa maman, Duchesse. Bien en chair, la petite porte fièrement deux nœuds roses, un premier sur la tête et un second – plus grand – autour du cou. Lorsque la minette passe entre les mains de Milt Kahl, son apparence change finalement très peu. Conservant les deux nœuds, l’artiste raccourcit principalement la fourrure de la petite dont le caractère, très fleur bleue et romantique, détonne avec la modestie de Berlioz et la témérité de Toulouse.


L’animation de Marie est réalisée par Ollie Johnston et Eric Larson.
Membre, comme Milt Kahl, du groupe très fermé des Neuf Vieux Messieurs, Ollie Johnston naît le 31 octobre 1912 à Palo Alto. Élève de l’Institut Chouinard, il entre chez Disney en 1935. Débutant comme intervalliste sur plusieurs courts-métrages avec Mickey, il monte en grade et devient animateur puis superviseur. Au générique de presque tous les longs-métrages d’animation Disney, de Blanche Neige et les Sept Nains à Rox et Rouky, il a notamment donné vie à Pinocchio, Pan-Pan, le Procureur, Javotte et Anastasie, Alice, Monsieur Mouche, Jock, les trois fées de La Belle au Bois Dormant, Nanny, Archimède, Mowgli et Baloo, le Prince Jean, Winnie et Porcinet, Rufus ainsi que Rox et Rouky. Grand passionné de trains anciens, élevé au rang de Disney Legend en 1989, Ollie Johnston est mort le 14 avril 2008 à l’âge de quatre-vingt-quinze ans.


Lui aussi membre du groupe des Neuf Vieux Messieurs, Eric Larson est originaire de Cleveland où il voit le jour le 3 septembre 1905. Apprenant le dessin dès l’adolescence, il débute sa carrière en tant que rédacteur du journal de la fac puis comme graveur et enfin comme scénariste pour la radio. Grâce à l’entremise de Richard Creedon, il est engagé le 1er juin 1933 chez Disney où il œuvre sur des dizaines de cartoons avant de collaborer à la production de Blanche Neige et les Sept Nains. En charge des animaux de la forêt, il enchaîne ensuite avec Pinocchio, Fantasia, Bambi, La Boîte à Musique et Mélodie du Sud. Créateur de Figaro, des chevaux ailés, des centaures, de Monsieur Hibou, de Sacha ou bien encore de Frère Lapin, il donne par ailleurs vie à Cendrillon, à la Chenille et à Peg. Remplacé par Clyde Geronimi à la direction de La Belle au Bois Dormant, Eric Larson travaille sur Les 101 Dalmatiens, Merlin l’Enchanteur, Mary Poppins, Le Livre de la Jungle, Les Aristochats, L’Apprentie Sorcière, Robin des Bois et Les Aventures de Winnie l’Ourson. Dernier vétéran encore en poste dans les années 1980, il forme la nouvelle génération avant de se retirer le 28 février 1986. Lauréat d'un Disney Legends Award, Eric Larson disparaît le 25 octobre 1988.
Initialement pensé pour Susan Olsen (The Brady Bunch), le rôle de Marie est offert, en version originale, à Liz English. Née à Inverbervie, en Écosse, le 30 avril 1930, l’artiste est principalement connue pour ses nombreux tours de chant. Vedette de la revue Evening Stars, elle se produit notamment dans les comédies musicales Oliver!, Half a Sixpence et Chitty Chitty Bang Bang, tout en accompagnant sur scène certains chanteurs tels que Tom Jones et Engelbert Humperdinck. Liz English s’éteint en 2017.


En France, Marie est interprétée par Vanina Vinitzki. Apparue dans des productions comme Jacquou le Croquant (1969), Les Misérables (1972), Le Pain Noir (1974) et Sara (1975), elle a notamment mené une carrière dans la chanson avec son père, Jacques, et son frère, Vladimir, qui vocalise Toulouse dans Les Aristochats. Également interprète d’un album autour des Barbapapa, Vanina Vinitzki est suppléée pour les parties chantées par Isabelle Germain.
Le 23 mars 1985, Marie fait un caméo dans La Révélation des Daleks, le vingt-deuxième épisode de la sixième saison de la série Doctor Who. Le héros, incarné par Colin Baker, arbore en effet sur sa veste orange un pins représentant la petite chatte.
Doctor Who (1985)
Un très bref caméo de Marie et de sa famille est visible dans l’adaptation en prises de vues réelles des (Les) 101 Dalmatiens (1996). Dans l’une des scènes, les chiots sont en effet réunis devant la télévision avec leurs parents, Pongo et Perdita. Ils regardent la séquence des (Les) Aristochats durant laquelle Thomas O’Malley, Duchesse, Berlioz, Toulouse et Marie observent Scat Cat et sa bande poursuivre leur concert improvisé dans les rues de Paris.
Les 101 Dalmatiens (1996)
En 2018, une vidéo promotionnelle rassemble de petites séquences humoristiques avec des chats réalisées par les artistes au travail sur Ralph 2.0. Parodiant ces milliers de séquences avec des félins qui pullulent sur internet, l’une des pastilles montre une petite chatte qui, avec ses deux nœuds roses, ressemble comme deux gouttes d’eau à Marie. Blasée, elle est couchée nonchalamment sur un canapé aux côtés de poupées à l'effigie d’Anna et Elsa, et d’un ourson ressemblant aux triplés de Rebelle. La chute de la poupée d’Anna provoque alors une frayeur telle que l’animal chute lourdement sur le sol.
Vidéo promotionnelle de Ralph 2.0 (2018)
Le 20 mai 2022, les spectateurs de Disney+ découvrent Tic et Tac, les Rangers du Risque – Le Film. Durant le dernier acte du film, Sweet Peter subit à son tour les effets de sa terrible machine construite pour contrefaire les personnages de cartoons. Le voilà ainsi changé en une sorte de chimère composée de morceaux épars et peu assortis. Bien que couverte d’une fourrure grise, sa tête de chat, orné de rubans roses, rappelle celle de Marie.
Tic et Tac, les Rangers du Risque – Le Film (2022)
Le 16 octobre 2023, les studios Disney célèbrent leur centième anniversaire. Pour l’occasion, un court-métrage inédit, Il Était une Fois un Studio, rassemble certains des personnages les plus emblématiques de la compagnie. Marie apparaît à deux reprises. La première fois, elle écoute Pocahontas chanter Quand On Prie la Bonne Étoile. Montée sur le toit de Susie, le Petit Coupé Bleu, elle participe plus tard avec sa famille à la photo de famille prise par Dingo sur l’esplanade du Roy E. Disney Animation Building.
Il Était une Fois un Studio (2023)
L’anniversaire de Disney se prolonge le 22 novembre 2023 avec la sortie de Wish – Asha et la Bonne Étoile. Se présentant comme un vibrant hommage au siècle qui vient de s’écouler, le long-métrage égraine dans son générique les productions passées. Marie est choisie pour incarner Les Aristochats.
Wish – Asha et la Bonne Étoile (2023)
Duchesse et ses petits apparaissent dans le court-métrage spécial des (Les) Simpson, Que la Fête des Mères Soit Avec Vous. Diffusé à partir du 10 mai 2024, celui-ci rend hommage à Marge et aux nombreuses mamans qui peuplent la filmographie de Disney. Parmi elles, figure Duchesse, entourée de ses chers bambins.
Que la Fête des Mères Soit Avec Vous (2024)
Comme les autres personnages des (Les) Aristochats, Marie apparaît dans les différentes adaptations en bande dessinée réalisées au moment de la sortie du film en 1970 puis durant les années 2000.


D’autres histoires originales ont fait les belles heures de la presse Disney outre-Atlantique dans deux nouvelles collections titrées The Aristokittens (1971) et O'Malley et the Alley Cat (1971). Elles sont signées par plusieurs auteurs tels qu’Al Hubbard, Sparky Moore, Pete Alvarado… Les chatons croisent alors d’autres vedettes des studios telles que Dumbo, Pinocchio, Tic et Tac, Scamp et Jiminy Cricket. Comme l'adaptation des (Les) Aristochats, certaines ont été publiées en France dans Le Journal de Mickey.
En 1970, Berlioz, Marie et Toulouse reviennent dans d’autres récits inédits publiés cette fois sous forme de livres pour enfants. Les chatons repartent ainsi à l’aventure dans les ouvrages L’Affaire du Collier et Roquefort Mène l’Enquête respectivement publiés dans la collection Mickey Club du Livre en 1983 et 1986. Plus récemment, en 2022, une autre série, également titrée The Aristokittens, offre la vedette aux petits de Duchesse. Écrite par Jennifer Castle, elle met en scène Marie, Toulouse et Berlioz qui prennent sur eux de rouvrir un café abandonné, le Parisian Critter Café.
Alors que ses frères se contentent de n’y faire que de la figuration, la petite chatte a l’honneur de tenir le premier rôle dans Marie à Paris écrit par Kitty Richards en 2024. Quatre ans plus tôt, en 2020, elle était en outre l’une des héroïnes du manga Miriya et Marie, Magiciennes à Paris signé par Maya.


Comme les autres personnages des (Les) Aristochats, Marie offre son effigie à pléthore de produits dérivés, jouets, peluches, vêtements, accessoires, jouets, pins, ornements, objets décoratifs, pièces de vaisselle… Elle est par exemple représentée sous la forme de deux statuettes de la Walt Disney Classics Collection, Coquettish Kitty (2000) et Hitting All the Right Notes (2003). La marque Funko POP! a elle aussi repris l’image de la petite.
Côté jeux vidéo, les joueurs peuvent croiser Marie dans des titres comme Disney My Little Doll, Disney POP TOWN, Disney Tsum Tsum et Disney Magic Kingdoms. Côté jeux de plateau, les Aristochats sont les héros de leur propre jeu de société créé par Parker en 1970. Marie possède enfin une carte dans le jeu Disney Lorcana.


Marie est un personnage rare dans les parcs Disney qui ne sort que lors d’occasions spéciales et autres événements exceptionnels.


Au Disneyland Park d’Anaheim, en Californie, Marie est apparue en novembre 2019 aux côtés de sa fratrie lors de la Disney Holiday Dance Party de Tomorrowland. Les jeunes héros figurent par ailleurs sur l’un des tableaux du spectacles de sons et lumières Mickey’s Mix Magic.


À Walt Disney World, en Floride, Marie a un temps enchanté les visiteurs en prenant la pose devant la colonne Morris du pavillon français d’Epcot. L’effigie stylisée des trois chatons décore le stand AristoCrêpes installé au cœur de la zone commerciale Disney Springs. Ils sont aussi visibles sur certains décors muraux de l’hôtel Disney’s Riviera Resort.


À Tokyo Disneyland, Marie fait partie des vedettes de la Tokyo Disneyland Electrical Parade DreamLights lancée en 2008. Ses frères et elle participent à l’Happiness Is Here Parade créée en 2013 à l’occasion du trentième anniversaire du Parc. Un char entier est alors consacré aux (Les) Aristochats. Les visages du chat, de son frère et de sa sœur sont visibles sur l'un des chars de la Disney Harmony in Color! Parade qui fête quant à elle en 2023 les quarante ans du site. Le public aperçoit Marie durant le grand final de Fantasmic! joué à Tokyo DisneySea, ainsi que dans le spectacle Big Band Beat sur la scène du Broadway Music Theatre.


L’une de ses premières sorties à Disneyland Paris date du 14 février 2013, jour de la Saint-Valentin. Un canotier sur la tête, la chatte fait partie des très nombreux personnages qui ont défilé le long de Main Street, U.S.A. lors de La Grande Cavalcade de la Grande Célébration organisée le 12 avril 2017 pour célébrer comme il se doit les vingt-cinq ans du Parc parisien. Dans un autre registre, l’image de Marie et d’un dalmatien orne l’enseigne de l’Accueil animaux. Une statue de la minette orne enfin la vitrine de la boutique Harrington's Fine China and Porcelains.


À Hong Kong Disneyland, Marie apparaît pour la première fois le 7 juillet 2007 lors de la parade Mickey’s Waterworks. La petite est alors assise sur une bouteille de parfum à l’arrière du char de Minnie. Elle est aussi présente au sein de l’attraction "it’s a small world".


À Shanghai Disneyland, Marie défile durant la parade Mickey’s Storybook Express. Elle fait aussi son numéro lors du spectacle The Adventure of Rhythm.
Précieuse simili diva aussi autoritaire que sentimentale, Marie est une petite chatte adorable et l'une des représentantes les plus emblématiques de la grande famille des chats Disney.