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L'Exposition "Disney100: The Exhibition"
Au Franklin Institute de Philadelphie

L'article

rédigé par Karl Derisson
Publié le 03 septembre 2023

Le 18 février 2023, les studios Disney fêtent leur centième anniversaire en grandes pompes en dévoilant au public certains de leurs plus beaux trésors réunis au sein d’une toute nouvelle exposition itinérante baptisée Disney100: The Exhibition et présentée pour sa première étape américaine au sein du prestigieux Franklin Institute de Philadelphie.

Un peu d'Histoire...

L’histoire des studios Disney débute à la fin des années 1910. Tout juste revenu d’Europe où il a servi comme ambulancier au lendemain de la Première Guerre mondiale, Walt Disney est un jeune homme désireux de se lancer dans une carrière artistique. Âgé de dix-huit ans, il refuse en effet de suivre la voie tracée par son père, Elias, qui a investi ses économies dans une usine de fabrication de sodas. Quittant la maison familiale, le jeune Walt trouve une place chez Pesmen-Rubin où il est chargé de concevoir des affiches publicitaires. Avec son ami et collègue Ub Iwerks, il s’affranchit bientôt et fonde son premier studio, l’Iwerks-Disney-Commercial Artists, qui essuie une faillite retentissante… Retrouvant un emploi à la Kansas City Film Ad Company, Walt Disney retente rapidement sa chance et crée le 23 mai 1922 la Laugh-O-Grams Films. Iwerks est de la partie avec d’autres partenaires tels qu’Hugh Harman et Rudolf Ising. Malgré l’enchaînement de petits films divertissants, la petite société boit rapidement la tasse et ferme à l’automne.

Sur la paille, Walt Disney décide de quitter Kansas City pour rejoindre son frère Roy en convalescence en Californie. Il n’a sous le bras qu’une simple valise remplie de vêtements bon marché. Il possède en outre la bobine d’un court-métrage inachevé, Alice’s Wonderland, dans lequel une jeune actrice est projetée dans un monde animé. Arrivé à Los Angeles, Walt Disney loue le garage de son oncle Robert et, le 16 octobre 1923, fonde avec son frère un nouveau studio, le Disney Brothers Studio, rebaptisé en 1926 Walt Disney Studio. Pour démarrer, le jeune cinéaste achève son film vendu à la distributrice new-yorkaise Margaret Winkler qui passe commande de six nouveaux courts-métrages. Une nouvelle collection voit ainsi le jour, les Alice Comedies qui connaissent un beau succès jusqu’en 1927, date à laquelle une nouvelle série est lancée avec en vedette Oswald, le Lapin Chanceux.

Marié à Lillian Bounds, Walt Disney croit beaucoup en l’avenir. Mais ses projets sont rapidement réduits à néant lorsque Charles B. Mintz, le mari de Margaret Winkler, le dépossède de son personnage. Si Disney est le créateur des aventures d’Oswald, ce dernier appartient en effet au distributeur qui décide de débaucher tous les artistes des studios et de poursuivre à son compte la collection de dessins animés. La légende raconte que sur le chemin du retour vers la Californie, Walt Disney aurait imaginé un nouveau petit héros prénommé, sur une proposition de Lillian, Mickey Mouse. Avec deux premiers cartoons, L’Avion Fou et Mickey Gaucho, le jeune producteur et sa création entrent dans l’histoire le 18 novembre 1928 avec Willie, le Bateau à Vapeur, le premier court-métrage animé sonore de l’Histoire. La carrière de Mickey est ainsi lancée. Disney transforme rapidement l’essai en réalisant en parallèle une nouvelle série, les Silly Symphonies, belle alliance entre le dessin et la musique.

À la tête d’une entreprise florissante maintes fois couronnée aux Oscars, Walt Disney continue d’innover avec l’introduction de la couleur en 1932 dans Des Arbres et des Fleurs. Il perfectionne la technique de ses artistes renvoyés sur les bancs de l’école à l’Institut Chouinard. Il fait par ailleurs le choix de développer de nouvelles technologies pour parfaire son art, à l’image de la caméra multiplane qui offre profondeur et perspective à ses films. Ce travail de formation et d’innovation est alors utilisé pour produire son premier long-métrage animé et sonore, Blanche Neige et les Sept Nains (1937), qui marque pour toujours l’Histoire du cinéma. C’est le début d’une formidable série de longs-métrages : Pinocchio (1940), Fantasia (1940), Dumbo (1941), Bambi (1942).

Frappé de plein fouet par la grève de 1941 qui témoigne de la défiance d’une partie de ses équipes à son encontre et par la Seconde Guerre mondiale qui lui ferme le marché européen et entame les finances de ses studios, Walt Disney débute dans la douleur la décennie 1940. Durant cette période, il sert l’effort de guerre avant de reprendre une activité « normale » en 1944. En plein marasme, son entreprise participe à la politique de bon voisinage des États-Unis avec l’Amérique du Sud grâce à Saludos Amigos (1943) et Les Trois Caballeros (1945). Disney combine par ailleurs certains courts-métrages dans des films d’anthologie tels que La Boîte à Musique (1946), Coquin de Printemps (1947), Mélodie Cocktail (1948) et Le Crapaud et le Maître d’École (1949). Il se lance enfin dans la production de films mêlant animation et prises de vues réelles avec Mélodie du Sud (1946) et Danny, le Petit Mouton Noir (1949). Afin d’employer utilement l’argent de ses films bloqué en Europe, il se lance concrètement dans la réalisation de films à prises de vue réelle avec L’Île au Trésor (1950), Robin des Bois et ses Joyeux Compagnons (1952), La Rose et l’Épée (1953) et Échec au Roi (1954), tous conçus au Royaume-Uni. La diversification se poursuit en parallèle avec la production de documentaires animaliers, notamment L’Île aux Phoques (1948), La Vallée des Castors (1950), Le Désert Vivant (1953) et La Grande Prairie (1954) qui inaugurent la série des True-Life Adventures.

Fort du succès de Cendrillon (1950), Peter Pan (1953) et, dans une mesure bien moindre, d’Alice au Pays des Merveilles (1951), Walt Disney ne tarde pas à rapatrier la réalisation de ses films live en Amérique, à commencer par celle de 20 000 Lieues Sous les Mers, l’un de ses plus grands triomphes du moment (1954). La création de nouveaux longs-métrages animés se poursuit avec La Belle et le Clochard (1955) et La Belle au Bois Dormant (1959). Disney s’invite également dès 1954 sur les ondes avec plusieurs programmes spéciaux puis une toute nouvelle émission de télévision, Disneyland, grâce à laquelle il s’offre le financement nécessaire pour l’édification de son parc, Disneyland, inauguré le 17 juillet 1955 à Anaheim. Devenu un magnat du divertissement, Walt Disney est sur tous les fronts. Son entreprise est prospère. Les 101 Dalmatiens (1961) pulvérise le box-office, tout comme Quelle Vie de Chien ! (1959), Pollyanna (1960), Les Robinson des Mers du Sud (1960), La Fiancée de Papa (1961) ou bien Mary Poppins (1964), son plus gros succès récompensé par une pluie d’Oscars. À la télévision, ses parts d’audience accumulent les records. Son parc ne désemplit pas, devenant de fait un modèle du genre. Le nom de Disney s’affiche partout, notamment à New York lors de la Foire internationale de 1964.

Le 15 décembre 1966, le monde est sous le choc en apprenant la mort de Walt Disney. La question de la survie de ses studios se posent alors inévitablement. L’entreprise est toutefois maintenue à flots grâce aux artistes, à une direction solide réunie autour de Card Walker, Ron Miller et Donn Tatum notamment, et surtout Roy qui poursuit malgré tout l’activité. Les productions du (Le) Livre de la Jungle (1967), Le Fantôme de Barbe-Noire (1968), Les Aristochats (1970), entre autres, sont achevées. La construction d’un second parc en Floride, Walt Disney World, est lancée. Le parc est inauguré en octobre 1971 par Roy qui décède quelques semaines plus tard. Les projets les plus coûteux et les moins prometteurs sont remisés au placard à l’image de la station de sports d’hiver de Mineral King. D’autres sont minorés comme EPCOT, la ville du futur transformée en Epcot, un second parc construit en Floride.

L’absence de projet d’envergure entame la réputation des studios Disney dans les années 1970. Si les parcs restent profitables, la branche cinéma est en plein désarroi avec des films moins ambitieux tels que Pas Vu, Pas Pris (1972), Robin des Bois (1973), Le Nouvel Amour de Coccinelle (1974), Les Aventures de Bernard et Bianca (1977), Rox et Rouky (1981)… Les Oscars ne distinguent plus les productions Disney. Alors que la vieille garde prend progressivement sa retraite, la jeune génération doit relever le défi de préserver l’héritage Disney. Vendu comme le « nouveau Blanche Neige et les Sept Nains », Taram et le Chaudron Magique (1985) manque d’enterrer une fois pour toute la division animation sauvée grâce à des petits films moins ambitieux, Basil, Détective Privé (1986) et La Petite Sirène (1989), prémices d’un nouvel âge d’or. La Montagne Ensorcelée (1975), Le Trou Noir (1979) et Tron (1982) offrent également à la branche cinéma de prendre de l’envergure.

Renforcés par la filiale Touchstone Pictures grâce à laquelle des films plus adultes sont mis en chantier comme Splash (1984), La Couleur de l’Argent (1986), Good Morning Vietnam (1987), Cocktail (1988) et Pretty Woman (1990), les studios Disney connaissent un bel essor durant les années 1990 sous la direction de Michael Eisner, Frank Wells et Jeffrey Katzenberg. Chérie, J’ai Rétréci les Gosses (1989), La Belle et la Bête (1991), Les Petits Champions (1992), Aladdin (1992), Hocus Pocus - Les Trois Sorcières (1993), Rasta Rockett (1993), Le Roi Lion (1994), Super Noël (1994), Les 101 Dalmatiens (1996) et À Nous Quatre (1998) font main basse sur le box-office, tout comme Toy Story (1996), premier film animé en imagerie numérique qui inaugure le partenariat entre Disney et Pixar. À la télévision, des séries comme La Bande à Picsou (1987-1990) ou Gargoyles – Les Anges de la Nuit (1994-1997) deviennent des classiques du genre permettant notamment à Disney Channel de décoller (1983). La branche télévision se développe avec l’acquisition d’ABC en 1996. Le marché de la vidéo prend son envol. Le modèle des Parcs Disney s’exporte en Asie avec Tokyo Disneyland (1983) et en Europe avec Disneyland Paris (1992). Le 1er janvier 1998, les passagers embarquent à bord du Disney Magic, le premier paquebot de la Disney Cruise Line fondée en 1995.

La décennie 2000 est marquée par d’autres succès, en particulier Pirates des Caraïbes, la Malédiction du Black Pearl (2003), l’adaptation de la célèbre attraction des Parcs Disney qui continuent de se déployer à Hong Kong (2005) puis Shanghai (2016). Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton (2010) inaugure la tradition des adaptations de classiques animés en prises de vues réelles. En 2005, Disney rachète Pixar dont les succès au box-office s’enchaînent avec Monstres & Cie (2001), Le Monde de Nemo (2003), Les Indestructibles (2004), Ratatouille (2007), Là-Haut (2009). Alors que l’animation 2D vit ses derniers instants avec La Princesse et la Grenouille (2008) et Winnie l’Ourson (2011), Raiponce (2010), Les Mondes de Ralph (2012) et surtout La Reine des Neiges (2013) deviennent de beaux succès qui compensent les résultats décevant du (Le) Drôle de Noël de Scrooge (2009) et Milo sur Mars (2011) nés de la collaboration avec ImageMovers Digital. Les studios Disney poursuivent leur expansion avec les rachats de Marvel (2009), Lucasfilm, Ldt (2012) et 21st Century Fox (2019). En novembre 2019, Disney+ marque l’entrée des studios dans le secteur de la vidéo à la demande. Le 22 novembre 2023, Wish, Asha et la Bonne Étoile célèbre le centenaire de Disney en rendant hommage aux classiques d'antan.

L'Écrin : Le Franklin Institute de Philadelphie

Inaugurée le 18 février 2023, l’exposition Disney100: The Exhibition fait donc escale, pour sa première étape nord-américaine, au sein du prestigieux Franklin Institute de Philadelphie.

Musée américain consacré aux sciences et principal centre d’éducation et de recherche de la région, le Franklin Institute est fondé le 5 février 1824 par Samuel Vaughan Merrick, à l’époque président de la Pennsylvania Railroad, et le géologiste William H. Keating. L’objectif pour les deux hommes est alors de faire la promotion des arts mécaniques au moment où l’Âge industriel se déploie aux États-Unis. Initialement installé à l’angle de la 15e Rue Sud et de la 7e Rue de Philadelphie, l’endroit devient également un centre de recherche de premier ordre dans les domaines de l’ingénierie navale. Plusieurs expositions temporaires mettent par ailleurs en lumières l’énergie électrique, notamment lors de l’International Electrical Exhibition de 1884.

Dédié au célèbre Benjamin Franklin, l'un des pères de la nation américaine mort à Philadelphie en 1790, le Franklin Institute se destine dès les premières années du XXe siècle à l’éducation et la sensibilisation du grand public. Un musée est alors accolé au centre de recherche qui, désormais partie intégrante de l’Université du Delaware, se spécialise notamment dans les sciences physiques. Le 25 août 1934, c’est en outre au sein même de l’Institut que Philo Taylor Farnsworth réalise la première démonstration de son système de télévision.

Faute de place suffisante pour mener de front expériences et expositions, le Franklin Institute déménage en 1934 dans son bâtiment actuel. Financé par la municipalité, The Poor Richard Club, The Benjamin Franklin Memorial, Inc. et le Franklin Institute, celui-ci est construit sur la Benjamin Franklin Parkway, au niveau de la 20e Rue. Dessiné par John T. Windrim, l’idée d’un édifice circulaire est finalement abandonnée pour un style plus classique avec une façade épousant les formes d’un temple grec avec son fronton et ses colonnes corinthienne. À l’intérieur, une statue de Benjamin Franklin trône au cœur d’une rotonde majestueuse. Dans les salles adjacente, l’idée est d’offrir au public un espace de présentation plus large et plus grand dans lequel chacun sera en mesure de voir, toucher et utiliser les machines et autres objets mis à sa disposition au cours de différentes expositions qui se succèdent année après année. Dans ses collections, le musée possède en particulier le plus large rassemblement d’objets en lien avec les frères Wrights et leurs inventions liées à l’aviation. Plusieurs halls sont en outre consacrés à l’électricité, la Terre, l’anatomie, les trains, les théories d’Isaac Newton, la conquête de l’espace… Un pendule de Foucault et un planétarium inauguré en 1933 complètent les installations. Au cours des dernières années, le Franklin Institute a accueilli des dizaines d’expositions itinérantes centrées sur le Titanic, Darwin, les Robots, Toutankhamon et les studios Disney.

Le Concept : offrir une fenêtre sur les archives de Disney dans le monde entier

Imaginée par les équipes de The Walt Disney Research Library dirigées par Betty Cline, Disney100: The Exhibition est pensée comme un moyen d’offrir au public du monde entier une petite fenêtre sur les archives accumulées années après années par les studios Disney. Depuis un siècle, des dizaines, des centaines de milliers d’artefacts ont en effet été rassemblés. Durant les premières décennies, leur conservation n’était en aucun cas une priorité. De son vivant, il n’était ainsi pas rare que Walt Disney offre des dessins d’animations, des feuilles de celluloïds ou des décors peints de ses productions à ses amis ou aux invités prestigieux visitant ses studios. D’autres étaient mis à la disposition de la galerie d’art Courvoisier qui, après les avoir joliment encadrés, les proposaient en vente. Entre septembre 1955 et septembre 1966, les visiteurs de Disneyland à Anaheim pouvaient eux-mêmes s’offrir un morceau d’histoire en achetant un celluloïd à l'Art Corner ouvert à Tomorrowland. Quant aux décors et aux accessoires de cinéma, beaucoup ont été réutilisés, encore et encore, et parfois détruits à la fin d’un tournage.


Concept art de la section Where It All Began

Seuls les objets les plus qualitatifs et les plus mémorables étaient ainsi conservés par Walt Disney et ses équipes, à l’image des chevaux de manège de Mary Poppins entreposés durant des années dans des caisses en bois, à l’abri de la lumière, du temps et du regard du public. L’idée de créer un véritable endroit pour garder ces trésors est réellement née en 1970. À l’époque, Roy O. Disney envisage de collecter et de préserver l’héritage de son frère et de son entreprise pour les générations futures. Pour ce faire, il met sur pied une nouvelle division chargées des archives. Celle-ci est alors confiée à un jeune employé, Dave Smith, missionné en premier lieu pour faire l’inventaire de toutes les affaires et autres meubles contenus dans le bureau même de Walt, à l’abandon depuis le décès de ce dernier. Smith devait également consacrer son temps au sauvetage des pièces les plus endommagées. Il pouvait par ailleurs racheter les objets, livres et autres œuvres d’art disséminés çà et là au fil du temps.


Concept art de la section Where Do the Stories Come From?

Rapidement, Dave Smith, puis ses successeurs, en particulier Betty Cline, ont eu à cœur d’ouvrir les archives au public. Les animateurs et les artistes des studios ont été les premiers autorisés à plonger dans les documents d’antan. Les chercheurs et les historiens ont été les suivants. Les visiteurs occasionnels des studios Disney étaient eux-mêmes guidés vers certaines salles où quelques artefacts étaient exposés. Graal suprême, certains pouvaient prendre la pose en tenant fièrement entre leurs mains l’Oscar du Meilleur Film Documentaire gagné par Le Grand Désert Blanc en 1959. Dès les années 1980, plusieurs expositions itinérantes ont permis à certains trésors d’aller à la rencontre du plus grand nombre. Parmi les plus importantes, figure notamment l’exposition D23 Presents Treasures of the Walt Disney Archives ouverte le 6 juillet 2012 à la Ronald Reagan Presidential Foundation and Library. Inaugurée en 2001, l’année du centenaire de Walt Disney, l’attraction Walt Disney: One Man’s Dream présentait elle-même une belle collection d’objets aux visiteurs des Disney’s Hollywood Studios. L’émission documentaire Souvenirs de Tournage est elle-même conçue en 2020 pour présenter certains objets iconiques aux abonnés de Disney+.


Concept art de la section The Spirit of Adventure and Discovery

Pour fêter le centenaire des studios Disney, Betty Cline et ses collègues ont passé quatre ans à mettre sur pied l’exposition Disney100: The Exhibition. L’idée est alors de présenter 250 « joyaux de la couronne » appartenant à tous les médias et à toutes les époques parcourues par la société. Réunis autour de dix thématiques, plusieurs affiches, costumes, maquettes et objets originaux sont sortis des entrepôts. Plusieurs documents, dessins, celluloïds et décors sont pour leur part digitalisés et réimprimés avant d’être encadrés. Des centaines d’extraits de films sont par ailleurs montés. Un prologue inédit est enfin réalisé permettant de ressusciter Walt Disney afin que celui-ci se charge « en personne » d’accueillir le public.

Deux versions de l’exposition ont été conçues. La première, la version A, est destinée à voyager à travers l’Amérique du nord. La seconde, la version B, parcourt quant à elle le monde. Installée à Philadelphie du 18 février au 27 août 2023, la version A doit ainsi rejoindre les villes de Chicago et Kansas City. Présentée à l’Olympiapark de Munich du 18 avril au 3 septembre 2023, la version B doit rallier Londres le 13 octobre.

L'Expérience : l'exposition de Philadelphie

Disney100: The Exhibition propose d’emmener les visiteurs à travers un voyage dans le temps divisé en dix parties et précédé d’un prologue.

Le Prologue

Après avoir traversé les coursives du Franklin Institute, le public est invité à entrer dans une première pièce. Plongée dans le noir, elle est équipée de deux écrans. Sur le premier, des images extraites de différentes productions Disney rappellent l’héritage immense de la compagnie. Sur le second, Mickey apparaît bientôt. Comme à la grande époque du Mickey Mouse Club, il salue alors le public. « Let the show begin! » (Que le spectacle commence !). Il laisse ensuite sa place à Walt Disney en personne.

Recréé grâce à une intelligence artificielle, Walt apparaît donc pour s’adresser au public comme du temps de ses émissions hebdomadaires. « C’est toujours une grande satisfaction lorsqu'une simple idée devient réalité. Lorsque nous nous lançons dans un nouveau projet, nous le soutenons jusqu’au bout avec la certitude d’avoir les moyens de le mener à bien. Nous travaillons alors très dur afin de fournir le meilleur travail possible. Il n’y a pas de recette magique. Nous continuons simplement à aller de l’avant ».

Where It All Began

La première partie de l’exposition est consacrée aux origines des studios Disney. Le visiteur est invité à remonter dans le temps, dans les années 1920, à l’époque des Laugh-O-Grams, des Alice Comedies, des aventures d’Oswald et des premiers cartoons de Mickey.

Le contrat des Alice Comedies, document fondateur des studios Disney, trône au milieu de photographies d’enfance de Walt, d’affiches et de dessins d’animation. Le télégramme envoyé par Disney à son frère Roy après s’être fait rouler par Charles Mintz introduit les premiers pas de Mickey et de ses amis Minnie, Pluto, Dingo, Donald et Daisy. Un concept art et un dessin d’animation évoquent La Danse Macabre (1929) et Des Arbres et des Fleurs (1932), deux des plus célèbres Silly Symphonies. L’innovation est le maître mot avec quelques informations sur le son, la musique, la couleur et la caméra multiplane.

Where Do the Stories Come From?

La partie suivante plonge le visiteur dans les contes de fées ayant inspiré les artistes de Disney. Concept arts et autres esquisses sont projetés sur des diamants posées au milieu de la pièce, tout autour d’ouvrages originaux écrits par James Barrie, Hans Christian Andersen, les frères Grimm, Lewis Carroll, Felix Salten, A.A. Milne ou bien Charles Perrault.

Parmi les artefacts exposés, figure le livre qui s’ouvre au tout début de Blanche Neige et les Sept Nains (1937) et une jolie marionnette de Pinocchio. Un livre interactif permet de revivre l’histoire de La Belle au Bois Dormant (1959), avec son ouvrage orné de pierres précieuses également mis à l’honneur. La pantoufle de verre de Cendrillon (2015) est un autre trésor brillant de mille feux. Près de Simplet en train de dormir gentiment, l’Angleterre s’offre un corner avec le cheval de carrousel de Mary Poppins et la boule à neige renfermant une miniature de la Cathédrale Saint-Paul rappelle l’histoire de la nounou magicienne (1964). Winnie l’ourson (Jean-Christophe et Winnie, 2018) ainsi que Big-Ben et Lumière (La Belle et la Bête, 2017) convoquent les adaptations live des grands classiques animés.

Sur les murs, des dizaines de fac-similés de croquis, dessins et décors de Blanche Neige et les Sept Nains (1937), Pinocchio (1940), Cendrillon (1950), Alice au Pays des Merveilles (1951), La Belle au Bois Dormant (1959), Mary Poppins (1964), Les Aventures de Winnie l’Ourson (1966-…), La Belle et la Bête (1991), La Princesse et la Grenouille (2009), Raiponce (2010) et La Reine des Neiges (2013).

The Illusion of Life

Dans la troisième pièce, les visiteurs en apprennent davantage sur la conception des personnages Disney et la manière de leur insuffler une personnalité propre.

Une vitrine remplie de magnifiques maquettes d’animation rend hommage à certains des plus beaux personnages de l’écurie Disney et Pixar : Dingo, Donald, Frozone, La Muraille, Pocahontas, Gaston, Bernard, Meiling, Peter, le Juge DeMort, Mulan, Buzz l’Éclair, Vaiana, Maui, Rémi, Jiminy Cricket, Karl Fredricksen, Sparky, Pégase, Martin, Timothée, le Génie, Monsieur Tumnus, Anna et Elsa.

Une partie de l’exposition est consacrée à trois personnages en particulier. Cruella d’Enfer ouvre la marche, entre la version animée par Marc Davis et les versions plus récentes incarnées par Glenn Close et Emma Stone. Olaf est présenté entre sa version animée et la version Broadway. Quelques concepts arts et dessins d’animation réalisés par Glen Keane mettent l’accent sur Ariel avec, en prime, le costume porté par Auli'i Cravalho dans La Petite Sirène Live !.

The Spirit of Adventure and Discovery

En quittant Ariel, le visiteur pénètre dans le monde de l’aventure. Les ombres de Peter Pan et des enfants Darling flottent dans l’air. Les costumes d’Hector Barbosa et de Lily Houghton, incarnés à l’écran par Geoffrey Rush et Emily Blunt, trônent de part et d’autre de l’entrée. Quelques concept arts de Lilo et Stitch (2002) et quelques peintures digitales de Vaiana, la Légende du Bout du Monde (2016) permettent de voyager dans les îles.

Dans la perspective de l’entrée, la maquette du Nautilus rappelle 20 000 Lieues Sous les Mers (1954). Les visiteurs peuvent alors s’amuser à actionner un levier permettant d’ouvrir le hublot du Nautilus sur différentes aventures Disney se déroulant dans les fonds marins. Les plus habiles peuvent également résoudre les énigmes contenues dans deux coffres renfermant des trésors issus de Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl (2003) et Benjamin Gates et Le Livre des Secrets (2007). Les Parcs Disney ne sont pas oubliés avec la Jungle Cruise inspirés de dessins réalisés par Marc Davis.

Au détour d’une cloison, le visiteur se retrouve projeté dans l’espace avec un hommage aux émissions de Walt Disney. Un mur entier est consacré à la saga Star Wars avec les dés d’Han Solo, BB-8, un Porg, un ouvrage ancien Jedi, un sabre laser et un costume de Stormtrooper. Les héros Marvel sont eux-mêmes évoqués avec différents casques portés par Thor, Iron Man, Ajak, Peter Quill, la Guêpe et Loki.

The Magic of Sound and Music

La musique occupe une place de choix dans l’œuvre de Disney. La cinquième partie de l’exposition lui est consacrée avec différentes partitions parmi lesquelles celle de Sifflez en Travaillant, et différents dessins rappelant les films musicaux de Disney tels que Les Trois Petits Cochons (1933), Les Trois Caballeros (1945), Cendrillon (1950), Le Livre de la Jungle (1967), Encanto, la Fantastique Famille Madrigal (2021), Mélodie Cocktail (1948), Les Instruments de Musique (1953) et Fantasia (1940).

La robe de la princesse Gisèle évoque Il Était une Fois (2007) et les comédies musicales à la sauce Disney. La guitare de Jimmie Dodd fait allusion aux chansons du Mickey Mouse Club (1955-1959). Divers objets permettent de comprendre la création des effets sonores imaginés par James MacDonald et les ingénieurs du son de Disney. Broadway n’est pas en manque avec un sublime costume de Mufasa dans Le Roi Lion et les Playbills de La Belle et la Bête, Aida et Newsies.

Un mur permet au visiteur d’écouter quelques tubes Disney dont les pochettes de disques sont associées telles une mosaïque.

The World Around Us

Les True-Life Adventures ont démocratisé le genre du documentaire animalier en lui conférant ses codes encore utilisés aujourd’hui. La sixième partie de l’exposition rend hommage à cette branche de la filmographie des studios Disney.

Une affiche française de La Grande Prairie et plusieurs photographies et esquisses rappellent les True-Life Adventures et les longs-métrages Disneynature. Les grands espaces sont également évoqués avec des dessins de Bambi (1942), Rox et Rouky (1981), Pocahontas, une Légende Indienne (1995), Raya et le Dernier Dragon (2021) et divers concept arts des Parcs Disney.

Le voyage en Amérique du Sud d’El Grupo en 1941 est à l’honneur dans une vitrine renfermant le pantalon de gaucho et le scrapbook offerts à Walt par ses hôtes latino-américains. La petite caméra utilisée sur place par le cinéaste est également exposée au milieu de photos et d’esquisses.

Innoventions

Mot valise créé à partir d’invention et innovation, le segment « Innoventions » est consacré à l’ingéniosité des artistes et des artisans de Disney qui, année après année, ont innové afin de parfaire leur art.

La technique du storyboaring est mise en avant avec des dessins du court-métrage Dans le Sac avec Humphrey et le Ranger Woodlore (1956) et du long-métrage Il Était une Fois (2007). La technologie des animatronics est évoquée avec un automate d’oiseaux en cage ainsi que la console permettant d’actionner la tête robotisée d’Abraham Lincoln créée pour la Foire internationale de New York en 1964.

Une reproduction du concept art de Disneyland réalisé par Herb Ryman en 1954 introduit la partie sur les Parcs avec leurs véhicules novateurs : les trains d’époque, le Monorail, les Lumicycles de Tron Lightcycle Power Run

Le premier modèle d’ordinateur utilisé par les studios Pixar fait allusion à l’entrée dans l’ère du numérique. Plus ancienne, une maquette de la multiplane créée à l'époque de la production du (Le) Vieux Moulin rappelle l’introduction de la perspective dans l’univers de l’animation traditionnelle.

Your Disney World

La huitième salle de l’exposition est consacrée aux Parcs Disney et à la présence mondiale de Disney.

Les prémices de Disneyland sont rappelées à l’aide de concept-arts. Le produit fini est incarné par un diablotin de l’attraction Mr. Toad’s Wild Ride, un engin des Matterhorn Bobsleds, un véhicule de Peter Pan’s Flight, une poupée d’"it’s a small world" et des objets de toutes sortes, notamment un carnet de ticket et un name-tag.

The Wonder of Disney

Après avoir pris la pose aux côtés de Dingo, les visiteurs progressent dans la filmographie des studios Disney représentée par divers livres géants ouverts sur chaque décennie passée.

Rassemblant des objets divers et variés, les ouvrages mettent la lumière sur les périodes successives. Les années 1920-1940 sont incarnées par les premiers produits dérivés à l’effigie de Mickey, le premier Mickey Mouse Club et les premiers classiques comme Danny, le Petit Mouton Noir (1949). Les années 1950-1960 rappellent la télévision, Davy Crockett, Zorro, Quelle Vie de Chien ! (1959), les comédies avec Hayley Mills et l’inauguration de Disneyland.

Les années 1960-1970 sont symbolisées par Walt Disney World Resort, Un Neveu Studieux (1965), Un Amour de Coccinelle (1968), Les Aristochats (1970) et Le Petit Âne de Bethléem (1978). Les décennies 1980-1990 rappellent Qui Veut la Peau de Roger Rabbit (1988), Hocus Pocus – Les Trois Sorcières (1993), les séries animées de Disney, Epcot et L’Étrange Noël de Monsieur Jack (1993). Les années 2000-2020 sont associées à La Maison de Mickey (2006-2016), au (Le) Monde de Nemo (2003), à Epic Mickey, à Lost : les Disparus (2004-2010) et au club D23.

We Are Just Getting Started

Avant de partir, le visiteur aperçoit en un coup d’œil l’avenir de Disney.

Après cent ans d’existence, les projets sont en effet encore nombreux. Les Gardiens de la Galaxie - Volume 3 (2023) et Élémentaire (2023) viennent de sortir en salle, tout comme La Petite Sirène (2023).

La boutique de l’exposition permet enfin de s’offrir quelques souvenirs de cette expérience avec ses livres, ses mugs, ses vêtements, ses accessoires et autres babioles de toutes tailles.

Le Bilan de la visite

Disney100: The Exhibition est forcément un ravissement pour tout fan ou amateur de l'œuvre de Disney. Avoir à portée d’yeux autant d’objets sortis des archives des studios est forcément un plaisir.

Passionnante, l’exposition est particulièrement bien construite. En ne respectant pas la continuité chronologique au profit d’une trame thématique, elle évite l’écueil qui aurait consisté à mélanger toutes les facettes de l’Empire Disney avec le risque de se répéter décennie après décennie. À la place, chaque partie est axée sur une particularité de l’entreprise, de ses débuts à son avenir, en passant par l’art de créer des personnages, de mettre les films en musique, de projeter le spectateur dans des mondes imaginaires et de mettre en valeur la nature.

Chaque salle est richement décorée et offre un cadre dépaysant. À noter que la boucle musicale qui reprend les thèmes des plus grands succès de Disney, au cinéma ou dans les parcs, est elle-même un ravissement. Il est dommage, d’ailleurs, de ne pas disposer de copies de cette bande originale magnifique dans la boutique du musée.

Durant les deux heures (minimum) de visite, les visiteurs plongent sans retenue dans l’héritage Disney et aucune parcelle de l’entreprise n’est oubliée. Si les expositions habituelles mettent surtout l’accent sur les plus grands succès, Disney100: The Exhibition prend le temps de s’arrêter sur des œuvres plus discrètes et moins connues. Quel bonheur, dès lors, de se promener de période en période, des Alice Comedies et des premiers cartoons d'Oswald et de Mickey à Raya et le Dernier Dragon et Encanto, la Fantastique Famille Madrigal. Quelle surprise de découvrir, parfois discrètement, des références à des œuvres moins spectaculaires telles que Saludos Amigos, Mélodie Cocktail, La Grande Prairie, Le Petit Âne de Bethléem et les comédies Disney telles qu'Un Neveu Studieux et Quelle Vie de Chien !.

Un seul regret, malgré tout, ne manquera pas de heurter le visiteur le plus passionné. Si les objets, costumes et accessoires semblent originaux, tout ce qui est présenté sous cadre se résume à des copies. Tous les dessins, croquis, concept arts, peintures, plans ne sont en réalité que des fac-similés. Certes, l’exposition a le mérite de l’indiquer clairement afin de ne pas tromper le visiteur, mais celui-ci sera forcément déçu en constatant que ce qu’il voit se réduit à de simples reproductions de documents d’époque finalement précieusement gardés au coffre. Si cette décision peut se comprendre, certaines œuvres ne souffrant plus, au vu de leur âge, d’être transportées et affichées de la sorte, cela restera malgré tout un petit regret.

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