Pégase

Le 27 juin 1997, les studios Disney livrent leur propre version de la légende d’Hercule avec leur trente-cinquième grand classique animé. Pour l’occasion, des dizaines de dieux et autres créatures de la mythologie sont réunies à l’écran, à l’image de Pégase, le légendaire cheval ailé qui, pour l’occasion, change de propriétaire.

Cheval ailé d’origine divine, Pégase fait partie des créatures les plus connues de la mythologie grecque. Dans la Théogonie, plus ancienne source écrite dans laquelle il est mentionné, Hésiode précise que son nom proviendrait du grec ancien p?g?, qui signifie la « source ». Le poète y voit alors un lien avec le fait que l’animal est né près des sources Océaniennes. Certains l’associent parfois avec le dieu hittite de l’orage dont l’épithète, Pi?aššaš(š)i, ou « l’éclair », est proche phonétiquement du nom de Pégase.

La Renommée retenant Pégase,
marbre d'Eugène-Louis Lequesne, 1875, Musée d'Orsay, Paris

Trouvant donc peut-être ses origines en Anatolie (actuelle Turquie), au cœur de la civilisation hittite où des chevaux ailés sont représentés dès le XIXe siècle av. J.-C., le mythe de Pégase aurait ensuite été repris par les Assyriens, puis par les Grecs. Hésiode en fait le fils du dieu Poséidon – peut-être changé en cheval – et de la Gorgone Méduse. Dans Les Métamorphoses, Ovide confirme que celle-ci est « outragée dans le temple de Minerve » par le maître de la mer. Pour venger ce qu’elle considère comme un affront, Athéna décide de transformer les cheveux de la pauvre femme en affreux serpents. Ainsi naît le mythe de la Gorgone. À la suite de cette métamorphose injuste, Méduse se met à répandre le malheur avec ses sœurs, Euryale et Sthéno. Le héros Persée met fin à ce carnage après l’avoir décapitée. Vivant jusqu’alors à l’intérieur de la Gorgone, Pégase et Chrysaor naissent ainsi du sang de leur mère. Hésiode précise que cet événement a lieu près des sources du fleuve Océan.

Bellérophon et Pégase, pélikè attique à figures rouges,
vers 440 av. J.-C., Musée du Louvre, Paris

Reprise par Strabon, Pausanias, Callistrate ou Hygin, la légende associe bientôt Pégase aux Muses. D’un coup de sabot sur le sol, le cheval aurait fait jaillir la source Hippocrène sur le Mont Hélion. Possédant un nom construit à partir des mots hippos (le cheval) et krêné (la source), l’endroit provoque l’admiration des dieux. Devenu la source des Muses, l’eau offrirait à quiconque la boirait la faculté de devenir poète.

Quatre muses et Pégase sur le Mont Parnasse (détail), Huile sur toile
de Caesar van Everdingen, vers 1650, Nationale Konst-gallercij, La Haye, Pas-Bas

La mythologie associe surtout le cheval Pégase au héros Bellérophon. Mentionné dans l’Iliade d’Homère, celui-ci est chargé par le roi Iobatès de tuer la terrible Chimère dont le corps est divisé en trois parties. L’avant est celui d’un lion. L’arrière épouse la silhouette d’un serpent. Le milieu, enfin, prend la forme d’une chèvre. Terrifiant, le monstre est de plus capable de cracher du feu. Se voyant interdire de reparaître devant le roi avant d’avoir accompli sa tâche, sous peine d’être condamné à mort, Bellérophon consulte le devin Polyidos qui lui conseille de sacrifier un taureau à Poséidon et de passer une nuit dans le temple d’Athéna. S’exécutant, le héros voit la déesse apparaître dans ses rêves et lui conseiller de capturer Pégase, seul être assez rapide pour échapper aux flammes de la Chimère. Pour l’aider dans sa quête, Athéna lui remet une bride d’or grâce à laquelle Bellérophon parvient à capturer le cheval magique pendant que celui-ci est en train de boire à la fontaine de Pirène.

Bellérophon s'apprêtant à tuer la Chimère (détail), huile sur toile
d'Alexandre Andreïevitch Ivanov, 1829, Musée de Saint-Pétersbourg, Russie

Pégase est alors dressé au combat. Emporté dans le ciel, Bellérophon parvient à terrasser la Chimère en la criblant de flèches. Fort de ce succès, il est ensuite chargé par le roi Iobatès d’affronter les Solymes, un peuple de montagnards belliqueux vivant dans Lycie, dans le sud de la Turquie actuelle. Une fois encore victorieux, Bellérophon doit cette fois combattre les Amazones, alliées des Solymes. Iobarès se résout néanmoins à faire tuer Bellérophon. Celui-ci peut malgré tout compter sur l’aide de Poséidon qui, en inondant la plaine, repousse la garde royale. Les femmes, quant à elles, relèvent leur tunique pour échapper à l’eau. Pudique, Bellérophon préfère faire demi-tour. L’eau se retire avec lui. Réconcilié avec le roi, Bellérophon se voit offrir la main de la princesse, Philonoé, et la moitié du royaume en succession.

Bellérophon combattant la Chimère, épinétron attique,
Ve siècle av. J.-C., Musée archéologique d'Athènes, Grèce

Corrompu par le pouvoir, Bellérophon devient rapidement victime d’orgueil. S’estimant aussi puissant qu’un dieu, il se met en tête de voler vers l’Olympe grâce à Pégase. Certains auteurs, comme Hygin et Pindare, expliquent que le héros est désarçonné par sa monture. Il meurt en s’écrasant sur le sol ou bien se retrouve sévèrement estropié. Dans d’autres versions plus tardives, c’est Zeus, furieux, qui provoque sa chute en envoyant un taon piquer le cheval. La douleur est telle que Pégase se cabre. Bellérophon tombe du haut du ciel dans un buisson d’épines. Les yeux percés, il perd la vue et se retrouve à errer sur terre jusqu’à sa mort. Ses enfants, Isandros et Laodamie, périssent eux-mêmes, le premier sous le coup des Solymes, et la seconde à cause d’une maladie propagée par Artémis.

Mosaïque romaine du IIe siècle, Musée archéologique de Cordoue, Espagne

Ayant survécu à son maître, Pégase parvient jusqu’aux dieux. Il reçoit le privilège d’être recueilli dans les étables de Zeus. Au service du roi de l’Olympe, c’est lui qui est chargé d’aller récupérer le foudre forgé par Héphaïstos dans son atelier situé sous l’Etna. Dans Phèdre, Platon note que Pégase conduit parfois avec d’autres chevaux ailés l’attelage de Zeus. Immortel, l’animal est finalement changé en constellation.

Statère de Corinthe, 350-330 av. J.-C.

Personnification de l’eau, Pégase devient l’emblème de la cité de Corinthe qui utilise son effigie sur sa monnaie dès le VIe siècle av. J.-C.. Souvent représenté sous la forme d’un cheval blanc immaculé, son mythe est repris par les Romains puis au Moyen-Âge où les auteurs l’associent à la Renommée et à la Poésie. En héraldique, Pégase est, entre autres, le symbole du département de la Mayenne, de la région de Toscane en Italie, ou bien encore du Robinson College en Angleterre. Son image est aussi reprise par plusieurs sociétés comme ExxonMobil, Pegasus Airlines et le studio de cinéma TriStar Pictures.

L’Olympe est en fête. Les dieux se sont réunis pour souhaiter la bienvenue à Hercule, le bébé de Zeus et Héra. Une véritable montagne de présents accompagne la naissance du petit. « Et notre cadeau, très cher ? », demande Héra. Le maître des dieux réfléchit. « Voyons… Oui ! Une goutte de cirrus et… hum… Une larme de nimbostratus… Et un nuage de cumulus ! ». Zeus présente la créature qu’il vient d'imaginer pour son bébé. « Son nom est Pégase. Et il est pour toi, mon fils ».

Très intrigué par le petit cheval né des nuages, Hercule essaye de l’attraper. Le saisissant à pleine main, il lui met innocemment un violent coup de tête qui, tout de suite, scelle leur amitié. Le cheval fait une léchouille au petit. Tous les deux partagent un câlin qui fait fondre toute l’Olympe. La douce ambiance est cependant brisée par l’arrivée soudaine d’Hadès qui, vexé de ne pas avoir été invité à la fête, s’approche du berceau avec une méchante sucette. Hercule écrase le doigt du dieu des Enfers sous l’œil amusé de Pégase.

Inséparables, Hercule et Pégase passent la nuit l’un contre l’autre. Mais dans l’obscurité, le danger plane. Après avoir appris de la bouche des Moires que le bébé sera le seul obstacle entre lui et le trône de l’Olympe, Hadès a envoyé ses sbires, Peine et Panique, pour se débarrasser de lui. La tête bloquée dans une corne, Pégase est neutralisé. Ramené sur terre, Hercule est empoisonné et rendu mortel. Impossible, dès lors, pour le petit d’être ramené sur la montagne sacrée. Rongés par le chagrin, Zeus, Héra et Pégase devront désormais le regarder grandir du haut du ciel sans pouvoir intervenir directement dans sa vie.

Recueilli par Amphitryon et Alcmène, Hercule est devenu un adolescent mal dans sa peau. Rejeté par une partie des habitants de son village, il se met en quête d’obtenir des réponses auprès de Zeus. Après des jours de marche, il arrive enfin jusqu’au temple et s’agenouille devant la statue du dieu qui, par magie, prend vie. C’est ainsi qu’Hercule apprend que Zeus est son père. Il comprend en outre que son retour sur l’Olympe nécessite pour lui de devenir un vrai héros. Pour l’accompagner dans sa quête, Zeus rappelle auprès de lui Pégase qui, comme Hercule, a bien grandi. Plein d’enthousiasme, le cheval se rappelle au bon souvenir de son maître en lui assénant un coup de tête puis une léchouille, comme au temps jadis. Tous les deux s’offrent ensuite un gros câlin.

Ne perdant pas une minute pour enfourcher Pégase, Hercule s’envole vers l’île de Philoctète, l’entraîneur des héros. La rencontre avec le satyre n’est pas des plus chaleureuses, celui-ci préférant courtiser les nymphes plutôt que de s’occuper d’un nouveau champion en herbe. Contraint par Zeus, Philoctète accepte toutefois de se charger du garçon. Pour ce faire, il peut compter sur l'aide de Pégase qui, en plus de soutenir son jeune maître, s’occupe d’actionner certains des mécanismes placés çà et là sur le terrain d’entraînement. Se rongeant les sabots tant le stress de voir Hercule mourir est grand, Pégase assiste heureusement au triomphe de ce dernier.

Devenu un bel homme fort et musclé, Hercule doit à présent faire ses preuves. Pour cela, Philoctète le conduit donc jusqu’à Thèbes, l’une des plus grandes métropoles de la Grèce où chaque habitant traine derrière lui son lot de problèmes. S'envolant dans les airs grâce à Pégase, le héros et son mentor sont néanmoins coupés dans leur élan par un cri strident provenant de la forêt. Une demoiselle est semble-t-il en détresse. Hercule se doit d’intervenir au plus vite.

Pour Philoctète, c’est l’occasion parfaite de voir si Hercule est capable de faire étalage de sa force et de son talent. Comme il l'a fait durant son entraînement, Pégase, très inquiet pour son ami, souhaite l’épauler. Mais le satyre le retient dans son élan. Hercule doit apprendre à se débrouiller. C’est donc seul qu’il affronte le terrible centaure Nessus et, après un combat acharné, parvient à sauver Mégara. Assistant à la défaite du monstre, Pégase jubile. Non sans malice, il donne le coup de grâce en soufflant simplement sur le centaure qui, sonné par sa lourde chute, s’écroule lourdement dans l’eau. Pégase s’amuse alors à le piétiner tout en sifflotant !

Au comble de la joie, Pégase voit sa ferveur redescendre instantanément. Comprenant bien qu'Hercule est en train de tomber sous le charme de l'intrigante et séduisante Mégara, le cheval ne peut contenir sa jalousie. Rongeant son frein, il se réfugie dans un arbre et manifeste ostensiblement sa détestation pour la jeune femme. Lorsqu'Hercule propose de la ramener chez elle, le cheval lui jette une pomme sur la tête pour montrer son opposition.

En arrivant dans la cité de Thèbes, Pégase découvre pour la première fois la grande ville. Amusé par le simple fait de marcher sur des pavés, il manque de se faire renverser par un chauffard au premier carrefour. Observant tout autour de lui, le coursier ne cache pas sa curiosité de voir des gens tous aussi étranges les uns que les autres. Soudain, un prophète hystérique saisit sa tête à pleine main en hurlant que « la fin est proche ». Celui-ci se fait éjecter de là par Philoctète.

Ne parvenant pas à attirer l’attention de la population, Hercule ne tarde pas à être mis à l’épreuve. Cherchant à le tuer, Hadès vient d’envoyer contre lui l’un de ses monstres les plus redoutables, l’Hydre. Chevauchant Pégase, Hercule tente de tuer la bête en coupant ses têtes qui, inexorablement, repoussent plus nombreuses. Désarçonné, le héros manque d’être dévoré. Frappant contre la paroi de la falaise, il provoque un éboulement sous lequel l’Hydre est ensevelie. Avec effroi, Pégase pense que son maître est mort lui aussi. Volant au-dessus des gravats, il désespère avant d’exulter de joie au moment de voir réapparaître Hercule sain et sauf.

Immédiatement, Hercule devient l’idole de toute la Grèce qui, partout, lui rend hommage. Pégase partage son succès. Le cheval participe à toutes les parades. Avec Hercule, il est invité à laisser ses empreintes dans le sol. S’élevant dans les airs, il dévoile une gigantesque statue du héros auprès de qui il continue de combattre les monstres convoqués par Hadès, notamment le gigantesque oiseau du lac Stymphale. Son effigie trône sur le fronton du Hercules Store où des jouets à son image sont vendus. Pégase accompagne enfin Hercule jusqu’au temple de Zeus afin de raconter ses exploits au roi des dieux. Il est alors le premier réconfort pour le héros qui apprend de la bouche de son père que l’Olympe n’est pas encore à porter de main.

De retour dans la luxueuse villa que les habitants ont construite pour Hercule au cœur de leur cité, Pégase savoure des jours heureux. Hercule est devenu l'idole de la population. Lui-même jouit d'une formidable popularité. Cependant, il ne supporte toujours pas la présence de Mégara qui, incontestablement, a fait chavirer le cœur de son héros. Soutenu par Philoctète, le cheval entend bien mettre fin à cette romance et séparer les deux amants au plus vite.

Ignorant tout des manigances d’Hadès et de Mégara, Pégase est finalement éloigné de son maître par Peine et Panique qui, changés en ravissante jument, parviennent à le capturer. Il n’est dès lors plus d’aucun secours pour Hercule qui, trop naïf, accepte de pactiser avec Hadès et d’échanger sa force incroyable contre la vie sauve de Mégara dont il apprend trop tard la duplicité. Débarrassé de son ennemi dont le cœur est brisé, le maître des Enfers a maintenant le champ libre pour déverser toute sa puissance et prendre le contrôle de l’Olympe. Les titans sont libérés. L’invasion de la montagne des dieux commence. À Thèbes, le cyclope est chargé de tuer Hercule.

Incapable de se défendre, le héros a besoin d’aide. Désolée de l’avoir malgré elle trahi, Mégara parvient à libérer Pégase. En dépit de la haine qu’il voue à la jeune femme, le cheval accepte de se laisser faire. Ensemble, tous les deux retrouvent Philoctète, prêt à embarquer sur un navire pour rentrer sur son île. À grand renfort d'arguments et surtout de menaces, ils réussissent à convaincre le satyre de renoncer à partir et de retourner au plus vite auprès de son poulain.

Avec ses amis présents à ses côtés, Hercule parvient finalement à éliminer le cyclope. Lors du combat, Mégara est malheureusement écrasée par une colonne. Immédiatement, Hercule retrouve sa force incroyable. Le marché avec Hadès stipulait en effet qu’il n’arriverait rien à Mégara. L’accord est donc à présent caduc. Redevenu un colosse, Hercule enfourche Pégase et se met au plus vite en route vers l’Olympe pour sauver sa divine famille. Avec courage, le cheval ailé participe au combat. Profitant de la bataille, il parvient à se venger de Peine et Panique qu'il boxe joyeusement avec ses sabots. Toujours aussi malicieux, il s’amuse même à éteindre la flammèche d’Hadès !

La victoire acquise sur l’Olympe, Pégase ramène sans attendre Hercule sur la terre ferme. Hadès menace en effet de tuer Mégara. Le temps presse. Pégase ne renonce à aucun effort pour conduire Hercule auprès de celle qu'il aime. Mais lorsqu’il arrive auprès d’elle, il est déjà trop tard. Les Moires ont d'ores et déjà coupé le fil de la vie de la jeune femme. Au départ effondré, Hercule se ressaisit. La colère le submerge soudain. Pour sauver l’amour de sa vie, il prend sur lui de descendre aux Enfers où il parvient à récupérer son âme, non sans avoir donné au passage une bonne leçon à Hadès.

En sauvant ainsi Mégara d'une mort certaine, Hercule a prouvé une fois pour toutes qu’il est un véritable héros. De fait, les portes de l’Olympe lui sont donc à présent ouvertes. Sans oublier d’emmener avec lui Philoctète, Pégase s’envole lui aussi vers la montagne où il assiste, avec joie et émotion, à l’apothéose de son ami, enfin de retour parmi les siens.

Au passage, Pégase se réconcilie avec Mégara. Pour sceller leur rapprochement, il donne à la demoiselle un petit coup de tête, symbole d’une amitié naissante. De retour à Thèbes où la population célèbre avec enthousiasme et ferveur ce grand jour, le cheval savoure lui-même sans retenue le triomphe du héros dont la silhouette est inscrite dans les étoiles par Zeus. Happy End!

Au moment de lancer la production d’Hercule en 1993, le duo de réalisateurs John Musker et Ron Clements et l’équipe des scénaristes tombent rapidement d’accord sur le fait qu’il est nécessaire de prendre des libertés vis-à-vis des légendes de l’Antiquité. Tous envisagent en effet de créer une comédie s’inspirant des films produits à Hollywood dans les années 1930 et 1940, avec comme personnages principaux le héros innocent et un peu naïf confronté à une femme fatale flamboyante. Cette orientation nécessite dès lors forcément de réécrire la mythologie où, la plupart du temps, les récits sont passablement violents, les monstres terrifiants et les héros de potentiels tueurs en puissance.

L’écriture d’Hercule passe de mains en mains. Le premier jet de John Musker et Ron Clements arrive sur le bureau de Bob Shaw et Donald McEnery qui ont déjà collaboré ensemble sur la série Seinfeld. Barry Johnson et Irene Mecchi, après avoir œuvré sur Le Roi Lion, reprennent ensuite le flambeau. Chacun apporte sa pierre à l’édifice en chamboulant toujours davantage la mythologie. C’est ainsi que le héros à la force colossale se retrouve associé à des créatures qui, pourtant, n’appartiennent pas à sa légende. Face à lui, se dressent en particulier un cyclope, les Titans, Sthéno ou bien encore le Minotaure. Seuls le Lion de Némée, l’Oiseau du lac Stymphale ou le Sanglier d’Érymanthe, visibles une fraction de seconde durant la chanson De Zéro en Héro, figurent dans ses travaux, tout comme l’Hydre de Lerne qui, pour sa part, bénéficie d’un traitement plus approfondi au cours d’une séquence juste grandiose. Pour les affronter, Hercule est par ailleurs aidé par un fier destrier, Pégase, emprunté pour l’occasion au héros Bellérophon.

Par la force des choses et pour les besoins de l’histoire, Pégase intègre ainsi l’écurie Disney. Il rejoint alors un haras déjà bien rempli, avec des coursiers plus ou moins connus tels que Bride Abattue, Poudre à Canon, Major, Samson, Philibert, Achille, Khan et Maximus. Il n’est cependant pas doté de parole contrairement à Cyril Trottegalop, Capitaine, Frou-Frou et Buck.

Si la plupart des chevaux Disney ne sont que de simples seconds rôles et, pour certains, juste des faire-valoir destinés à conduire leur cavalier du point A au point B, Pégase occupe pour sa part une place de premier ordre dans Hercule. Loin d’être inactif, il participe en effet avec fougue à toutes les grandes scènes d’action du film. Emportant Hercule sur son dos, il possède un rôle crucial dans le combat contre l’Hydre. Il est également l’un des acteurs majeurs de la défense de l’Olympe et du sauvetage des dieux. Ces scènes de combat figurent, à n’en pas douter, parmi les moments de grâce du film.

Au cœur de l’action, Pégase est également conçu comme l’un des éléments comiques du film. L’intrigue principale est en effet, par beaucoup d’aspects, sombre et pesante. Pour permettre au public de souffler un peu, les auteurs ont par conséquent ponctué leur scénario de moments de comédie pure. Celle-ci est incarnée par Peine et Panique, les deux séides d’Hadès, dont la stupidité est hilarante. Par ses excès et son caractère grognon, Philoctète est également très drôle. S'ajoutent les habitants de Thèbes. Pégase prend lui aussi toute sa part grâce à ses mimiques et ses réactions qui, en plus d’être adorables, font souvent sourire.

Dans certaines versions préliminaires d’Hercule, Pégase était parfois dépeint comme un personnage totalement absurde. Chargé de définir le style graphique du film, l’illustrateur anglais Gerald Scarfe, dont les caricatures ont fait les belles heures du Sunday Times et du New Yorker, s’est alors opposé à cette vision. Avec conviction, il a insisté pour que Pégase ne soit pas réduit, ni dans son apparence, ni dans son caractère, à un simple cheval de ferme complètement ridicule. À la place, il a imposé un personnage à la silhouette élégante et raffinée.

Son caractère est également empreint de noblesse. Ce côté distingué n’empêche toutefois pas Pégase d’être un acolyte quelque peu candide, un « Magnifique cheval… à la cervelle d’oiseau », comme le précise Zeus lui-même. Pour Scarfe, cette naïveté, proche de celle d’un enfant, peut alors très facilement se prêter à quelques moments très drôles durant lesquels le canasson, qui mange des graines et se pose sur l’épaule d’Hercule, se comporte effectivement comme un moineau.

S’inspirant des légendes de l’Antiquité, Gerald Scarfe a imaginé Pégase sous les traits d’un fier destrier à la robe blanche immaculée. Pour renforcer le caractère magique du personnage, sa crinière et sa queue ont été coloriées en bleu. Le blanc symbolise souvent l'innocence et la lumière. Le bleu est pour sa part gage de pureté. Ces deux couleurs sont au passage celles de la tunique et de la couverture que porte Hercule quand, devenu adolescent, il retrouve enfin son compagnon à quatre pattes après des années de séparation. Durant tout ce temps, le cheval n’était malgré tout pas si loin. Comme Zeus et Héra, il veillait sur Hercule du haut du ciel. Alors qu’il confie ses rêves avec la chanson Le Monde qui est le mien, le héros grimpe en effet au sommet d’un arbre et aperçoit une étoile filante dans le ciel. C’est certainement l’empreinte laissée derrière lui par Pégase qui, au moment d’entrer dans le temple de Zeus pour revoir son ami, arbore justement la forme d’un astre.

Les auteurs de Disney ont par ailleurs renforcé le côté merveilleux de Pégase en inventant pour lui une tout autre naissance. Impossible, en effet, de le montrer à l’écran en train de surgir d’une gerbe de sang après que Persée a décapité Méduse. À la place, les scénaristes ont imaginé un moment très poétique durant lequel Zeus, le maître de l’Olympe, pioche dans les nuages pour fabriquer Pégase et l’offrir à son fils. Naît ainsi un poulain adorable qui, en grandissant, devient un fier destrier dont certaines postures, magnifiquement mises en scène et superbement animées, ne sont pas sans rappeler les plus belles sculptures de l’Antiquité et les plus jolies représentations de la Renaissance.

L’animation de Pégase est supervisée par Ellen Woodbury. Née le 10 août 1962, elle étudie à l’Institut CalArts avant de débuter sa carrière chez Studio City puis Filmation. En 1985, elle entre chez Disney où elle est associée aux productions de Basil, Détective Privé et Footmania pour Dingo. Promue assistante animatrice, elle enchaîne avec Oliver & Compagnie (Oliver, les chatons), La Petite Sirène (Sébastien), Bernard et Bianca au Pays des Kangourous (Krebbs), La Belle et la Bête (Maurice, Sultan) et Aladdin (Abu). Reconnue pour son talent et son habileté à donner vie à des animaux en tous genres, elle devient superviseur de l’animation de Zazu dans Le Roi Lion. C’est alors la première fois qu’une femme occupe ce poste au sein des studios Disney. Après avoir contribué à l’animation de Meiko dans Pocahontas, une Légende Indienne, et mené quelques recherches pour Djali dans Le Bossu de Notre-Dame, elle donne vie à Pégase dans Hercule avant d’animer quelques plans avec les gorilles dans Tarzan. Elle anime ensuite Joe et Nanny dans la séquence Rhapsody in Blue incluse dans Fantasia 2000. En charge des aliens de La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers puis de Fish dans Chicken Little, Ellen Woodbury quitte Disney en 2005. Déménageant de la Californie pour le Colorado, elle se consacre à l’enseignement et à la sculpture.

Ellen Woodbury est épaulée dans sa tâche par David Block (Archimède Porter, Kronk, le docteur Doppler), Steven P. Gordon (Meiko, Frollo, Tarzan enfant, Milo Thatch, Buck), Kent Hammerstrom (Ben, Lon, Djali), David Hancock (Les Gargouilles, Pacha), Jeffrey Johnson (Tarzan enfant), Mike Kunkel (Tantor) et Enis Tashin Özgür (Tarzan).

Dessins d'animation

En version originale, comme dans toutes les versions du film, Pégase est interprété par Frank Welker.

Né le 12 mars 1946 à Denver, le comédien a associé son nom à des centaines de productions depuis le début de sa carrière à la fin des années 1960. Apparaissant en tant qu’acteur dans Filles et Show-Business, L’Ordinateur en Folie et Pas Vu, Pas Pris, il est ainsi entre autres la voix de Dumbo dans Qui Veut la Peau de Roger Rabbit, Félicia et Toby dans Basil, Détective Privé, Max dans La Petite Sirène, Sparky, Joanna et de l’aigle Marahute dans Bernard et Bianca au Pays des Kangourous, l’Archevêque et le Roi dans Le Prince et le Pauvre, Sultan dans La Belle et la Bête mais aussi d’Abu, Rajah et la Caverne aux merveilles dans Aladdin. Frank Welker a également interprété le Yéti dans Dingo et Max, Flit dans Pocahontas, une Légende Indienne, l’oisillon dans Le Bossu de Notre-Dame puis Khan et Cri-Kee dans Mulan, ainsi que Stella dans La Princesse et la Grenouille.

En 1940, les studios Disney mettent déjà en scène une famille de chevaux ailés dans Fantasia. Présents dans la séquence inspirée de La Symphonie Pastorale de Ludwig van Beethoven, celle-ci est composée de huit membres. Le papa est un magnifique destrier noir. Couchée dans son nid au sommet d’un arbre aux feuilles couleur framboise, la mère est d’un blanc éclatant. Cinq enfants arborent des couleurs pastelles, rose, bleu, jaune et orange. Le dernier-né est un petit poulain à la robe noire et à la crinière blanche. Mutin, il peine au départ à s’envoler. Aidé par sa maman, il parvient finalement à s’élever dans les cieux. Il virevolte alors joyeusement dans les nuages. Des dizaines d’autres chevaux ailés fendent également le ciel.

Fantasia (1940)

Le lien entre les chevaux ailés et Pégase est ténu. Rien, dans le film, ne semble indiquer que le public aperçoit la monture du célèbre Bellérophon. De plus, ce sont bien des dizaines d’individus qui sont montrés à l’écran alors même que dans la mythologie grecque, l’espèce des chevaux ailés ne semble pas du tout aussi nombreuse. Si aucune allusion à Pégase n’est clairement établie dans le film, les feuilles de modèles représentant le petit canasson à la robe noire précisent qu’il se nomme « Pegasus » ou « Baby Pegasus ». Également utilisé sur d'autres esquisses, le terme semble ici davantage utilisé comme un nom commun, synonyme de cheval ailé, que comme un patronyme.

Feuilles de modèles de Baby Pegasus

Le Pégase d’Hercule fait partie des personnages récurrents de la série Hercule dont l’intrigue se situe après les retrouvailles entre le cheval et son maître. Cherchant à devenir un vrai héros, Hercule suit l’entraînement de Philoctète qui, dans le même temps, le scolarise à l’Académie Prométhée. Pégase accompagne alors l’adolescent dans ses apprentissages et lui permet de voyager dans toute la Grèce et même au-delà au gré de ses aventures.

L’épisode Hercule et Pégase renoue avec les récits de la mythologie en introduisant le personnage de Bellérophon. Après s’être fâché avec Hercule qui estime que Pégase l’empêche d’étudier correctement, ce dernier décide de se trouver un nouveau propriétaire. Il porte alors secours à Bellérophon, sur le point d’être brûlé vif par la Chimère. Ensemble, tous les deux combattent et défont le monstre, non sans l’aide d’Hercule qui, regrettant ses paroles blessantes, cherche à se racheter auprès de son ami.

Dans Hercule et Aladdin, Hadès complote avec Jafar qui vient d’arriver aux Enfers. Ensemble, les deux méchants décident d’éliminer leurs ennemis. Pour ce faire, ils enlèvent Icare et Abu, puis font en sorte qu’Hercule et Aladdin se battent l’un contre l’autre. Pendant le combat, Pégase se trouve confronté pour sa part au Tapis Volant. Comme les deux héros, les acolytes s’allient finalement pour défaire ensemble Hadès et Jafar.

Pégase apparaît régulièrement dans le public du club de Mickey dans la série Disney’s Tous en Boîte. Dans l’épisode On a Volé les Dessins Animés, il souffle sur la flammèche d’Hadès au moment où Mickey informe l’audience qu’il est interdit de fumer. Dans La Nouvelle Voiture de Max, le cheval amène Hercule jusqu’à l’entrée du club où le fils de Dingo travaille comme voiturier.

Il Était une Fois un Studio (2023)

Le 16 octobre 2023, les Walt Disney Animation Studios célèbrent fièrement leur centième anniversaire avec Il Était une Fois un Studio, un court-métrage spécial dans lequel sont exceptionnellement rassemblés des centaines de personnages Disney d’hier et d’aujourd’hui. Pégase est lui-même convié et prend la pose au moment de la photo de famille prise par Dingo sur l’esplanade du Roy E. Disney Animation Building.

Hercules as Told by Chibi (2023)

Quelques jours plus tard, le 21 octobre 2023, l’histoire d’Hercule est racontée de façon amusante dans l’épisode Hercules as Told By Chibi de la série Chibi Tiny Tales diffusée sur Disney Channel.

Comme les autres personnages d’Hercule, Pégase apparaît dans l’adaptation du film en bande dessinée. Il accompagne également le héros dans d’autres aventures publiées notamment en 2024 par l’éditeur Dynamites.

Au moment de la sortie du film, Pégase a fait l’objet de dizaines de produits dérivés de toutes sortes, peluches, jouets, livres… Mattel a en particulier sorti une série de figurines. Le cheval a par ailleurs vu son effigie utilisée par diverses autres marques, telles que Funko Pop! ou bien encore par McDonald’s dans ses Happy Meals.

Hercule et Pégase ont été mis à l’honneur à deux reprises par la Walt Disney Classics Collection. Une statue, A Gift From the Gods, éditée en 1997, les représente bébés. Une autre, Defiant, créée en 2004, les met en scène adultes lors du combat contre l'Hydre.

Côté jeux vidéo, Pégase est visible dans le jeu adapté du film. Si le principal personnage jouable demeure Hercule, le cheval apparaît parfois en arrière-plan. Surtout, dans le niveau du sauvetage de l’Olympe, en plus du héros, le joueur contrôle aussi Pégase. La monture vole alors pour libérer les dieux, tout en évitant les ennemis et les projectiles envoyés par les Titans.

Dans Kingdom Hearts II, Pégase intervient dans l’histoire, aidant Mégara à s’échapper des Enfers, puis en assistant Sora à combattre l’Hydre. Le personnage est aussi présent dans les jeux Disney Emoji Blitz, Disney Magic Kingdoms, Disney Sorcerer’s Arena, Disney Heros : Battle Mode…

Pégase possède une carte à son effigie dans Mauvais Jusqu’à l’Os, l’une des extensions du jeu de plateau Disney Villainous. Le cheval est également représenté sur plusieurs cartes du jeu Disney Lorcana.

Pégase est un personnage ponctuellement présent dans les Parcs Disney. À Anaheim, le destrier apparaît dans la Hercules Victory Parade mise sur pied lors de la sortie du film de juin à septembre 1997. Défilant également chaque jour dans les allées des Disney’s Hollywood Studios d’Orlando en Floride, elle est reprise à Tokyo Disneyland. Hercules Happening, une autre parade plus courte et plus simple, a par ailleurs été imaginée à Disneyland Paris durant l’hiver 1997-1998.

Toujours au Disneyland Park de Californie, l’image de Pégase est projetée sur le château dans le spectacle Wondrous Journey. Il est également visible dans une bulle dans le spectacle Fantasmic! Présenté aux Disney’s Hollywood Studios, ou bien encore dans le final de Disney Dreams ! à Disneyland Paris.

À Tokyo Disneyland, Pégase encore bébé et Hercule représentent la scène consacrée à la Grèce d'"it's a small world".
À Disneyland Paris, une séquence avec le cheval et le héros apparaissaient un temps dans le film de feu l’attraction Art of Disney Animation. Un crayonné le représentant orne l’un des murs du bâtiment.

Magnifique destrier tout droit sorti de la mythologie grecque, Pégase est un acolyte en tout point adorable dont la naïveté et le courage offrent à Hercule tantôt son caractère comique, tantôt sa dimension épique.